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PERNETY Dictionnaire Mytho-Hermétique M à P.






DICTIONNAIRE MYTHO-HERMÉTIQUE

Dom Pernety


M à P


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M
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Macedo. Dieu des Egyptiens, que ces peuples représentaient sous la figure d'un loup, comme Anubis sous celle d'un chien. Quelques Auteurs disent qu'ils accompagnèrent l'un et l'autre Osiris dans ses voyages. Voyez com­ment on doit interpréter chimiquement cette fable, dans le livre 1 des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, ch. 8.

Macération. Atténuation d'un mixte faite par sa propre humidité, ou dans quelque menstrue étranger. La macé­ration précède la putréfaction et y dis­pose le mixte.

Mâcha. Ver volant. Ruilandus.

Mâchai. Toute matière fixe. Ruilan­dus.

Machaon. Fils d'Esculape et d'Epio-ne, se trouva avec Podalyre son frère à la guerre de Troye, et y fut blessé d'une flèche. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 3, chap, 12, § 2 et liv. 6.

Machinar. Matière dont on vernit les pots de terre. Johnson.

Macra. De la terre rouge. Johnson.

Madic. Petit lait formant du beurre.

Magale. Terme latin qui signifie une hute, une cabane en français; mais Paracelse par ce terme entendait tou­tes sortes de parfums faits avec des minéraux.

Magea. Philosophes, Prêtres et Sacri­ficateurs de la Perse, qui se rendirent autrefois célèbres par leur science et leur sagesse. Leur doctrine était la même que celle des Prêtres d'Egypte, successeurs d'Hermès, la même que celle des Brachmanes chez les Indiens, des Druides chez les Gaulois, des Chaldéens chez les Babyloniens, des Phi­losophes chez les Grecs, etc. Philon nous apprend, dans son livre des Lois particulières, que leur science avait pour objet la connaissance de la Na­ture et de son Auteur; et que cette connaissance leur était si familière, qu'ils faisaient des choses surprenan­tes et admirables. Ils savaient faire jouer tous les ressorts de la Nature, et de leur action mutuelle il en résul­tait des prodiges que l'on prenait pour des miracles.
Les Mages croyaient la résurrection des corps et l'immortalité de l'âme. Us faisaient profession de la Magie, mais de cette Magie sublime, et pour ainsi dire céleste, exercée par les plus grands hommes de l'Antiquité, à la­quelle on a donné dans la suite le nom de Théurgie, pour la distinguer de la Magie superstitieuse et condam­nable qui s'exerce par l'abus des cho­ses naturelles et des choses saintes, avec l'invocation des esprits malins;
au lieu que la Théurgie consiste dans la connaissance et la pratique des secrets les plus curieux et les moins connus de la Nature.

Magistère. C'est l'opération du grand œuvre, la séparation du pur d'avec l'impur, la volatilisation du fixe, et la fixation du volatil l'un par l'autre, parce qu'on n'en viendrait jamais à bout en les travaillant séparément.
Les Philosophes disent que leur magistère a pour principe un, quatre, trois, deux et un. Le premier un est la première matière dont tout a été fait : quatre sont les. quatre éléments formés de cette première matière :
trois sont le soufre, le sel et le mer­cure, qui sont les trois principes des Philosophes : deux c'est le Rebis, ou le volatil et le fixe; et un est la pierre bu le résultat des opérations, et le fruit de tous les travaux Hermétiques. Quelquefois les Philosophes appellent Magistère chaque opération, qui sont la préparation du mercure, la fabri­cation du soufre, la composition de l'élixir.
En fait de Chymie vulgaire il y a trois sortes de magistères, qui pren­nent leurs dénominations des motifs qui les font entreprendre. Les uns regardent la qualité des mixtes, les autres leur substance, leurs couleurs, odeurs, etc. On dit :
magistere d'odeur. Lorsque par le secours de l'Art on ôte d'une con­fection, d'un remède, etc. une odeur désagréable et dégoûtante, en leur conservant leurs propriétés, comme lorsque l'on mêle autant pesant de feuilles de grande scrophulaire que de séné dans une médecine, pour ôter au séné son odeur désagréable et son goût dégoûtant; quand par distillations réitérées on fait perdre la mauvaise odeur aux huiles des animaux ou des végétaux.
magistere des fixes. Lorsque des corps volatils et spiritueux on en fait des corps fixes par la circulation, ou que l'on durcit les corps mous de leur nature.
magistere de consistance. Quand on coagule ou qu'on épaissit une chose liquide, soit pour la con­server sans altération, soit pour lui donner plus de propriétés. Tels sont les extraits, les cristallisations des sels, etc.
magistere de couleur. Lors­qu'on ajoute une couleur étrangère à un corps, ou que l'on manifeste une couleur intrinsèque. Tel est le sel de tartre qui est blanc extérieurement, et rouge en puissance, de même que le nitre. On fait paraître la couleur rouge du premier en y mêlant de l'esprit de vin. Ce terme se dit aussi des cou­leurs que l'on donne aux métaux.
magistere de poids. Quand on augmente le poids naturel des corps sans en augmenter le volume.
magistere des poudres. Lors­qu'on réduit un corps en poudre impalpable, soit par la trituration, soit par la calcination, soit par la putré­faction, soit enfin par la dissolution.
magistere des principes. Lors­qu'on décompose les corps, et qu'on les réduit à leurs principes. Les Chymistes vulgaires prétendent faire cette opération par la force du feu élémen­taire, au moyen des distillations, su­blimations, etc. Ils tirent du phlegme, de l'esprit, de l'huile, du sel, et le caput mortuum ou tête morte; mais ils se trompent, puisque leurs prétendus principes peuvent encore se réduire en d'autres que le feu élémentaire ne saurait séparer, ou qu'il détruit. Pour réduire les corps à leurs premiers prin­cipes, on ne peut le faire que par un agent naturel tiré de ces mêmes prin­cipes. Si le corps est très sulfureux, il faut un dissolvant mercuriel, qui prenne le dessus sur le soufre. Bêcher.
magistere de qualité. Lors­qu'on ôte à un mixte une mauvaise qualité, comme lorsque d'un poison on en fait un baume.
magistere de saveur. Lorsqu'on donne une saveur agréable à ce qui en avait une dégoûtante, ou qui n'en avait pas; ou quand on corrige, par exemple, une acrimonie. Tout l'art des Cuisiniers consiste dans ces opérations.
MAGISTERE DU SON. Quand on donne aux corps une liaison de partie qui les rend plus sonores qu'ils ne le sont naturellement; tel est le métal des cloches : le cuivre et Pétain pris séparément et en même masse, ne donneraient pas le même son qu'ils font quand ils sont réunis. La différente cuisson de la brique, des métaux, leur donne un son plus parfait, et on juge souvent de la perfection ou de la bonté des métaux et de certains corps par leur son.
MAGISTERE DU VOLATIL. Lorsque d'un corps fixe on le rend volatil. Les Philosophes Hermétiques disent vous ne réussirez point, si vous ne spiritualisez les corps et ne corporifiez les esprits c'est-à-dire, si vous ne rendez volatil le fixe, et fixe le volatil.

Magma. Marc, ce qui reste au fond d'une cucurbite après la distillation. On l'appelle plus proprement Tête morte. Le terme Magma se dit aussi plus particulièrement de ce qui reste après l'expression d'un suc, d'une liqueur.

Magnés. Le Cosmopolite s'est servi de ce terme pour signifier la matière du mercure philosophique. Il dit qu'elle a une vertu aimantive qui attire des rayons du Soleil et de la Lune le mercure des Sages. Voyez, AIMANT.
MAGNES ARSENICAL est une poudre faite avec de l'arsenic cristallin, du soufre vif et du soufre cru, parties égales; elle est admirable, dit Planiscampi, pour l'attraction du venin pestiféré, appliqué sur la tumeur.
MAGNES VITRARII. Sel alkali.

Magnésie. Matière d'où les Philosophes extraient leur mercure. Souvent ils donnent ce nom de Magnésie à leur plomb, ou la matière au noir pendant la putréfaction, quelquefois à leur mercure préparé.
MAGNESIE BLANCHE. C'est le soufre ou or blanc, la matière dans le vase pendant le règne de la Lune.
MAGNESIE ROUGE. C'est le soufre rouge des Philosophes, leur or, leur Soleil.
Raymond Lulle (Theor, cap. 30.) donne le nom simple de Magnésie à la terre feuillée des Philosophes, ou leur matière parvenue à la blancheur. Cette terre est, dit-il notre magnésie dans laquelle consiste tout notre secret; et notre secret final est la congélation de notre argent-vif dans notre magnésie au moyen d'un certain régime.
MAGNESIE DES PHILOSOPHES est le nom que Planiscampi donne à un amalgame fluide d'argent et de mercure.
MAGNESIE LUNAIRE est le régule d'antimoine, de même que la MAGNESIE SATURNIENNE. Qui est aussi appelée Plomb des Philosophes et le premier Etre des métaux.

Magnesis Magnensius. Est le sang humain réduit en poudre par une opération philosophique.

Magneticus Tartareua. Pierres qui se forment dans le corps humain.

Magoreum. Médicament qui agit sans qu'on puisse en découvrir la cause physique; telle est la poudre de sympathie, l'Unguentum armarium de Paracelse, etc.

Magra. Terre rouge.

Maia. Fille d'Atlas, et mère de Mercure. Voyez MERCURE.

Main droite. Magistère au rouge, ainsi appelé de ce que sans lui on ne peut réussir à faire l'œuvre. Philalèthe.
MAIN GAUCHE. Magistère au blanc.

Maison de verre. Œuf ou vase philosophique, qu'ils ont aussi appelé Prison du Roi.
MAISON DU POULET DES SAGES. C'est le four ou fourneau appelé Athanor; mais plus particulièrement le vase qui y est renfermé.

Maius Noster. C'est la rosée philosophique et l'aimant des Sages.

Mal. Terme métaphorique qui signifie la putréfaction et la dissolution de la matière des Sages dans l'œuf Hermétique. Les Philosophes ont employé ce terme, parce que l'idée qu'il présente est toujours un principe de destruction pu une destruction même d'un être; c'est dans ce sens que l'on dit, la mort est le plus grand des maux, parce que la mort est une dissolution des corps. La fièvre est un mal, parce qu'elle est une cause ou principe de destruction. Flamel dans ses Figures hiéroglyphiques représente un homme habillé j de noir et de couleur orangée, avec un rouleau sur lequel est écrit : Dele mala quœ feci. Il explique lui-même ces paroles en ces termes : ôte-moi ma noirceur. Car mal signifie par allégorie la noirceur. On trouve le même terme pris au même sens dans la Tourbe : cuit jusqu'à la noirceur, qui est mal.

Maladoram. Sel gemme.

Malaribio. Opium.

Malaribric. Voyez MALARIBIO.

Mâle. (Sc. Hermét.) Magistère au rouge. Il faut bien prendre garde, quand on lit les ouvrages des Philosophes, par quel endroit des opérations ils commencent à parier. Un grand nombre ont omis le magistère et le supposent déjà fait. C'est pourquoi ils disent : prenez le mâle et joignez-le à sa femelle. Ils parlent alors du magistère parfait au rouge.

Malchorum ou Malehorum. Sel gemme.

Malech. Sel commun.

Malicorium. Ecorce d'orange.

Malinathalla. Plante appelée en français Souchet, en latin Cyperus.

Maltacode. Médicament dans lequel il entre de la cire. Blancard.

Mamolaria. Plante connue sous le nom de Branche Ursine.

Manbruck. Argent commun et vulgaire.

Mandella. Semence d'hellébore noir.

Manheb. Scories des métaux.

Manna Chymicorum ou Manna Mercurialis. C'est un précipité blanc de mercure, qu'on fait ensuite passer par l'alambic sous forme blanche comme la neige. On lui donne aussi le nom d'Aquila cœlestis. Blancard.
Béguin dit, dans sa Chymie, que cette manne se fait en dissolvant le mercure dans de l'eau forte, qu'il faut ensuite le précipiter avec l'eau de mer, ou salée, et puis distiller ce précipité d'abord à petit feu.

Manne. Mercure des Philosophes. Ils l'ont aussi appelé Manne divine, parce qu'ils disent que le secret de l'extraire de sa minière est un don de Dieu, comme la matière même de ce mercure.

Manus Christi. Sucre perlé.

Marathrum. Fenouil.

Marbre. Les Philosophes ont donné ce nom à leur Saturnie végétable, par comparaison avec le marbre dont les Peintres se servent pour broyer leurs couleurs, parce que ce marbre Philosophique broyé, divise et atténue l'or des Philosophes. Voyez, CRIBLE.
Le marbre des Sages Hermétiques est proprement leur mercure; mais ils ont aussi donné le même nom à leur matière parvenue au blanc par la cuisson, parce qu'elle est alors éclatante comme le marbre blanc poli.

Marcassite. Matière minérale dont il y a beaucoup d'espèces, car toutes les pierres qui contiennent peu ou beaucoup de métal, sont appelées de ce nom. On le donne même à plusieurs pierres sulfureuses dont on ne peut tirer aucun métal; il suffit pour cela qu'elles contiennent beaucoup de soufre ou de vitriol : dans ce dernier cas on devrait plutôt les nommer simplement Pyrites. Plusieurs Chymistes ont pris les marcassites pour la matière du grand œuvre; ils n'avaient pas lu sans doute les ouvrages de Bernard, Comte de la Marche Trévisanne, qui dit clairement que les marcassites ne sont) pas la matière requise.
Marched. Litharge.

Marga. Est une certaine matière un peu grasse et onctueuse que l'on trouve dans quelques pierres; ce qui lui a fait donner le nom de Moelle des cailloux.

Mariage. Rien n'est plus usité dans les écrits des Philosophes que ce terme. Ils disent qu'il faut marier le Soleil avec la Lune, Gabertin avec Beya, la mère avec le fils, le frère avec la sœur; et tout cela n'est autre chose que l'union du fixe avec le volatil, qui doit se faire dans le vase par le moyen du feu.
Toutes les saisons sont propres à faire ce mariage; mais les Philosophes recommandent particulièrement le printemps, comme celle où la Nature est plus disposée à la végétation. Basile Valentin dit que l'époux et l'épouse doivent être dépouillés de tous leurs vêtements, et être bien nets et lavés avant d'entrer au lit nuptial. D'Espagnet et tous les autres assurent que l'œuvre ne réussira pas, si le mâle et la femelle ne sont tellement purifiés, qu'il n'y reste aucune partie hétérogène. Tout le secret de la préparation du mercure consiste dans cette purification. Le ferment ou levain doit être aussi parfaitement pur, si l'on veut que le fils qui naîtra de ce mariage ait un degré de perfection qu'il puisse communiquer à tous ses frères et sujets.
MARIAGE DU FRERE ET DE LA SŒUR.
Signifie, en terme de Science Hermétique, le mélange du soufre et du mercure dans l'œuf philosophique. C'est ce qu'ils appellent aussi la copulation du mâle et de la femelle. Et quand les Philosophes disent que de ce mariage naît un enfant beaucoup plus beau et plus excellent que son père et sa mère, ils entendent par-là l'or ou la poudre aurifique, qui transmue les métaux imparfaits en parfaits; c'est-à-dire en or ou argent.
MARIAGE. Les Chymistes Hermétiques ont donné aussi ce nom à l'union du fixe et du volatil dans le temps de leur mélange avant la sublimation, c'est alors le mariage de Beya et de Gabertin, du frère et de la sœur, du Soleil et de la Lune; et dans le temps de l'union parfaite qui se fait par la sublimation, c'est le mariage du Ciel et de la Terre, d'où sont sortis tous les Dieux des Païens. C'est la réconciliation des principes contraires, la régénération du mixte, la manifestation de clarté et d'efficace, la couche nuptiale d'où doit naître l'enfant royal des Philosophes, plus puissant que ses pères et mères, et qui doit communiquer son sceptre et sa couronne à ses frères. C'est ce que les Chymistes ont appelé l'inceste du père et de la fille, du frère et de la sœur, de la mère et du fils.

Maris. Poids de 83 livres et 3 onces. Blancard.

Marisca. Figue.

Marmoraria. Acanthe ou Branche-ursine.

Mars. Quelquefois les Philosophes Hermétiques prennent ce terme dans le sens ordinaire des Chymistes; mais quand ils parlent de leur Mars, c'est de la matière digérée, et cuite à un certain degré; ils disent alors qu'elle passe par le règne de Mars. C'est quand elle commence à rougir.
MARS. Dieu de la guerre et des combats, naquit de Junon sans connaissance d'homme. Piquée et jalouse de ce que Jupiter avait enfanté Minerve sans son secours elle médita le moyen de concevoir sans Jupiter; Flore indiqua pour cet effet une fleur à Junon, qui en fit usage; elle conçut et mit Mars au monde dans la Thrace. Mars était un des douze grands Dieux de l'Egypte. Homère le dit fils de Jupiter et de Junon; les Grecs l'appelaient Arès, et les Latins sont les seuls avec Apollodore qui l'aient dit fils de Junon sans la participation d'aucun homme. Le caractère féroce du Dieu Mars ne l'empêcha pas d'être sensible aux appas de Vénus : il la courtisa, et en obtint des faveurs. Le Soleil qui s'en aperçut, en avertit Vulcain, époux de Vénus, qui les prit sur le fait, au moyen d'un rets de métal qu'il forgea; ce .Dieu boiteux exposa ensuite sa femme et Mars à la risée des Dieux, et ne les délia qu'à la sollicitation de Neptune. Voyez ce que signifient ces fictions, dans les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 3, ch. 8 et 10.
Quand il s'agit de Chymie vulgaire, Mars signifie l'acier, le fer.

Martach ou Marthat. Litharge.

Martech. Les Chymistes Hermétiques 'ont donné ce nom à leur matière considérée dans le temps de la putréfaction.

Marthek. Quelques-uns expriment par ce terme la pierre au rouge, le ferment de l'œuvre; mais Luc, dans le Code de Vérité, dit ; prenez Marthek et le blanchissez; ce qui signifie le laton, ou la matière au noir.

Maruch. Huile. Johnson.

Masal. Terme employé dans quelques ouvrages Chymiques, pour signifier du lait aigri.

Masardegi. Plomb.

Masarea. Piloselle.

Masellum. Etain, Jupiter. Masse confuse. Voyez LATON.

Mastach. Préparation d'opium fort en usage chez les Turcs. Quelques-uns l'appellent Anfion, ou Amphion.

Massalis. Mercure des Philosophes.

Masse de Coquemar. Matière de l'œuvre.

Masserium. Mercure Hermétique.

Matersylva. Chèvrefeuille.

Matière. En termes de Philosophie Hermétique, est le sujet sur lequel s'exerce cette Science pratique. Tous ceux qui ont écrit sur cet Art se sont appliqués à cacher le vrai nom de cette matière, parce que si elle était une fois connue, on aurait la principale clef de la Chymie. Ils l'ont nommée de tous les noms des individus créés, parce qu'elle contient, disent-ils, en puissance toutes les qualités et propriétés des choses élémentaires. C'est un cinquième élément, une quintessence, le principe et la fin matériels de tout.
Gerhard Dorn dit que c'est la matière même dont les cieux sont composés, que c'est la quintessence de notre matière sublunaire, incorruptible, et conservatrice de ce bas monde, le vrai végétatif, l'âme des éléments, qui préserve de corruption tous les corps sublunaires, et leur donne le degré de perfection qui convient à chaque espèce : qu'avec l'aide de l'Art on peut l'en séparer et la communiquer aux trois règnes animal, végétal et minéral : que cette matière enfin est ce que les Alchymistes appellent l'Oiseau d'Hermès qui descend continuellement du ciel en terre, et y remonte sans cesse. On peut voir tous les autres éloges qu'il lui donne dans son Traité de Lapide Metaphysico. Mais la matière des cieux diffère-t-elle de celle de la terre ? Est-elle nécessaire pour la végétation, la conservation, et l'altération des corps sublunaires ? Peut-elle être la matière prochaine de l'art Chymique ? Je laisse les deux premiers à décider aux Physiciens Naturalistes, et le troisième point aux Alchymistes, dont la vraie matière première n'est autre que les accidents de la première matière des Sectateurs d'Aristote. Les Chymistes prennent cette matière, parce qu'elle est la semence des choses, et que la semence de chaque être est sa première matière qui nous soit sensible. Toutes les fois donc que les Philosophes Hermétiques parlent de leur première matière, on doit toujours l'entendre de la semence des corps.
II y aurait beaucoup de choses à observer sur cette première matière des Chymistes; mais c'est à ceux qui font des Traités du Grand Œuvre, à en parler avec toute l'étendue qu'elle mérite. Je me contenterai donc de dire avec Bêcher (Œdipus Chymicus) que tous les corps ne sont point en totalité cette première matière tant recherchée; mais qu'ils la contiennent, et qu'ils la sont en effet quant à la puissance; ce qui doit même s'entendre des métaux, qui ne peuvent être censés cette première matière, qu'après y avoir été réduits.
C'est donc la semence des corps, qui est la. première matière des Chymistes, dans laquelle ils distinguent la semence mâle qui tient lieu de forme, et la semence femelle qui est la matière propre à recevoir cette forme. C'est pourquoi, lorsque les Chymistes parlent de leur première matière, ils entendent le plus souvent la semence femelle, quoiqu'ils parient quelquefois de l'une jointe avec l'autre. Alors ils disent qu'elle a tout ce qui lui est nécessaire, excepté le feu ou agent extérieur, que l'Art fournit à la Nature, comme le dit Empédocles dans le Code de Vérité.
Il n'est pas rare aussi de voir dans les livres d'Alchymie, tout ce qui produit semence être pris pour la matière du grand œuvre, de la même manière que l'on peut dire l'homme et les animaux composés des plantes, parce qu'ils s'en nourrissent. Ils s'expriment ainsi en parlant de la matière éloignée, comme ils parleraient de la prochaine, de la puissance comme de l'acte, de la cause comme de l'effet; ce qui ne contribue pas peu à faire prendre le change aux lecteurs qui ne sont pas versés dans cette Science.
Cette matière ne se trouve donc que dans la semence des corps, et dans le point de perfection propre à la génération; c'est-à-dire, quand elle n'a pas été corrompue ou altérée par la Nature ou l'Art : et quand on la prend telle, elle a la puissance d'engendrer, qui n'attend qu'à être réduite à l'acte au moyen du feu. Si on la prend généralement, sans avoir égard à la forme, elle se trouve dans tous les corps, mais non pas prise comme matière ayant forme chymique. Dans les animaux elle s'appelle Menstrue, dans les végétaux Eau de pluie, et dans les minéraux Eau mercurielle. Elles partent toutes d'une même racine, et composent cependant, selon Bêcher, trois matières tout-à-fait différentes, quoiqu'elles aient beaucoup d'affinité entre elles, n'étant qu'une eau subtile et visqueuse; mais comme elles différent par leur propre substance, il n'est pas possible à l'Art de les changer l'une en l'autre. Celle des animaux semble être faite pour l'union, celle des végétaux pour la coagulation, et celle des minéraux pour la fixation; ce que l'on remarque aisément dans la différence de l'union et de la liaison des parties qui composent chaque individu de ces trois règnes.
La première matière des Chymistes, éloignée, est une eau pondéreuse produite par une vapeur mercurielle; la prochaine est eau mercurielle qui ne mouille point les mains, comme le dit Saint Thomas dans son Commentaire sur le 3° livre d'Aristote, touchant les Météores.
La fin que se proposent les Chymistes dans la pierre philosophale étant d'élever les métaux imparfaits à la perfection de l'or, au moyen de sa forme et de sa matière, il faut donc que l'une et l'autre soient métalliques et minérales.
Les Alchymistes ne sauraient réussir dans leur dessein, si, comme dit Aristote le Chymiste, ils ne réduisent les corps en leur première matière, c'est-à-dire en leur matière séminale, et ne la mettent ensuite dans une matrice propre à y produire des fruits si désirés.
Pour le premier article, tout le monde sait que les choses ne se détruisent que par les contraires; c'est le soufre qui donne la forme, il faut donc se servir de mercure pour le dissoudre; et après cette dissolution, on ajoutera un soufre pour coaguler et fixer le mercure, en en faisant le mariage dans le vase propre à cet effet.
Les Philosophes Hermétiques ont toujours parlé de cette matière et des opérations de l'Art dans les termes allégoriques et énigmatiques. Le soufre et le sel, comme les deux principes constituants de cette matière, ont été nommés, le premier Roi, Mâle, Lion, Crapaud, Feu de nature. Graisse du Soleil, le Soleil des corps, le Lut de sagesse ou sapience, le Sceau d'Hermès, le Fumier et la Terre des Philosophes, Huile incombustible, Mercure rouge, et une infinité d'autres noms même de diverses langues, qui tous cependant signifient quelque matière fixe, coagulante ou glutineuse; parce qu'ils attribuent au soufre, la forme, la chaleur innée, le sperme, l'âme l'odeur, la couleur, la saveur, la fixité, et tout ce qui est capable de causer la cohésion des parties des corps.
Le second principe ou sel qui comprend toutes les eaux différentes dont nous avons parlé, comme semences des trois règnes, n'est pas le sel commun ou le sel des corps, acide, ou qui brûle la langue; car cette saveur vient du soufre qui y est mêlé, et par conséquent toutes ces sortes de sels ne doivent être regardés que comme des mixtes, et non des sels principes. Le sel des Philosophes doit se comprendre abstractivement de ce soufre, et ils ne l'ont ainsi nommé, que parce que sa forme accidentelle lui donne souvent l'apparence de glace ou de sel coagulé, ou qu'il se résout en eau aussi aisément que le sel.
C'est ce sel qu'ils appellent proprement la matière propre à recevoir la forme. C'est pourquoi ils l'ont nommé Humide radical, Menstrue, Corps en puissance, Chose ou Substance capable à recevoir toutes sortes de formes, Reine, Femelle, Aigle, Serpent, Eau céleste. Ecume de la Lune, Clef, Mercure blanc. Mercure des Philosophes, Eau de vie et de mort, Cire où l'on- imprime le sceau d'Hermès, Eau de glace, Pluie des Philosophes, Fontaine, Bain du Roi, Bain des corps, Vinaigre très aigre, Savon, et tant d'autres noms qu'on trouvera ci-après par ordre alphabétique, et dont la plupart seront expliqués dans les articles qui les concernent.
La plus grande partie des Philosophes pensent que tout a pour principe une eau savonneuse, c'est-à-dire, composée de deux substances, l'une saline et l'autre oléagineuse, appelée Chaos, et propre à recevoir quelque forme que ce puisse être; que Dieu l'a divisée en deux parties, en eau grossière, et en eau subtile; la première visqueuse, huileuse ou sulfureuse, la seconde saline, subtile et mercurielle. Il les subdivisa encore en trois parties générales; de la plus subtile il forma les animaux, de la plus crasse des métaux, et de celle qui participe des deux il en composa les végétaux; de manière que celle d'un règne ne saurait être transmuée radicalement en un autre règne, par aucune opération de l'Art. La pratique de la Chymie prouve à ceux qui douteraient de ce système, dit Bêcher, qu'il n'est pas la production d'un cerveau creux. Le soufre agit sur le sel en l'agglutinant et lui donnant ainsi la forme : lé sel agit sur le soufre en le dissolvant et le putréfiant; et l'un joint avec l'autre en quantité proportionnée, constituent une eau visqueuse et vitriolique, qui est la première matière de la Nature et de l'Art.
Voici une partie des noms que les Philosophes Hermétiques ont donné à leur matière. La plupart sont expliqués dans ce Dictionnaire, parce que, disent Morien et Raymond Lulle, c'est dans l'intelligence de ces noms si différents d'une même chose, que consiste tout le secret de l'Art. Les uns sont tirés du grec, les autres de l'hébreu, quelques-uns de la langue arabe, plusieurs du latin et du français.
Absemir.
Acier.
Adam.
Adamer.
Adrop.
Affrop.
Agneau.
Aibathest.
Aigle.
Aigle des Philosophes.
Aigle volante.
Aimant.
Air.
Airain.
Airain brûlé.
Airain incombustible.
Airain noir.
Alartar.
Albar AEris.
Albira.
Alborach.
Alchaest.
Alcharir.
Alcopbil.
Alembroth.
Alocam.
Alocines.
Aikusal.
Almagra.
Almizadir.
Aludel.
Alun.
Alus.
Aizemad.
Aizon.
Amalgra.
Ame.
Ame de Saturne.
Ame des Eléments.
Ame du Monde.
Anachron.
Anathron et Anatron.
Anathuel.
Androgyne.
Antimoine.
Antimoine des parties de Saturne.
Antybar.
Arbre.
Arbre Lunaire.
Arbre métallique.
Arbre Philosophique.
Arbre Solaire.
Arémaros.
Argent.
Argent-vif.
Argent-vif coagulé.
Argyrion.
Arneth ou Zamieh.
Arsenic.
Asmarcech.
Astima.
Atimad.
Aycafort.
Azoch.
Azoth.
Bain.
Bain de Diane.
Bain du Roi.
Bain du Soleil.
Bain-Marie.
Bain vaporeux.
Beïa.
Berbel.
Beurre.
Bien.
Bien communicatif.
Blanc du Noir.
Blancheur.
Bois.
Bois de Vie.
Bois d'Or.
Borax.
Boritis,
Borteza ou Boreza.
Brebis.
Brouillard.
Cadmie.
Caducée.
Caïn.
Cambar.
Camereth.
Cancre.
Caspa.
Caspachaïa.
Cendre.
Cendre de Tartre.
Cendre fusible.
Cendre incombustible.
Cendre noire.
Chaï.
Chaïa.
Chameau.
Champ.
Chaos.
Chaux.
Chaux vive.
Chemin.
Ches.
Chesseph.
Chesseph Hai.
Chibur.
Chien.
Chien Corascénien.
Chienne d'Arménie.
Chose croisée ou tourmentée.
Chose vile.
Chyle.
Ciel.
Ciel des Philosophes.
Ciel moyen.
Clarté du Soleil.
Clef de l'Œuvre.
Clef des Métaux.
Cœur de Saturne.
Cœur du Soleil.
Colcotar.
Colère.
Colle d'Or.
Compagnon.
Compar.
Composé.
Compôt.
Confection.
Contenant.
Contenu.
Coq.
Corbeau.
Corps Blanc.
Corps confus.
Corps contraire.
Corps immonde.
Corps imparfait.
Corps impropre.
Corps mixte.
Corps noir.
Corsufle.
Couronne du Roi.
Couteau.
Crachat de la Lune.
Crapaud.
Crible.
Crystal.
Dangereux.
Décembre.
Décembre E.
Deeb.
Dehab.
Diabeste.
Dispositif moyen.
Douceur du Beurre.
Duenech.
Dragon.
Dragon volant.
Dragon rampant.
Dragon babylonien.
Eau ardente.
Eau azothique.
Eau brûlante.
Eau de Fontaine.
Eau de l'Art.
Eau de Sang.
Eau de Talc.
Eau de Vie.
Eau d'Urine.
Eau du Styx.
Eau étoilée.
Eau feuillée.
Eau hyléate.
Eau mondifiante.
Eau pesante.
Eau pondéreuse.
Eau première.
Eau sèche.
Eau simple.
Eau visqueuse.
Ebemich.
Ebesemeth.
Elément.
Elément cinquième.
Elixir.
Eisaron.
Embryon.
Enfer.
Ennemi.
Epée.
Epouse.
Espatule.
Esprit.
Esprit corporifié.
Esprit crud.
Esprit cuit.
Esprit de la Clarté.
Esprit pénétratif.
Esprit universel.
Estomach d'Autruche.
Etain.
Eté.
Ethélie blanche.
Etoile scellée.
Etre métallique.
Eudica.
Euphrate.
Eve.
Excrément du Verre.
Fada.
Faucon.
Favonius.
Fèces calcinées.
Fèces dissoutes.
Femelle.
Femme.
Femme prostituée.
Fer.
Ferment.
Ferment sublimé.
Feu.
Feu aqueux.
Feu artificiel.
Feu contre Nature.
Feu corrodant et non corrosif.
Feu de Cendres.
Feu de Lampe.
Feu de Sable.
Feu humide.
Feu innaturel.
Feu liquide.
Feu naturel.
Fiel.
Fils béni du Feu.
Fils (petit-) de Saturne.
Fils du Nil.
Fils du Soleil et de la Lune.
Flegme.
Fleur d'Airain.
Fleur du Soleil.
Fontaine.
Fontaine du Roi.
Forme.
Forme de l'Homme.
Frère.
Frère du Serpent.
Fridanus.
Fruit.
Fruit de l'Arbre Solaire.
Fumée blanche.
Fumée citrine.
Fumée rouge.
Fumier.
Gabertin.
Gabritius.
Gabrius.
Giuniïs.
Glace.
Gomme blanche.
Gomme d'Or.
Gomme, rouge.
Gophris.
Granusœ.
Gur.
Hageralzamad.
Hebrit.
Hermaphrodite.
Hirondelle.
Hiver.
Homme.
Huile.
Huile de Mars.
Huile incombustible.
Huile rouge.
Humide blanc.
Humide radical.
Humidité.
Humidité brûlante.
Hydre de Lerne.
Hylé.
Hypostase blanche.
Jaune d'Œuf.
Immondice du Mort.
Infini.
Insipide.
Jour.
Jourdain.
Iris.
Jud he voph hé.
Kamech.
Kenchel.
Kibrich.
Kinna.
Lac bouillant.
Lac desséché.
Lait.
Lait de Vierge.
Larmes de l'Aigle.
Laton.
Lazul.
Lessive.
Ligne.
Lion.
Lion rouge.
Lion vert.
Liqueur végétable.
Litharge.
Loup.
Lucifer.
Lumière.
Lumière du Plomb.
Lune.
Lune feuillée.
Magnés.
Magnésie.
Magnésie blanche.
Magnésie rouge.
Main gauche.
Main droite.
Mal. Mâle.
Marbre.
Marcassite.
Marcassite du Plomb.
Mars.
Martheeka.
Marthek.
Masse de Coquemart.
Matière.
Matière de la Matière.
Matière de toutes formes.
Matière Lunaire.
Matin.
Médaille de Fauheh.
Médecine de l'Esprit.
Médecine des trois ordres.
Mélancolie.
Menstrue animal.
Menstrue minéral.
Menstrue végétal.
Mer.
Mercure.
Mère.
Mère de l'Or.
Mère des Métaux.
Mesure.
Microcosme.
Midi.
Miel.
Minière.
Minière de l'Or.
Ministère.
Mizadir.
Mort.
Mort amere.
Mozhacumia.
Nature.
Nature cinquième.
Neusi.
Noir plus noir que le noir même.
Nuée.
Nutus.
Occident.
Œil des Poissons.
Œuf.
Œuf des Philosophes.
Oing.
Oiseau d'Hermès.
Olive.
Ollus.
Ombre.
Ombre du Soleil.
Or.
Or de Gomme.
Or d'Orient.
Or du Bec.
Or du Corail.
Or éthée.
Or feuille.
Or romain.
Orient.
Orpiment.
Père.
Père unique de toutes choses.
Phénix.
Phison.
Pierre.
Pierre animale.
Pierre ardente.
Pierre connue dans les chapitres des
Livres.
Pierre des Philosophes.
Pierre étoilée.
Pierre indienne.
Pierre indrademe.
Pierre métallique.
Pierre minérale.
Pierre non Pierre.
Pierre rouge.
Pierre végétale.
Plomb.
Plomb Blanc.
Plomb des Philosophes.
Poil Humain.
Point.
Poisson Echénéis.
Poudre.
Poudre tirée de la cendre.
Poule.
Poussin d'Hermogene.
Présure du Lait.
Printemps.
Prison.
Prostituée (la).
Pureté du Mort.
Queue de Paon.
Raceen.
Racine des Métaux.
Rameau d'Or.
Randerich.
Rarum.
Rayon de la Lune.
Rayon du Soleil.
Récon.
Réhéson.
Résidence.
Risoo.
Roi.
Rosé dans les épines.
Rosée.
Rosée de Mai.
Rougeur.
Rubis.
Sable.
Safran.
Salamandre.
Salé.
Salive de la Lune.
Salive des Champignons.
Salive incombustible.
Salive précieuse.
Salpêtre.
Sang.
Sang de Dragon.
Sang de la Salamandre.
Sang du Lion. Sang humain.
Sang spirituel.
Saturne.
Saumure.
Saumure Marine.
Savon.
Savon des Sages.
Sébleindre.
Secret de l'Ecole.
Sedena.
Seigneur des Pierres.
Sel alembroth.
Sel alkali.
Sel alvisadir.
Sel de Lunaire.
Sel des Pèlerins.
Sel des Sages.
Sel des Sels.
Sel d'Urine.
Sel fusible.
Sel Nitre.
Sel solaire.
Semence.
Sentier. Sépulcre.
Séricon.
Serinech.
Serpent.
Serpent ailé.
Serpent de Cadmus.
Serpent dévorant sa queue.
Serpent sans Aile.
Serviteur.
Serviteur fugitif.
Serviteur rouge.
Seth.
Sirop de Grenade.
Smeratha.
Sodo des Philosophes.
Sœur.
Sœur du Serpent.
Sœur première.
Soir.
Soleil.
Soleil éclipsé.
Soleil terrestre.
Soufre ambrosien.
Soufre de Nature.
Soufre des métaux.
Soufre incombustible. Soufre rouge.
Soufre Zarnet.
Solution fixe.
Solution volatile.
Sperme de Tout.
Sperme des Métaux.
Sperme des Philosophes.
Sperme du Mercure.
Splendeur.
Splendeur de la Mer.
Splendeur du Soleil.
Sublimé.
Suc de Lunaire.
Sueur du Soleil.
Talc.
Tamuas.
Tartare ou Enfer.
Tartre.
Taureau.
Teinture des Métaux.
Teinture d'Hermès.
Témaychum.
Ténèbres.
Terre.
Terre adamique.
Terre damnée.
Terre de Reste.
Terre des Tombeaux.
Terre fouillée.
Terre Glaise.
Terre grasse.
Terre puante.
Terre rouge.
Terre vierge.
Tête de Corbeau.
Tête morte du Corbeau.
Tévos.
Thabritis.
Thélima.
Thériaque.
Thêta ou Thita.
Thion.
Timar.
Toarch.
Troisième.
Tuchia.
Vaisseau.
Vaisseau des Philosophes.
Vaisseau scellé.
Vapeur.
Vautour.
Venin.
Venin mortifère.
Venin teignant.
Vent.
Vénus.
Verge de Métal.
Verjus.
Verre.
Vert-de-gris.
Vertu des Astres.
Vertu minérale.
Vie.
Vieille exténuée.
Vieillesse.
Vierge,
Vigne des Sages.
Vin blanc.
Vin rouge.
Vinaigre.
Vinaigre des Philosophes.
Vinaigre très aigre.
Vipère.
Virago.
Virilité.
Visitation de l'Occulte.
Vitriol.
Vitriol romain.
Vitriol rouge.
Union des Esprits.
Urine d'Enfans.
Vulpes.
Vulphi.
Xit.
Yharit.
Ylé.
Zaaph.
Zahav.
Zaibac.
Zéphyre.
Zibac.
Zink.
Zit.
Ziva.
Zotichon.
Zumech.
Zumelazuli.
L'on connaît les vrais Philosophes à la matière qu'ils emploient pour le magistère. Ceux-là sont dans l'erreur qui se servent de diverses matières pour composer leur mercure, c'est-à-dire de matières de diverses natures. Elle est une, et quoiqu'elle se trouve partout et en tout, elle ne peut se tirer que de sa propre minière. C'est une eau visqueuse, un esprit corporifié. Elle est la même matière que celle dont la Nature se sert pour faire les métaux dans les mines; mais il ne faut pas s'imaginer que ce sont les métaux mêmes, ou qu'elle s'en tire; car tous les Philosophes recommandent de laisser les extrêmes et de prendre le milieu; comme pour faire du pain on ne prend, dit Philalèthe, ni le grain, ni le son, mais la farine. On ne fait pas non plus du pain avec du pain cuit. Il ne faut pas aussi chercher à former une matière des quatre éléments, qui sont les principes principiants de tout; mais une matière élémentée, qui contienne en elle-même les quatre éléments, et qui soit la semence des métaux. Cette matière a été voilée par les Anciens sous diverses fables, mais plus particulièrement sous celles d'Hercule et d'Anthée, de Pyrrha et de Deucalion. Mais si quelqu'un veut réussir dans les opérations du Magistère, qu'il apprenne auparavant, dit Philalèthe, ce qu'on entend par les compagnons de Cadmus, quel est le Serpent qui les dévora, ce que c'est que le chêne creux contre lequel il transperça ce Serpent; ce qu'on entend par les colombes de Diane, qui surmontent le Lion en l'amadouant; ce Lion vert, qui est un vrai Dragon Babylonien, dont le venin fait tout mourir : ce que c'est que le caducée de Mercure, etc.
Cette matière est appelée vile, et Philalèthe entre autres dit que le prix des principes matériels de l'œuvre ne passe pas trois louis d'or. Il ajoute que quant à la fabrique de l'eau sèche des Sages, deux écus suffisent pour en faire une livre. D assure de plus qu'on peut avoir autant de matière principe de cette eau qu'il en faudrait pour animer deux livres de mercure.
Plusieurs Philosophes disent que les pauvres ont autant de cette matière que les riches; mais il faut l'entendre de la matière principe dont celle des Sages est composée. Notre eau, dit Philalèthe, est composée de plusieurs choses, c'est-à-dire d'une seule et unique chose faite de diverses substances, mais d'une et même essence. Il faut que dans notre eau il se trouve un feu, une liqueur satumienne végétable, et un lien du mercure. Ce feu est minéral sulfureux, sans être proprement minéral, loin d'être métallique. C'est un chaos ou esprit, sous la forme d'un corps, qui n'est cependant pas corps, puisqu'il est tout volatil, et qui n'est pas aussi absolument esprit, puisqu'il ressemble à un métal liquéfié.
Quelquefois les Philosophes ont restreint le nom de Matière à leur mercure animé, et non à la matière d'où il est extrait.
MATIERE VRAIE DES MÉTAUX. C'est, selon les Philosophes, le mercure des Sages imprégné et animé de son soufre, C'est une eau visqueuse, et une vapeur qui se congelé et se fixe plus ou moins, selon le degré de coction qu'elle reçoit. Cette vapeur est un argent-vif, non le vulgaire. La pierre philosophale est composée de cet argent-vif cuit, digéré et exalté : c'est pourquoi il pénètre les métaux, achevé de les cuire, et leur donne la perfection de l'or; parce qu'il est or lui-même, et un or vif, animé, infiniment plus parfait que l'or vulgaire.
MATIERE LUNAIRE. Dissolvant des Sages.
MATIERE UNIQUE DES MÉTAUX.
Magistère au blanc.

Mathecloram. Sel gemme.

Matin. Magistère au rouge, appelé Matin par les Philosophes, parce que sa couleur est d'abord aurore avant d'être parfait au rouge.
Matrice. (Sc. Herm.) Les Philosophes donnent ce nom à la minière de leur mercure, et à leur vase. Le premier, parce que c'est dans la minière où il se corporifié et se forme; et le second, parce que le vase fait la fonction de la matrice des animaux où se parfait la génération.
La matrice de la matière d'où les Philosophes extraient leur mercure, est la terre, selon Hermès, dans sa Table d'Emeraude. Quelques Chymistes disent que le sel marin est la matrice de la nature métallique.

Matronalis Flos. C'est la violette, selon Blanchard, qui pense qu'on lui a donné ce nom de la suavité de son odeur, qui la fait tant rechercher des Dames.

Maza. Macarons. Blanchard.

Mecal ou Mekal. Poids.

Meceri. Opium.

Mecon. Pavot.

Meconium. Extrait de pavot noir, et condensé en masse.
On donne aussi le nom de Meconium aux premiers excréments noirs comme de la poix, que rend un enfant après être sorti du ventre de sa mère. Ces excréments sèches et réduits en poudre, guérissent l'aveuglement qui n'est pas de naissance, si on met de temps en temps de cette poudre dans l'œil. Il faut conserver cette poudre bien sèche dans un flacon bien bouché, et dans un lieu sec.

Médecin des Planètes. Ce n'est pas le mercure des Philosophes, comme le dit l'Auteur du Dictionnaire Hermétique, c'est le Philosophe lui-même qui emploie le mercure des Sages pour guérir l'imperfection des métaux, qu'ils appellent Planètes.
La médecine guérit, et ce Médecin l'administre. La pierre des Philosophes ou la poudre de projection sont cette médecine qui perfectionne les métaux, et guérit les maladies des trois règnes de la Nature.

Médecine. Art d'inventer, de connaître, de préparer et d'administrer les remèdes propres à guérir les maladies qui affligent le corps humain, et à le conserver dans un état de bonne santé. Les uns disent que cet Art est long et très difficile à apprendre, les autres avec Paracelse assurent qu'il est court et très aisé. Les premiers considèrent sans doute la Médecine suivant les principes de l'Ecole Galénique; c'est celle que professent aujourd'hui les Médecins que l'on appelle Docteurs en Médecine, dont les principes soumis aux systèmes que chacun imagine à sa fantaisie, font de la Médecine Galénique une science conjecturale dont la pratique est souvent très périlleuse pour les malades qui y ont recours. Mais il faut cependant avouer qu'il vaut encore mieux s'adresser à ceux que l'expérience annonce dans le Public pour des Médecins habiles, qu'à ces Empiriques ignorants, qui peuvent avoir des secrets spécifiques pour une maladie bien reconnue, mais qui, très ignorans d'ailleurs, regardent ces spécifiques comme des remèdes à tous maux, et les administrent à tort et à travers aux risques de la vie des malades qui tombent entre leurs mains.
On a donc tort de crier si fort contre les Médecins, et ceux-ci n'ont pas. plus de raison de s'élever si hautement contre les Empiriques; si on voulait être de bonne foi, on avouerait qu'il y a au moins autant de charlatanisme dans l'exercice de la Médecine Galénique, que dans celui de la Médecine Empirique. Il se trouve de part et d'autre de beaux diseurs et de très mauvais Médecins. Décrier tous les Empyriques comme on fait ordinairement, et vouloir leur refuser l'administration de leurs remèdes, c'est priver le public d'une ressource qu'il ne trouve pas très souvent dans ceux que le titre de Docteur lui présente comme d'habiles gens. Tout le monde sait que le remède de la bonne femme tire communément d'affaire la plupart de ceux que toutes les drogues de la Pharmacie employées doctoralement avaient peut-être mis dans le mauvais état où ils sont, au lieu de les guérir. Non omnia possumus omnes. On n'ignore pas qu'un Médecin ne peut pas lui seul savoir tous les remèdes propres à guérir toutes sortes de maladies; loin donc de se décréditer en permettant à ses malades, en ordonnant même des remèdes indiqués par d'autres, il gagnerait une confiance plus grande, apprendrait des remèdes qu'il ignore, et en ferait usage dans des cas semblables.
Paracelse réduisait tout l'art de guérir à des principes très simples pour la théorie et la pratique. Avait-il raison ? Je serais tenté de le croire. Toujours est-il vrai qu'il faisait des cures admirables, et qu'il se fit une grande réputation. S'il avait écrit ses ouvrages d'une manière plus intelligible, peut-être qu'aujourd'hui on lui rendrait la justice qu'on lui refuse. Il a fait mystère de tout; il a employé des noms étrangers pour exprimer des choses connues : on a pris le change; on a mal composé ses remèdes; ils n'ont pas eu tout le succès qu'on en devait espérer sur sa parole, et l'on en a conclu que Paracelse n'était qu'un charlatan. C'est pour remettre dans la voie ceux qui seraient tentés d'avoir recours aux ouvrages de Paracelse, que j'ai inséré et expliqué dans ce Dictionnaire un grand nombre de termes Paracelsiques. Plusieurs Auteurs en ont fait une étude particulière, tels que Beccher, Rullandus, Johnson, etc. et c'est dans les ouvrages de ces Savants que j'ai puisé mes explications.
Le vrai et unique moyen de remédier à tous ces inconvénients, serait de publier le procédé de ce qu'on appelle la Médecine universelle, ce seul remède guérirait toutes les maladies; mais ceux qui passent pour l'avoir su et mis en pratique, déclarent qu'il en résulterait encore de plus grands inconvénients pour la société, à cause des abus qu'en feraient les méchants. Ils ne l'ont donc enseignée dans leurs Traités sur cette matière que d'une manière énigmatique, allégorique, métaphorique, etc., afin, disent-ils, qu'elle ne devienne intelligible qu'à ceux que Dieu voudra en favoriser. C'est pour la leur rendre moins difficile, qu'après avoir combiné ces Auteurs entre eux, et recueilli les diverses explications qu'ils donnent les uns des autres, je les ai insérées dans ce Dictionnaire. Heureux ceux qui à la faible lueur de ce flambeau pourront découvrir la vérité cachée dans l'obscurité et les ténèbres dont ils ont enveloppé leurs ouvrages.
MEDECINE. Les Philosophes distinguent plusieurs sortes de médecine, quoiqu'elles aient toutes un même objet, qui est la guérison des maladies qui surviennent aux individus des trois règnes de la Nature. Ils appellent Médecine de l'ordre supérieur, leur élixir quand il est parfait pour la guérison des maux du corps humain, et pour la transmutation des métaux imparfaits en or. Ils lui ont quelquefois donné ce nom quand leur pierre est seulement parfaite au blanc. Leur Médecine de l'ordre inférieur est leur élixir projeté sur un métal imparfait; il devient pur par cet élixir, et peut servir, après la cuisson, pour projeter sur les autres métaux imparfaits. Cette médecine n'est point propre pour les maladies du corps humain. Celle de l'ordre supérieur les guérit en le confortant, ou le rajeunissant. Médée s'en servit pour le père de Jason. Les médecines que l'on prend chez les Apothicaires ont un effet tout opposé; elles affaiblissent en évacuant, elles ruinent le tempérament, et conduisent enfin au tombeau, quand la nature n'a pas la force de résister au poison qu'elles contiennent et que l'on donne avec le baume.
Les Philosophes donnent encore le nom de Médecine aux différentes opérations du grand œuvre, c'est pourquoi ils en comptent de trois sortes. La première est celle qu'ils appellent Médecine du premier ordre. C'est, selon le Philalèthe, la préparation de la pierre, qui précède l'opération de la préparation parfaite; elle s'appelle proprement la séparation des éléments, et la purification de chacun d'eux par eux-mêmes, selon que l'exige la Nature. Le magistère se fait par cette préparation, que les Philosophes ont déguisée sous plusieurs noms qui ne signifient presque que la même chose, et qui se fait par un même régime, c'est-à-dire cuire le compost. Ainsi quand ils disent distiller à l'alambic, séparer l'âme de son corps, rôtir, abreuver, calciner, frotter, nourrir, ajuster ensemble, manger, assembler, corriger, cribler, couper avec des ciseaux, blanchir, dessécher, distiller, diviser, unir les éléments, les séparer, les corriger, les purifier, les changer l'un dans l'autre, les extraire, exalter, folier, fondre, engendrer, frapper d'un glaive de feu, puiser, humecter, imbiber, empâter, ensevelir dans le fient, incérer, laver, aiguiser, polir, limer, frapper du marteau, mortifier, noircir, putréfier, arroser, tourner en rond, rubifier, dissoudre, sublimer, broyer, réduire en poudre, tous ces termes appartiennent à la médecine du premier ordre, et signifient une et même opération.
La Médecine du second ordre est cette préparation de la pierre, qui suit immédiatement celle dont nous venons de parler. Elle se nomme la préparation parfaite. On l'appelle aussi fixion, fermentation, création de la pierre, et conjonction parfaite des éléments. Géber la nomme l'œuvre courte, opus breve.
Cette médecine prépare donc parfaitement la pierre, elle la fixe, et la fait fermenter. Le ferment de la pierre se fait de la pure matière des métaux, c'est-à-dire du soufre de nature et de la vapeur des éléments, et ce ferment ne devient tel, que lorsque la Lune et le Soleil sont réduits à leur première matière.
Les Philosophes ont appelé cette médecine le Jour du jugement. Laissez les fous chercher notre œuvre, et tomber d'erreurs en erreurs en le cherchant, ils ne parviendront jamais à sa perfection jusqu'à ce que le Soleil et la Lune soient convertis en un seul corps; ce qui ne pourra se faire avant le Jour du Jugement. Morien. On lui a donné ce nom, dit Philalèthe, parce que dans cette conjonction parfaite, ou vrai mariage, se fait la séparation des élus et des damnés, c'est-à-dire de la terre grossière et impure, appelée damnée par les Chymistes même vulgaires, et de la plus pure substance de la matière de la pierre. Cette substance n'est autre que la poudre qui monte des fèces et s'en sépare. C'est la cendre de la cendre, la terre extraite, sublimée, honorée et élue. Ce qui reste au fond est la cendre des cendres,. une terre damnée, rejetée, les fèces et scories des corps, qu'il faut rejeter,. parce qu'elles n'ont aucun principe de vie; et tout ce qui ne sera pas de la vraie pureté des éléments sera détruit au jour du jugement. Raym. Lulle. Alors les éléments se trouveront purs, élevés au-dessus des fixes et resplendissants comme le cristal, parce qu'ils seront devenus terre incorruptible, qui ne craindra point les atteintes du feu. là. Elle se fait par une même opération, d'une même chose, et dans un seul vase. Ainsi le but de cette médecine est de convertir la pierre en terre fixe, spirituelle et tingente.
MÉDECINE DU TROISIEME ORDRE.
C'est la préparation de la pierre que les Philosophes appellent Multiplication.
II faut savoir cinq choses à l'égard de cette médecine : 1°. Que les Philosophes réduisent les années en mois, les mois en semaines, les semaines en jours, et les jours en heures. 2°. Que toute chose sèche boit avidement toute humidité de son espèce. 3°. Qu'elle agit sur cette humidité beaucoup plus vite qu'elle ne faisait auparavant. 4°. Que plus il y a de terre, moins il y a d'eau, et que la solution s'en fait mieux et plus promptement. 5°. Que toute solution se fait selon la convenance de la chose à dissoudre; et que tout ce qui dissout la Lune dissout aussi le Soleil. Si l'Artiste veut donc réussir, il doit savoir les poids, les mesures du temps et du feu, sans quoi il perdra son travail et ses peines. Philalèthe.
La première médecine mondifie et teint les corps, mais cette teinture n'est qu'apparente, et s'en va dans la coupelle. La seconde fait le même effet, mais la teinture qu'elle donne est permanente et fixe, quoique sans utilité. La troisième pousse la pierre à sa perfection, et la multiplie en quantité et en qualité.
La première est l'œuvre de la Nature, la seconde est l'œuvre de l'Art, et la troisième l'est de l'Art et de la Nature, et se nomme aussi la Médecine de l'ordre supérieur.
MEDECINE UNIQUE. Pierre au blanc.

Médée. Fille d'AEtes, Roi de Colchos, fils du Soleil, eut pour mère Idya, fille de l'Océan. Jason étant arrivé à Colchos pour la conquête de la Toison d'or, Médée devint amoureuse de lui. Elle fit usage de son art enchanteur pour favoriser l'entreprise de son amant. Au moyen des pharmaques qu'elle lui donna, il dompta les taureaux qui jetaient du feu par les narines, tua le dragon qui gardait la Toison d'or, en sema les dents dans le champ de Mars, d'où naquirent des hommes armés qui s'entre-tuèrent, et il s'empara de la Toison d'or.
Après cette expédition Médée se sauva de chez son père avec Jason, qui l'épousa. Quand ils furent arrivés en Thessalie, Médée rajeunit Eson, père de Jason. Les filles de Pélias ayant vu ce prodige, désirèrent que Médée rendît le même service à Pélias; celle-ci feignant d'y consentir, trouva le moyen de venger Jason des mauvais procédés que Pélias avait eus pour Eson. Elle engagea les filles de Pélias à le couper en morceaux et à le faire cuire dans une chaudière avec un mélange de plantes aromatiques. Le secret prétendu n'eut pas le succès qu'elles en attendaient.
Jason étant ensuite devenu amoureux de Glaucé, fille de Créon, répudia Médée. Celle-ci sut dissimuler son dépit, et sous prétexte de faire présent à Glaucé d'une couronne, elle la composa de manière que le feu prit à la tête de sa rivale dès qu'elle l'eut mise sur sa tête, et elle fut consumée. Quelques Auteurs disent que c'était une petite cassette que Médée disait être pleine de bijoux, et que le feu en sortit dès que Glaucé l'eut ouverte. D'autres enfin ont dit que c'était une robe.
Médée ne se contenta pas de cette vengeance, elle massacra devant Jason même deux enfants qu'elle avait eus de lui, et se sauva dans l'air sur un char attelé de deux dragons ailés. Voyez ces fictions expliquées dans le premier chapitre du second livre des Fables Egypt. et Grecques dévoilées.

Medimnus. Mesure contenant cent huit livres ou six boisseaux. Blancard.

Médium ou Substance Moyenne des Corps. C'est le mercure des Sages, parce que la matière d'où il se tire n'a pas reçu de la Nature toute la perfection dont elle est capable; l'Art la prend dans cet état, et achevé ce que la Nature avait commencé.
MEDIUM ENTRE LE MÉTAL ET LE MERCURE. C'est, selon Sinésius, la vraie matière de l'œuvre. Artéphius dit que c'est le mercure même des Philosophes.

Medulla Lactis ou Moelle du Lait. C'est le beurre ou la crème, qu'on appelle aussi Fleur du lait.

Méduse. Fille de Phorcys et de Céto, avait deux sœurs auxquelles on donna le nom de Gorgones, de même qu'à Méduse. Neptune devint amoureux de celle-ci qui était très belle, et eut commerce avec elle dans le temple même de Minerve. Cette Déesse indignée de la profanation de son temple, changea en serpents les cheveux de Méduse, et lui donna la propriété de métamorphoser en pierre tous ceux qu'elle regarderait. Persée suscité par Pallas qui lui prêta son bouclier et sa lance, et aidé des talonnières de Mercure, sut attaquer Méduse et lui coupa la tête. Du sang qui sortit de sa blessure naquirent Chrysaor, père de Géryon, et le cheval Pégase. La tête de Méduse conserva encore après sa mort la propriété de changer en pierre ceux qui la regardaient; Persée en fit usage contre Atlas., qui l'avait mal reçu. Voyez les Fab. Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 3, chap. 14, § 3.

Mel Juniperinum, ou Miel de genièvre. C'est l'extrait de genièvre.
MEL NOVUM, ou Miel nouveau. C'est la quintessence d'antimoine. Planiscampi.
MEL ROSCIDUM ET AEREUM. Manne.
MEL SATURNI, ou Miel de Saturne. C'est le sel de plomb, qu'on appelle aussi Beurre et Sucre de Saturne.

Mela. Plomb.

Mélancholie. Signifie la putréfaction de la matière. Les Philosophes appellent aussi cette opération calcination, incinération, pregnation. On a donné ce nom à la matière au noir, sans doute parce que la couleur noire a quelque chose de triste, et que l'humeur du corps humain appelée mélancolie, est regardée comme une bile noire et recuite, qui cause des vapeurs tristes et lugubres.

Mélange. Conjonction combinée de deux ou plusieurs corps, d'où il résulte un composé qu'on appelle mixte. Ces différentes combinaisons font différents mixtes; et puisque de huit corps on peut combiner 40 320 mixtes, on ne doit pas être surpris de la diversité infinie qui s'en trouve dans la Nature.
Il y a deux sortes de mélanges ou mixtions, l'une que Beccher appelle superficielle, et l'autre centrale.
Le mélange superficiel est celui qui se fait de manière que les parties des corps mélangés puissent se séparer de nouveau, comme si l'on mêle de l'absinthe avec de l'esprit de vin, après une longue digestion, ces deux corps font un mélange superficiel, parce que, en mettant le tout dans l'alambic, on sépare l'esprit de vin de l'absinthe qui reste dans la cucurbite en forme d'extrait.
Le mélange central se fait, par exemple, lorsque l'eau de pluie se mêle avec les semences, de manière qu'elle devient un corps homogène avec elles, et qu'on ne peut plus les séparer. Toutes les dissolutions dans l'eau forte sont des mélanges superficiels. Le mélange des aliments avec notre propre substance, sont des mélanges centraux. La base de ce dernier mélange est la sympathie qui se trouve entre l'humide et le sec. La base du mélange superficiel n'est que la densité et la rareté des différent corps qui composent le mélange. D'où l'on peut conclure que le magnétisme de la Nature a comme deux pôles, où tendent les mélanges des corps composés. Les corps rares recherchent, ont une espèce d'appétence ou sympathie avec les corps denses, et les corps secs avec ceux qui sont humides. Il est cependant bon de savoir que l'extrêmement humide et l'extrêmement sec sont les deux contraires, et ne s'unissent presque jamais ensemble.

Mélange (Sc. Herm.). Lorsque les Sages parlent de mélange, il ne faut pas s'imaginer qu'ils entendent parler de l'union des deux choses différentes, et prises hors du vase. C'est une et même chose qui se sépare en deux, et qui par la coction se réduit à une. Voilà le vrai mélange qui se fait précisément dans le temps de la putréfaction.

Melanosmegma. Savon noir.

Melanter. Opium.

Melanzana. Pomme d'amour.

Mélaonea ou Mélones. Petits vers de terre noirs qui en sortent au mois de Mai dans les prairies, et qui exhalent une odeur agréable, quand on les écrase. On a donné ce même nom à une espèce de petit scarabé de couleur verte dorée. Rulland.

Méléagris. Plante appelée Fritillaires, peut-être nommée Méléagris, de ce que sa fleur est tachetée comme un j oiseau appelé en latin Meleagris. C'est une espèce de perdrix qui se trouve dans la Barbarie.

Melech. Sel commun.

Mêler. Voyez MELANGE.

Melga. Salamandre.

Meliboeum ou Melibocum. Cuivre.

Melia. Frêne.

Mélicerte. Fils d'Athamas et d'Ino. En se sauvant avec sa mère pour se soustraire aux mauvais traitemens d'Athamas, ils se précipitèrent dans la mer. Les Dieux par commisération changèrent Ino en Déesse marine, sous le nom de Leucothoé, et Mélicerte en Dieu marin, sous le nom de Palémon. C'est en l'honneur de celui-ci qu'on institua les Jeux Isthmiques. Voyez les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, liv. 4, ch. 9.

Melicratum. Hydromel qui se fait d'une partie de miel sur huit parties d'eau.

Meliphyllum.
Mélisse.
Melissophyllum.

Mellisodium. Plomb brûlé.

Mellose. Vers de terre.

Mélocarpus. Fruit de l'Aristoloche.

Melusi. Mercure.

Membrane de la Terre. Matière de laquelle les Philosophes extraient leur mercure.

Ménalippe. Reine des Amazones, fut prise dans un combat par Hercule, qui garda son baudrier et ses armes pour les porter à Eurystée. Voyez. AMAZONES.

Menalopiper. Poire noire.

Ménélas. Fils d'Atrée et d'Erope, selon Homère, épousa Hélène, fille de Jupiter et de Léda. Paris la lui ayant enlevée, tous les Princes de la Grèce prirent parti pour lui, et assemblèrent une armée formidable pour le venger. Ils assiégèrent Paris et Hélène dans la ville de Troye où ils s'étaient retirés. La ville se rendit au bout de dix ans de siège. Paris fut tué, et Ménélas reprit Hélène. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 6.

Menfrige. Mastic.

Mensiracost. Manne.

Menstrue. C'est proprement dans le règne animal un sang qui s'écoule tous les mois par les parties naturelles des femmes, et des femelles de quelques animaux. Michel Schot dit dans son Traité de Physionomie, que les hommes Juifs y sont aussi sujets. On a aussi donné le nom de Menstrue, quoique improprement, aux eaux végétales et métalliques, qu'on regarde comme le principe féminin de ces deux règnes, et dans lesquelles on met quelque chose à dissoudre.
MENSTRUE DES PHILOSOPHES. Voyez MERCURE DES SAGES. Quelques Chymistes ignorant les principes de la Nature et du grand œuvre, ont regardé diverses choses comme Menstrues des Philosophes, ou comme matière, d'où l'on doit extraire ce mercure. Les uns ont travaillé sur les sels, sur les minéraux, sur les terres de différentes espèces; parce que les Sages disent que leur matière est minérale; d'autres ont employé pour cet effet les végétaux, la grande et la petite lunaire, la chélidoine, etc. parce qu'ils avaient lu dans les livres des Adeptes, que cette matière est végétale. D'autres enfin ont travaillé sur les œufs, les cheveux, la corne, les menstrues des femmes, les secondines, l'urine, le sang humain, et tout ce qu'ils ont pu imaginer pris des animaux, comme la fiente de brebis, sur ce qu'il est écrit que cette matière est animale, et que quelques-uns ont dit comme Aristote et Riplée que c'est terminus ovi, le Cosmopolite qu'elle se tire du ventre du bélier. On en a vu aussi distiller, circuler, digérer, etc. l'eau de rosée, parce qu'elle se cueille aux équinoxes, et que quelques Philosophes lui ont donné ce nom; mais tous ces Chymistes ont pris mal à propos les écrits des Sages selon le sens que présente la lettre; puisqu'ils ont soin d'avertir qu'ils ne parlent que par analogie et similitudes.
MENSTRUE. Le menstrue des Philosophes est proprement leur mercure; cependant ils prennent souvent ce terme pour la matière qui contient ce mercure. L'eau est le menstrue qui contient la semence des choses, et les porte dans la terre en s'insinuant par ses pores. La terre qui leur sert de matrice, les couve, les digère, tant par la chaleur propre au sperme, qu'avec l'aide du feu céleste; et met enfin au jour les individus qui doivent en venir selon l'espèce déterminée du sperme. Le sperme diffère du menstrue, en ce que celui-ci n'est que le réceptacle de l'autre. D'Espagnet.
MENSTRUE BLANCHI. Mercure Hermétique qui contient les deux Dragons de Nicolas Flamel.
MENSTRUE PUANT ou EAU FETIDE. C'est ce que Géber et Raymond Lulle appellent Esprit fétide, ou le Soufre des Sages; nous n'avons besoin dans tout l'œuvre que de l'eau vive et de l'esprit fétide. Ce menstrue puant est la matière en putréfaction.
MENSTRUE ESSENTIEL. Sans lequel on ne peut rien faire; c'est la même chose.
MENSTRUE VEGETAL. Raymond Lulle dit que le menstrue des Sages s'acue avec les végétaux; mais non que leur menstrue soit proprement végétal. Quelques-uns donnent ce nom à l'esprit de vin rectifié sept fois par l'alambic, ou à la manière qu'enseignent Raymond Lulle et Jean de Roquetaille, connu sous le nom de Jean de Rupescissa; parce qu'ils prétendent que cette eau ardente a la propriété de tirer la teinture de l'or, et de produire des choses merveilleuses. C'est en effet une bonne quintessence;
mais ce n'est pas le mercure des Sages.
MENSTRUE SECOND. C'est le laton des Philosophes.

Mer. La mer des Philosophes est bien différente de cet amas d'eau salée, sur laquelle s'exposent si témérairement la plupart des hommes, pour chercher les richesses du Potozi et des autres contrées. Leur mer se trouve partout; et les Sages y naviguent avec une tranquillité qui n'est point altérée par les vents ni les tempêtes. Leur mer ';n général sont les quatre éléments; en particulier c'est leur mercure; quelquefois la matière d'où il faut l'extraire, parce que Flamel appelle ce mercure l'Ecume de la Mer rouge, et le Souffle du Vent mercuriel; ce qui est la même chose que le Serviteur rouge du Trévisan. C'est en s'exposant sur cette mer, pleine d'écueils pour les mauvais Chymistes, qu'un si grand nombre d'entre eux font naufrage, et perdent leur fortune en courant après un or qu'ils ne savent pas tirer de sa minière.
MER SECHE. C'est ce qu'ils appellent aussi eau sèche, eau permanente l'eau astrale, et leur mercure.
MER REPURGEE. Magistère parvenu à la blancheur.

Méradum. Voyez ALMIZADIR.

Mercure ou Argent Vif. Métal coulant composé d'une terre métallique F' et d'une terre fluidificante; c'est pourquoi il y a autant de mercures que de métaux, qui peuvent être mêlés avec cette terre fluidificante. Il y a une si grande sympathie entre cette terre mercurielle ou fluidificante, et les métaux, que quand elle y est une fois mêlée, elle s'y accroche si fermement, qu'elle s'y coagule plutôt que de s'en laisser séparer. C'est dans cette admirable sympathie que consiste tout le secret de la Philosophie Hermétique, ou du grand œuvre; c'est-à-dire, à avoir cette terre mercurielle pure, et dans l'état où elle se trouve avant d'être mêlée avec aucun métal. C'est en cela que consiste la différence du mercure commun d'avec le mercure des Philosophes. Le premier est composé de cette terre mercurielle et d'une terre métallique; le second n'est proprement qu'une terre mercurielle ou fluidificante. Beccher.
MERCURE. Vapeur minérale, onctueuse, visqueuse, crasse, congelée dans les pores de la terre en une liqueur homogène et incombustible. Basile Valentin et Sendivogius définissent le mercure, un sel acide de nature minérale. Ces définitions conviennent au mercure, principe des métaux et du mercure vulgaire, connu sous le nom de vif argent, qui est un vrai métal. On doit donc, distinguer deux sortes de mercure, le vulgaire, et le mercure principe. Le premier est mort, quand il est hors de sa mine, parce que son feu interne est assoupi, et qu'il ne peut plus agir, s'il n'est mis en action par le mercure principe. Le second est appelé, non pas vif-argent, mais argent-vif par les Physiciens Chymistes, pour le distinguer du commun, et marquer sa puissance vive, qui agit dans les mines; ou qui hors des mines n'attend que d'être excité par les mains d'un habile Artiste, pour agir encore avec plus d'effet sur les métaux.
Le mercure paraît à nos yeux sous trois voiles différons, dont la Nature l'a habillé : 1°. sous la forme d'un fluide, qui ne mouille pas les mains, quand on le touche; c'est le vif-argent vulgaire, qu'on appelle mercure vierge, quand il sort de la mine, et que l'avarice ne l'a pas altéré par quelque mélange; 2°. sous la figure de cinabe; 3°. sous celle d'arsenic ou réagal. Le mercure principe est celui que les Philosophes Hermétiques vantent tant, et le mercure vulgaire est celui dont se servent communément les Chymistes ordinaires et les Médecins.
MERCURE DISSOLVANT. Dont les Philosophes Spagyriques se servent pour réduire les métaux, les minéraux, les végétaux et tous les corps à leur première matière. Il y a trois sortes de mercure dans le sens des Alchymistes : le mercure dissolvant simple; le mercure dissolvant composé, qui est proprement leur vrai mercure; et le mercure commun, ou celui qui se tire des métaux. Le mercure simple est une eau extraite, selon les principes de leur Art, d'une matière dont ils ont eu grand soin de taire le vrai nom, et à laquelle ils en ont donné une infinité que l'on peut voir dans l'article Matière. Ils l'appellent plus communément magnésie, plomb, chaos. C'est une matière minérale. Le Philalèthe définit ce mercure une eau ou vapeur sèche, visqueuse, remplis d'acidités, très subtile, se dissipant aisément au feu, qui dissout les métaux par une dissolution naturelle, et qui réduit leur esprit de puissance en acte.
Le mercure composé est celui dont nous venons de parler, auquel on a ajouté une seconde matière, et qu'en conséquence ils appellent rebis, laton, airain des Philosophes, etc. Presque tous les Philosophes ne parlent que de celui-ci dans leurs ouvrages. Nous avons déjà défini le mercure commun.
MERCURE BLANC DES SAGES. C'est la pierre au blanc.
MERCURE ROUGE. C'est le magistère au rouge parfait.
MERCURE UNIVERSEL. C'est l'esprit répandu dans tout l'Univers pour l'animer.
MERCURE CRUD. C'est le dissolvant des Sages, non pas l'argent-vif vulgaire, appelé mercure crud par les Chymistes.
MERCURE PREPARANT. (Sc. Herm.) Dissolvant des Philosophes, qui prépare le corps dissoluble, pour parvenir à la perfection du magistère.
MERCURE DU COUCHANT. Pierre au blanc.
MERCURE EPAISSI. V. EAU EPAISSIE.
MERCURE DES MINERAUX ET DES METAUX. C'est le Mercure des Philosophes.
MERCURE STERILE (Sc. Herm.) C'est le mercure pris abstractivement de son soufre, parce que la femelle représentée par leur mercure est toujours stérile sans la conjonction et l'action du mâle signifié par le souffre. Le mercure des Philosophes ne se trouve point sur la terre des vivants, c'est-à-dire, tout préparé. Mais il se tire de la terre même des vivants, et de la terre vierge qui est au centre, et dans l'intérieur de cette terre des vivants; et cela par un artifice ingénieux, très simple, mais seulement connu des Sages. Le Cosmopolite dit que cela se fait par le moyen de leur acier, et le Philalèthe par leur aimant.
MERCURE, a qui le vieillard veut couper les pieds avec sa faux, est un emblème qu'Abraham Juif a employé pour signifier la fixation du mercure des Sages, et non pour signifier la matière, comme le pensent presque tous les faux Adeptes. Le mercure est volatil, et ne sert de rien s'il n'est fixé au blanc ou au rouge. Abraham a représenté un Vieillard, pour signifier la longueur du temps nécessaire pour cette opération.
Le Mercure extrait du Serf rouge, est proprement le mercure des Sages dans le temps de sa première préparation.
Le mercure rubifié est la pierre au rouge, appelée aussi mercure animé.
MERCURE COURONNE. C'est l'élixir parfait des Sages, qu'ils appellent leur Roi, dont la tête est ornée d'un diadème à trois couronnes, pour marquer son pouvoir sur les trois règnes de la Nature.
MERCURE SULFURE est le vrai mercure des Sages, qui diffère du vulgaire en ce que celui-ci n'a point un soufre qui l'anime, et l'autre en a un inséparable, qui n'attend que d'être excité.
MERCURE ANIME. (Sc. Herm.) C'est le mercure double des Sages. Pantaléon prétend que Bernard, Comte de la Marche Trévisane, est le premier d'entre les Philosophes, qui ait introduit le mercure animé dans le Grand Œuvre; que d'Espagnet, Philalèthe l'ont imité, et que tous les Philosophes modernes y ont applaudi. C'est le mercure des Sages animé du soufre métallique, par le moyen rapporté dans la Philosophie des Métaux du Trévisan, dans l'endroit où il parle de la fontaine dans laquelle il vit dissoudre son livret d'or, comme la glace fond dans l'eau chaude.
MERCURE DOUBLE. V. MERCURE ANIMÉ.
MERCURE DEUX FOIS NE. C'est le même.
MERCURE VEGETAL. Voyez MENSTRUE VÉGÉTAL.
MERCURE DE VIE. (Sc. Herm.) C'est l'élixir des Sages composé de leur mercure. Ils le nomment ainsi, parce qu'il transmue les métaux imparfaits, ; qu'ils appellent morts; et que ce mercure est en effet le principe de la génération et de la conservation des individus de la Nature.
MERCURE MYSTERIEUX. C'est encore le même : ainsi nommé, parce que tous les Adeptes en font un vrai mystère à tous ceux qui ne le sont pas, à moins qu'ils ne les trouvent prudents, discrets, craignant Dieu, enfin tels qu'ils les souhaitent pour être initiés dans les mystères du grand œuvre.
MERCURE CRYSTALLIN est du mercure sublimé plusieurs fois, et réduit en forme de cristaux transparents.
MERCURE CORALLIN, est du mercure auquel on a donné la couleur rouge avec de l'huile d'œufs, ou autres eaux. Rulland.

Mercure. Fils de Jupiter et de Maïa naquit sur le mont Cyllene dans l'Arcadie; Junon oublia sa jalousie à l'égard de ce fils de Jupiter; elle prit même tant d'intérêt à sa conservation, qu'elle se chargea de le nourrir de son lait. D'autres pensent que ce fut Ops.
Mercure était presque encore au berceau, qu'il montra son penchant pour le vol. Etant entré dans la forge de Vulcain, il lui vola ses outils; et le jour même il vainquit à la lutte Cupidon. Il enleva le sceptre de Jupiter, et la peur du feu fut la seule raison qui lui empêcha de voler aussi ses foudres.
Jupiter l'employa dans ses messages; il le chargea de balayer la salle d'assemblée des Dieux, et l'occupait en qualité de son Echanson avant l'enlèvement dé Ganymede.
On lui avait donné des ailes qu'il avait attachées à son chapeau et aux talons de ses souliers; elles lui aidaient à expédier plus promptement ses messages. Il ne dormait ni jour m nuit, parce qu'il était chargé de recevoir les âmes des mourants, et de les conduire au séjour de Pluton et aux Champs-Elysées. Il portait à la main une verge d'or, autour de laquelle étaient deux serpents entortillés, qui semblaient vouloir se dévorer; mais la verge avait la propriété de les concilier.
Lorsque Apollon fut chassé du Ciel et qu'il se rendit gardien des troupeaux d'Admete, Mercure vola les bœufs qu'il gardait. Il eut même l'adresse d'enlever l'arc et les flèches d'Apollon, pour empêcher ce Dieu dé les faire servir à sa vengeance.
Mercure inventa la lyre, et l'échangea avec Apollon pour le caducée qu'il porta toujours dans la suite. Mercure en essaya la vertu sur deux serpents qui se battaient; aussitôt qu'elle les eut touchés, ils furent d'accord. Mercure s'en servait pour pacifier les différends, et pour rendre amis les ennemis.
Jupiter voulant soustraire lo changée en Vache, à la garde scrupuleuse d'Argus, chargea Mercure de le défaire de ce gardien; ce qu'il exécuta. Voyez l'explication de ces fictions et des autres qu'on a inventées à son sujet, dans le liv. 3', chap. 14, § 1, des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Mercure Trismégiste. Le plus ancien des Philosophes connus. C'est de son nom grec Hermès que ceux qui savent le Grand Œuvre, ont pris le nom de Philosophes Hermétiques. Voyez HERMES.
MERCURIALIS SEVA. Eau naturelle et primitive de l'alun, que Planiscampi dit être le principe du mercure.
MERCURII ASTRUM. Mercure sublimé, ou sa quintessence.
MERCURIUS LAXUS. Turbith minéral.
MERCURIUS CORPORALIS METALLORUM. Mercure des métaux précipité.
MERCURIUS MINERALIUM. Oléoginosité extraite de la mine d'or ou d'argent. Planiscampi.
MERCURIUS REGENERATUS, ou Mercure régénéré. C'est le premier être ou principe du mercure.
MERCURIUS A NATURA COAGULATUS. Tout métal solide.
MERCURIUS METEORISATUS. Mercure de vie.
MERCURIUS CRYSTALLINUS. Mercure sublimé plusieurs fois, et rendu par ça moyen clair et transparent comme du cristal.
MERCURIUS CORALLINUS. Précipité rouge de mercure.

Merdasengi. Poudre de plomb brûlé.

Mère. Les Philosophes Spagyriques donnent quelquefois le nom de Mère au vase qui renferme la matière du grand œuvre; mais ils disent plus communément que le Soleil est le père de la pierre, et que la Lune en est la mère, parce que, selon eux, la madère de la pierre, comme de toute autre chose, est engendrée des quatre éléments, mêlés et combinés par les influences de ces deux luminaires; et non pas que l'or ordinaire qu'ils appellent aussi Soleil, et l'argent vulgaire qu'ils appellent Lune, soient les matières qu'il faut prendre pour faire le grand œuvre.
MERE DE LA PIERRE. Matière de l'œuvre parvenue au blanc; ce même) nom convient mieux à Peau mercurielle, puisque c'est d'elle que se forme la matière de la pierre.
MERE DE TOUS LES ELEMENS. C'est le chaos, Hylé, la matière première dont les éléments ont été faits, et des éléments toutes choses,
MERE DE TOUS LES MÉTAUX. Les Sages ont donné ce nom à leur mercure, parce qu'Us disent qu'il est le principe des métaux; ce que quelques Chymistes ont interprété du mercure vulgaire.
La mère a mangé son enfant. Expressions allégoriques employées par quelques Philosophes, pour dire que la terre Philosophale a bu toute son eau, qui en était sortie; c'est ce qu'ils appellent Cohobation.
Mettre ou sceller la mère sur le ventre de son enfant. C'est nourrir l'enfant philosophique, qui est le soufre, avec le lait virginal, duquel il a été formé; le soufre ou l'enfant fixe alors avec lui ce lait virginal, qui était volatil : fixer, c'est sceller.

Merle de Jean. Un Philosophe s'est exprimé ainsi, pour signifier le noir qui survient à la matière par la putréfaction. Merle blanc; c'est la pierre au blanc, la Lune des Sages, Diane, etc.
MERLE BLANC, ou BLANCHI. Matière de l'œuvre, après que les règnes de Saturne et dé Jupiter ont fait place à celui de la Lune.

Merveilles des Merveilles. (Science Hermét.) C'est le vrai nom de l'élixir parfait, parce que rien sur la terre n'est plus merveilleuse; c'est pourquoi la plupart des Philosophes nomment le Grand Œuvre, l'Œuvre de la sagesse divine. Y a-t-il rien de plus admirable en effet, que de voir un peu de poudre changer un poids immense, de quelque métal imparfait que ce soit, en or ? guérir toutes les maladies du corps humain et des animaux, celles même que la Faculté de Médecine regarde comme incurables ? faire produire en vingt-quatre heures des feuilles, des fleurs et des fruits, pendant que la nature ne le fait qu'en des années entières ? et enfin bien d'autres choses que les sages savent, mais qu'ils ne divulgueront jamais qu'à ceux qu'ils veulent bien initier ? Quelques-uns ont appelé le mercure des Philosophes, la Merveille du Monde.

Mesbra. Tuthie.

Mesel. Etain, Jupiter.

Messager des Dieux. C'est l'esprit universel répandu dans toute la nature, ou le mercure des Philosophes, qui en est formé.

Mest. Lait aigri.

Mestudar, ou Nestudar. Sel armoniac.
Mesure des Sages. Le Dictionnaire hermétique cite Alphidius, et dit en conséquence que le mercure des Sages est leur mesure; il aurait mieux dit s'il l'avait expliqué du poids. Philalèthe ne parle que de la mesure du temps, et ajoute que si l'on ignore le poids, la mesure du temps et le feu, on perdra. son temps et ses peines; ce qui doit s'entendre de la multiplication.

Métal. Les métaux des Philosophes sont cette matière de laquelle on extrait l'esprit, et duquel esprit on fait la pierre au blanc et la pierre au rouge. Leurs métaux parfaits sont ces pierres mêmes; souvent ils les appellent Corps.
Les anciens Chymistes ont donné aux métaux les noms de sept Planètes, parce qu'ils ont cru y remarquer des propriétés et des couleurs analogues à celles que l'Astrologue reconnaît dans les Planètes. Ils ont nommé en conséquence le plomb Saturne, l'étain Jupiter, le fer Mars, l'or le Soleil, le cuivre Vénus, l'argent-vif Mercure, et l'argent Lune.
On distingue les métaux en parfaits, qui sont l'or et l'argent; et en imparfaits, qui sont le cuivre, le fer, le plomb, l'étain et le mercure. Les Philosophes appellent aussi Métaux imparfaits la matière de l'œuvre, lors-que pendant les opérations elle est affectée d'autres couleurs que de la blanche et de la rouge. Ces deux dernières composent les règnes du Soleil et de la Lune, les autres sont les règnes des autres Planètes.
La plupart des Chymistes ne comptent pas le mercure parmi les métaux, et prétendent qu'il n'en est que la semence; mais la vraie matière des métaux n'est, à proprement parler, qu'une vapeur, un esprit qui se corporifie dans les entrailles de la terre, à mesure que le feu central la sublime vers la superficie; elle devient une eau visqueuse, qui s'allie avec différons soufres; elle se cuit et se digère avec eux, d'une manière plus ou moins parfaite, suivant le plus ou moins de pureté de la matrice où les métaux se forment.
METAL COULANT. C'est le mercure.

Métas, ou Métal. Quelques Chymistes ont donné ce nom au poids que nous appelons communément un gros, une dragme.

Métaux. (Science Herm.) Lorsque les Sages parlent des métaux, ils n'entendent pas communément ceux qui sont en usage dans le commerce de la vie; il ne faut les expliquer dans ce sens que lorsqu'ils parlent de la transmutation des métaux imparfaits en or ou en argent. Leurs métaux ne sont autres que les différons états de leur mercure pendant les opérations du magistère. Ces états sont au nombre de sept, comme il y a sept Planètes et sept métaux communs; c'est pourquoi ils donnent le régime de leur œuvre aux sept Planètes, qu'ils disent dominer à chaque état, et chaque domination se manifeste par des couleurs différentes. Le premier régime est celui du mercure, qui précède la couleur noire. Le second est celui de Saturne, qui dure tout le temps de la putréfaction, jusqu'à ce que la matière commence à devenir grise; c'est alors que les Sages appellent leur matière, plomb des Philosophes. Le troisième est celui de Jupiter, fils de Saturne, qui fut soustrait, selon la Fable, à son père vorace, que Jupiter mutila pour lui ôter la faculté d'engendrer : des parties mutilées et jetées dans la mer, naquit Vénus; ce qu'il faut entendre de la couleur noire qui ne reparaît plus dans le magistère. Et dès lors Jupiter est le père des Dieux, avec Junon, représentée par l'air renfermé dans le vase, et l'humidité qui s'y est mêlée.
Tout le régime de Jupiter est employé à laver le laton; ce qui se fait par l'ascension et la descension successives du mercure sur la terre. Cette eau représente la mer, dont le flux et reflux est marqué par ces ascensions et descensions continuelles. Mais les Philosophes ont une autre mer, qu'on verra expliquée dans son article.
Les Poètes ont donné à ce laton le nom de Latone, mère de la Lune et du Soleil; parce que le régime de la lune est une suite de l'ablution du laton, qui par-là devient blanc, et d'une blancheur éclatante comme celle de la Lune. Vénus domine ensuite, et c'est dans le temps que la matière prend une couleur citrine, qui tire sur un rouge plombé, ou de rouille de fer, et pour lors vient le régime de Mars, ami de Vénus, qui dure jusqu'à la couleur orangée, représentée par l'aurore, avant couriere du soleil. Phœbus, frère de Diane, paraît enfin sous la couleur de pourpre. Les Poètes ont feint que Diane sa sœur servit de sage-femme à sa mère Latone lorsqu'elle mit le soleil au monde, parce que le rouge, vrai or et vrai soleil des Philosophes, ne paraîtrait jamais, si le blanc ou Diane n'avait paru auparavant. L'on ,voit par-là combien les Mythologistes se trompent dans les explications arbitraires qu'ils donnent de la Fable, qui n'est qu'une allégorie multipliée du Grand Œuvre. L'Adepte est seul capable de donner aux fables la véritable explication qui leur convient. Les incestes, les adultères, et les autres crimes que les Poètes ont imputés aux Dieux, ne seront alors que des opérations de la science hermétique, personidéifiées, pour allégoriser tout ce qui se fait successivement dans le Grand Œuvre.
Les Souffleurs et les Chymistes vulgaires ne se trompent pas moins lourdement lorsqu'ils travaillent sur les métaux communs, dans la pensée qu'ils parviendront au magistère par leur moyen. Car quoique d'eux soit l'entrée de notre œuvre, dit le bon / Trévisan, et que notre matière, par tous les dits des Philosophes, doit être composée de vif-argent, et vif-argent n'est en autres choses qu'es métaux... Toutefois ne sont-ils pas notre pierre tandis qu'ils demeurent en forme métallique; car il est impossible qu'une matière ait deux formes. Notre pierre est une forme digne moyenne entre métal et mercure. Le même Auteur parle fort au long des métaux dans son Ouvrage sur la pierre, auquel, pour cette raison, il a donné le titre de Philosophie des métaux.
Les Chymistes et Métallurgistes dissent que les métaux ont des maladies; j'en ai fait le détail dans l'article LEPRE.

Métempsycose. Translation de l'âme d'un être vivant dans le corps d'un autre être qui n'était vivant qu'en puissance. On dit que Pythagore avait puisé le sentiment de la Métempsycose chez les Prêtres d'Egypte, et cela est vrai; mais les sectateurs de la Philosophie hermétique prétendent qu'on a mal expliqué ce système de Pythagore, et qu'on lui a prêté un sens qu'il n'avait pas. Les Sages d'Egypte apprirent à Pythagore la transmutation métallique, que ce Philosophe traita ensuite énigmatiquement dans ses Ouvrages. Ceux qui n'étaient pas au fait du Grand Œuvre entendirent tout ce qu'il avait écrit Selon le sens que la lettre présentait, et non selon l'esprit. L'idée de Pythagore n'était autre que de donner à entendre que l'esprit, ou ce qui constitue l'âme des métaux parfaits, passait par la transmutation dans le plomb, le fer et les autres métaux imparfaits, et les rendait autres qu'ils n'étaient auparavant. Ol. Berrichius.
Les Académiciens n'entendaient pas par Métempsycose la translation de l'âme intellectuelle de l'homme dans le corps d'un autre homme, d'un animal, ou d'une plante; mais seulement la translation, ou plutôt la conversion de l'âme animale, élixirielle, en une autre, pour lui donner la vie animale; c'est de cette façon que la nature agit sans cesse. La dissolution du corps des animaux laisse évaporer les esprits volatils de cet animal, l'esprit fixe se mêlant avec ceux de la terre; les uns et les autres séparés de la substance terrestre qui les tenaient emprisonnés, agissent magnétiquement sur leurs semblables, qui agissent également de leur côté. La nature, par leur réunion, forme de nouveaux mixtes, ou semblables, ou différons, selon la matrice où ils se rencontrent. Des excrémens des animaux, ou de leurs corps tombés en putréfaction entière, des plantes se nourrissent, d'autres animaux se nourrissent de ces plantes, et par un cercle continuel, les uns se métamorphosent dans les autres; ce qui fait que rien ne périt dans le monde, et que son volume n'augmente pas, malgré l'augmentation possible et même réelle de ses individus spécifiques. Ainsi le loup peut être converti en agneau, l'agneau en loup; le foin en bœuf, le bœuf en homme, l'homme en foin, etc. Car l'élixir ou humide radical de chaque mixte, rempli des esprits de ce mixte, est appelé âme, parce que c'est le sujet immédiat de l'âme vivante, comme l'esprit en est la cause efficiente; c'est en ce sens que le grand monde est dit animé.

Métis. Jupiter, possesseur paisible de l'Olympe, après avoir foudroyé les Géants, épousa Métis, Déesse dont la connaissance était supérieure à celle de tous les Dieux et de tous les hom-mes. Mais dans le temps qu'elle était prête d'accoucher de Minerve, Jupiter instruit qu'elle était destinée à être mère d'un fils qui deviendrait le souverain de l'univers, avala la mère et l'enfant, afin qu'il pût apprendre d'elle le bien et le mal. Ce fut par le conseil de Métis que Jupiter fit prendre à son père Saturne un breuvage qui lui fit vomir, premièrement la pierre qu'il avait avalée, et ensuite tous ses enfants qu'il avait dévorés.
Quelque temps après que Jupiter eut avalé Métis, il se sentit saisi d'une grande douleur de tête; il eut recours à Vulcain, qui d'un coup de hache lui fendit la tête. Minerve sortit toute armée par la blessure, et même dans un âge fort avancé. Voyez l'explication chymique de tout cela dans les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, liv. 3, chap. 4 et 9.

Metopium. Galbanum. Blancard.

Métros. Pierre au rouge parfait.

Mettre. (Sc. Herm.) Lorsque les Sages disent dans leurs livres, mettez ceci, ajoutez cela, il ne faut pas croire qu'ils recommandent d'ajouter ou de mettre quelque chose d'étranger ou même d'analogue à ce qui a été mis une fois dans le vase; ils entendent seulement qu'il faut continuer de cuire le compost, à qui il ne manque rien que la coction, sans cesse entretenue jusqu'au blanc ou au rouge.
METTRE dessous ce qui est dessus, et ce qui est dessus dessous. C'est ce que les Philosophes appellent convertir les éléments, changer les natures; c'est-à-dire, rendre volatil le fixe, et fixer le volatil.
METTRE AU MONDE. Expression qui signifie la même chose qu'enfantement, dont voyez l'article.
METTRE EN POUDRE. C'est dissoudre philosophiquement la matière de l'œuvre dans le vase. Cette dissolution se fait au moyen de la putréfaction; elle réduit le compost, dit Flamel, en une poudre impalpable, et aussi subtile que les atomes qu'on voit voltiger aux rayons du soleil.

Mezerœum. Espèce de plante qui est de la classe du lauréole; quelques-uns la nomment Chamelée.

Micha et Michach. Cuivre, Vénus. Rullandus.

Micleta. Médicament propre à arrêter les hémorragies.

Microcosme. On donne ordinairement à l'homme ce nom, qui signifie petit Monde; parce que l'homme est l'abrégé du grand. Les Philosophes le donnent aussi à leur magistère, parce qu'il contient disent-ils, toutes les vertus des choses supérieures et inférieures.

Midas. Roi de Phrygie, et fils de Cybele, chercha à gagner la bienveillance de Bacchus, en faisant bon accueil à Silène. Un jour que ce père nourricier du Dieu du vin s'était enivre, et dormait près d'une fontaine, Midas le fit lier avec une guirlande de rieurs. On le conduisit dans cet état au Palais du Roi, qui le traita parfaitement bien, et le fit ensuite mener à Bacchus. Ce Dieu fut charmé de le voir; et pour récompenser Midas, il lui offrit de lui accorder sans exception tout ce que ce Roi lui demanderait. Midas, sans trop de réflexion, demanda que tout ce qu'il toucherait fût changé en or. Bacchus lui donna cette propriété. Lorsque Midas voulut manger, il fut fort étonné de voir les viandes même qu'il touchait, changées en or, et par conséquent hors d'état d'en faire sa nourriture; et craignant de mourir de faim, il eut recours à Bacchus, et le pria instamment de le délivrer d'un don si funeste. Bacchus y consentit, et lui ordonna pour cet effet d'aller se laver dans le fleuve Pactole. Midas y fut, et communiqua aux eaux de ce fleuve la propriété qui lui était si onéreuse.
Il survint dans la suite un différend entre Apollon et le Dieu Pan, sur le chant et la musique. Midas fut choisi pour arbitre, et jugea sottement que Pan chantait mieux qu'Apollon. Ce Dieu, pour le punir d'avoir si mal jugé, lui fit croître les oreilles en forme d'oreilles d'âne. Voy. l'explication de cette fable dans le Livre II des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, ch. 5.

Midi. Soufre parfait des Philosophes. Us lui ont donné ce nom, parce qu'ils l'ont appelé Soleil, et que cet astre est dans son plus haut degré lorsqu'il est au midi.

Miel. Dissolvant des Philosophes.

Mifres. Asphalte.

Migma. Mélange de différents simples, pour en former un médicament.

Milcondat. Sang de dragon.

Milieu du ciel. Quelques Auteurs Hermétiques ont appelé ainsi la matière dissolvante du grand œuvre, parce qu'ils disent que le vent a porté leur eau sèche, leur mercure, dans son ventre, et qu'il se trouve en principes dans l'air.
MILIEU ENTRE LA MINE ET LE MÉTAL. C'est la matière de l'œuvre. Milieu pour réunir les teintures, c'est le mercure philosophique. Milieu entre le métal et le mercure, c'est le soufre parfait.

Militaris, ou Stratiotes. Joubarbe aquatique, ainsi nommée de sa vertu pour arrêter le sang des blessures. On a aussi donné le même nom à la plante connue sous celui de Mille-feuilles.

Mina ou Mna. Suivant Dioscoride, c'était autrefois un poids de seize onces, ou 128 dragmes. La mine Attique pesait douze onces et demie, la Romaine douze onces, et celle d'Alexandrie vingt onces, ou 160 dragmes. Blancard.

Mine. Matière de laquelle se forment les métaux et les minéraux dans les entrailles de la terre. Cette matière, suivant les principes de la Philosophie Hermétique, n'est d'abord qu'une vapeur que les éléments poussent avec l'air et l'eau dans les entrailles de la terre. Le feu central la sublime vers la superficie; elle se digère et se cuit avec le soufre qu'elle rencontre, et suivant le degré de pureté du mélange et de la matrice, les métaux se forment plus ou moins parfaits.
MINE DE FEU CELESTE. Magistère au rouge, ou soufre des Philosophes. Que celui qui a eu le bonheur de parvenir à faire cette mine de feu céleste, dit d'Espagnet, qu'il la conserve bien précieusement. Il n'y a rien dans le monde de si excellent.

Minéral. Mixte participant des principes des métaux. Les minéraux métalliques sont composés de parties très simples et homogènes, ce qui en rend le mélange très fixe, et presque incapable de corruption. Leur base est une terre grossière et vitrifiable; et comme ils n'ont pas des organes de même que les végétaux et les animaux, ils se forment par simple accrétion, et ont tous une même forme, ou, pour mieux dire, n'en ont point de déterminée, comme l'a chaque espèce des deux autres règnes de la Nature. Ils ont cependant aussi une semence, mais la même pour tous, qui ne consiste pas dans l'assemblage de diverses parties, mais dans un sujet très simple, auquel sont conjointes et adhérentes beaucoup d'autres parties qui en constituent la forme apparente.
Il entre trois ingrédients dans le composé minéral, une semence, une humidité onctueuse qui s'y attache, et enfin un humide mercuriel qui l'augmente et le nourrit. La semence est la même pour tous les minéraux et les métaux; mais comme tous les enfants que ferait un même homme avec une ou plusieurs femmes, seraient presque tous différents.
Les minéraux différent aussi entre eux, selon la matrice où la semence est déposée et prend accroissement. La nourriture et les différentes proportions des ingrédients qui entrent dans le mixte en constituent la diversité. Beccher explique fort au long la nature des minéraux dans sa Physica subterranea, et personne avant lui ne l'avait fait d'une manière plus vraisemblable.
Les Philosophes disent que leur matière est minérale : elle l'est en effet; mais il ne faut pas s'imaginer qu'ils tirent leur mercure d'aucun minéral tel qu'il puisse être, excepté, comme dit Philalèthe, du premier principe des sels, mais qui n'est cependant point sel, ni n'a aucune forme de sel. En vain les faux Adeptes emploient-ils donc les minéraux, les marcassites et les sels, tant des végétaux que des minéraux, ni les sels borax, les sels gemme, le nitre, l'alun, le vitriol et les attramens, ils n'en retireront que de la cendre et la perte de leurs peines et de leurs biens. Il est surprenant que tous les Philosophes répétant sans cesse que leur matière ou leur mercure ne se tirent point de ces choses, il se trouve cependant un si grand nombre de gens qui ne veuillent pas les croire. Leur matière est minérale, mais elle est en même temps végétale et animale, et ne se tire cependant d'aucun de ces trois règnes en particulier, parce qu'elle les renferme tous, en étant le principe et la base.

Minerve. Les Egyptiens avaient mis une Minerve au nombre de leurs grands Dieux, et elle était révérée particulièrement à Saïs. Ils disaient qu'elle était femme de Vulcain, le plus ancien et le premier de tous leurs Dieux. Les Libyens la disaient fille de Neptune et du lac de Tritonidé, et que Jupiter l'avait adoptée pour sa fille. Mais les Grecs débitaient qu'elle était proprement fille de ce père des Dieux. Jupiter, disaient-ils, après la guerre des Titans, se voyant, du consentement des autres Dieux, maître du Ciel et de la Terre, épousa Métis, qui passait pour la plus sage et la plus prudente fille qui fût dans le monde : mais la voyant prête d'accoucher, et ayant appris du Ciel qu'elle allait mettre au monde une fille d'une sagesse consommée, et un' fils à qui les Destinées réservaient l'Empire du monde, il la dévora. Quelque temps après se sentant une grande douleur de tête, il eut recours à Vulcain, qui d'un coup de hache lui fendit le cerveau, d'où sortit Minerve toute armée, sous la forme d'une jeune fille d'un âge fait, de sorte qu'elle fut dès lors en état de secourir son père dans la guerre des Géants où elle se distingua beaucoup. Sur la fin dû combat elle trouva Bacchus très maltraité, mais palpitant encore; elle le releva, le présenta à Jupiter, qui lui redonna ses forces et sa vigueur.
Minerve eut dispute avec Neptune à qui aurait la préférence pour nommer la ville d'Athènes; Minerve l'emporta par le jugement des douze grands Dieux. Elle priva Tirésias de la vue, parce qu'il avait eu la témérité de la regarder nue dans le bain. Vulcain voulut faire violence à cette Déesse; mais elle se défendit si bien, que sans souffrir aucun affront, Vulcain devint père d'Ecricthonius, et la Terre sa mère. Minerve ayant pris l'enfant, qui était contrefait, l'enferma dans une corbeille et le fit nourrir.
Vulcain, Minerve et Prométhée avaient un autel commun; et aux solenmités des uns et des autres on portait des flambeaux et des torches allumées, avec des corbeilles. La chouette, le dragon et le coq lui étaient consacrés.
Minerve est ordinairement représentée le casque en tête, une pique d'une main, et un bouclier de l'autre, avec l'égide sur la poitrine. Cette Déesse fut la protectrice des Héros; Hercule et Ulysse l'éprouvèrent dans toutes les occasions. La raison en est que ce sont tous des Héros chymiques, et que cette Déesse était dans la même catégorie; ce qui a fait dire qu'il tomba une pluie d'or à Rhodes le jour de sa naissance. Voyez l'explication de toutes ces fictions dans les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, liv. 3, chap. 9 et liv. 6.
Par Minerve armée les Chymistes entendent ordinairement leur mercure. Quand la Fable dit qu'elle naquit du cerveau de Jupiter par un coup de hache que lui donna Vulcain, c'est le mercure qui se sublime par la coction que fait le feu, ou Vulcain. Les Philosophes s'expriment dans le même sens de la Fable, lorsqu'ils disent qu'il faut frapper du glaive, du sabre, du couteau, pour faire sortir l'enfant du ventre de sa mère. C'est comme s'ils disaient : cuisez la matière de l'œuvre pour la pousser au degré de perfection dont elle est susceptible.

Minière. Les Philosophes donnent le nom de minière à plusieurs choses. Us appellent de ce nom la matière d'où ils savent extraire leur mercure, et alors ils la nomment proprement minière de leur mercure; mais ordinairement lorsqu'ils disent simplement notre minière, ou la minière des métaux, ils entendent alors leur mercure animé, ou, ce qui est la même chose, leur matière après la putréfaction dans la médecine du premier ordre, parce que c'est dans la putréfaction que se fait la réunion du corps et de l'esprit. Philalèthe dit que Parier des Sages est la minière de leur or, et que leur aimant est la minière de leur acier.
Plusieurs Adeptes ont appelé minière leur soufre, parce que ce corps rouge est le principe et le commencement de leur teinture et de leurs métaux. Leur minière blanche est leur magistère au blanc, et leur minière rouge est leur pierre au rouge dans le premier œuvre.

Ministere. Mercure dissolvant des Sages. Ils l'ont quelquefois appelé premier ministere, parce qu'il faut commencer l'œuvre par la purification des matières, et que c'est dans cette purification que se forme le mercure des Philosophes.

Minium. Soufre rouge, ou minière de feu céleste.

Minos. Fils de Jupiter et d'Europe, épousa Pasiphaé, fille du Soleil. Il était Roi de Candie, et eut guerre' entre autres contre les Athéniens. Après les avoir vaincus, il les obligea de lui envoyer tous les ans pour tribut sept jeunes garçons des premiers de la République, pour combattre le Minotaure dont Pasiphaé était accouchée, et qu'il avait renfermé dans le labyrinthe que Dédale avait construit. Thésée à qui le sort était échu pour combattre ce monstre, le vainquit et s'en retourna triomphant à Athènes. La Fable nous représente Minos comme un Juge si intègre, que Pluton le choisit, avec Eaque et Rhadamante, pour juger les morts, et les envoyer aux Champs Elysées, ou au Tartare. Voyez les Fables Egypt. et Grecques dévoilées, liv. 3, c. 14, § 5.

Minotaure. Monstre ayant la forme humaine depuis la tête jusqu'à la ceinture, et le reste du corps comme celui d'un taureau. Pasiphaé, femme de Minos, le mit au monde, et Minos le fit enfermer dans le labyrinthe, où on le nourrissait de chair humaine. Thésée, fils du Roi d'Athènes, qui avait été envoyé pour le combattre, gagna les bonnes grâces d'Ariadne, fille de Minos, à laquelle Dédale qui avait construit le labyrinthe, avait découvert le moyen d'en sortir. Elle donna à Thésée un peloton de fil au moyen duquel il trouva l'issue, après avoir vaincu le Minotaure. Voyez ces fictions expliquées dans les Fables Egyptiennes et Grecq. dévoilées, liv. 3, c. 14, § 5 et liv. 5, c. 22.

Mirabilis Peruviana. Solanum odo-rant, ainsi nommé de la variété admirable des fleurs dé cette plante.

Miracle de l'Art. C'est la poudre de projection au blanc et au rouge, ainsi nommée de ce que l'Art ne peut rien faire de plus parfait pour la santé du corps humain, et pour la transmutation des métaux en or.

Misadir ou Misatis. Sel armoniac.

Misal. Lait aigre.

Misatis. Voyez MISADIR.

Missadam. Mercure ou argent-vif.

Misserassi. Talc, plâtre.

Misy. Matière minérale, espèce de chalcitis qui participe du vitriol. Sa substance est dure, luisante et brillante de couleur or. On. la trouvait autrefois dans les mines de cuivre de Chypre, suivant Dioscoride; aujourd'hui on ignore ce que c'est. Blanchard dit que c'est une espèce de rouille qui naît sur le chalcitis, comme le vert-de-gris sur le cuivre.

Mixadir. Sel armoniac.

Mixte. Assemblage de plusieurs corps homogènes ou hétérogènes. On peut réduire tous les mixtes à trois classes, dans le système que tout est composé de terre et d'eau.
La première renferme les mixtes faits d'eau et d'eau, la seconde ceux qui sont constitués' de terre et de terre, et la troisième ceux qui ont pour principes la terre et l'eau. Les deux dernières classes contiennent les trois règnes de la Nature, l'animal, le végétal et le minéral.
Dans ces trois règnes les mixtes même de chaque règne sont différents, selon la différence des proportions du mélange.
Dans le règne minéral le mélange se fait par la seule accrétion, parce que toutes ses parties constituantes sont presque similaires entre elles. Les végétaux se font par accrétion, altération, digestion et végétation, à cause 'de leurs parties dissimilaires, de même que le règne animal, qui, outre l'accrétion, etc. du règne végétal, requiert encore l'action et l'union de ce que nous appelons âme.
Le mélange qui forme le corps des animaux consiste dans l'union; celui des végétaux, dans la coagulation; celui des minéraux dans la fixation. Bêcher.

Mixtion. Tout composé des différentes parties de plusieurs choses comme confondues ensemble. Les Philosophes Spagyriques se servent assez indifféremment des termes d'ingression, submersion, conjonction, connexion, complexion, composition, au lieu de mixtion, pour tromper les curieux ignorants; et ils définissent la mixtion une union des miscibles altérés, conjoints par tous les côtés de leurs plus petites parties. Par miscibles ils entendent les éléments. Pantheus Venetus.

Mna. Voyez MINA.
Mnémosyne. Fille du Ciel et de la Terre, eut de Jupiter les neuf Muses. Voyez l'article des Muses.

Mois Philosophique. Les Chymistes Hermétiques font leurs mois de quarante jours, qui est le temps de la putréfaction de la matière. Mais ils disent que le mois est un période qui imite le mouvement de la Lune; c'est pourquoi quelques-uns le font de f trente, d'autre de quarante jours. On l'appelle philosophique, parce que les Philosophes Hermétiques le comptent ainsi pour le temps de leur opération. Il ne faut cependant pas s'imaginer qu'ils entendent par-là quarante jours naturels, il en faut beaucoup moins; mais ils s'expriment ainsi énigmatiquement pour le temps, comme pour la matière et pour le vase. Voyez. TEMPS.

Moisson. Les Adeptes disent : le temps de la moisson est arrivé, pour signifier que l'œuvre Hermétique est achevé, que la poudre de projection est parfaite, et que par l'usage qu'on peut en faire en transmuant les métaux imparfaits en or ou en argent, on recueille les fruits des travaux qu'on a essuyés.

Molhorodam. Sel gemme.

Molibdena. Mine de plomb.

Molipdides. Pierre de Saturne ou de plomb.

Mollification. Même chose que solution, trituration, putréfaction.

Mollugo. Espèce de gratteron, dont la graine ne s'attache pas aux habits.

Moly. Homère a parlé du Moly comme d'une plante de grandes vertus, et dit que Mercure en fit présent à Ulysse quand il fut dans l'île où Circé faisait son séjour. Elle s'était formée, dit la Fable, du sang d'un Géant qu'on avait tué. Nos Botanistes ont donné le nom de Moly à une espèce d'ail qui ne diffère guère de l'ail commun, que parce qu'elle n'a point de mauvaise odeur. Elle pousse de sa racine cinq feuilles longues d'un pied ou d'un pied et demi, larges de deux ou trois doigts, épaisses, pointues, vertes; mais couvertes souvent d'une poudre qui s'en sépare facilement : il s'élève entre elles une tige à la hauteur de trois ou quatre pieds, ronde, nue, verte, creuse, portant en son sommet une ombelle ou bouquet de petites fleurs à six ou sept feuilles pointues, disposées en rond, blanches ou rougeâtres. Après qu'elles sont passées, il paraît des petits fruits triangulaires, divisés intérieurement en trois loges, qui contiennent des semences presque rondes, noires, ressemblantes à celles de l'oignon. Sa racine est bulbeuse, grosse ordinairement comme le poing, noire en dehors, blanche en dedans.

Molybdaena. Plante appelée Persicaire. Molybdœna est aussi un nom donné à la litharge, et à la mine de plomb.

Monde (Petit). Pierre parfaite des Philosophes, ainsi appelée de ce qu'ils disent qu'elle renferme toutes les propriétés du grand monde, et qu'elle en est comme l'abrégé.

Mondification. Préparation des matières crues dont les Philosophes extraient leur mercure. Cette préparation est la première opération de l'œuvre et précède celle de la parfaite préparation. Elle consiste dans la séparation des parties pures d'avec les impures, et des parties sulfureuses, combustibles et arsenicales d'avec les mercurielles proprement dites. Quelques-uns ont appelé cette mondification, purification, rectification, administration. Le signe qui indique cette mondification parfaite, est une couleur céleste, blanche, éclatante de la matière, et ressemblante à celle du plus bel argent.

Montagne. Les Philosophes ont donné ce nom aux métaux par comparaison. Nos corps (dit Riplée, 2, part.) ont pris leurs noms des planètes, ce qui les a fait nommer à bon droit montagnes, par comparaison d'où l'Ecriture dit, lorsque l'eau se tourmentera et se troublera, les montagnes se précipiteront au fond de la mer.
Quelquefois les Alchymistes ont entendu par le terme de Montagne, leur vase, leur fourneau, et toute matière métallique.

Mora Bacci, Mora Bâti, ou Mora Vacinia et Vaccinia. Buisson.

Morfondement. Etat de la matière des Sages entre les mains d'un mauvais Artiste, et non le défaut du feu de charbons ou autres matières pour la faire agir, comme l'a interprété l'Auteur du Dictionnaire Hermétique.

Mort. Dans le sens chymique, est l'état actuel de la putréfaction des mixtes; et la régénération est leur résurrection. C'est pourquoi ils distinguent deux états de Mort. L'un la mort absolue, qui est une séparation essentielle, et la perte des racines et de la forme intime du mixte, incapable après cette mort de reprendre sa première forme. L'autre état est celui de la mort accidentelle, qui n'est qu'une séparation des excréments, sans altération des racines pures, et de la forme intrinsèque qui contient l'idée du mixte. Cette mort est celle du grain dans la terre avant qu'il germe; de la semence dans la matrice, et de tout ce qui se renouvelle par la génération.

Mort des Eléments. (Sc. Herm.) Changement de la forme apparente de la matière du magistère; telle, par exemple, qu'est cette matière en terre après la solution : c'est ce que .les Philosophes appellent conversion des éléments.

Mortier. Mercure ou dissolvant des Philosophes, ainsi nommé de ce que par son moyen l'or des Sages ou le corps dissoluble se réduit en poudre impalpable, et ressemblante, dit Flamel, aux atomes qui voltigent aux rayons du soleil.

Mortification. En termes de chymie, est une espèce de pulvérisation qui dispose les corps mortifiés à une nouvelle génération; telle est celle des semences des végétaux, que l'on met dans la terre pour les faire germer et pousser de nouveaux jets semblables à ceux qui les avaient produits. C'est à cet égard que l'on a fait l'axiome, la corruption d'un corps, est le commencement de la génération d'un autre; car il est démontré qu'il ne se fait point de génération qui n'ait été précédée de mortification. On a donné à cette espèce de corruption le nom de mortification, parce que cette putréfaction se faisant lentement, les semences semblent mourir. Elle diffère de la putréfaction proprement dite, en ce que celle-là n'est que pour un temps; et qu'elle n'est pas une vraie corruption ou pourriture, à laquelle la génération de la même espèce de plantes ou d'animaux ne succède jamais. Dans la mortification, l'humide radical de la terre dans les végétaux, et celui de la semence dans les animaux, domine pour un temps la chaleur innée et vivifiante; mais, au bout d'un temps, cet esprit igné, aidé de la chaleur externe, reprend de nouvelles forces et, dominant à son tour l'humide radical, achevé la génération.

Mortifier. Voyez. CUIRE LA MATIERE. C'est aussi changer la forme extérieure d'un mixte, comme on fait celle du mercure en le rendant fixe de volatil qu'il était.

Mosardegi. Plomb.

Mosel. Jupiter, étain. Ce terme, dans quelques Chymistes, signifie du mercure.

Moot. Même chose qu'Eudica.

Moulin des Sages. C'est le dissolvant des Philosophes. Ils lui ont donné ce nom par la même raison qu'ils l'ont appelé Marbre, Crible, Mortier, dont voyez les articles.

Mourir. Ce terme a deux sens dans les ouvrages des Philosophes. Il se prend pour faire tomber en putréfaction et en dissolution, afin de procurer une nouvelle vie à l'enfant philosophique. Il l'entend aussi de la fixation du volatil, après la volatilisation. Ce qui a fait dire à Philalèthe, il faut dessécher la matière et la fixer; alors elle sera morte. On la fermente ensuite, et le ferment qui est son âme la revivifiera.

Moyen. Pour joindre et unir les teintures. C'est le mercure des Philosophes.
MOYEN DISPOSITIF. Magistère au blanc.

Moz. Myrrhe.

Mozhacuinia. Mercure des Sages.

Mu. Meum.

Mucago. Mucilage.

Mucarum et Mucharum. Nom barbare donné au sirop de rosés, et à leur infusion.

Multiplication. Opération du grand œuvre au moyen de laquelle on multiplie la poudre de projection, soit en qualité, soit en quantité à l'infini, selon le bon plaisir de l'Artiste. Elle consiste à recommencer l'opération déjà faite mais avec des matières exaltées et perfectionnées, et non avec des matières crues comme auparavant. Tout le secret, dit un Philosophe, est une dissolution physique en mercure, et une réduction en sa première matière. Pour cet effet, les Philosophes prennent la matière cuite et préparée par la Nature, et la réduisent en sa première matière, ou mercure philosophique d'où elle a été tirée.
Pour avoir une pleine connaissance de cette opération, il faut observer cinq choses.
1°. Que les Adeptes réduisent les années en mois, les mois en semaines, les semaines en jours, les jours en heures, etc.
2°. Les Philosophes ont pour axiome que toute chose sèche boit avidement l'humidité de son espèce.
3°. Que le sec agit alors plus promptement sur son humide qu'il ne faisait auparavant.
4°. Que plus il y a de terre et moins d'eau, plutôt la solution se fera.
5°. Que toute solution se fait suivant la convenance, et que tout ce qui dissout la Lune, dissout aussi le Soleil.

Murpur. Cuivre, Vénus.

Musadir. Sel armoniac.

Musée. Ancien Poète Grec, l'un des premiers qui ait porté les Fables Egyptiennes dans la Grèce.

Muses. Les Muses, au nombre de neuf, sont communément regardées comme filles de Jupiter et de Mnémosyne. Diodore de Sicile dit que les Muses ne différaient point des Chanteuses qui accompagnèrent Osiris dans ses conquêtes en Orient. On ne pouvait mieux représenter leur origine et leurs occupations que l'a fait Hésiode dans sa Théogonie.
Apollon a toujours été regardé comme présidant à l'assemblée des Muses; et rien n'est si charmant que ce qu'on dit des concerts du Parnasse où ce Dieu présidait, et où elles chantaient d'une manière capable de charmer les hommes et les Dieux. Hercule a aussi passé pour leur conducteur; et c'est dé-là que lui est venu le nom de Musagete. Les Muses furent aussi regardées comme des Déesses guerrières; et on les a souvent confondues avec les Bacchantes, parce qu'en effet elles n'en différaient point. Plutarque nous apprend même qu'on leur faisait des sacrifices avant que de donner bataille.
Un jour de mauvais temps, dit la Fable, les Muses se mirent à l'abri chez Pyrenée : il les trouva de son goût, et voulut leur faire violence; elles demandèrent des ailes aux Dieux, pour s'échapper de ses mains. Elles les obtinrent; elles prirent la fuite, et il perdit la vie en les poursuivant.
Les Alchymistes regardent les Muses comme le symbole des parties volatiles de la matière de l'œuvre Hermétique. On peut en voir les raisons dans le livre 3, ch. 14, § 3 des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Muzadir. Sel armoniac.

Myacantha. Petit arbrisseau appelé Brusc.

Myosotis. Plante nommée Oreille-de-souris.

Myrrha. Fille de Cyniras, devint amoureuse de son propre père, avec lequel elle commit un inceste par le stratagème de sa nourrice qu'elle avait mise dans sa confidence. Son père ayant découvert le fait, chassa Myrrha, qui se réfugia dans l'Arabie, où elle fut changée en l'arbre qui porte la myrrhe, et y mit au monde Adonis le fruit de ses amours. Voyez les Fa-bles Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 4, ch. 4.

Mystère. Opération ou confection du Grand Œuvre, ainsi appelé de ce que tous les Philosophes en font un mystère qu'ils ne découvrent qu'à leurs plus intimes amis. Quelques-uns ont donné le nom de Mystère à la première matière de l'œuvre, parce que c'est elle qu'ils ont le plus cachée dans tous leurs ouvrages.

Mystrum. Mesure des Anciens. La grande contenait trois onces d'huile;
la petite six dragmes.
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N
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Naïades. Nymphes des Eaux. Ce nom vient d'un mot grec, qui signifie couler. Les Poètes ont pris cette idée des Philosophes Hermétiques, qui les premiers ont personnifié les matières de leur œuvre, et les opérations requises, avec les couleurs qui se manifestent pendant l'union de la partie fixe avec la volatile. Cette dernière étant une eau mercurielle coulante, ils lui ont donné le nom général de Naïade.

Nanphora. Huile de pierre. Planiscampi.

Napées. Nymphes des Bocages et des Forêts. En Chymie Hermétique, elles sont comme toutes les Nymphes le symbole de l'eau mercurielle.

Naphte ou Bitume. Matière de l'œuvre en putréfaction, ainsi nommée de ce que le bitume est d'un brun-noir, et que la matière des Philosophes en putréfaction, ressemble à de la poix noire.

Naporan. Coquillage de mer qui donne la couleur de pourpre. Les Adeptes ont quelquefois donné ce nom à leur soufre parfait, parce qu'il a cette couleur.

Nar. Feu.

Narbasaphar. Leton ou cuivre; mais il faut l'entendre de l'airain des Sages.

Narcisse. Fleur blanche, en laquelle la Fable dit qu'un jeune homme d'une beauté surprenante, fils du fleuve Céphise, et d'une Nymphe, fut changé. Proserpine fut enlevée par Pluton dans le temps qu'elle cueillait des narcisses.
Voyez ce que tout cela signifie, liv. 4, çh. 3 des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Nasse. Fourneau. Nataron. Nitre.

Natron. Espèce de sel alkali fixe, dont les anciens Egyptiens se servaient pour faire du verre, ou pour blanchir et dégraisser les étoffes, et qui en s'unissant à toutes les liqueurs huileuses, lymphatiques, et autres graisses, produit sur les corps les mêmes effets qu'opère sur le cuir la chaux dont on se sert pour les tanner. Les Egyptiens s'en servaient aussi pour embaumer les corps que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de Momies d'Egypte. Après les avoir vidées des intestins et de la cervelle, ils mettaient ces corps pendant 70 jours dans le Natron; et quand ils étaient suffisamment imprégnés de ce sel, on remplissait la tête, la poitrine et le ventre de matières résineuses et bitumineuses. Merc. de France, Janvier 1751.

Nature. L'œil de Dieu. Dieu même, toujours attentif à son ouvrage, est proprement la Nature même, et les lois qu'il a posées pour sa conservation, sont les causes de tout ce qui s'opère dans l'Univers. A ce premier moteur ou principe de génération et d'altération, les anciens Philosophes en joignaient un second corporifié, auquel ils donnaient le nom de Nature; mais c'était une nature secondaire, un serviteur fidèle qui obéit exactement aux ordres de son maître, ou un instrument conduit par la main du souverain Ou­vrier, incapable de se tromper. Cette nature ou cause seconde est un esprit universel, vivifiant et fécondant, la lumière créée dans le commencement, et communiquée à toutes les parties du macrocosme. Les Anciens l'ont appelé un esprit igné, un feu invisible, et l'âme du monde.
L'ordre qui règne dans l'Univers n'est qu'une suite développée des lois éternelles. Tous les mouvements des différentes parties de la masse en dé­pendent. La Nature forme, altère et corrompt sans cesse, et son modérateur présent partout répare continuelle­ment les altérations de son ouvrage.
Le terme de Nature s'entend aussi de la partie de l'Univers que compose le globe terrestre, et tout ce qui lui appartient. Dans ce dernier sens la Nature, selon tous les Physiciens et les Chymistes, est divisée en trois parties, qu'ils appellent règnes; savoir, le règne animal, le végétal, et le minéral. Tous les individus de ce monde sublunaire sont compris dans cette division, et il n'en est aucun qui n'appartienne à un de ces trois règnes. Tous trois partent du même principe, et néanmoins sont composés de trois substances différen­tes, qui en sont les semences; savoir, le menstrue pour les animaux, l'eau de pluie pour les végétaux, et l'eau mercurielle pour les minéraux. Chaque rè­gne est encore composé d'un assem­blage de trois substances, analogues en quelque manière avec celles des autres règnes; c'est-à-dire, d'une subs­tance subtile, ténue, spiritueuse et mercurielle, d'une substance grossière, ter­restre et crasse, et d'une troisième moyenne, et qui participe des deux. Il n'est point de corps d'où l'Art ne vienne à bout de séparer ces trois espèces de principes.
Outre ces trois substances, on en remarque comme une quatrième, qui peut se rapporter à la première par sa ténuité et sa subtilité; mais qui sem­ble en différer, en ce qu'il est comme impossible à l'Art de la réduire en esprit liquoreux, au lieu que l'autre se condense en eau, tel que l'esprit de vin et les autres liqueurs subtiles, aux­quelles l'on donne le nom d'Esprit. Cette matière incondensable, est celle que J. B. Van-Helmont appelle Gaz. C'est celle qui se fait sentir, qui s'éva­pore dès le commencement de la fer­mentation des corps. Beccher dit n'avoir pu réussir à condenser ce gaz, qui s'évapore du vin lorsqu'il fermente dans les tonneaux.
Dans ces trois classes d'individus, la semence est différente, et selon le même Auteur, contraire l'une à l'autre à certains égards; quoiqu'elles aient beaucoup d'affinité entre elles, comme sorties d'un même principe, l'une ne peut devenir semence d'un règne diffé­rent du sien : de manière que le Créa­teur ayant une fois séparé ces trois substances du même principe, elles ne sont plus transmuables l'une dans l'au­tre. Ceux qui scrutent la Nature, y trouvent un caractère trine, qui semble porter l'empreinte du sceau de la Trinité. Les Théologiens verront dans ce caractère des mystères et des choses si surprenantes, qui se font toutes par trois, qu'elles sont bien capables d'af­fermir notre foi. Les Physiciens habiles et judicieux voient que ce nombre trinaire des trois règnes est bien digne de toute leur attention. L'âge d'un homme, quelque prolongé qu'il soit, n'est pas suffisant pour observer les opérations étonnantes et admirables qui se passent dans les laboratoires de ces trois règnes. Y a-t-il rien de plus incompréhensible que ce qui se passe dans le ténébreux séjour où se conçoit et s'engendre l'homme, d'une subs­tance si vile, si corruptible, d'une ma­nière si simple et si commune, en peu de mois, composé cependant d'une in­finité de veines, de nerfs, de membranes, de valvules, de vases, et d'autres organes, dont le moindre ne saurait être imité parfaitement par le plus habile Artiste de l'Univers ? Quoi de plus admirable, que de voir dans une nuit, par une même pluie, dans une même terre, tant de différons végétaux, si divers en couleurs, en odeur, en saveur, en figure, germer et croître et en si grande quantité, qu'il n'est homme au monde qui les ait seule­ment tous vus, loin d'en avoir connu les propriétés ! Les fossiles n'ont rien de moins admirable, et nous ne som­mes pas plus en état d'en expliquer parfaitement la génération, que celle des deux autres règnes. Nous en sa­vons beaucoup, nous en ignorons en­core peut-être davantage; mais ce qui nous est connu suffit certainement pour nous faire écrier avec le Roi Prophète : Que vos ouvrages. Sei­gneur, sont magnifiques! Vous avez. fait tout avec une grande sagesse.
Ces trois règnes ont encore une dif­férence dans leur manière d'être, qui les distingue l'un de l'autre. Les ani­maux ont un corps, dont les parties ne semblent former qu'un assemblage fait par union; les végétaux par coagula­tion, et les minéraux par fixation. Ces derniers ne se trouvent que dans les entrailles de la terre, et moitié hors de la terre; les animaux sont tous hors de terre, ou en sont totalement sépa­rés.
L'étude de la Nature porte avec elle tant d'agréments, tant de plaisir et tant d'utilité, qu'il est surprenant de voir si peu de gens s'y appliquer.
Quelques Anciens réduisaient tout en combinaison, et admettaient les nombres comme forme de tout ce qui existe, ou comme la loi, suivant la­quelle tout se forme dans la Nature. Tycho Brahé a recueilli ses réflexions là-dessus dans une carte extrêmement rare aujourd'hui, à laquelle il a donné pour titre : Calendarium naturaîe magicum perpetuum, profundissimant rerum secretissimarum contemplationem, totiusque Philosophiœ cogni-tionem complectens. Il y parie de pres­que toute la Nature qu'il range sous les nombres depuis l'unité jusqu'à douze. Comme la plupart des Lecteurs seront bien aise d'en avoir quelque idée, voici en substance ce qu'elle con­tient.
Tout est combiné et composé dans la Nature, selon certaines mesures invariables formées, pour ainsi dire, sur des nombres qui semblent naître les uns des autres. Il y a plusieurs cho­ses uniques dans le monde qui nous représentent l'unité. Un Dieu principe et fin de toutes choses, et qui n'a point de commencement, de même que dans les nombres rien ne précède l'unité. Il n'aura aussi point de fin, comme l'unité peut s'ajouter à l'unité par une progression infinie.
Il n'y a qu'un Soleil d'où semble procéder la lumière qu'il communique à tout l'Univers, après l'avoir reçue. II n'y a qu'un macrocosme et une âme de l'Univers. Dans le monde intelligi­ble et matériel une seule pierre des Sages, et dans le microcosme un cœur, source de la vie, d'où la lumière vitale se communique à toutes les autres par­ties du corps.
L'unité est donc la source de l'ami­tié, de la concorde et de l'union des choses, comme elle est le principe de leur extension; parce qu'une unité ré­pétée produit deux. Ce nombre deux est le principe de la génération des choses, composées de deux; savoir, de la forme et de la matière, du mâle et de la femelle, de l'agent et du patient; c'est pourquoi ce nombre est celui du mariage et du microcosme, et signifie la matière procréée. La forme, le mâle et l'agent sont la même chose. Le soleil, la terre, le cœur, la forme, et ce que les Astrologues appellent Tête de Dragon, sont regardés comme mâle. La lune, l'eau, le cerveau, la ma­tière et la queue du dragon sont la femelle; les premiers représentés par Adam, les seconds par Eve. Aussi Dieu n'a-t-il créé qu'un mâle et une femelle; et rien dans l'Univers ne s'en­gendre sans le concours de l'un avec l'autre. Ce qui nous est représenté par les deux Chérubins qui couvraient l'arche de leurs ailes, et par les deux tables de la loi données à Moïse, qui y étaient renfermées.
L'unité ajoutée au nombre deux fait trois, nombre sacré, très puissant et parfait; et la seconde division de la Nature et de son principe Dieu en trois personnes, Père, Fils, et Saint-Esprit. Le Fils est engendré du Père, et le Saint-Esprit procède des deux. Aussi le Créateur semble avoir voulu se manifester à nous dans tout le livre de la Nature; comme il en était le commencement, il semble avoir formé l'homme de toute quintessence des choses, pour être le spectateur de l'Univers, et y reconnaître son Auteur. Tout aussi dans la Nature est composé de trois et divisé par trois : trois per­sonnes en Dieu, trois hiérarchies des Anges, la suprême, la moyenne et la basse, qui multipliée par elle-même forme neuf, dont nous parlerons ci-après. Il y a trois sortes d'âmes dans l'Univers : l'intelligente, la sensitive et la végétative. Ces trois âmes se trou­vent dans l'homme, la sensitive et la végétative dans les animaux, et la végétative seule dans les plantes.
Il y a eu trois sortes de temps écoulés ou qui s'écoulent depuis la création : le temps de la Nature, appelé la loi de la Nature; le temps de la loi, ou la loi de Moise, et le temps de la grâce, ou la loi de grâce.
Trois vertus Théologales : la foi, l'espérance et la charité.
Trois puissances intellectives dans le microcosme : la mémoire, l'esprit et la volonté.
Trois règnes dans la Nature : le minéral, le végétal et l'animal, dans lequel l'homme ne doit point être compris en particulier, parce qu'il est composé de la quintessence des trois.
Trois sortes d'éléments : les purs, les composés et les décomposés.
Trois principes matériels de tous les mixtes : soufre, sel et mercure.
Trois qualités de ces principes : le volatil, le fixe, et un troisième qui par­ticipe des deux.
Trois divisions de la journée selon la création : le jour, la nuit et le cré­puscule.
Trois mesures des choses : le com­mencement, le milieu et la fin.
Trois mesures du temps : le passé, le présent et le futur.
Trois dimensions dans les corps : la longueur, la largeur, et la hauteur.
Trois principes de l'homme : l'âme, l'esprit et le corps.
Trois parties dans le corps du mi­crocosme, correspondant à autant de parties du macrocosme : la tête, la poitrine et le ventre. La tête au ciel, la poitrine au firmament ou à l'air, le ventre à la terre.
Trois éléments principaux : le feu, l'air et l'eau.
Un esprit un peu éclairé et instruit de la Nature, verra sans peine que toutes ces choses divisées en trois ne font cependant qu'une et même chose; comme les trois personnes ne font qu'un Dieu. Le temps passé, le présent et le futur ne font qu'un et même temps; la hauteur, la largeur et la longueur d'un corps, ne font qu'un corps. L'âme, l'esprit et le corps ne compo­sent qu'un homme; toutes ces choses sont néanmoins très distinctes entre elles, et nous en concevons la diffé­rence, aussi bien que la réunion pour en faire l'unité; pourquoi douterait-on de l'existence d'un Dieu en trois per­sonnes ?
Une unité ajoutée à trois produit quatre, qui devient, selon Tycho Brahé et plusieurs autres, le fondement de tous les nombres, la fontaine de na­ture, comme renfermant le nombre parfait dont tout a été créé. C'est pour­quoi l'on partage l'Univers en quatre éléments, le feu, l'air, l'eau et la terre, aux trois premiers desquels répondent deux planètes à chacun; savoir, le So­leil et Mars au feu, Jupiter et Vénus à l'air, Saturne et Mercure à l'eau; et la Terre a en partage le Soleil, la Lune et les Etoiles fixes.
On compte aussi quatre points car­dinaux dans le monde : l'Orient, l'Occident, le Midi et le Septentrion.
Quatre vents : Eurus, Zéphyrus, Aquilo et Auster.
Quatre qualités des éléments : la lu­mière du feu, le diaphane de Pair, la mobilité de l'eau, et la solidité de la terre.
Quatre principes de l'homme correspondants aux quatre éléments : l'âme au feu, l'esprit à l'air, l'âme animale à l'eau, et le corps à la terre.
Quatre humeurs principales dans le corps du petit monde : la bile, le sang, la pituite et la mélancolie.
Quatre facultés de son âme : l'in­tellect, la raison, l'imagination et le sentiment.
Quatre degrés progressifs : être, vi­vre, apprendre et comprendre.
Quatre mouvements dans la Natu­re : l'ascendant, ou du centre à la circonférence; le descendant, ou de la circonférence au centre; le progressif ou horizontal, et le circulaire.
Quatre termes de la Nature : la substance, la qualité, la quantité et le mouvement.
Quatre termes mathématiques : le point, la ligne, la superficie, et la pro­fondeur ou la masse.
Quatre termes physiques : la vertu séminative ou semence des corps; leur génération; leur accroissement et leur perfection.
Quatre termes métaphysiques : l'être ou l'existence; l'essence; la ver­tu ou le pouvoir d'agir, et l'action.
Quatre vertus morales : la pruden­ce, la justice, la tempérance et la force.
Quatre complexions ou tempéraments : la vivacité, la gaieté, la non­chalance et la lenteur.
Quatre saisons : l'hiver, le printemps, l'été et l'automne.
Quatre Evangélistes : S. Marc, S. Jean, S. Matthieu et S. Luc.
Quatre animaux sacrés : le lion, l'aigle, l'homme et le bœuf.
Quatre sortes de mixtes : les ani­maux, les plantes, les métaux et les pierres.
Quatre sortes d'animaux : ceux qui marchent; ceux qui volent; ceux qui nagent, et ceux qui rampent.
Quatre qualités physiques des corps : chaud, humide, froid et sec.
Correspondances des métaux aux éléments : l'or et le fer au feu; le cuivre et l'étain à l'air; l'argent vif à l'eau; le plomb et l'argent à la terre.
Quatre sortes de pierres qui leur ré­pondent : les pierres précieuses et écla­tantes, comme le diamant, le rubis, etc.; les pierres légères et transparen­tes, comme le talc; les pierres dures et claires, comme le caillou; les pierres opaques et pesantes, comme le mar­bre, etc.
Des douze signes, trois répondent à chaque élément : le Bélier, le Lion et le Sagittaire au feu; les Gémeaux, la Balance et le Verseau à l'air; le Can­cer, le Scorpion et les Poissons à l'eau; le Taureau, la Vierge et le Capricorne à la terre.
Le nombre cinq est consacré à Mer­cure, dit Tycho Brahé, et n'est pas moins mystérieux que ceux qui le pré­cèdent. On y voit l'eau, l'air, le feu et la terre dont est composé tout mixte qui fait un cinquième tout abrégé des quatre.
Cinq sens : la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût et le toucher.
Cinq genres de mixtes : les pierres, les métaux, les plantes, les zoophytes et les animaux.
Cinq sortes d'animaux : les hom­mes, les quadrupèdes, les reptiles, les poissons et les oiseaux.
Cinq extrémités communes aux ani­maux mâles et femelles : la tête, les deux bras et les deux pieds.
Cinq doigts à chaque pied et à chaque main de l'homme.
Cinq parties principales dans l'inté­rieur du corps : le cœur, le cerveau, le poumon, le foie et la rate.
Cinq parties dans les plantes : la ra­cine, la tige, les feuilles, la fleur et la semence.
La Nature a comme reçu sa dernière perfection par le nombre six; car le monde a été achevé le sixième jour de la création, et ce jour-là Dieu regarda tout ce qu'il avait fait, et tout était par­faitement bon.
D y a six cercles imaginés dans le ciel : l'actique, l'antarctique, les deux tropiques, l'équinoxial et l'écliptique.
Six planètes errantes : Saturne, Ju­piter, Mars, Vénus, Mercure et la Lune.
Il y a six manières d'êtres ou modes des corps : la grandeur, la couleur, la figure, la position relative, le repos et le mouvement.
Le cube a six faces.
Six degrés de l'homme : l'entende­ment, la mémoire, le sentiment, le mouvement, la vie et l'animalité.
Six parties principales extérieures dans la tête de l'homme et des autres animaux : deux yeux, deux oreilles, le nez et la bouche.
Mais la Nature semble se plaire au nombre sept plus qu'en tout autre, et les Pythagoriciens qui le regardaient comme le nombre le plus mystérieux, l'appelaient en conséquence la voiture de la vie humaine. La vertu de ce nombre, disaient-ils, se manifeste dans toutes les générations de la Nature, et sert particulièrement pour la généra­tion de la nature humaine. Elle sert à le composer, à le faire concevoir, à le former, à l'enfanter, à le nour­rir et à le faire vivre. Aristote dit qu'il y a sept cellules dans la matrice; si la semence y demeure sept heures, la conception se fait; les premiers sept jours, elle devient propre à recevoir la figure humaine; l'enfant est parfait, naît et vit quand il vient au monde à sept mois; après sept jours il jette le superflu de son nombril; après deux fois sept jours ses yeux se tournent du côté de la lumière; c'est pourquoi les nourrices doivent avoir grand soin de placer toujours l'enfant de manière qu'il puisse voir la lumière directe­ment, ce défaut d'attention fait beau­coup d'enfants louches; après sept mois les dents commencent à lui pousser;
après le troisième septénaire il com­mence à parler; à sept ans les dents lui tombent; au second septénaire d'an­nées il commence à avoir la faculté générative; au troisième septénaire il se fortifie, et prend à peu près tout son accroissement; au quatrième il est homme parfait; au septième il commence à décliner, et la septième dizaine est ordinairement à peu près le terme de sa vie, comme le dit le Roi David.
La plus haute taille de l'homme est communément de sept pieds.
Dans le grand monde il y a sept planètes, sept pléiades, sept jours de la semaine. A chaque sept jours la Lune change de quartier.
Le flux et reflux de mer est plus sensible le septième jour de la Lune, et à chaque septénaire. On ne finirait pas si l'on voulait rapporter ici tout ce qui se fait par sept dans la Nature. On peut voir dans l'Ecriture Sainte combien ce nombre de sept était mystérieux. Tout semblait y aller par sept : les prières, les fêtes, les purifica­tions, etc.; sept vaches maigres et sept grasses, sept épis de bled, sept plaies de l'Egypte, sept ans de famine; Naaman lavé sept fois dans le Jourdain; David loue sept fois Dieu dans la journée; sept dons du Saint-Esprit, etc. Le reste de la Carte de Tycho Brahé regarde plus particulièrement les pla­nètes et les signes du Zodiaque, avec leurs vertus et propriétés cabalistiques; c'est pourquoi je le passe sous silence.
nature fuyante. Matière volatile qui n'est point permanente au feu, tel qu'est le mercure commun. Il faut se donner de garde de toutes ces ma­tières métalliques de nature fuyante, parce qu'elles ne sont point propres au magistère.
Les Philosophes recommandent par­tout de ne faire entrer dans la compo­sition de la pierre que des choses de même nature; parce que nature s'éjouit en sa propre nature, nature amende nature, nature perfectionne nature, na­ture contient nature, et nature est con­tenue par nature, comme le dit Parmenides dans le Code de Vérité. La raison de cela est que les principes de la matière du magistère sont les mê­mes que ceux des métaux, et que n'étant pas encore animés de l'âme proprement métallique, ils ont cepen­dant la faculté de se réunir ensemble dans le mélange qu'on en fait. Qu'on ne s'imagine donc pas réussir à faire l'œuvre, en prenant, pour matière du magistère, des plantes, ou des sels des végétaux, des cheveux, du sang hu­main, de l'urine, ou toute autre chose prise de l'homme ou des animaux, le nitre, le vitriol, les attramens, le sel commun ou tout autre sel; antimoine, bismuth, zinc, orpiment, arsenic, sou­fre, et quelque espèce que ce puisse être des minéraux, excepté un seul, dit Philalèthe, qui est leur premier être.
Il ne faut donc point prendre à cet effet le mercure vulgaire, ni les mercures extraits des métaux, ni les métaux seuls, quoiqu'ils soient tous de même nature. Les Souffleurs doivent faire at­tention que Morien les avertit, que tout ce qui s'achète cher est inutile, et ne vaut rien pour l'œuvre; que si l'on ne trouve pas la matière du ma­gistère vile, méprisée, jetée, même quelquefois sur les fumiers, et foulée aux pieds dans les endroits où elle est, en vain mettra-t-on la main à la bourse pour l'acquérir, puisqu'on peut l'amas­ser soi-même sur les montagnes, dans les plaines, et dans tous les pays; qu'elle ne coûte rien que la peine de la chercher et de la ramasser; que la bénigne Nature la forme toute dis­posée à l'œuvre, et que l'ingénieux Artiste n'a qu'à aider la Nature, pour qu'elle lui donne cette eau céleste et divine, ce mercure des Sages si recher­ché de tant de gens, et trouvé de si peu de personnes. Que le studieux amateur de la Science Hermétique se grave bien profondément dans l'esprit qu'il doit imiter la Nature; se servir des mêmes principes et des mêmes voies, pour parvenir au même but, qu'elle n'emploie pas des animaux pour faire une plante, mais la semence de cette même plante, ou une plante pour faire un métal, ni du métal pour faire un animal; mais les semences de chaque chose pour faire chaque chose. Qu'il apprenne à connaître la Nature, et ne se trompe pas en prenant pour végétal ce qui est minéral, ou pour minéral ce qui est animal. Pour avoir cette connaissance, c'est à Dieu ou à un Philosophe qu'il faut recourir. Il faut prier avec instance et droiture de cœur, avec humilité et persévérance; et Dieu si bon, si miséricordieux refuse­ra-t-il à l'homme, qui est son image, ce principe de santé et de richesses, lui qui accorde la nourriture aux petits des corbeaux qui l'invoquent ?
Lorsque les Philosophes disent qu'il faut changer les natures, ce n'est pas de faire passer les mixtes d'un règne dans la nature d'un autre règne, com­me serait un végétal dans la nature métallique; mais de spiritualiser les corps; et corporifier les esprits, c'est-à-dire, fixer le volatil, et volatiliser le fixe : ce qu'ils appellent aussi mettre le dessous dessus, et le dessus dessous; réduire la terre en eau, et l'eau en terre.
Nature se joint par nature; nature contient nature; nature s'éjouit en na­ture; nature amende nature; nature aime nature; nature surmonte nature; nature retient nature, sont des façons de parler des Philosophes, pour signi­fier que le dissolvant philosophique doit être de même nature que le corps qui doit être dissous, que l'un perfec­tionne l'autre dans le cours des opéra­tions, et l'union des deux se fait d'abord par la putréfaction, et ensuite par la fixation. Le mercure dissout le fixe qui est de même nature, puisqu'il en a été fait; le soufre ou le fixe, fixe ensuite le mercure, et en fait la pou­dre de projection.
C'est pourquoi les Chymistes Her­métiques disent que les natures di­verses ne s'amendent point; c'est-à-dire, ne sont pas capables de se per­fectionner, parce qu'elles ne peuvent s'unir parfaitement. Ainsi les sucs de la plante appelée lunaire, ni quelqu'autre suc de plante que ce puisse être, ne valent rien pour l'œuvre métallique. Le mercure prétendu fixé par leur moyen, est une supercherie toute pure.

Naufrage. (Sc. Herm.) Les Philo­sophes Hermétiques appellent ainsi les erreurs des Chymistes dans la recher­che de la pierre des Sages, parce qu'ils appellent leur mercure mer; et que ce mercure et ses propriétés sont absolu­ment inconnus aux Chymistes souf­fleurs.

Navire Argo (le). Vaisseau que mon­tèrent les Argonautes pour la con­quête de la Toison d'or. Voyez le liv. 2, ch. 1 des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Naxos. Ile dans laquelle Bacchus trouva Ariadne, après que Thésée l'y eut abandonnée. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 5, ch. 22.

Nebulgea. Espèce de sel qu'on trouve coagulé sur les cailloux et les pierres.

Nécrocomicum. Terme que Paracelse a inventé pour signifier l'âme animale de l'homme. Il dit qu'elle habite dans l'eau qui est autour du cœur, et qu'elle n'est pas plus grosse que le petit doigt de la main d'un homme. Il ajoute qu'il y a trois vies ou trois essences dans l'homme, qui toutes trois peuvent être appelées Esprit; savoir, l'esprit du ciel, ou l'air; l'esprit du microcosme, qui est proprement l'âme animale; et l'esprit de tous les muscles. C'est ce qui l'a engagé à comprendre toutes ces vies ou esprits sous le nom de Nécroco­micum.

Nécrole. Necroleus. Celui qui des pre­miers a écrit savamment d'une chose. Paracelse dit que Moyse a été un des Nécroles de la Philosophie des Adep­tes. Nostra in Adepta Philosophia Ne­croleus, et Antesignanus Moyses foetus est. Paracelse, de Azoth.

Necrolium. Remède souverain pour conserver la santé. Raymond Lulle l'appelait son nigrum, etc. Planiscampi.

Nectar. Boisson des Dieux. C'est la médecine des Philosophes. Le nectar a pris son nom de neoV, juvenis, et claomai possideo; comme si l'on disait, boisson qui conserve la jeu­nesse. Les Philosophes Hermétiques attribuent la même propriété à leur médecine. Dans le cours des opérations de l'œuvre, ils donnent le nom de Nectar à leur mercure ou azoth, parce qu'il abreuve la matière qui reste dans le fond du vase, qu'ils ont appelée Saturne, Jupiter, Vénus, etc.

Neige. Les Alchymistes expliquent de l'huile d'or, ou soufre de la pierre, cette neige dont parle Pindare, quand il dit, que le Roi des Dieux répandit dans la ville de Rhodes une grande quantité de neige dorée, faite par l'art de Vulcain. Ol. Borrichius.
neige (Sc. Herm.) Magistère au blanc, parce qu'il se précipite alors une poudre blanche comme la neige. Et lorsqu'ils disent qu'il faut cuire la neige, c'est-à-dire, qu'il faut continuer la digestion et la circulation du compost.

Neith. Nom de la Minerve Egyptienne.

Nelée. Fils de Neptune et de Tyro, . fille de Salmonée, eut de Chloris, fille d'Amphion, douze fils, qu'Hercule tua, .excepté Nestor. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Némée. Dans la forêt de Némée il y avait un lion furieux qui ravageait tout, Hercule le tua. Voyez forêt.

Néméens (Jeux). Voyez jeu.

Neogala. Lait nouveau.

Néoptoleme. Surnom donné à Pyr­rhus, fils d'Achille. V. pyrrhus.

Népenthes. Remède dont Homère dit qu'Hélène faisait usage, et dont on lui avait fait présent en Egypte. Ce remède guérissait toutes sortes de maladies, et conservait toujours la joie et la satis­faction dans le cœur de ceux qui en faisaient usage. Il faut l'interpréter de la panacée universelle des Philoso­phes Hermétiques. Elle est le seul re­mède qui puisse produire cet effet, parce qu'il donne la santé et les ri­chesses, et procure une longue vie pour en jouir. Théodore Swinger a donné le nom de Népenthes à une opiate dont la base est le laudanum; cette opiate, dit Blanchard, a des effets admirables quand on la donne contre les vapeurs et la mélancolie. Elle délivre de toute langueur et tristesse, et donne de la joie et de la gaieté.

Nephelœ. Ce nom se donne aux peti­tes taches blanches et légères qui sur­viennent sur l'œil et sur les ongles. On appelle aussi Nephelœ ces petites nuées qui nagent dans l'urine.

Néphelé. Femme d'Athamas, lui don­na deux enfants, Phrixus et Hellé. Athamas la répudia, pour épouser Ino, fille de Cadmus, de laquelle il eut Léarque et Mélicerte. Ino indisposa l'esprit de son époux contre sa rivale et ses enfans. Phrixus et Hellé se sau­vèrent pour se soustraire aux emportements d'Athamas. Ils montèrent sur un bélier à toison d'or, et voulurent ainsi traverser la mer pour se retirer à Colchos. Hellé tomba dans la mer et y périt, Phrixus arriva à bon port. Né­phelé fut ensuite métamorphosée en nuée, c'est ce que signifie son nom. Voyez l'explication de ces fables, dans le chap. 9, du liv. 4 des Fables Egyp­tiennes et Grecques dévoilées.

Nephté. L'une des femmes de Ty­phon. Voyez typhon.

Nepsu. Etain.

Neptune. Fils de Saturne et d'Ops, frère de Jupiter et de Pluton. Ces trois frères, après avoir chassé leur père du Ciel, partagèrent entre eux l'Empire de l'Univers. Jupiter eut le Ciel, Neptune les Eaux, et Pluton la Terre ou les Enfers. Neptune épousa Amphitrite, et eut beaucoup d'enfants de plusieurs Nymphes qu'il séduisit en se transfor­mant de toutes sortes de manières.
Jupiter le chassa du Ciel avec Apol­lon, parce qu'ils avaient conspire con­tre lui. Ils se retirèrent auprès de Laomédon, et bâtirent la ville de Troye. Laomédon n'ayant pas donné à Nep­tune le salaire dont ils étaient convenus, ce Dieu s'en vengea en inondant tout le pays. On consulta l'Oracle pour apprendre les moyens de faire cesser ce fléau; il répondit que Neptune ne serait point apaisé, qu'on n'eût exposé la fille de Laomedon pour être dévorée par un monstre marin; ce qui fut fait. Hésione fut exposée, Hercule tua le monstre et la délivra.
Neptune eut un différend avec Mi­nerve, à qui donnerait le nom à la ville d'Athènes. On convint que celui des deux qui procurerait aux hommes la chose la plus utile, aurait la préférence. Neptune frappa la terre, il en sortit un cheval, Minerve la frappa aussi, on vit pousser un olivier avec ses fleurs et ses fruits; l'Aréopage la déclara vic­torieuse.
Les Tritons et les autres Dieux ma­rins accompagnaient toujours Neptune, qui était porté sur un char fait d'une conque marine, et attelé de chevaux noirs. Neptune fut regardé par les an­ciens comme l'auteur de tous les tremblements de terre. Voyez le reste des Fables qu'on a inventées à son sujet et leur explication, dans les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 3, chap. 7.

Nérée. Fils de l'Océan et de Thétis, selon quelques-uns; selon d'autres, fils de la Terre et de la Mer : il épousa sa sœur Doris dont il eut un grand nombre de filles, appelées de son nom Néréides. Elles passaient tout leur temps à danser et à folâtrer autour du char de Triton. Les Nymphes de Jupiter et de Thémis envoyèrent Hercule à Nérée pour être instruit de ce qu'il aurait à faire pour enlever sûrement les pommes d'or du jardin des Hespérides. Ce n'est pas sans raison qu'Her­cule va consulter Nérée, puisque celui-ci étant fils de la Terre et de l'Eau, est le symbole de la matière du Grand Œuvre, sans la connaissance de laquel­le il n'est pas possible de réussir. C'est dans le même sens, selon les vrais Chymistes, qu'il faut interpréter les prédictions des calamités de Troye, que le même Nérée fit à Paris. Orphée dit que Nérée était le plus ancien des. Dieux, parce que la matière de la pierre est la substance dont tout est composé sur la terre. Voyez les Fa­bles Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 2, ch. 2 et part. 1, p. 508, 523.

Néréides. Nymphes de la mer. Voyez. NÉRÉE.

Nerion. En grec Rhododaphné, en français Laurier-rose.

Nessus. Centaure, fils d'Ixion et d'une nuée, voulut faire violence à Déjanire, qu'Hercule lui avait confiée pour lui faire traverser le fleuve Evene. Hercule s'en apperçut, de l'autre bord lui décocha une flèche dont Nessus mou­rut. Se sentant blessé à mort, il donna à Déjanire sa tunique teinte de son sang, en lui faisant entendre que cette tunique aurait la vertu d'empêcher Hercule d'en aimer d'autres qu'elle, s'il la vêtissait seulement une fois, et qu'elle augmenterait même les feux dont il brûlait pour elle. Déjanire la prit, engagea Hercule à la vêtir, et ce Héros se sentit saisir d'un feu qui le dévorait. Voyez déjanire, et les Fa­bles Egyptiennes et Grecques dévoi­lées, liv. 5, ch. 19.

Nestor. Fils de Nélée et de Chloris, fut un des Héros Grecs qui firent le siège de Troye. II s'était trouvé, avant cette guerre, aux noces de Pyrithous. où il combattit courageusement contre les Centaures. Agamemnon ne deman­dait que dix Nestors pour venir à bout du siège de Troye. Nestor vécut jus­qu'à un âge si avancé, que quand on souhaite une longue vie à quelqu'un, on lui désiré les années de Nestor. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dé­voilées, liv. 6.

Nestudar. Sel armoniac.

Nettoyer. Voyez laver, blanchir.
nettoyer L'ÉTABLE D'AUGIAS, c'est purifier la matière de les impu­retés terrestres et aqueuses. Voyez augias.

Neveu. Grande cuve de cuivre.

Neusi. Magistère au rouge.

Nentha. Amnios.

Nid du Poulet. Mercure des Sages. C'est aussi quelquefois le vase qui con­tient la matière, ou le vaisseau triple que Flamel appelle l'Habitacle du poulet.

Nil. Le fleuve du Nil fut mis au rang des grands Dieux de l'Egypte, sans doute, disent quelques Mythologues, à cause des grands avantages qu'il pro­curait à ce pays par ses débordements. On lui donne aussi le nom Océan. Le but des cérémonies religieuses et du culte que les Egyptiens rendaient à ce fleuve, était d'apprendre au peuple que l'eau est le principe de toutes cho­ses, et qu'avec le feu qui lui donne sa fluidité, et qui l'entretient, elle avait donné la vie et le mouvement à tout ce qui existe. L'eau du Nil fécondait non seulement les champs, qui sans lui se­raient devenus stériles et déserts; mais il procurait encore cette fécondité aux femmes et aux animaux. Il n'est pas rare de voir dans ce pays-là des brebis qui ont porté des deux ou trois agneaux à la fois, des chèvres qui allaitent trois ou quatre cabris, ainsi des autres.
Les fêtes qu'on célébrait en l'hon­neur du Nil étaient des plus célèbres. Les anciens Rois d'Egypte y assistaient accompagnés de leurs Ministres, de tous les Grands du Royaume, et d'une foule innombrable de peuple.
Les Indiens rendaient de grands res­pects au Gange, dont les eaux, aux­quelles ils attribuaient de grandes ver­tus, passaient parmi eux pour saintes et sacrées.
Le culte rendu à l'eau en Egypte et dans la Perse se répandit dans tout l'Orient, et même dans les pays du Nord.
Vossius assure la même chose des anciens Germains et de quelques au­tres peuples, comme on peut le voir dans son savant Traité de l'origine et du progrès de l'Idolâtrie.
On sait que les Grecs ne furent pas moins attentifs à révérer l'Océan, les fleuves et les eaux. Ils n'entreprenaient aucun voyage par eau, qu'ils ne fis­sent auparavant quelques libations et des sacrifices aux Divinités marines.
Maxime de Tyr rapporte quelques raisons qui purent engager différons peuples à honorer les fleuves qui ar­rosaient leur pays : les uns pour leur utilité, les autres pour leur beauté; ceux-ci pour leur vaste étendue, ceux-là, par quelque tradition fabuleuse, telle que celle du combat d'Hercule avec le fleuve Achéloûs. Mais si Maxi­me de Tyr avait pu pénétrer dans les idées des premiers Philosophes, il au­rait deviné l'objet de ces fables. Il aurait vu que ces Maîtres de la Philo­sophie pensaient que l'eau avait été la première matière de tout, et qu'animée du feu de la lumière, elle répand cet esprit dans tous les êtres. Voilà la rai­son physique qui a fait inventer les fables. Venant ensuite au particulier de la Philosophie Hermétique, l'eau est la base de l'œuvre, le principe et l'agent. Par son feu et son action sur le corps parfait, qu'elle réduit à son premier principe, elle a fourni la ma­tière à ce grand nombre de fables qu'on trouve expliquées dans le Traité des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Niobé. Fille de Tantale et d'Euryanasse, fut mariée à Amphion, qui bâtit une Ville au son de sa lyre. Niobé en eut six garçons et six filles. Fiere de sa fécondité, elle insulta Latone, qui, pour se venger, engagea Apollon et Diane à faire périr les enfants de cette téméraire. Ce Dieu et cette Déesse les tuèrent à coups de flèches. Le chagrin qu'en eut Niobé toucha les Dieux, qui la changèrent en rocher. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dé­voilées, liv. 3, chap. 12.

Nisa. Ville bâtie par Bacchus dans son expédition des Indes, en mémoire de l'île du même nom, où il fut nourri et élevé par les Nymphes. La descrip­tion des beautés de cette île est très conforme à celle que le Cosmopolite fait de l'isie qu'il feint avoir vu en songe. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 3, chap. 14, § 2. Voyez nysa.

Nitre. Il y en a de plusieurs sortes; le naturel et l'artificiel. Le premier se trouve attaché sur la surface des mu­railles, ou sur les rochers. Le second se tire par lixiviation des terres et des décombres! des murailles. Celui d'Alexandrie est un peu coloré de rouge faible. L'ancien nitre des Egyp­tiens nous est comme inconnu. Plu­sieurs Chymistes ont prétendu que l'eau mère du nitre, ou cette eau rougeâtre qui reste après la cristallisation du nitre, était la première eau Stygienne des Philosophes. Ils ont en con­séquence appelé le nitre Cerbère, Sel infernal, Mercure; ils ont même pré­tendu que cette eau mère filtrée, éva­porée, coagulée, ensuite dissoute à l'air, évaporée, coagulée et dissoute de nou­veau bien des fois, devenait l'aimant du Cosmopolite, d'où l'on devait extraire le mercure Hermétique dissolvant de l'or. Mais ils auraient dû faire atten­tion que cet Auteur, en parlant du ni­tre, ne parie pas du commun, mais du philosophique. C'est pourquoi il dit toujours notre nitre. L'eau mère du nitre est la matière dont on fait la fameuse poudre de Santinelli. On fait évaporer toute l'humidité de cette eau après l'avoir mise dans une chaudière de fer, sur un feu clair. Quand la ma­tière est devenue comme une pierre grisâtre sans être brûlée, on la laisse refroidir, on la met en morceaux dans de grandes terrines de grès, avec beau­coup d'eau, où elle se dissout; on retire cette première eau sans troubler les fèces, on remet une seconde eau, et ainsi de suite plusieurs fois jusqu'à ce que l'eau n'ait plus la saveur de sel marin ni nitreux. On décante l'eau, et on fait sécher les fèces qui semblent de l'amidon. On met ces fèces en pou­dre pour l'usage. Cette poudre a des vertus admirables pour désobstruer et pour purifier le sang. Quelques-uns ont appelé les cendres gravelées nitre d'Alexandrie. Rullandus. Blanchard dit qu'on a donné au nitre les noms Bau-rach, Algali, sel Anderone, Anatrm, Cabalatar, et que Basile Valentin l'in­diquait par celui de Serpent de terre, Serpens terrenus.

Nitriales. Toutes pierres calcaires.

Nitron. Ecume de verre. Rullandus.

Noas. Terme Arabe que quelques-uns ont employé pour celui de cuivre. Rulland.

Noces. Réunion du fixe et du volatil dans l'œuvre du magistère et de l'élixir. Ces noces se font plus d'une fois avant de parvenir au point parfait de la poudre de projection.
Les Philosophes les ont désignées sous les fables des noces de Pelée et de Thétis, sous celles de Pyrithoiis, etc. Voyez leurs articles.

Nochat. Cuivre.

Noera. Chapiteau d'un alambic. Rulland.

Noir plus noir que le Noir même.
C'est la matière de l'œuvre en putré­faction; parce qu'alors elle ressemble à la poix fondue. Il ne se dit guère que de la seconde opération, où le fixe est dissous par l'action du volatil. Dans les Fables le noir indique toujours cette putréfaction, de même que le deuil, la tristesse, souvent la mort. Thétis allant implorer la protection de Jupiter pour Achille, se présenta à ce Dieu en habit d'un noir plus noir que le noir même, dit Homère. Lorsque Iris fut la trouver de la part de Jupiter, pour qu'elle déterminât son fils Achille à rendre à Priam le corps d'Hector, Iris la trouva habillée de noir dans le fond de sa caverne marine. Cette pu­tréfaction est toujours indiquée par quelque chose de noir dans les ou­vrages des Philosophes. C'est tantôt la tête de corbeau, la veste ténébreuse, le merle de Jean, les ténèbres; tantôt la nuit, l'éclipsé du Soleil et de la Lune, l'horreur du tombeau, l'enfer et la mort. Ils nomment encore la couleur noire qui survient à la matière, leur plomb, leur Saturne, leur airain qu'il faut blanchir, la tête de More. Ils s'accordent tous à dire que la noirceur se manifeste vers le quarantième jour de la cuisson. Ils l'appellent aussi la clef de l'œuvre, et le premier signe dé­monstratif, parce que, dit Flamel, si tu ne noircis pas, tu ne blanchiras pas; si tu ne vois pas en premier lieu cette noirceur avant toute autre couleur dé­terminée, sache que tu as failli en l'œuvre, et qu'il te faut recommencer.

Noirceur de la Nuit. V. noir. nuit.

Noircir. Cuire la matière, pour la faire dissoudre et putréfier. Voy. le Traité Hermétique dans la première partie des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Nom. (Sc. Herm.) Rien, dit Morien, n'a tant induit en erreur ceux qui étudient les livres des Philosophes chymiques, que la multitude des noms qu'ils ont donnés à leur matière, et à l'unique opération que l'on doit faire pour parvenir au magistère. Mais que l'on sache que la matière étant unique n'a qu'un seul nom propre dans cha­que langue. Les différentes couleurs qui surviennent à cette matière, lui ont fait donner tous les noms des ma­tières qui sont ainsi colorées. Par exemple, lorsqu'elle est au noir, les Philosophes l'ont appelée encre, boue, tête de corbeau, et de tous les noms des choses noires. Quand elle est par­venue au blanc, ils l'ont nommée eau purifiée, neige, cygne, etc. Après le blanc vient la couleur citrine; alors les Philosophes disent notre huile, notre air, et de tous les noms des choses spiritueuses, volatiles, comme ils l'avaient appelée eau de sel, alun, etc. lorsqu'elle était au blanc. Quand elle est parvenue au rouge, ils la nomment ciel, soufre rouge, or, escarboucle, rubis, et enfin du nom de tou­tes les choses rouges, tant des pierres que des plantes, et des animaux. Quant aux noms des opérations, on les trouve expliquées dans les articles qui les con­cernent. Qu'on sache seulement que la sublimation philosophique n'est qu'une purification de la matière par elle-même, ou une dissolution des corps en mercure.

Nombril de la Terre. Les anciens Grecs donnèrent ce nom à l'île de Délos, parce qu'ils disaient qu'elle était le milieu de la Terre. Ils le prouvaient par la Fable, qui dit que Jupiter fit partir deux aigles, l'une à l'Orient, l'autre à l'Occident, et qu'elles se rencontrèrent dans l'île de Délos, après avoir volé sans relâ­che toujours directement, et avec la même vitesse. Voy. les Fables Egyp­tiennes et Grecques dévoilées, liv. 3, ch. 4 et 12.

Nomius. Surnom de Mercure.

Nonius. Nom d'un des chevaux qui traînait le char de Pluton. V. abaster.

Nora. Chaux, nitre et tout sel. Rulland.

Nostoch. Espèce d'épongé terrestre, couverte d'une pellicule assez forte; elle vient de la grosseur des éponges femelles, quelquefois grosse comme la tête d'un homme. On la trouve dans les prairies au mois de juin, juillet et août. Elle est légère, rousse, trouée en dedans comme l'éponge. Lorsqu'elle est sur pied et encore fraîche, elle fait un trémoussement, quand on la re­mue, à peu près comme du flan ou de la gelée de viande. Quelques-uns l'ont appelé jet d'étoiles. Rulland. C'est une espèce de vesse-de-loup.

Notua. Le vent Notus était fils des Dieux, comme Borée et le Zéphyre; les autres étaient enfants de Typhon, suivant Hésiode. Basile Valentin dit que le vent Notus et un autre se font sentir dans l'œuvre, et qu'ils soufflent très fort : comme le vent Notus ou de Midi est humide et pluvieux, on a feint qu'il s'élevait dans le vase dans le temps de la volatilisation de la ma­tière qui s'élève en vapeurs, et re­tombe en espèce de pluie, qui ferti­lise la terre philosophique; et comme ce vent des Philosophes est formé par cette matière, qui est le principe des Dieux de la Fable, il se trouve par-là enfant des Dieux, mais des Dieux Hermétiques.

Nourrice. Les Philosophes appellent ainsi la minière, ou matière de la­quelle ils tirent leur mercure et leur soufre; ce qui doit s'entendre avant la première préparation, et pendant la seconde. Michel Majer a représenté l'enfant philosophique par un em­blème, où l'on voit une femme ayant un globe terrestre au milieu de la poitrine; de ce globe sortent deux ma­melles, auxquelles sont attachées les lèvres d'un enfant qui les suce, sou­tenu par les bras de la femme; au des­ sous sont écrits ces mots, tirés de la Table d'Emeraude d'Hermès : nutrix ejus est Terra; la Terre est sa nourrice. Mais quand il s'agit des nourrices des Dieux, ordinairement elles sont dési­gnées par les parties volatiles, ou l'eau mercurielle des Philosophes, comme on peut le voir dans mon Traité des Fables Egyptiennes et Grecques dé­voilées.

Nourrir. V. cuire. C'est à cette opé­ration qu'il faut rapporter ce que dit la Fable, lorsqu'elle nous apprend que Thétis nourrissait Achille d'ambrosie pendant le jour, et qu'elle le cachait sous la cendre pendant la nuit, pour l'accoutumer au feu, qui devait être son élément.

Nourriture de l'Enfant. Ce terme s'entend du feu et du mercure philo­sophique; car il est dit dans la Fable, que Thétis, mère d'Achille, le nourris­sait de nectar et d'ambrosie pendant le jour, et le cachait sous la cendre pen­dant la nuit. Achille est le symbole du feu du mercure, d'où doit naître l'en­fant, qui est même souvent signifié par Achille, mais encore mieux par Pyrrhus son fils. La nourriture est le mercure, et l'enfant est le magistère qui doit en sortir.

Noyau. Mercure des Philosophes, ainsi nommé de ce qu'il faut le tirer de sa minière en en séparant les parties ter­restres, aqueuses et hétérogènes, dans lesquelles il est enseveli comme le noyau est enveloppé de son écorce. Laissez l'écorce et prenez le noyau, dit Philalèthe; c'est-à-dire, prenez l'aman­de, et laissez le bois qui la couvre.

Nuba. Cuivre. On a donné le nom nuba à la manne qu'on amasse en Ir­lande, parce qu'elle en a une couleur rougeâtre, comme celle du cuivre. Planiscampi dit qu'elle est couleur de rosé, et qu'elle est la seconde espèce de Téréniabin.

Nuchat. Airain.

Nuée qui éclipse le Soleil. Expressions qui signifient la noirceur et la putréfac­tion de la matière. Les nuées des Phi­losophes sont les vapeurs qui s'élèvent de la matière au haut du vase, où elles circulent, se condensent, et retombent en pluie ou rosée, que les Adeptes ap­pellent rosée de mai. La pluie d'or qui tomba dans l'île de Rhodes au moment de la naissance de Minerve, était produite par ces nuées. Elles for­ment aussi celles dont Jupiter environ­nait lo pour la soustraire aux yeux de la jalouse Junon. Ce sont encore ces nuées dans lesquelles Junon et Ju­piter se cachaient sur le Mont Ida. Cette nuée est aussi celle qu'embrassa Ixion, et celle dans laquelle Néphélé fut métamorphosée; enfin celles sur lesquelles Iris était portée, quand elle faisait ses messages. Car Iris ou les couleurs de la queue du Paon ne se manifestent que dans le temps que la matière se volatilise.

Nuhar. Airain. Vénus.

Nuit (la). Fille de la Terre et du Chaos. Orphée dit qu'elle était la mère des Dieux. Elle s'allia avec l'Erebe, dont elle eut beaucoup d'enfants.
Les Philosophes prennent aussi la Nuit pour symbole de leur matière parvenue au noir, ou en putréfaction. Elle est alors en effet la mère des Dieux Chymiques, parce qu'ils ne donnent le nom de Saturne à leur ma­tière, que lorsqu'elle est au noir plus noir que le noir même; et Saturne est le premier de ces Dieux.

Nummus. Matière de l'œuvre au noir.

NusiadaL

Nusiadat. Sel armoniac.

Nussiadai.

Nux Unguentaria. Ben.

Nyctée. Père d'Antiope, conçut une grande aversion pour elle, ce qui l'obligea à se retirer chez Epopée, Roi de Sycione, qui l'épousa. Elle en eut Zéthus et Amphion, qu'on dit fils de Jupiter. Voyez antiope.
nyctée était aussi le nom d'un des chevaux attelés au char de Pluton.

Nyctimene. Fille de Nyctéus, fut éprise d'amour pour son père même, et trouva le moyen de s'unir avec lui sans qu'il la reconnût. Ayant découvert la chose, il voulut la tuer; mais les Dieux la changèrent en chat-huant. Cette fable s'explique de la même manière que celle de Myrrha, dont voyez l'article.

Nymphes. Filles de l'Océan et de Thétis; Hésiode les fait naître de l'écume de la mer, ainsi que Vénus. On leur donnait des noms analogues aux lieux qu'on supposait qu'elles ha­bitaient. Limniades, celles qui fréquen­taient les étangs; Napées, celles qui présidaient aux Bocages : celles qui se plaisaient dans les bois, Dryades; et Hama-Dryades, celles qui s'atta­chaient à quelque arbre particulier; celles des montagnes, Oréades; celles enfin qui habitaient la Mer, Néréïdes.
Porphyre (de Antr. Nymp. p. 25) pensait que l'idée des Nymphes était venue de l'opinion que les Anciens avaient, que les âmes des morts er­raient autour des tombeaux où leurs corps étaient enterrés, ou dans les lieux qu'elles avaient habités pendant leur vie. Mais Homère donne le nom de Nymphes à des Bergères, et à des Dames illustres. Hésiode en faisait monter le nombre à trois mille, et les fait vivre plusieurs milliers d'années. C'est aux Nymphes que Jupiter, Bacchus, et la plupart des Dieux et des Déesses doivent leur nourriture et leur éducation. Homère fait une descrip­tion admirable de l'antre des Nym­phes. Elles gardaient les troupeaux du Soleil, et suivant ce qu'en dit le même Auteur, elles tenaient plus de la beauté et de la nature des Déesses, que de celles des femmes.
En général les Nymphes sont prises par les Alchymistes pour les parties volatiles de la matière du Grand Œu­vre. C'est pourquoi les Anciens avec Orphée pensaient que les Nymphes étaient proprement l'humeur aqueuse animée par le feu de la Nature, qui était la base de la génération de tous les mixtes.

Nysa. Ville située sur les confins de l'Arabie et de l'Egypte, dans laquelle Bacchus naquit. Il fut nourri par les Nymphes dans une île du même nom, formée par les eaux du fleuve Triton. C'était le pays le plus agréable du monde; des eaux limpides y arrosaient des prairies verdoyantes et émaillées de fleurs; il abondait en toutes sortes de fruits, et la vigne y croissait d'elle-même. La température de l'air y était si salutaire, que tous les habitants y vivaient sans incommodités jusqu'à une extrême vieillesse. Voyez les Fa­bles Egyptiennes et Grecques dévoi­lées, liv. 3, ch. 14, § 2.

Nysadir. Sel armoniac.

Nysœ. Sel armoniac. Rullandus.



O
*
O. Pris simplement est un caractère chymique qui signifie l'alun; lorsqu'il est coupé horizontalement par le milieu ou par son diamètre, il indique le sel commun : s'il est coupé perpendiculairement, c'est le nitre. Un O coupé horizontalement avec un point au-dessus et au dessous de la ligne, dénote aussi le sel commun. Un O avec une flèche qui lui touche par le côté opposé au fer, signifie le fer, l'acier, Mars. Deux O réunis par un chevron en forme de paires de lunettes, veut dire aimant. Un O surmonté d'une croix c'est l'antimoine si la croix est au-dessous, c'est Vénus ou le cuivre. Deux O réunis par une ligne perpendiculaire ou horizontale, mar­que l'arsenic. Trois O placés en trian­gles signifient huile. Deux O auprès l'un de l'autre avec un trait montant à chacun, dit jour. Un O surmonté d'une demi-lune et une croix au-dessous, veut dire mercure, argent-vif. Un O avec un point au milieu, signifie l'or. Voici tous ces caractères avec ceux où l'O rentre comme partie principale.
Acier, Fer ou Mars.
Alun.
Antimoine.
Argent-vif ou Mercure.
Arsenic.
Arsenic.
Cinabre.
Cire.
Cuivre, Vénus.
Cuivre calciné, ou Aes ustum.
Cuivre calciné.
Cuivre calciné.

.
Digérer.
Esprit.
Feu de roue.
Huile.
Huile.
Jour.
Mars.
Mercure.
Mercure précipité.
Mercure précipité.
Mercure sublimé.
Mercure sublimé.
Nitre.
Nuit.
Or ou Soleil.
Orpiment.
Poudre.
Purifier.
Réalgar.
Réalgar.
Safran de Mars.
Sel alkali.
Sel armoniac.
Sel gemme.
Soufre noir.
Sublimer.
Verdet, ou Vert-de-gris.
Verre.
Vitriol.
Oabelcora. Cucurbite. Planiscampi.

Obac. Sel armoniac.

Obelchera ou Obeikera. Cucurbite.

Obrizum. Or calciné en couleur brune.
Ocab. Sel armoniac.

Océan. Fils de Cœlus et de Vesta, fut regardé comme un Dieu et le père des Dieux. Il épousa Thétis, et en eut beaucoup d'enfants, les fleuves, les ruisseaux, Protée, Ethra, femme d'Atlas, Perse, mère de Circé, une. infinité de Nymphes. Quelques An­ciens disaient Océan, fils du Ciel et de la Terre. Homère parie beaucoup des fréquents voyages des Dieux chez Océan. Les Philosophes ont donné le nom d'Océan et de Mer à leur eau mercurielle, principe des Dieux chymiques et Hermétiques. Avec la par­tie fixe de l'œuvre, elle enfante en se volatilisant toutes ces Nymphes qu'on dit être filles d'Océan. C'est avec elles que Saturne, Jupiter et les autres Dieux ont commerce, et desquelles naissent les Héros de la Fable, comme on peut le voir dans mon Traité des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Occident. Nom que quelques Chimistes ont donné à la matière de l'œuvre en putréfaction. C'est la dissolution du Soleil Hermétique; on l'appelle Occi­dent, parce que ce Soleil perd alors son éclat, comme le Soleil céleste nous prive de sa lumière lorsqu'il se cou­che. Quand la couleur blanche se ma­nifeste après la noirceur de la matière putréfiée, on l'a appelée Orient, parce qu'il semble que le Soleil Hermétique sort alors des ténèbres de la nuit.

Occulte. Soleil des Philosophes caché dans le ventre de la magnésie. C'est ce Soleil, dit Philalèthe, que nous honorons, parce que sans lui notre arcane ne pourrait être dépouillé de ses imperfections. Mais ce Soleil n'est pas l'or vulgaire, les Sages seuls le voient, le sentent, l'aperçoivent et le connaissent Et ce Soleil, ajoute-t-il, ne saurait perfectionner notre tein­ture par lui seul; il a besoin du se­cours de la Lune, qui le subtilise et le rende volatil, en le purifiant de ses impuretés. Cette Lune est la mère et le champ dans lequel on doit semer notre Soleil. Rendre l'occulte mani­feste, c'est extraire le mercure de sa minière; c'est aussi cuire la matière en putréfaction, jusqu'à ce que la blan­cheur, et les autres couleurs succédan­tes se manifestent. Faire le manifeste occulte et l'occulte manifeste; ces expressions ne signifient autre chose que dissoudre le fixe dans l'eau mer­curielle volatile, pour le volatiliser ensuite.

Occupation. Mélange du corps par­fait avec la matière dont il a été composé par poids et mesure dans un vase convenable, et à un feu phi­losophique.

Ochema. Toute liqueur ou véhicule avec lequel on mêle les médicaments.

Ochrus, Ochrum, Ochra. Pois de la petite espèce; espèce de légume.

Ocob, Ocop, Otop. Sel armoniac.

Ocypeté. Une des Harpies. Voyez harpies.

Ocyroé. Nymphe, fille du Centaure Chiron. Voyez chiron, et les Fables dévoilées, liv. 3, ch. 7.

Odeur. Les Philosophes disent que l'on distingue la matière de leur Art à son odeur; qu'elle a celle d'assa-fœtida, celle des tombeaux et des sépulcres. Mais il ne faut pas l'entendre de la matière crue, et considérée avant sa première préparation. Nicolas Flamel nous apprend que l'Artiste ne sent pas cette mauvaise odeur, à moins qu'il ne brise ses vaisseaux; ce qui indique qu'ils parlent alors du temps où cette matière est en putré­faction. Car le même Auteur dit que l'Artiste la juge telle, parce qu'elle est dans un état de mort, comme un cadavre dans son tombeau. C'est pour­quoi Morien dit qu'elle a l'odeur des cadavres. Raymond Lulle qui s'ex­prime aussi dans ce sens-là, nous avertit qu'il succède une odeur si suave à cette mauvaise, qu'elle attire SU tous les oiseaux des environs sur le H; haut de la maison : c'est-à-dire, que la matière se volatilise après la putréfaction, et monte au haut du vase, pour se précipiter ensuite dans la mer II des Philosophes.

Œdipe. Fils de Laïus et de Jocaste. Son père ayant appris de l'oracle qu'il mourrait de la main de son fils, le fit exposer afin qu'il pérît. Un Berger ; 'l'ayant trouvé suspendu par un pied à un arbre, le délia, et le porta au Roi de Corinthe. La Reine, qui n'avait point d'enfants, l'adopta et le nourrit. Quand il fut grand, il apprit de l'Ora­cle qu'il aurait des nouvelles de ses parents s'il allait dans la Phocide. Il se mit en chemin, et ayant rencontré son père, il le tua sans le connaître. Arrivé à Thèbes, il devina et donna la solution de l'énigme que Sphinx avait proposée; Jocaste, qui devait être la récompense de celui qui résou­drait cette énigme, fut adjugée et mise entre les mains d'Œdipe qui l'épousa, et en eut deux fils, Ethéocle et Polynice, avec deux filles, Antigone et Ismene. Œdipe reconnut ensuite ses crimes, et se creva les yeux. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoi­lées, liv. 3.

Œnée. Père de Déjamre, fut tué par Hercule, qui épousa sa fille. Voyez déjanire.
Œno. L'une des filles d'Anius, obtint de Bacchus le pouvoir de changer tout ce qu'elle voudrait en bled, huile et vin. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 3, chap. 14, §2.

Œnolœum. Mélange d'huile et de vin.

Œnomaua. Père d'Hippodamie, ayant appris de l'oracle que son gendre le ferait périr; pour éviter ce danger et se défaire de tous ceux qui courti­saient sa fille, il leur déclara qu'il ne la donnerait qu'à celui qui le vaincrait à la course du char. L'amant devait passer devant, et Œnomaiis le pour­suivait la lance à la main pour le tuer, s'il ne remportait pas la victoire sui­vant les conventions. Œnomaus en avait déjà fait périr plusieurs, lorsque Pélops, qui n'en fut point intimidé, se présenta pour entrer en lice. Mais il usa de supercherie; il gagna Myrtile, cocher d'Œnomaiis, et l'engagea à faire briser le char de ce Prince, qui périt dans la chute; et Pélops obtint Hippodamie. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 6, Fatalité 4.

Œnomel. Vin miellé.

Œnone. Nymphe qui faisait son sé­jour sur le Mont Ida. Elle se prit d'amour pour Paris dans le temps qu'il n'était encore que berger, avant qu'il eût adjugé la pomme d'or à Vénus. Cette Nymphe lui prédit qu'il serait la cause de la ruine de son pays. Quand Paris fut blessé au siège de Troye, il se fit transporter sur le Mont Ida auprès d'Œnone, et expira entre ses bras. Elle en eut tant de chagrin, qu'elle mourut de douleur. Voyez le livre 6 des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Œnopion. Fils d'Ariadne et de Thé­sée. Voyez ariadne.

Œnothera. Plante appelée Lysimachia.

Œta. Montagne devenue célèbre par la mort d'Hercule, et sa sépulture. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dé­voilées, liv. 5, ch. 1.

Œuf des Philosophes. (Sc. Herm.)
Un grand nombre de Chymistes s'est imaginé que les Sages appelaient œuf des Philosophes, le vase dans lequel ils renferment leur matière pour la cuire; et ils lui ont donné en consé­quence la figure d'un œuf. Quoique cette forme soit à la vérité la plus propre pour la circulation, ce n'est point-là l'idée ni le sens des Sages; ils ont entendu par les termes d'œuf des Philosophes, non le contenant, mais le contenu, qui est proprement le vase de la Nature, et cela même pen­dant la putréfaction; parce que le pou­let philosophique y est renfermé, et que le feu interne de la matière excité par le feu extérieur, comme le feu interne As l'œuf excité par la chaleur de la poule, se ranime peu à peu, et donne la vie à la matière dont il est l'âme, d'où naît enfin l'enfant philo­sophique, qui doit enrichir et perfec­tionner ses frères.
Œuf signifie plus communément la matière même du magistère qui con­tient le mercure, le soufre et le sel, comme l'œuf est composé du blanc, du jaune et de la pellicule ou la coque qui renferme le tout. Cette matière est appelée œuf, parce que rien ne ressemble mieux à la conception et à l'enfantement de l'enfant dans le ven­tre de sa mère, et à la génération des poulets, que les opérations du magis­tère, et de la pierre philosophale; ce qui devrait servir de guide aux Artis­tes, et non les règles inventées de la Chymie vulgaire, qui détruit tout, au lieu d'édifier.
Raymond Lulle dit que la matière de l'œuvre s'accumule en forme d'œuf, lorsqu'elle se fixe : c'est pourquoi on lui a donné le nom œuf, lorsqu'elle est parvenue à la blancheur; quelques-uns pendant qu'elle est en putré­faction.

Œuvre. Les Philosophes comptent plusieurs œuvres, quoiqu'il n'y en ait proprement qu'une, mais divisée en trois parties. La première qu'ils appel­lent œuvre simple, est la médecine du premier ordre, ou la préparation de la matière qui précède la parfaite préparation, c'est l'œuvre de la Na­ture.
La seconde partie appelée œuvre moyenne, est la préparation parfaite, la médecine du second ordre, l'élixir et l'œuvre de l'Art.
La troisième est la multiplication, et l'œuvre de l'Art et de la Nature.
La première préparation purge, mondifie les corps et les teint en appa­rence; mais sa teinture n'est pas per­manente à la coupelle.
La seconde opération, ou médecine du second ordre, mondifie et teint les corps d'une teinture permanente, mais sans beaucoup de profit.
La médecine du troisième ordre est proprement le Grand Œuvre. H de­mande plus de sagacité et d'industrie, et teint parfaitement les corps avec beaucoup de profit, parce qu'un grain seul convertit en or ou argent des millions de grains des métaux impar­faits. Philalèthe assure qu'il a expli­qué fort clairement tout l'œuvre et son régime dans son ouvrage, qui a pour titre : Enarratio methodica Trium Gebri medicinarum, seu de vera confectione lapidis Phîlosophici; et ajoute à la fin de cet ouvrage que tout est renfermé dans ces quatre nom­bres 448, 344, 256, 224; qu'il est même impossible de réussir sans la connaissance de ces nombres. Je les ai mis ici pour la satisfaction de ceux qui voudront se donner la peine d'en chercher l'explication.
Toutes ces opérations composent proprement ce qu'on appelle le Grand Œuvre, l'Œuvre des Sages. Ainsi nom­mé de son excellence par dessus toutes les autres productions de l'Art. Morien dit que c'est le secret des secrets que Dieu a révélé aux saints prophètes, dont il a mis les âmes dans son saint Paradis.
Le grand œuvre tient donc le pre­mier rang entre les belles choses : la nature sans l'Art ne peut le faire, et l'Art sans la nature l'entreprendrait en vain. C'est le chef-d'œuvre qui borne la puissance des deux; ses effets Sont si miraculeux, que la santé qu'il procure et conserve, la perfection qu'il donne à tous les composés de la na­ture, et les grandes richesses qu'il produit, ne sont pas ses plus hautes merveilles. S'il purifie les corps, il éclaire les esprits; s'il porte les mixtes au plus haut point de leur perfection, il élevé l'entendement aux plus hautes connaissances. Plusieurs Philosophes y ont reconnu un symbole parfait des mystères de la Religion Chrétienne; ils l'ont appelé le Sauveur de l'huma­nité et de tous les êtres du grand monde, par la raison que la médecine universelle, qui en est le résultat, gué­rit toutes les maladies des trois règnes de la nature; qu'il purge tous les mix­tes de leurs taches originelles, et répare par sa vertu le désordre de leur tem­pérament. Composé de trois principes purs et homogènes, pour ne constituer qu'une substance très supérieure à tous les corps, il devient le symbole de la Trinité; et les adeptes disent que c'est de là qu'Hermès en a parié dans son Pymandre, comme l'aurait fait un Chrétien. Leur élixir est origi­nairement une partie de l'esprit uni­versel du monde, corporifié dans une terre vierge d'où il doit être extrait pour passer par toutes les opérations requises avant d'arriver à son terme de gloire et de perfection immuable. Dans la première préparation il est tourmenté, comme le dit Basile Valentin, jusqu'à verser son sang; dans la putréfaction il meurt; quand la cou­leur blanche succède à la noire, il sort des ténèbres du tombeau, et ressuscite glorieux; il monte au ciel, tout quintessencié; de là, dit Raymond Lulle, il vient juger les vivants et les morts, et récompenser chacun selon ses œuvres; c'est-à-dire, que les bons Artistes, les Philosophes, connaissent par les effets qu'ils ont bien opéré et cueillent les fruits de leurs travaux, pendant que les souffleurs ne trouvent que cendres et poussières, et sont condamnés au feu perpétuel de leurs fourneaux, sans pouvoir jamais réussir. Raymond Lulle ajoute que l'élixir a la puis­sance de chasser les démons, parce qu'ils sont ennemis de l'ordre, du con­cert et de l'harmonie, et qu'il remet les principes des choses dans un accord parfait; c'est en rétablissant cet accord, qu'il remet l'équilibre dans les humeurs du corps humain, et qu'il en guérit les maladies.
Toutes ces merveilles qui ont char­mé le cœur des Philosophes, en éclai­rant leur esprit sur les plus obscurs et les plus mystérieux secrets de la nature, ont irrité l'esprit des ignorants, qui ne jugent de tout que par les sens. Us ont en conséquence aboyé contre ce trésor, dont ils ne pouvaient avoir la possession, et ont fait passer le Grand Œuvre pour une savante chi­mère, une rêverie, une illusion. Ils ne peuvent comprendre qu'une substance élémentaire puisse guérir toutes sor­tes de maux, quelque incurables que les Médecins ordinaires les aient dé­clarés; ils ne sauraient se persuader qu'elle puisse agir sur tous les corps d'une manière si étonnante, que du cristal elle fasse des diamants, du plomb elle fasse de l'or; et accusent les Philosophes d'impostures, lorsqu'ils assurent qu'ils l'ont fait et qu'ils en ont fait les expériences. Heureusement pour les Philosophes, des gens savants, bien reconnus pour tels, comme sont Beccher, Stahl, Kunkel, Borrichius, et tant d'autres, ont pris la défense du Grand Œuvre, et en ont soutenu la réa­lité et l'existence. Il n'est pas nécessaire, après ce qu'ils en ont dit, d'en faire l'apologie. On peut voir le Dis­cours préliminaire qui se trouve à la tête des Fables Egyptiennes et Grec­ques dévoilées.
Il faut que le grand œuvre soit une chose bien aisée à faire, puisque les Philosophes se sont tant appliqués à le cacher, et qu'ils l'ont appelé en même temps un amusement de fem­mes, et un jeu d'enfants. Lorsqu'ils ont dit que c'était un ouvrage de femmes, souvent ils ont fait allusion à la conception de l'homme dans le ventre de sa mère; parce que, suivant Morien, l'ouvrage de la pierre est semblable à la création de l'homme : premièrement, il faut la conjonction du mâle et de la femelle; en second lieu, la conception, puis la naissance, enfin la nourriture et l'éducation.
Le Grand Œuvre est aussi appelé mer orageuse, sur laquelle ceux qui s'embarquent sont exposés perpétuel­lement à faire naufrage, et cela à cause des grandes difficultés qui se rencontrent pour réussir parfaitement. On peut voir ces difficultés dans le Traité de Théobaldus de Hogelande, et dans le Traité de l'or de Pic de la Mirandole.

Oiseau. Les Philosophes ont pris assez ordinairement les oiseaux pour symbole des parties volatiles de la matière du grand œuvre, et ont donné divers noms d'oiseaux à leur mer­cure : tantôt c'est une aigle, tantôt un oison, un corbeau, un cygne, un paon, un phénix, un pélican; et tous ces noms conviennent à la matière de l'Art, suivant les différences de cou­leur ou d'état qu'elle éprouve dans le cours des opérations. Les Philosophes ont de même eu égard dans ces déno­minations, aux caractères des oiseaux dont ils ont emprunté les noms, pour en faire l'application métaphorique à leur matière. Quand ils ont voulu dési­gner la volatilité et l'action du mer­cure dissolvant sur la partie fixe, ils l'ont appelé aigle, vautour, parce que ce sont des oiseaux forts et carnas­siers. Tel est celui que la Fable dit avoir rongé le foie de l'infortuné Prométhée. C'est l'aigle qui doit combattre le lion, suivant Basile Valentin et les autres Adeptes. La putréfaction est exprimée par ce combat, auquel suc­cède la mort des deux adversaires. La noirceur étant une suite de la putréfaction, ils ont dit que des corps des deux combattants il naissait un corbeau; tant parce que cet oiseau est noir, que parce qu'il se repaît de corps morts. A la noirceur succèdent les couleurs variées de l'arc-en-ciel. On a dit en conséquence que le cor­beau était changé en paon, à cause des mêmes couleurs qui se font admi­rer sur la queue de cet animal. Vient ensuite la blancheur, qui ne pouvait être mieux exprimée que par le cygne. La rougeur de pavot qui succède, a donné lieu d'imaginer le phénix, qu'on dit être rouge, parce que son nom même exprime cette couleur. Ainsi chaque Philosophe a emprunté des oiseaux qu'il connaissait, les noms qu'il a cru convenir à ce qu'il voulait exprimer. C'est pourquoi les Egyptiens avaient introduit dans leurs hiérogly­phes les deux sortes d'Ibis, noire et blanche, qui dévoraient les serpents, et en purgeaient le pays. On voit une quantité d'exemples de ces allégories dans les Fables Egyptiennes et Grec­ques dévoilées.
oiseau d'hermès. Mercure des Philosophes.
oiseau sans ailes. Soufre des Sages. Senior a pris pour symbole des matiè­res volatile et fixe de l'Art, deux oiseaux qui se battent, l'un ayant des ailes, placé dessus un qui n'en a pas; l'un et l'autre se tiennent par la queue, et celui qui a des ailes déve­loppées, semble vouloir enlever l'autre, qui semble faire tous ses efforts pour ne pas perdre terre.
oiseau des sages. Mercure philosophique.
oiseau doré. Magistère avant sa ^fixation; ainsi nommé, de ce qu'il con­tient les principes de l'or, et qu'il est volatil.
oiseau vert. Matière de l'œuvre avant sa préparation.

Oison d'Hermogene. Dissolvant des Philosophes, que le Trévisan a nom­mé le Portier du Palais du Roi.
L'Oison était consacré à Junon, par la raison qu'elle est le symbole de l'humidité mercurielle, de laquelle est formé ce dissolvant.

Oleander. Rosace, laurier-rose.

OIeum Ardens. Huile de tartre rec­tifié.
oleum colchotharinum. Huile rouge de vitriol.
oleum palestrinum. Vinaigre. oleum vitrioli AURIFICATUM.
Huile de vitriol édulcoré avec l'or. C'est proprement l'huile incombusti­ble des Philosophes.
oleum terrae. Espèce d'huile Pétrole, mais d'une odeur plus gracieuse et d'une couleur un peu rougeâtre.

Olive. Magistère au rouge. Quelques-uns l'ont nommé Olive perpétuelle.

Olivier. Arbre consacré à Pallas, parce qu'on dit qu'elle le fit sortir de terre en la frappant, et qu'à cause de l'utilité de son fruit, l'Aréopage décida en faveur de Minerve qu'elle aurait la préférence sur Neptune, pour nom­mer la ville d'Athènes. Voyez mi­nerve.

Ollus. Matière au noir.

Olus Atrum. Plante appelée grande hache.

Olympe. Montagne de Thessalie, dont le sommet se perd dans les nues. Les Poètes l'ont prise pour le Ciel et ont dit que les Dieux y faisaient leur séjour. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Olympiques (Jeux). Voyez jeux.

Ombre. Les Philosophes ont appelé Ombre du Soleil les parties hétéro­gènes et impures avec lesquelles le grain fixe de l'or chymique est mêlé, et desquelles il faut le séparer. Us ont donné le même nom à leur saturnie végétable, à leur lune, leur électre.
ombres cimmeriennes. Couleur noire de la matière dans le temps de sa putréfaction. C'est la même chose que la voile noire du vaisseau de Thé­sée à son retour de Crète. La Fable donne aussi le même nom d'Ombre aux parties volatiles qui circulent dans le vase, et les a exprimées par les Ombres qui errent le long du fleuve Cocyte. Voyez enfer, champs-ely­sées.

Omphale. Selon la Fable, était Reine des Lydiens. Hercule devint amou­reux d'elle, jusqu'à faire la folie de se vêtir de ses habits, de prendre sa quenouille et de filer, sans néanmoins que cet amour rabattît rien de son courage, dont il donna des preuves dans le combat où il vainquit Cercopas. Les Alchymistes disent qu'Omphale est leur terre, dont Hercule, ou leur mercure, est amoureux, jusqu'à devenir, dans l'opération, une même chose avec elle, et que Cercopas signi­fie les parties hétérogènes qu'il sépare, et purifie par sa puissance et son activité. Les Philosophes ayant cou­tume de prendre des femmes pour symbole de leur eau mercurielle, il fallait nécessairement, dans cette cir­constance, feindre qu'Hercule avait pris les habits d'Omphale, et avait fait son ouvrage; parce que ce mercure, quoiqu'animé de la valeur et de la force d'Hercule, n'en était pas moins eau mercurielle.

Onagra. Plante connue sous le nom de Lysimachia. Les Anciens lui don­nèrent les noms Onagra, et Ono-thera, de ce qu'ils croyaient qu'elle avait la. vertu d'amollir la force des ânes, quand on les frappait avec cette plante.

Onitis. Espèce d'origan, qui a sans doute pris le nom Onitis, de ce que les ânes en mangent volontiers, et préférablement à beaucoup d'autres plantes.

Onobrychîa. Sainfoin.
Onolosat. Poids d'une obole, ou demi-scrupule.

Opas. Surnom de Vulcain.

Ophirisi. Mercure animé des Philo­sophes.

Opobalsamum. Baume liquide, ou Huile de noix muscade.

Opochrisma. Onguent, ou Baume sympathique, qui guérit les plaies en en frottant seulement l'arme qui l'a faite. On l'appelle aussi Unguentum armorium.

Oprimethiolim. Esprit minéral qui concourt à la formation des métaux et des minéraux.

Ops. Fille du Ciel et de Vesta, sœur et femme de Saturne, fut adorée sous le nom de Cybele, et était regardée comme la Déesse des richesses; parce qu'étant la terre philosophique, elle est en effet la base de l'œuvre hermé­tique, source des richesses comme de la santé. En qualité de femme, on la prend pour l'argent-vif.

Or. Le plus pur et le plus parfait de tous les métaux, a été appelé par les Adeptes, Soleil, Apollon, Phœbus, et de divers autres noms, particulièrement lorsqu'ils ont considéré ce métal com­me Philosophique. L'or qui sert à faire les monnaies, les vases et les autres choses en usage dans la société civile, est appelé Or mort, pris respective­ment à celui qui est la base de l'œuvre; parce que les Philosophes disent que tous les métaux qui ont souffert la fusion, ont perdu la vie par la tyran­nie du feu. Leur or vif est ce grain fixe, principe de fixité, qui anime le mercure des Sages et la matière de la pierre, c'est-à-dire l'humide radical des métaux, la portion la plus digérée de la vapeur onctueuse et minérale qui les forme. Mais elle prend plus proprement le nom Or vif, lorsqu'elle est devenue soufre des Philosophes, ou magistère au rouge, ou minière de feu.
or éthée. Or Philosophique. or altéré. C'est l'or vif des Sages. or blanc. Magistère des Philoso­phes parvenu à la blancheur. Ils lui ont donné ce nom, à cause de sa blancheur, et que de lui naît l'or jaune et rouge, c'est-à-dire la pierre au rouge parfait, qui est leur véritable or, leur soleil, leur ferment, leur fumée rouge.
or en esprit. C'est l'or des Sages réduit à sa première matière, qu'ils appellent réincrudé, et volatilisé par leur mercure.
or des philosophes. Lorsqu'ils disent prenez l'or, ils n'entendent pas l'or vulgaire; mais la matière fixe de l'œuvre dans laquelle leur or vif est caché et comme en prison. Ainsi leur or à 24 carats est leur or pur et sans mélange de parties hétérogènes. or volatil. Or fulminant. Crolius. or du corail. Matière fixe au rouge.
or de gomme. Matière fixe des Philosophes.
or EXALTÉ,
or MULTIPLIÉ, Poudre de projection.
or SUBLIMÉ,
or vivifié. C'est l'or réincrudé, et volatilisé.
or de l'Alchymie. Soufre des Philosophes.
or feuille. Soufre des Sages en dissolution.
or BLANCHI. Voyez fumée BLAN­CHE.
or et argent à l'égard de la pierre. Ce sont les deux ferments pour le blanc et pour le rouge. Ces deux métaux ne font qu'un argent vif con­gelé, digéré et cuit par le feu de leur propre soufre. L'or vulgaire, le plus parfait de tous les métaux, ne peut comme tel être porté par l'Art à un degré plus haut; mais lorsqu'il est réduit en sa première matière par une voie secrète et philosophique, l'Art, dit Philalèthe, peut alors l'élever à une perfection beaucoup plus étendue que celle qu'il avait reçue de la nature. De mort qu'il était avant sa réincrudation, il devient vivant au moyen du mercure des Sages, qui étant vivant, le ressuscite. C'est pourquoi les Phi­losophes disent qu'il faut ressusciter le mort, et faire mourir le vivant; c'est-à-dire, dissoudre, putréfier et volati­liser le fixe, et par son moyen fixer ensuite le volatil. L'or se détruit par une eau qui est de sa nature, et non par aucun autre dissolvant; parce que toutes choses se réduisent à leurs pre­miers principes par leurs principes mêmes. Toute autre dissolution est violente et contre nature; c'est plutôt une séparation, une division des par­ties du corps, qu'une véritable disso­lution. Il faut que cette dissolution soit vraie et radicale, pour qu'elle puisse être un acheminement à une nouvelle génération. Ceux qui veulent réussir dans l'Art Hermétique, doivent donc bien prendre garde à ne pas prendre un dissolvant d'une nature qui ne soit pas de nature métallique; car s'ils ne se fixent pas à la semence même des métaux, extraite de sa mi­nière, ils ne réussiront jamais.

Oréades. Nymphes des montagnes.

Orepis. Vapeur brûlante du tartre. Planiscampi.

Oreste. Fils d'Agamemnon et de Clytemnestre, quitta la maison paternelle dès le bas âge, pour se soustraire aux embûches qu'Egyste, amant de Clytemnestre, lui tendait, après avoir fait périr son père Agamemnon. Quand Oreste fut parvenu à un certain âge, il fut secrètement retrouver sa sœur Electre, et concertèrent entre eux les moyens de se venger du meurtrier de leur père. Ils prirent si bien leurs mesures, qu'ils firent périr Egyste et Clytemnestre dans le Temple où ils sacrifiaient. Oreste tua ensuite Pyr­rhus, fils d'Achille, qui lui avait en­levé Hermione. Il se sentit après cela saisi d'une fureur ou d'une manie qui ne lui donnait presque aucun moment de relâche; de manière qu'il courait les pays errant ça et là comme un vagabond. L'Oracle consulté là-dessus, répondit que pour être délivré de cette fureur, il fallait qu'il se transportât dans la Tauride, et y enlevât la statue de Diane du Temple où elle y était révérée. Il prit avec lui Pylade, son intime ami, qui l'y accompagna. A peine y furent-ils arrivés, qu'ils furent arrêtés et mis en prison, pour être sacrifiés à Diane, que l'on croyait se rendre propice par l'effusion du sang des étrangers. Comme un des deux devait être conservé, et que le sort de mort était tombé sur Oreste, quand on demandait celui-ci pour le sacrifier, Pylade se présentait. Oreste soutenait qu'il était lui-même Oreste. Enfin Thoas, Roi du Pays, fit livrer Oreste entre les mains d'Iphigénie, qui le reconnut pour son frère. Ayant appris le sujet du voyage d'Oreste, elle en­leva elle-même la statue de Diane, dont elle était Prêtresse, et Us s'enfuirent avec, après avoir tué Thoas. De retour à Athènes, Oreste y fit les expiations requises pour ses meurtres, et revint dans son bon sens. Il mourut ensuite de la morsure d'un serpent. Voyez l'explication de cette fiction dans les Fables Egyptiennes et Grecques dé­voilées, liv. 3, ch. 14, § 4.

Orgies. Fêtes célébrées anciennement en l'honneur de Bacchus. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dé­voilées, livre 4, chap. 1.

Orient. Mercure des Philosophes. Quelques Chymistes ont donné le nom Orient à l'urine. Mais souvent les Adeptes entendent par ce terme la couleur blanche qui succède à la noire, par allusion à l'orient, où se levé le Soleil quand il sort des ténèbres de la nuit.

Orion. Eut pour pères Jupiter, Nep­tune et Mercure. Ces trois Dieux voya­geant sur la terre, logèrent chez Hyriéus, qui leur fit la meilleure chère qu'il put. Ils lui demandèrent ce qu'il voudrait pour récompense, et lui pro­mirent de le lui accorder. Il leur répondit qu'il ne souhaitait rien tant au monde que d'avoir un fils. Peu de temps après ils lui procurèrent un fils de la manière dont le racontent les Fables. Ce fils, nommé Orion, s'adon­na beaucoup à la chasse, et mourut enfin d'une flèche que lui décocha Diane, suivant le témoignage d'Ho­mère. Orion est le symbole de l'en­fant philosophique, né de Jupiter, ou de la matière parvenue à la couleur grise; de Neptune, ou de la mer des Philosophes, et du Mercure des Sages. La chasse à laquelle il s'adonne, est la volatilisation de la matière; et la mort que Diane lui donne, est la fixation d'Orion, ou de la matière volatilisée, et qui se fait quand la couleur blan­che, appelée Diane, paraît.

Orithye. Fille d'Erecthée, fut enlevée par Borée, et de leur commerce na­quirent Calais et Zéthus, qui accom­pagnèrent Jason à la conquête de la Toison d'or. Quand ils furent arrivés chez Phinée, ils le débarrassèrent des Harpies, qui le tourmentaient perpé­tuellement, et infectaient toutes les viandes qu'on lui servait. Voyez calais.

Orizeum. Or.

Orizeum Foliatum. Or en feuilles; c'est l'or philosophique en dissolu­tion.

Orizeum Praecipitatum. Or en safran.

Orizontis. Teinture- d'or.

Ornus. Frêne sauvage.

Orobo. Verre des métaux.

Orogamo. Or, selon Rulland.

Orphée. Fils d'Apollon et de la Nym­phe Calliope; selon quelques-uns, fils d'Œagre et de Polymine, père de Musée, et disciple de Linus. Mercure fit présent à Orphée de la lyre dont il jouait avec tant de perfection, que les fleuves s'arrêtaient dans leur course pour l'entendre; les rochers s'ani­maient, et le suivaient; les tigres et les autres animaux féroces s'apprivoi­saient, toute la Nature devenait sensi­ble au son de la lyre d'Orphée.
Il se perfectionna dans les sciences par la fréquentation des Prêtres d'Egypte, qui lui dévoilèrent tous les mystères d'Isis et d'Osiris qui leur étaient confiées, et il en rapporta les fables et les solennités qui furent adoptées dans la Grèce. Mais Orphée en communiquant à son pays les con­naissances qu'il avait acquises en Egypte, s'accommoda aux notions de ses compatriotes, et s'y rendit respec­table en les persuadant qu'il avait découvert les secrets des Dieux et de la Nature, avec l'art de guérir les malades.
Il épousa Eurydice, et l'aima si passionnément, que la mort la lui ayant enlevée, il fut la chercher dans les Enfers. Pluton et Proserpine se laissèrent toucher aux tendres sons de la lyre d'Orphée, et lui permirent d'em­mener avec lui sa chère Eurydice dans le séjour des vivants; mais à condition qu'elle le suivrait, et qu'il ne tournerait pas la tête jusqu'à ce qu'elle fût arrivée sur la terre. Orphée n'eut pas assez de patience, et son amour ne lui permit pas d'être privé si longtemps de la vue de son épouse; il regarda derrière lui; Eurydice lui fut enlevée de nouveau, et il la perdit pour toujours. Orphée méprisa ensuite toutes les autres femmes; et les Bac­chantes, pour s'en venger, le mirent en pièce. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 3.

Orphné. Nom d'un des chevaux qui traînaient le char de Pluton. Voyez abaster.

Orpiment. Soufre des Philosophes caché dans leur mercure, pris pour la semence masculine et agente. Us entendent souvent sous le nom d'orpi­ment le soufre philosophique parfait, c'est-à-dire, la pierre au blanc ou au rouge; quelquefois la matière même du magistère avant sa préparation, comme on peut le voir dans l'article Arsenic.

Orus. Fils d'Isis et d'Osiris, selon les Egyptiens. Diodore dit qu'Orus ayant été tué par les Titans, Isis l'avait res­suscité et rendu immortel. Orus, selon les Anciens, n'était autre qu'Apollon : sa mère Isis lui avait appris l'art de deviner et de guérir toutes les mala­dies.
Cet Orus, selon les Philosophes Hermétiques, comme le dit Michel Majer dans son Arcona arcanissima, est cet enfant philosophique né de Gabritius son père et de Béya sa mère, ou si l'on veut d'Isis et d'Osiris, de Jupiter et de Latone, le trésor des Egyptiens, pour l'amour duquel ses aïeux entreprirent tant de voyages et de travaux, et par le moyen duquel les hommes font de si grands prodiges. C'est en deux mots l'or philosophique, et la médecine universelle. V. les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 1, chap. 5.

Osatis. Guede, Pastel.

Oscieum. Plante appelée Ache.

Osemutum. Fil de fer.

Osiria. Dieu des Egyptiens, fils de Saturne, épousa sa sœur Isis, et se rendit recommandable aux peuples sur lesquels il régnait, par des bien­faits sans nombre. Il fit un voyage dans les Indes, pour apprendre aux habitants de ces contrées l'art de cul­tiver la terre. A son retour Typhon son frère le fit périr, et coupa son corps en morceaux. Isis ramassa les membres dispersés, les enferma sépa­rément dans différons cercueils, et les donna en garde aux Prêtres du pays, instruits par Mercure, et leur défendit sous peine de la vie de divulguer le lieu de la sépulture d'Osiris.
Osiris était chez les Egyptiens le symbole du Soleil, le même que Bac­chus chez les Grecs, et qu'Adonis chez les Phéniciens.
Les Philosophes Hermétiques disent qu'il faut entendre toutes les fables des Egyptiens dans un sens bien dif­férent de celui qu'elles présentent d'abord à l'esprit. Ils n'avaient inventé tous ces noms et ces fables, que pour cacher au vulgaire le secret de la véri­table manière de faire de l'or et la médecine universelle. Isis et Osiris sont donc la vraie matière de cet Art mystérieux; cette matière est androgyne; ils l'appellent aussi la Lune et le Soleil, le soufre et le mercure, le frère et la sœur, etc. En comparant l'œuvre à la conception des animaux, qui ne peut se faire sans la jonction du mâle et de la femelle, il se trouve dans leur matière rebis, l'agent et le patient, d'où naît enfin un fils plus beau, plus puissant que ses parents; c'est-à-dire, l'élixir et l'or qui a la propriété de transmuer les autres métaux en or, ce que n'aurait pu faire la matière avant sa préparation. Mich. Majer.
On lui avait donné ce nom d'Osiris, parce qu'il signifie feu caché, principe actif et vivifiant de la Nature. C'est pourquoi on le disait être le même que le Soleil, à cause du principe de chaleur et de vie que cet astre répand dans tous les êtres de l'Univers. La vie fabuleuse d'Osiris est une allégo­rie des opérations requises de la Phi­losophie Hermétique, et une exposi­tion de tout ce qui se passe dans le cours de ces opérations. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dé­voilées, livre 1, chap. 2 et 3.

Osmunda. Espèce de fougère appelée Fougère royale.

Osoror. Opium.

Ossa. Montagne de Thessalie, que la Fable dit avoir autrefois fait partie du Mont Olympe et qu'Hercule l'en sépara pour donner passage au fleuve Pénée. Le Mont-Ossa était le lieu où les Centaures et les Géants faisaient leur séjour. Voyez les Fables Egyp­tiennes et Grecques dévoilées.

Ossaparalelli. Spécifique pour la goutte. Planiscampi.

Ostrutium, ou Astrantea, ou Magis-trantia. Impératoire.

Osyris. Plante connue sous le nom de Linaire.

Otap. Sel armoniac rougi par l'eau de Colcotar.

Oter. Lorsque les Philosophes disent qu'il faut ôter ou mettre, ils n'enten­dent pas qu'il faille diminuer ou ajou­ter quelque chose dans le vase; mais seulement qu'il faut continuer à cuire la matière, parce qu'elle se dissout, elle se purifie, se putréfie, se congelé, se coagule, se noircit, se blanchit et fait toutes ses opérations d'elle-même, sans que l'Artiste y mette la main.

Othan. Mercure des Philosophes.

Othus et Ephialte. Géants, fils de Neptune et d'Iphidanûe, femme d'Alœus. Les Poètes ont feint qu'en neuf ans ces deux Géants avaient crû de la grandeur et de la largeur de neuf journaux de terrein. Ils furent assez téméraires pour combattre les Dieux; Apollon les fit périr à coups de flèches. Homère, liv. 11 de son Odyssée. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 3, chap. 7 et 12.

Oubelcore. Cucurbite.

Ouvrage de Patience. C'est le Grand Œuvre, ainsi nommé, parce qu'il est extrêmement long à faire. C'est pour­quoi les Philosophes recommandent tous d'avoir de la patience, et de ne point se rebuter par la longueur du temps; que toute précipitation vient du démon; que la Nature a ses poids, ses mesures et son temps déterminés pour parvenir à ses fins.
ouvrage de femme. Les Philoso­phes disent presque tous que le grand œuvre est un ouvrage de femme et un jeu d'enfants, pour signifier la faci­lité de parfaire la pierre à ceux qui sont instruits des opérations. Et la chose est vraie sans doute; car si elle eût été bien difficile, ils ne se seraient pas tant appliqués à les cacher. Plu­sieurs disent même que s'ils les disaient ouvertement et clairement, on se moquerait d'eux; et que si l'on venait à les en croire sur leurs paro­les, les plus stupides mêmes laisse­raient leurs métiers et leur profession pour entreprendre de faire la pierre philosophale. En effet, il suffit pour réussir de prendre une matière que la Nature a laissée imparfaite, une matière vile et méprisée de tout le monde, que les insensés foulent aux pieds; et la perfectionner en suivant les procédés simples de la Nature. Faut-il tant de fourneaux, tant de vaisseaux, tant d'opérations pour ré­duire une matière solide en eau sans addition, et la remettre ensuite en terre sans y rien ajouter; la réduire de nouveau en eau avec addition, la remettre encore en terre sans addition;
enfin résoudre et coaguler? Voilà tout l'œuvre, auquel il n'est pas pos­sible de parvenir par les calcinations, les réverbérations, les solutions, les distillations, les sublimations, les cohobations, et les autres opérations sans nombre de la Chymie vulgaire.

Ouvrir. Dissoudre la matière, faire les corps mous et fluides. Les Philo­sophes envieux, dit Flamel, n'ont jamais parlé de la multiplication que sous ces communs termes de l'Art, ouvre, ferme, lie, délie. Ils ont appelé ouvrir et délier, faire le corps mou et fluide comme de l'eau, et fermer ou lier, le coaguler par une décoction plus forte.

Oxatîs. Oseille.

Oxeleum. Vinaigre battu avec de l'huile.

Oxos. Vinaigre.

Oxyacantha. Berberis.
C'est aussi le nom de l'arbrisseau appelé Aubépine.

Oxycroceum. Médicament composé de vinaigre, de safran et de quelques autres drogues.

Oxydercica. Collyres ou remèdes propres à aiguiser la vue.

Oxygala. Lait aigri.

Oxylapathum. Parelle.

Oxyrhodinum. Vinaigre rosat.

Oxus. Plante appelée Trèfle, Alleluya; Pain de cocu.

Oxytripyllum. Trèfle acide : ainsi appelé de ce qu'il a un petit goût aigrelet, et qu'il est à trois feuilles comme le trèfle commun.

Oye d'Hermès. Mercure des Philo­sophes.

Oye d'Hermogene. Matière de la pierre volatilisée après la noirceur.

Oyseau. Voyez oiseau.

Ozo. Arsenic.
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P
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P. Veut dire en Chymie et en lan­gage de Médecins, une poignée.
P.AE.
PAR. Parties égales.
PART. AEQ.

Pachuntica. Ingrédients qui épaissis­sent, qui donnent de la consistance à un médicament. Quelques Philo6k>-phes ont donné le nom de Pachunticum au soufre des Sages, parce qu'il coagule, et fixe leur mercure.

Pactole. Fleuve dé Lydie, qui prend sa source au Mont Tmolus. Les An­ciens disaient que les eaux de ce fleuve roulaient des paillettes d'or, et qu'il avait reçu cette propriété de Midas qui s'y lava, pour se débarras­ser du don funeste que Bacchus lui avait fait de changer en or tout ce qu'il toucherait. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 2, chap. 5.

Pœon. Médecin qui guérit Pluton de la blessure que lui fit Hercule, lors­que ce Dieu dés Enfers l'attaqua dans le temps qu'il nettoyait l'étable d'Augias. C'est de ce Pœon que la plante connue sous le nom de pivoine en français, a été appelée pœonia en latin.

Paille du Poulet. Flamel dit lui-même qu'il a donné ce nom à la cen­dre de l'écuelle sur laquelle est posé le vase des Philosophes.

Pajon. Bézoar. Palamede. Fils de Nauplius, Roi de l'île d'Euboée, encourut la haine et l'aversion d'Ulysse, au point que ce­lui-ci le fit lapider par les Grecs. Ulysse feignit d'être insensé pour ne pas aller à la guerre de Troye, et attela pour cet effet deux animaux de différentes espèces, avec lesquels il labourait les bords de la mer, et y semait du sel au lieu de grains. Pala­mede mit devant la charrue Télémaque encore dans le bas âge. Ulysse arrêta sa charrue pour ne pas blesser son fils, et fit connaître par cette attention qu'il n'était pas aussi insen­sé qu'il voulait le faire croire. Ulysse partit donc avec les autres Princes Grecs, et se vengea de Palamede, en supposant que celui-ci était d'intelli­gence avec Priam. Il fit enterrer pour cet effet une somme d'argent dans la tente de Palamede, et fit intercepter une lettre supposée de Priam. Les Grecs donnèrent dans le piège, et la­pidèrent Palamede.
Toute cette fiction n'a d'autre but que de nous apprendre qu'Ulysse, au lieu de travailler sur la véritable ma­tière de l'œuvre, attelait deux ani­maux de différentes espèces, c'est-à-dire, croyait réussir en mêlant dans le vase deux matières de différentes natures, contre le sentiment de tous les Philosophes. Palamede ou l'Art, du grec Palame, lui mit devant les yeux son fils encore jeune, qui par son nom lui fit entendre qu'il était bien éloigné de réussir à ce qu'il se proposait. Ulysse aussitôt s'aperçut de son erreur, quitta sa charrue mal attelée, suivit les Grecs, ou la véritable voie qui conduit à la perfection las l'œuvre, et y réussit par la prise de Troye; entreprise dont il ne serait jamais venu à bout s'il n'eût fait lapider Palamede, c'est-à-dire, s'il n'eût enterré l'or philosophique dans le vase représenté par la tente, pour fixer le mercure signifié par les Grecs.
Palémon. Fils d'Athamas et d'Ino, S'appelait premièrement Mélicerte; mais il prit le nom de Palémon, après qu'il eût été mis au nombre des Dieux marins. Voyez mélicerte.

Palet. Espèce de carreau ordinaire­ment de pierre, quelquefois de bois, ou de fer, avec lequel on jouait anciennement. Les palets étaient fort grands et fort pesants, et il en arrivait quelquefois des accidents funestes. Ce tut d'un coup de ces palets qu'Apol­lon tua le jeune Hyacinthe, et Persée son grand-père Acrise. Voyez acrise et hyacinthe.

Palladium. Petite figure de Pallas, de trois coudées de haut, tenant une lance de la main droite, et de la gau­che une quenouille et un fuseau. Les Poètes ont feint qu'elle était tombée du ciel dans la ville de Troye, et que cette ville ne serait jamais prise par les Grecs, s'ils ne s'emparaient d'abord de cette figure. Les Alchymistes disent qu'elle est le symbole des qualités que doit avoir l'Artiste qui entreprend le grand œuvre; la prudence, la subtilité d'esprit, la connaissance de la Nature et la science de cet art. Voy. les Fa­bles Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 6, Fatalité 3.

Pallas. Déesse des Arts et des Scien­ces, née du cerveau de Jupiter, par le coup de hache que lui donna Vulcain. C'est elle qui favorisa toujours Hercule et Ulysse dans tous leurs ex­ploits. Voyez minerve.
pallas est aussi le nom d'un des Céans qui firent la guerre à Jupiter. Minerve se saisit de ce Géant et l'écorcha.

Pan. Fils de Mercure et de la Nym­phe Dryops, selon Homère, de Mer­cure et de Pénélope, suivant Héro­dote, du Ciel et de la Terre, suivant d'autres, était un des plus grands Dieux des Egyptiens, qui le regar­daient comme le père de la Nature. Ils le représentaient sous la) figure1 d'un bouc. Voyez le premier livre des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Panacée. Etait une des Divinités de la Médecine : elle a donné son nom aux remèdes spécifiques pour un grand nombre de maladies. La pana­cée universelle est un des résultats de l'œuvre Hermétique, et celui-là seul que les anciens Philosophes se sont d'abord proposé. Il est vraisemblable que la transmutation des métaux n'était pas leur premier objet, et que la réflexion seule sur la force et les propriétés de leur médecine, la leur fit envisager comme propre à pro­duire cet effet, qui réussit selon leurs espérances. Voyez le Discours prélimi­naire à la tête du Traité des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Panchymagogum. Sublimé doux.

Pancrace. Un des exercices des Jeux des anciens Grecs. On l'appelait aussi la lutte. Hercule demeura vainqueur à tous les Jeux, comme on peut le voir dans le livre 4 des Fables Egyp­tiennes et Grecques dévoilées.

Pandatœa. Electuaire solide.

Pandalitium. Panaris.

Pandémique (Maladie). Est celle qui attaque indifféremment tout le mon­de : c'est à peu près la même chose qu'épidémique.

Pandore. Hésiode a feint qu'elle était la plus belle et la première femme du monde. Vulcain, dit-il, la fabriqua, et après qu'il l'eut animée, il la présenta aux Dieux, qui en furent si émerveillés, qu'ils s'empressèrent tous de la décorer de ce qu'ils avaient de plus excellent. Vénus lui fit part de sa beauté, Pallas de sa sagesse, Mer­cure de son éloquence, Apollon de sa musique, Junon de ses richesses, et ainsi des autres. Jupiter irrité con­tre Prométhée de ce qu'il avait enlevé le feu du ciel, fit servir cette femme à sa vengeance; il fit présent à Pan­dore d'une boëte fermée, pleine de) toutes sortes de maux, et l'envoya à Epiméthée, frère de Prométhée, qui eut l'imprudence de l'ouvrir. Tous ces maux prirent l'essor, et il n'eut que l'adresse d'y retenir l'espérance. Proinéthée à qui Jupiter avait d'abord envoyé Pandore, se défia du piège qu'on lui tendait, et ne voulut pas la recevoir pour sa compagne. C'est pourquoi Jupiter envoya Mercure pour attacher Prométhée sur le mont Caucase, où un vautour devait lui' ronger le foie perpétuellement. V. prométhée.

Pannus. Tache naturelle de la peau, apportée en naissant, ou survenue par l'effet de quelque maladie.

Pantaurée ou Pantaure. Nom que les Brahmanes donnaient à la matière du Grand Œuvre. Comme si l'on disait toute or. Apollonius de Thyame rap­porte beaucoup de choses que les Brahmanes lui avaient appris de cette prétendue pierre, qu'ils disaient avoir la vertu de l'aimant. Voyez Michel Majer, au premier et au sixième livre de sa Table dorée. Il n'est pas néces­saire, dit-il, d'aller chercher cette pierre aux Indes, depuis que les vola­tiles nous l'apportent. Voyez vola­tiles.

Paon. Oiseau consacré à Junon. La Fable dit que cette Déesse jalouse demanda à Jupiter la Nymphe lo changée en vache, et après l'avoir obtenue, elle la donna en garde à Argus qui avait cent yeux. Jupiter chargea Mercure de le défaire de ce gardien importun. Mercure le fit en effet périr, et Junon transporta ses cent yeux sur la queue du Paon. Voyez argus. Les Philosophes Her­métiques disent que cette fable est une allégorie de l'état de la matière de l'œuvre au moment où les cou­leurs de la queue de Paon se mani­festent sur sa superficie.

Paphus. Fils de Pygmalion et de la Statue que ce célèbre Statuaire avait faite. Voyez pygmalion.

Paracelse. Célèbre Médecin Alle­mand qui vivait vers la fin du XVI° siè­cle. On a de lui un grand nombre d'ouvrages sur des matières Philoso­phiques, Métallurgiques et Médicina­les. On le croit disciple de Basile Valentin, Religieux Bénédictin d'Alle­magne. Paracelse voulut réformer la théorie et la pratique de la Médecine, et en publia pour cet effet des prin­cipes très simples, dont il paraît qu'il avait une très grande connaissance. Il fit toujours des cures admirables des maladies mêmes les plus désespérées. Cette nouveauté, sa science et les suc­cès lui firent beaucoup de jaloux, par conséquent un grand nombre d'en­nemis. Ses ouvrages écrits en style métaphorique, sont aujourd'hui pres­que inintelligibles, malgré les clefs qu'on a eu soin de mettre à la fin. On a cependant deviné un grand nom­bre de ses remèdes, qui sont encore aujourd'hui en usage. Il a souvent changé les noms des ingrédients, et en a substitué de barbares et inconnus à ceux sous lesquels on les connaissait ordinairement. Comme cet Auteur est souvent entre les mains de ceux qui s'appliquent à l'étude de la Philoso­phie Hermétique, j'ai cru devoir leur rendre le service d'expliquer dans ce Dictionnaire la plupart de ces noms barbares, d'après Beccher, Johnson, Rullandus et quelques autres Auteurs. La Médecine Paracelsique est la même que la Médecine Hermétique, si nous en croyons Blanchard.

Paridisi Grana. Cardamome.

Paralysis Herba ou Paralytica. Pri­mevère.

Pardalianches. Aconit.

Parégorique (Médicament), Est celui qui a une propriété anodine et adou­cissante, qui apaise les douleurs, tel est le baume tranquille.

Paris. Fils de Priam, Roi de Troye. Sa mère Hécube étant enceinte de lui, songea qu'elle avait conçu une torche allumée qui devait embraser toute l'Asie. L'Oracle consulté, répondit qu'elle mettrait au monde un fils qui serait la cause de la mine totale de son pays. Priam, pour éviter ce désas­tre, fit exposer le nouveau né, pour qu'il fût dévoré par les bêtes; mais Hécube le fit enlever, et le confia aux bergers du mont Ida pour être élevé parmi eux. On le nomma Alexandre. Devenu grand il fut épris des appas de la Nymphe Oenone, de laquelle il eut deux enfants. Paris (c'est ainsi qu'on l'appela dans la suite) se fit une répu­tation de droiture et de probité dans ses jugements, qui le faisait choisir pour arbitre des différends qui s'élevaient parmi les bergers et les habitants du mont Ida. La Discorde qui ne fut point appelée avec les autres Dieux et Déesses aux noces de Pelée et de Thétis, jeta au milieu du repas une pomme d'or, sur laquelle était écrit : pour la plus belle. Junon, Pallas et Vénus prétendirent chacune en particulier que cette pomme leur appartenait. Les Dieux ne voulant pas se porter pour Juges dans cette dispute, Jupiter ordonna que le jugement en serait déféré à Paris. Mercure fut député pour l'en avertir, et les trois Déesses se présentèrent devant notre berger. Chacune chercha à le gagner par les promesses les plus flatteuses. Junon lui offrit des richesses immenses, Pallas lui promit la sagesse, et Vénus le tenta en lui promettant de le mettre en pos­session de la plus belle femme du monde. Paris, après avoir bien exa­miné les Déesses, adjugea la pomme à Vénus, qui lui tint parole. Paris se fit ensuite reconnaître à Troye pour fils de Priam, et fit après cela un voyage à la Cour de Ménélas, Roi de Sparte, et y étant devenu amoureux d'Hélène, qui en était Reine, Vénus lui procura les moyens de l'enlever; ce qu'il fit, et l'emmena à Troye. Ménélas intéressa tous les Princes Grecs pour venger l'affront qu'il avait reçu de Paris, et se mit avec son frère Agamemnon à la tête d'une armée formidable, pour redemander Hélène. Priam l'ayant refusée, les Grecs firent le siège de Troye, qui dura dix ans. Paris se trouva aux mains avec Méné­las pendant le siège, et Vénus voyant son protégé plus faible, l'enleva du milieu du combat. Hector son frère ayant été tué par Achille, et celui-ci étant entré dans le temple d'Apollon pour se marier avec Polyxene, Paris lui décocha une flèche, qui atteignit ce Héros au talon, seul endroit où il n'était pas invulnérable. Achille mou­rut de la blessure; et Pyrrhus son fils blessa à son tour Paris, qui fut rendre les derniers soupirs entre les bras d'Oenone. Quelques-uns disent qu'il mourut d'une flèche empoisonnée d'Hercule, que Philoctete lui tira. Voyez le 6° livre des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, ch. 3 et suivants.

Parnasse. Montagne sur laquelle la Fable dit que les Muses et Apollon faisaient leur séjour. Voyez-en les raisons dans le 3e livre, chap. 14, § 3 des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Paronychia. Petite plante, qui peut-être a été nommée ainsi des mots grecs para et onux, près de l'ongle, comme si l'on disait : Herbe propre à guérir les maux qui viennent auprès des ongles.
Paronychia est aussi le nom qu'on a donné au mal qui vient au bout des doigts, appelé autrement Panaris.

Parques. Déesses au nombre de trois, préposées pour exécuter les destinées des hommes, et disposer de la vie des humains à leur gré. Hésiode les dit filles de Jupiter et de Thémis, d'autres de l'Erebe et de la Nuit. Selon Orphée, elles font leur séjour dans une caverne obscure, et vivent de très bon accord. Elles sont nommées Clotho, Lachésis, Atropos. Lachésis, la plus jeune, tient une quenouille qui représente la des­tinée des hommes; Clotho file, et Atropos coupe le fil, quand le moment de la mort est venu. La première pré­side à la naissance, la seconde à la vie, et l'autre donne la mort en cou­pant le fil. Elles suivent les ordres du Destin : et on les nommait aussi Gardiennes des Archives des Dieux. Voyez les Fables Egyptiennes et Grec­ques, liv. 3, chap. 6 et liv. 4, ch. 3.

Parthenia ou Parthenos. Surnom de Minerve.

Partie avec Partie. Mélange d'or et d'argent. Paracelse.

Partie Une. Magistère au rouge.

Pasiphaé. Fille du Soleil et de Perséis, et femme de Minos, Roi de Crète. Elle devint amoureuse d'un taureau, et Dédale lui procura les moyens de satisfaire sa passion. Elle en conçut un monstre qui fut nommé Minotaure;
Minos le renferma dans le labyrinthe que Dédale avait construit, et Thésée tua ce monstre. Voyez minos, thé­sée, minotaure.

Passerina. Plante connue sous les noms Alcine, Morgeline.

Passif. Qui semble ne pas agir, qui reçoit l'action de l'agent. Les Philoso­phes se servent quelquefois de ce terme au lieu de celui de patient, qui veut dire la même chose. Voyez pa­tient.

Pater Metallorum. C'est le soufre, ainsi nommé de ce que les Philoso­phes Hermétiques disent que le mer­cure est la femelle et la mère des mé­taux, et que le soufre en est le père, à cause de sa qualité chaude et coa­gulante.

Patience. L'ouvrage de la pierre est, disent les Sages, un ouvrage de pa­tience, à cause de la longueur du temps et du travail qu'il faut pour le conduire à sa perfection. C'est pour­quoi Géber dit que nombre d'Artistes l'ont abandonné par ennui, d'autres par la même raison ont voulu le pré­cipiter, et n'ont pas réussi.

Patient. Substance sur laquelle agit une autre substance, pour parvenir à la génération de quelque mixte. Le mer­cure est le patient dans l'œuvre de la pierre, et le soufre avec le feu sont les agents.

Patrocle. Fils de Ménétius et de Sténélé; étant encore enfant, il tua le fils d'Amphidamas, et se sauva dans la Phthie, où Pelée le reçut et le mit avec son fils Achille sous la discipline du Centaure Chiron. C'est de-là que se noua cette liaison intime entre Achille et Patrocle, qui dura jusqu'à la mort de celui-ci. Hector l'ayant tué au siège de Troye, Achille qui avait résolu de ne point combattre pour les Grecs, ne put résister au désir de venger la mort de son ami. Il fit trêve alors avec la colère qu'il avait conçue contre Agamemnon, de ce qu'il lui avait enlevé sa chère Briséis. Thétis lui donna de nouvelles armes à la place de celles qu'il avait prêtées à Patrocle, et qu'Hector lui avait enlevées. Il fit d'abord les funérailles de son ami; et ne cessa pas de combattre qu'il n'eût tué Hector. Voy. les Fables Egyptien­nes et Grecques dévoilées, liv. 6.
Pauladada ou Pauladadum. Espèce de terre sigillée qui se trouve en Ita­lie.

Pavot des Philosophes. Pierre parfaite au rouge, ainsi nommée de ce qu'elle a la couleur des pavots des champs.

Pédase. L'un des chevaux d'Achille, né de Zéphyr et de la cavale Podange; c'est pourquoi Homère dit que sa course égalait celle du vent.

Peganum. Plante appelée Rhue.

Pégase. Cheval ailé, né, selon les uns, de Neptune et de Méduse, et, suivant les autres, du sang seul de Méduse, sorti par la blessure que lui fit Persée. Pégase s'étant envolé sur le Mont Hélicon, y frappa du pied un rocher, d'où il sortit aussitôt une fontaine qui fut nommée Hippocrene. Pallas donna Pégase à Bellérophon, pour aller combattre la Chimère, et par son moyen il la vainquit. Voyez méduse, bellérophon.

Pegernus. Mercure des Sages.

Pelée. Fils d'Eaque et de la Nymphe Egine, épousa Thétis, et la rendit mère d'Achille. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 6, ch. 2.

Pêle de fer. Matière de l'œuvre en putréfaction.

Pélias. Fils de Neptune et de Tyro, frère d'Eson, Roi de Thessalie, con­çut une grande aversion contre Jason son neveu, et l'envoya à la conquête de la Toison d'or, pour l'exposer à périr, et se défaire de lui. Pélias fit mourir Eson. Méduse, pour venger Jason contre Pélias, engagea les filles de ce dernier à le couper en morceaux, et à les faire cuire dans un chaudron, les ayant persuadé qu'il ressusciterait plus jeune et dans toute sa vigueur. Elles le firent, mais il ne ressuscita pas. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques, liv. 2, ch. 1.

Pélion. Montagne de Thessalie, ap­pelée aussi Ossa, dont voyez l'article.

Pellicule. Matière de l'œuvre pendant qu'elle est en putréfaction, ainsi nom­mée de ce qu'il se forme une pellicule sur sa superficie, noire et luisante comme de la poix fondue.

Pélops. Fils de Tantale et de Taygette, fut servi cuit dans le repas que son père fit aux Dieux. Cérès fut la seule qui ne s'en aperçut pas; elle en déta­cha une épaule qu'elle mangea. Les Dieux, par pitié pour Pélops, le res­suscitèrent, et lui donnèrent une épaule d'ivoire à la place de celle que Cérès avait mangée.
Pélops devenu grand, fut à la Cour d'ŒnomaUs, et combattit contre lui à la course du chariot, pour avoir sa fille Hippodamie en mariage. Cet Amant avait gagné Myrtile, cocher d'Œnomaiis, qui ajusta son char de manière qu'il se brisa dans la course, et Œnomaùs se tua. Pélops épousa Hippodamie, et en eut Atrée et Thyeste. Voyez les Fables Egyptien­nes et Grecques dévoilées, liv. 4, ch. 6 et liv. 6, Fatalité 4.

Peludo. Miel cuit.

Pénée. Fils de l'Océan et de Thétis, était un fleuve de Thessalie; il épousa Creuse, dont il eut Iphéus et Stilbia. Apollon eut de cette Nymphe Centaurus et Lapithus. Voyez centau­res.

Pénélope. Fille d'Icare et de Péribée, eut Pan de son commerce avec Mer­cure.
Elle épousa Ulysse, et devint le modèle de la chasteté conjugale. Harcelée sans relâche par nombre d'amans qui lui faisaient la cour pen­dant qu'Ulysse était au siège de Troye, et son absence assez longue, qui en fut une suite, elle leur promit de con­sentir à leurs désirs aussitôt qu'elle aurait fini une toile qu'elle avait com­mencée; mais la nuit elle défaisait ce qu'elle avait tressé pendant le jour. Elle continua ce manège jusqu'au retour d'Ulysse, qui les fit tous périr. Avant le siège de Troye, Pénélope avait eu d'Ulysse un fils nommé Télémaque.
L'histoire de Pénélope est le por­trait des opérations des mauvais Artis­tes, qui ne suivent pas la véritable voie qui conduit à la perfection de l'œuvre, et qui détruisent le soir les opérations du matin. Ulysse est le mo­dèle des bons Artistes, qui détruisent à leur arrivée les opérations et les procédés mal concertés des mauvais Artistes. L'Odyssée d'Homère est l'exposé des erreurs où ils tombent à chaque pas qu'ils font; et l'Iliade, ou l'histoire de la guerre de Troye, est la description de la conduite qu'il faut tenir comme Ulysse, pour parvenir au but que se propose un véritable Philo­sophe. Voy. les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 6.

Pentacules. Ce sont des espèces de sceaux, sur lesquels sont gravés des signes, des traits, des caractères in­connus, qu'on dit avoir une propriété admirable pour guérir les maladies pour lesquelles on les fait. Ils sont composés des métaux qui ont un rap­port aux signes et aux planètes, sous la domination desquels on les grave. Voyez les Archidoxes de Paracelse.

Pentadactylon. Palma Christi.

Pentamyron. Onguent composé de cinq ingrédients; savoir : de styrax calamité, de mastic, d'opobalsamum, de cire et d'onguent nardique.

Pentapleurum. Grand plantin.
Pentatheton. Onguent ou baume pro­pre à guérir les meurtrissures et les excoriations de la peau.

Pépansis. Cuisson propre à donner de la perfection à une chose, ou à en corriger une qui est gâtée.

Pepantique. Première chaleur requi­se pour digérer la matière de l'œuvre, et la disposer à la putréfaction pour une nouvelle génération.

Pepastique (onguent). Est celui qu'on appelle aussi maturatif, qui dispose et amené une tumeur à la suppuration, en adoucissant et en apaisant la dou­leur, comme si l'on disait, un onguent qui mûrit par la cuisson.

Peplion,

Peplia, Espèce d'ésule, appelée réveille matin des vignes.
Peplus,
peplus est aussi le nom qu'on donnait autrefois à une robe blanche sans manches brochée d'or, sur la­quelle étaient représentés les actions et les combats de Minerve, de Jupiter et des Héros. On la portait en pro­cession comme une bannière, dans les fêtes des Panathénées, ou instituées en l'honneur de Minerve.

Pepsis. Voyez fermentation.

Percer avec la lance ou avec la flè­che, le javelot, etc. C'est cuire la ma­tière de l'œuvre avec le feu philosophi­que, appelé lance, javelot, etc.

Percipiolum. Remède spécifique pour quelque maladie. Blanchard. Planiscampi.

Percolation. Vieux mot qui signifie filtration, pour clarifier une liqueur trouble et limoneuse, en la faisant passer tout doucement à travers un I; papier de trace, ou une étoffe serrée.

Perdicium. Plante appelée Pariétaire.

Perdonium. Vin d'herbe. Planiscampi.

Père. Pierre des Philosophes, parve­nue au rouge, ou leur soufre, appelé père, tant à cause qu'il fait l'office de mâle dans la génération de l'enfant hermétique, que parce qu'il est le prin­cipe et comme le père de la teinture des Sages. Ils disent aussi que le Soleil est le père, et la Lune la mère de la matière de leur pierre. Hermès, Table d'émeraude.

Periamma. Amulette, ou médicament qu'on dit guérir, ou du moins adoucir des maladies, en le suspendant seule­ment au col.

Periaptum. Voyez periamma.

Periclymenum. Chèvrefeuille.

Periclymene. Fils de Nélée, et frère de Nestor. Neptune lui donna le pouvoir de prendre toutes sortes de for­mes, pour se soustraire aux poursui­tes de ses ennemis. Hercule ne s'y laissa pas surprendre; et dans le temps que Periclymene, après avoir blessé Hercule, s'envolait sous la forme d'aigle, Alcide lui décocha une flèche, qui le perça, et le fit périr.

Perimede. Fille d'Eole, épousa le Fleuve Achéloüs, et en eut Hippoda-mus et Orestée.

Periminel. Opération par laquelle on réduit une matière en cendres. L'autre s'appelle Adulphurs quand on la réduit en sable fin. Ces deux opérations réunies se nomment Agasoph.

Periploca. Espèce de convolvulus.

Periphetéa. Brigand d'Epidaure, qui avait une massue pour armes. Thésée en passant par ce pays, fut attaqué par ce brigand. Thésée le combattit, et le tua. Ravi d'avoir gagné cette massue, il la porta toujours, comme Hercule porta la peau du lion de Némée. Voyez thésée.

Peristeron. Verveine, plante que les Anciens appelaient sacrée.

Perle des Chymistes. Rosée du printemps, ainsi nommée de ce qu'elle se réunit en gouttes qui ressemblent à des perles. Quelques Chymistes l'ont re­gardée comme la véritable matière de l'œuvre Hermétique; et comme les Philosophes disent qu'il faut deux ma­tières, l'une mâle, l'autre femelle, ils ont donné le nom de mâle à la rosée d'automne ou du mois de septem­bre, et celui de femelle à celle du mois de mai; parce que disent-ils, celle du printemps participe plus du froid de l'hiver qui l'a précédée, et l'autre de la chaleur et du chaud de l'été.

Péro. Fille de Nélée et de Chloris, fut courtisée de beaucoup d'amans. Nélée déclara qu'il ne la donnerait en mariage qu'à celui qui enlèverait les bœufs d'Hercule, et les lui amènerait. Bias, fils d'Amythaon, l'entreprit, et y réussit, aidé de son frère Mélampe, Bias épousa Péro.

Persée. Fils de Jupiter et de Danaé, petit-fils d'Acrise. Celui-ci ayant été averti par l'Oracle que son petit-fils lui ôterait la vie, il fit enfermer Danaé sa fille dans une tour d'airain, afin de la mettre à l'abri des poursuites des hommes. Jupiter ayant été épris des charmes de Danaé, se glissa dans la tour sous la forme d'une pluie d'or. Danaé se laissa gagner, et devint enceinte. Acrise s'étant aperçu de la grossesse de sa fille, la fit enfermer, avec le fils qu'elle avait mis au monde, dans un coffre de bois, qu'il fit ensuite jeter à la mer. Les vagues jetèrent ce coffre sur les bords de l'île de Sériphe, où régnait Polydecte; Di-tys son frère péchait alors, et retira le coffre dans son filet. Il l'ouvrit, y trouva Danaé et son fils encore vivans; et ayant appris leur histoire, il les mena au Palais, où Polydecte les traita avec toutes sortes d'humanités. Ce Roi ne tarda pas à sentir les impressions des appas de Danaé, et la sollicita avec toutes les instances possibles à satis­faire ses désirs amoureux. Danaé fut toujours rebelle; et Polydecte n'osant employer la force à cause de Persée, qui était toujours avec sa mère, il envoya ce jeune homme pour combat­tre Méduse, et lui en apporter la tête. Persée se mit en devoir d'exécuter cette entreprise périlleuse, et obtint pour cet effet le bouclier de Minerve, avec un miroir, les talonnières ailées de Mercure, et uni cimeterre dont ce Dieu lui fit aussi présent; Pluton lui donna un casque et un sac. Avec tout cet attirail, Persée allait, dit Hésiode, aussi vite que le vent, et volait aussi légèrement que la pensée. Il parvint aux Gorgones, et d'un coup de cime­terre il coupa la tête à Méduse, et la présenta à Minerve, qui lui avait guidé le bras. Du sang sorti de la plaie na­quit Pégase, sur lequel Persée monta; et volant à travers la vaste étendue des airs, il eut occasion d'éprouver la vertu de la tête de Méduse avant son retour vers Polydecte. Andromede avait été exposée, attachée à un rocher sur le bord de la mer, pour être dévo­rée par un monstre marin. Persée qui l'aperçut, présenta la tête de Méduse au monstre, le tua, délivra Andromède, et l'épousa. Ce Héros passa de là en Mauritanie, où il changea Atlas en cette montagne qui porte encore son nom. Arrivé à Sériphe, il fit éprou­ver à Polydecte la vertu de la tête de Méduse, et le convertit en rocher. Persée fut ensuite à Larisse, où il trouva Acrise son aïeul; et y ayant institué des jeux et des réjouissances publiques pour marquer la joie qu'il avait de revoir ce pays, il jeta mal­heureusement son palet sur Acrise, qui périt de la blessure. Persée mou­rut enfin, et fut placé dans la constel­lation qui porte son nom. Voyez l'explication des circonstances de la vie de ce Héros dans les Fables Egyp­tiennes et Grecques dévoilées, liv. 3, ch. 14, § 3.

Perséphone. Voyez proserpine.

Petigo. Plante appelée Hépatique des bois.

Peucé. Arbre nommé Pin.

Peuplier. Arbre consacré à Hercule, parce qu'il en cueillit quelques bran­ches, en allant aux Enfers pour déli­vrer Thésée. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 5, ch. 22.

Phacé. Lentille, espèce de légume.
Phaedre. Voyez phedre.

Phaëton. Fils du Soleil et de la Nym­phe Clymene; s'étant offensé de ce qu'Epaphe, fils de Jupiter, lui repro­chait qu'il n'était pas fils du Soleil, Clymene lui conseilla, pour le prou­ver, d'aller trouver le Soleil, et de lui demander la permission de conduire son char un jour seulement. D fut donc trouver le Soleil, et lui fit tant d'instances pour l'engager à lui pro­mettre de lui accorder une grâce qu'il voulait lui demander, que le Soleil lui jura par le Styx de ne pas la lui refu­ser. Phaëton s'expliqua, et le Soleil lui accorda la conduite de son char, après avoir fait son possible pour le détourner de cette folle entreprise, et lui avoir donné toutes les instructions nécessaires pour éviter le péril qui le menaçait. A peine Phaëton eût-il pris les rênes, que les chevaux du Soleil sentant une main moins propre à les conduire, coururent à leur fantaisie, ne prenant pas le chemin ordinaire, s'approchèrent trop de la terre. Cérès craignant un embrasement total porta ses plaintes à Jupiter, qui ; foudroya aussitôt Phaëton, et le précipita dans le fleuve Eridan. Voyez ('explication de cette Fable dans les blés Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 3.

Phaétuse. L'une des filles d'Apollon et de Clymene, sœur de Phaëton. Lampétie son autre sœur, avec Phaëtide, pleurèrent si amèrement le malheureux sort de leur frère, que les Dieux, touchés de compassion, les convertirent en peupliers.

Phagedena. Ulcère rongeant, ce qui a fait appeler Phagedenica les onguents propres à ronger les chairs superflues.

Phallus. Représentations des parties du corps d'Osiris, qu'Isis ne put trou­ver. Voyez osiris. On portait cette représentation dans les solemnités ins­tituées en leur honneur, et parmi les Grecs dans celles de Bacchus. Voyez ; orgies, et les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 1 et 4, ch. 1.

Phanlec. Fer appelé Mars.

Phasis. Fleuve de la Colchide, dans lequel passèrent les Argonautes. Voy. le chap. 1 du liv. 2 des Fables Egyp­tiennes et Grecques dévoilées.

Phébns. Voyez apollon.

Phèdre. Fille de Minos, et femme de Thésée, devint éperdument amou­reuse de son fils Hippolyte. Ne pou­vant le faire consentir à sa passion, elle l'accusa auprès de Thésée d'avoir voulu attenter à son honneur. Thésée ayant ajouté foi trop imprudemment, chassa Hippolyte de sa maison, et pria Neptune son père de le venger de l'affront que ce fils avait voulu lui faire. Hippolyte se retirait sur son char, lorsqu'un monstre marin fit peur à ses chevaux, qui prirent le mors aux dents, brisèrent le char à travers les rochers, et firent périr Hippolyte. Phèdre reconnut sa faute, et se pendit de désespoir. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dév., liv. 5, ch. 22.

Phellodrîs et Phellos. Liège.

Phénix. Oiseau fabuleux consacré au Soleil. Les Egyptiens feignaient que cet oiseau était rouge, qu'il était uni­que dans le monde, et que tous les cent ans il venait dans la ville du Soleil, où il se fabriquait un tombeau d'aromates, y mettait le feu, et renais­sait de ses cendres. Le phénix n'est autre que le soufre rouge des Philo­sophes. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dév., liv. 6, ch. 5, Fatalité première.
phenix. Fils d'Amintor, fut maudit par son père pour avoir eu com­merce avec une de ses concubines, à la persuasion de sa mère. Phénix se retira chez Pelée père d'Achille, et devint le Mentor de ce dernier. Il l'accompagna à la guerre de Troye, et y commandait les Dolopes. Il devint enfin aveugle, comme le dit Homère au premier livre de l'Iliade. Voy. les Fables Egypt. et Grecq. dév., liv. 6.

Pherephata. Nom de Proserpine. Voyez ce qu'il signifie, liv. 4, chap. 3 des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Pheres. Fils de Jason et de Médée, fut égorgé par sa mère pour se ven­ger de ce que Jason l'avait abandon­née pour en épouser une autre.

Philadelphus. Apparine, glouteron.

Philanthropes. Voyez philadelphus.

Phileto. Une des Hyades. Voyez hyades.

Philoctete. Fils de Pœan, était si intime ami d'Hercule, que ce héros en mourant sur le Mont Œta, lui fit présent de son arc et de ses flèches, teintes du sang de l'Hydre le Leme, après l'avoir obligé par serment de ne révéler à personne le lieu de sa sépulture, ni l'endroit où il aurait dé­posé ses flèches. L'Oracle consulté sur l'événement de l'entreprise du siège de Troye, ayant déclaré que cette ville ne pouvait être prise sans qu'on fît usage des flèches d'Hercule, les Grecs découvrirent que Philoctete en était le dépositaire. Il était ami des Troyens; par conséquent difficile de le déterminer à fournir quelque cho­se à leur désavantage. Ulysse fut choisi pour l'y engager, et il y réussit. Philoctete ne voulant pas violer son serment, montra seulement du pied le lieu où étaient ces flèches. Ulysse l'engagea même à se joindre aux Grecs; mais en chemin faisant, Phi­loctete laissa malheureusement tom­ber une de ces flèches sur son pied, et la blessure forma un ulcère si puant, que les Grecs, par le conseil d'Ulysse, abandonnèrent Philoctete dans l'île de Lemnos. Les Grecs voyant qu'ils ne pouvaient réussir à prendre Troye sans les flèches dont Philoctete était dépositaire, députè­rent de nouveau Ulysse, qui l'amena au siège de la ville. Dès que Philoc­tete fut arrivé, il combattit Paris, et le tua. Après la prise de cette ville, Machaon, fils d'Esculape, et Médecin célèbre, guérit Philoctete avec la rouille de la lance d'Achille. Voyez l'explication de toutes ces circonstan­ces dans les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 6, Fatal. 2.

Philosophe. Amateur de la sagesse, qui est instruit des secrètes opérations de la Nature, et qui imite ses procé­dés pour parvenir à produire des cho­ses plus parfaites que celles de la Na­ture même. Le nom de Philosophe a été donné de tout temps à ceux qui sont véritablement instruits des pro­cédés du grand œuvre, qu'on appelle aussi Science, et Philosophie Herméti­que, parce qu'on regarde Hermès Trismégiste comme le premier qui s'y soit rendu célèbre. Ils prétendent qu'eux seuls méritent à juste titre ce nom respectable, parce qu'ils se vantent d'être les seuls qui connaissent à fond la nature, et que par cette connais­sance ils parviennent à celle du Créa­teur, auquel ils rendent leurs devoirs et leurs hommages avec beaucoup d'attention, d'amour et de respect. Ils disent que cet amour est le premier pas qui conduit à la sagesse, et le recommandent sans cesse à leurs dis­ciples, qu'ils nomment enfants de la Science. Voyez le Discours prélimi­naire, et le Traité hermétique à la tête du premier volume des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.
Cette Philosophie Egyptienne est la source des Fables, et l'origine des Dieux physiques et astronomiques qui sont expliqués dans le Traité que je viens de citer.

Philosophie. Voyez philosophe.

Philtration. Action par laquelle on purifie, on clarifie une liqueur, en séparant le subtil de l'épais, le terres­tre et le grossier du liquide, les fèces de la liqueur. Elle se fait en faisant passer une liqueur à travers un linge, un morceau d'étoffé, ou du papier sans colle.

Philtre. En Chymie vulgaire, c'est un morceau d'étoffé ou de feutre, coupé et cousu en forme de cône creux et renversé, dans lequel on met une li­queur, pour la faire passer à travers, afin de la clarifier. On le fait aussi avec du papier gris, ou du papier sans colle adapté dans un entonnoir. Mais en termes de Chymie hermétique, Philtre signifie mercure philosophique, parce que c'est par son moyen .qu'on sépare le pur de l'impur. Le Philtre est aussi l'Azoth des Sages, qui blanchit le laton ou les corps im-1-mondes, et le dépouille de ses impuretés.

Philtrer. Voyez philtre.
Phinée. Fils de Phénix, Roi de Salmidesse, fut puni d'aveuglement par les Dieux, pour avoir fait crever les yeux à ses enfants. Ils le firent aussi tourmenter par les Harpies, qui enle­vaient ou gâtaient les viandes qu'on lui servait. Calaïs et Zethus le déli­vrèrent de ces, monstres, lorsqu'ils pas­sèrent chez lui en allant à la conquête de la Toison d'or. Phinée, par reconnaissance, enseigna aux Argonautes la route qu'ils devaient tenir, pour arriver heureusement dans la Colchide, et pour s'en retourner dans leur patrie. Voyez tout cela expliqué chimiquement dans les Fables Egyptien­nes et Grecques dévoilées, liv. 2, ch. 1.

Phiole Philosophale. C'est quelque­fois le fourneau des Sages; plus com­munément le vase de terre, ou l'œuf philosophal.

Phionitie. Inimitié naturelle, ou anti­pathie d'un animal ou d'un mixte con­tre un autre, telle que celle des chats contre les souris, des araignées contre les crapauds, des cigognes contre les grenouilles, d'un chien enragé contre l'eau, d'un pôle de l'aimant contre l'autre. Les Philosophes disent que leur Dragon a de la phionitie contre l'eau, et qu'il faut le forcer à en boire et à s'y laver, pour le dépouiller de son écaille vieille et impure. Philal. Rull.

Phison. Soufre des Philosophes ou magistère au rouge.

Phlégéton. L'un des fleuves de l'Em­pire ténébreux de Pluton. Voyez en­fer.

Phlegme. Eau ou vapeur qui s'élève de la matière de l'œuvre, et qui en se cohobant d'elle-même, la blanchit. C'est pourquoi quelques Philosophes ont donné le nom de phlegme au mercure, et à la pierre parvenue à la blancheur.

Phlégyas. Fils de Mars, et père d'Ixion et de la Nymphe Coronis, ayant appris que sa fille avait eu com­merce avec Apollon, il insulta ce Dieu qui le fit périr à coups de flèches. Il fut condamné dans le Tartare à avoir toujours un rocher suspendu sur sa tête. Virgile nous le donne pour le Prédicateur des Enfers.
.... Phlégyas miserrimus omnes Admonet, et magna testatur voce per
umbras. Discite justifiant moniti, et non temnere Divos. AEneid. lib. VI. Inutile sermon, fait à des gens qui ne peuvent plus en profiter.
L'histoire de Phlégyas n'est qu'une allégorie que l'on trouve expliquée dans les Fables Egyptiennes et Grec­ques dévoilées, liv. 3, ch. 12 et liv. 5, ch. 22.

Phlogium. Espèce de violettes, ainsi nommées de ce qu'on voit sur leurs fleurs quelques traits de couleur de feu.

Phlogistique. (Chymie) Feu fixé et devenu principe des corps. C'est la ma­tière inflammable, ou soufre principe. Le phlogistique dans les métaux fait l'union de leurs parties, puisqu'ils se convertissent en chaux dès qu'ils en sont privés, et qu'on les réduit en­suite à leur premier état en y ajoutant de nouveau phlogistique. De cette quantité de phlogistique plus ou moins grande ou du degré de cohésion des principes des métaux, l'on peut réduire leur valeur relative, indépendante de celle que l'opinion leur attribue; car plus ces substances résistent au feu, plus elles ont de solidité, plus leur poli est éclatant. C'est donc de cette ré­sistance que dépend le prix des mé­taux, et non de leur rareté ou de leur abondance. Aussi l'or que le feu ne peut dompter, et qui paraît avoir le moins de phlogistique qu'il est possi­ble pour l'union de ses parties, est-il regardé comme le premier des métaux. L'argent que le feu ne pénètre qu'avec la plus grande difficulté, à moins qu'on n'y ajoute du plomb, du borax, ou quelque sel alkali, succède immédiate­ment à l'or. Viennent ensuite le cuivre, le fer, l'étain, le plomb, le bismuth et le zinc. Au reste, par cette résistance il ne faut pas entendre celle que ces mé­taux opposent à leur fusion, mais la confiance avec laquelle ils persistent dans leur état de fusion, avec le plus ou moins d'évaporation et de déchet;
ou, si l'on veut, la difficulté plus ou moins grand qu'ils ont à se convertir en chaux ou en scories : sans cela on attribuerait une plus grande valeur au fer qu'à l'argent, ou au cuivre, puis­qu'il résiste bien plus à la fusion que ces deux métaux. L'excès de phlogisti­que produit dans les métaux le même effet que son défaut. Ils rendent l'un et l'autre les matières minérales dures et intraitables au feu.
Le phlogistique se trouve dans tous les individus de la Nature. Dans l'ani­mal ce phlogistique abonde dans les parties graisseuses ou huileuses et qui sont les plus susceptibles d'inflamma­tion. M. Wipacher (Dissertation impri­mée parmi les Elémens de Chymie de Boerhave) regarde les esprits animaux comme une matière ignée, à laquelle il donne de nom de Phlogistique auto­mate.
Ce feu a été connu des anciens comme des modernes, particulièrement des Philosophes Hermétiques, qui en ont presque toujours parlé par allégo­ries et par métaphores, et lui ont pres­que toujours donné les noms des divers feux employés dans les opérations de la Chymie vulgaire. Voyez à cet égard le traité de Physique générale, à la tête des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Phœbus. Surnom d'Apollon. Voyez son article.
phœnix est aussi un des noms du palmier qui porte des dattes.

Phorbas. Chef des Phlégiens, tuait et massacrait tous ceux qui lui tom­baient sous la main. Apollon le vain­quit et le fit mourir.

Phorcys. Fils de Neptune et de la Terre, devint père des Gorgones, Stheno, Euryale et Méduse. V. gor­gones.

Phorgis. V. phorcys.

Phosphore ou Porte-lumière. Est un des noms que les Philosophes ont donné au petit cercle blanc qui se forme sur la matière de l'œuvre quand elle commence à blanchir. Ils l'ont ainsi appelé, parce qu'il annonce la blancheur qu'ils ont nommée lumière.
Phryxus. Fils d'Athamas et de Néphélé, voulant se soustraire avec Hellé sa sœur, aux embûches que leur ten­dait Ino leur belle-mère, prirent le parti de se sauver en Colchide, et mon­tés l'un et l'autre sur un mouton, ils s'exposèrent aux vagues de la mer. Hellé épouvantée, tomba et se noya. Phryxus aborda heureusement en Col­chide, où il consacra son mouton à Jupiter, d'autres disent à Mercure, d'autres à Mars. C'est la toison de ce mouton qu'on appela dans la suite la Toison d'or, pour la conquête de laquelle Jason et les autres Argonautes s'exposèrent à tant de dangers. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, îiv. 2, chap. 1 et liv. 4, chap. 9.

Phta. Dieu des Egyptiens, le même que Vulcain.

Phtarticum. Médicament propre à corrompre les chairs et à les faire venir ? à suppuration.

Phteiroctonon. Staphisagria ou Herbe aux poux.

Phthora. Le même que Staphisagria.

Phthirion. Herbe aux poux.

Phu ou Phy. Valériane.

Phyllire. Nymphe aimée de Saturne, de laquelle il eut le Centaure Chiron. Voyez chiron.

Phyllytis. Espèce de scolopendre.

Phyllum. Mercuriale. Blanchard.

Physalis. Fleurs de lupin.

Physalos. Crapaud.

Phyteuma. Est une espèce de plante de la classe des linaires. Blanchard.

Pied. Couper les pieds à Mercure; ex­pressions qui veulent dire, fixer sa volatilité. Les Philosophes ont souvent employé ces expressions, et Abraham Juif a représenté hiéroglyphiquement dans sa première figure un Vieillard ailé, la bouche béante, et une faux à la main, qui paraît en action pour cou­per les jambes à un jeune homme sous la figure de Mercure.

Piérie. Contrée de la Macédoine, où les Muses habitaient; ce qui leur fit donner le nom de Piérides.

Pierre. Se dit, en termes de Science Hermétique, de tout ce qui est fixe, et ne s'évapore point au feu.
pierre que Saturne avala, et ren­dit ensuite. Ne signifie autre chose que la matière fixe de l'œuvre qui se trouve dissoute et confondue avec la volatile pendant la putréfaction appelée Sa­turne. Il la vomit, dit la Fable, et elle fut déposée sur le mont Hélicon, parce qu'après la putréfaction et la dissolu­tion, cette matière volatilisée se fixe de nouveau, et redevient pierre; c'est pourquoi la Fable dit que Saturne fut obligé de la vomir.
Cette pierre devint très célèbre dans l'Antiquité : les Latins, suivant Priscien le Grammairien, la nommaient Abadir; et les Grecs, si nous en croyons Hésychius, Bœtylos. On les croyait animées, et on les consultait comme les Théraphims. Ces pierres étaient rondes et d'une médiocre gran­deur. Isidore, ainsi qu'on le voit dans sa Vie écrite par Damascius, disait qu'il y avait des Baetyles de différentes sortes, que les uns étaient consacrés à Saturne, d'autres à Jupiter ou au So­leil, etc. Voyez saturne.
pierre philosophale. Résultat de l'œuvre Hermétique, que les Philoso­phes appellent aussi Poudre de projec­tion. On regarde la pierre philosophale comme une chimère pure, et les gens qui la cherchent sont regardés comme des fous. Ce mépris, disent les Philo­sophes Hermétiques, est un effet du juste jugement de Dieu, qui ne permet pas qu'un secret si précieux soit connu des médians et des ignorants. Les plus célèbres et les plus savants Chymistes modernes non seulement ne regardent pas la pierre philosophale comme une chimère, mais comme une chose réelle. Beccher, Stalh et nombre d'autres l'ont défendue et soutenue contre les assauts répétés de l'ignorance, et des gens qui pour l'ordinaire s'élèvent contre elle sans en connaître autre chose que le nom. Voyez le Discours préliminaire du Traité des Fables Egypt. et Grecq. dévoilées. Voyez alchymie.
pierre adiz. Sel armoniac des Sa­ges.
pierre animale. Sang humain. On a aussi donné ce nom aux différentes espèces de Bézoarts.
pierre arabique. Rulland prétend que c'est le Talc, qu'on appelle aussi Pierre spéculaire, Pierre à la Lune, Glace de Marie. Voyez Pline, liv. 36, c. 22.
pierre. Les Sages ont donné ce nom à leur matière dans bien des cir­constances où elle se trouve, selon son plus ou moins de cuisson et de perfec­tion. Philalèthe dit dans son Traité de vera Confectione lapidis Philosophie!, que les termes de pierre, pierre unique, ne signifient que la matière des Sages poussée au blanc par la cuisson philo­sophique.
Il y a trois sortes de pierres. La pierre du premier ordre est la matière des Philosophes parfaitement
purifiée et réduite en pure substance mercurielle. La pierre du second ordre est la même matière cuite, digérée et fixée en soufre incombustible. La pierre en­fin du troisième ordre, est cette même matière fermentée, multipliée et pous­sée à la dernière perfection de teinture fixe, permanente, et tingente. Triom­phe Hermétique.
pierre atticos. Voyez. pierre borique.
pierre bénite. Voyez pierre par­faite.
pierre borique. Lapis Borricus. Nom que les Sages ont donné à leur matière au blanc. D'autres l'ont appe­lée Pierre Atticos. Pandulphe, Discours 21, dans la Tourbe; et Lucas, Disc. 22, l'ont nommée Aiar.
pierre d'argent. Mercure des Phi­losophes après qu'il a été animé; c'est-à-dire, qu'il a reçu son âme et son esprit; ce qui se fait quand la matière parvient à la blancheur.
pierre de bacchus ou de denys. Est une pierre dure, noire et marquée assez souvent de taches rouges. Pline, Solinus et Albert disent qu'étant broyée et infusée dans l'eau, elle lui donne l'odeur et le goût du vin, et qu'elle empêche l'ivresse ou la guérit. C'est de là qu'elle a pris son nom.
pierre de chérubim. Soufre des Sages.
pierres d'hirondelle. Lapis Chelïdonis. Petites pierres de la grosseur et de la forme d'une graine de lin. Dioscoride dit qu'on les trouve dans le ventricule des petites hirondelles, quand la Lune est au croissant. On en trouve ordinairement deux différentes en couleurs. Pline dit qu'elles sont rou­ges et mêlées de taches noires d'un côté, et de l'autre toutes noires. Les Anciens leur attribuaient de grandes propriétés, mais qui ressentent un peu la fable.
pierre de la lune. C'est le Talc, si nous en croyons Avicenne qui en traite fort au long. Mais la pierre de la Lune des Philosophes est la matière de l'œuvre parvenue au blanc.
pierre d'héphestion. Pyrittes.
pierre de médée. C'est l'Hématite noire de Pline, qui en parle dans le 10e chapitre de son 37e livre.
pierre ethesienne. Topaze, ou la matière de l'œuvre parvenue à la cou­leur safranée.
pierre fameuse. En termes de Chymie, n'est autre que le sel d'urine.
pierre de chaux. Se dit aussi, en termes de Chymie, des scories du cui­vre. Rullandus.
pierre (la grande). C'est la pierre philosophale.
pierre dorée. Se dit de l'urine même, en termes de Chymie. Rull.
pierre de montagne. C'est la Tor­tue, et le Rebis des Alchymistes.
pierre et non pierre.
Les Philosophes Hermétiques ont donné ce nom à leur magistère parfait, et non à la matière dont ils le font, comme quel­ques Chymistes le pensent mal à propos. Ils ne l'ont point appelé pierre, de ce qu'il ait aucune ressemblance aux pierres, mais parce qu'il résiste aux atteintes du feu le plus violent, comme les pierres. C'est une poudre impalpable très fixe, pesante et de bonne odeur, ce qui l'a fait nommer poudre de projection, et non pierre de projection.
pierre de toutes couleurs.
Quelques Chymistes ont donné ce nom au verre. Manget.
pierre etoilêe. Soufre des Philosophes.
pierre indienne. Magistère au rouge.
pierre indrademe, pierre lazul. Voyez pierre indienne.
pierre lunaire. Magistère au blanc.
pierre minérale. Mercure des Sa­ges après la conjonction de l'esprit et du corps, c'est-à-dire, lorsque la ma­tière commence à se fixer.
pierre parfaite. Elixir au rouge.
pierre prédite. Magistère au blanc.
pierre ronde. Matière parvenue à la blancheur.
pierre rouge. Soufre des Philoso­phes.
pierre sanguinaire. Eau sèche des Philosophes, qui change les corps en esprits. Elle est la vertu du sang spiri­tuel, sans lequel on ne peut rien faire. Artéphius. Flamel en parie aussi à l'oc­casion de sa figure hiéroglyphique, où il représente des enfants que les soldats égorgent, et desquels ils mettent le sang dans un baquet où le Soleil et la Lune viennent se baigner. Il dit à ce sujet, que ce serait une chose impie et tout-à-fait déraisonnable de se servir du sang humain, ni d'aucun animal, pour faire l'œuvre; et il assure clairement qu'il ne parle dans cette circonstance que par allégorie. La pierre est vile, et doit être faite avec la semence des métaux; mais elle est précieuse par ses effets admirables sur les infirmités des trois règnes de la Nature.
pierre solaire. Soufre rouge, ou magistère au rouge. Ces soufres sont une production de l'Art, et non de la Nature; en vain les Chymistes les cher­chent-ils sur ou dans la terre, comme une chose qu'elle produit. Elle donne seulement la matière dont on les fait, comme elle donne le grain dont on fait le pain.
pierre verte. Matière des Philo­sophes en putréfaction. Elle est appe­lée verte, parce qu'elle est encore crue, et n'a pas acquis par la digestion le degré de sécheresse et de perfection qu'il lui faut.
pierre unique. C'est l'élixir par­fait, qui est unique, parce qu'il n'y a point de mixte dans le monde qui lui soit comparable pour ses propriétés.
pierre qui naît sagement en l'air. C'est la matière de l'œuvre, dont Her­mès a dit : le vent ou l'air l'a portée dans son ventre. Elle naît dans la subli­mation; car s'il n'y avait pas d'air dans le vase, la volatilisation ne pourrait se faire, et le vaisseau risquerait de se briser. Elle y renaît même plusieurs fois, parce que le fixe doit être vola­tilisé à chaque opération, que Morien appelle disposition. L'humide radical est la base des mixtes des trois règnes, et le principe de leur vie, parce qu'il a toujours en lui le feu qui anime tout. La pierre est composée de l'humide ra­dical des métaux, comme le plus fixe; c'est pourquoi elle opère tant de mer­veilles, en fortifiant la nature, et en réparant ses pertes, ce que les aliments ne peuvent faire que très imparfaite­ment.
Quand on dit que la pierre contient toutes choses, et que toutes choses sont d'elle et par elle, c'est parce qu'étant l'humide radical de tout, elle en est le principe.
pierre citrine. Ouvrage de la pierre poussé à la couleur de topaze.
pierre premiere. Magistère au blanc avant la multiplication, c'est-à-dire, le premier soufre de l'œuvre, la Lune des Philosophes.
pierre seconde. Soufre des Sages, leur minière de feu céleste.
pierre de paradis. Poudre de pro­jection, le miracle de l'Art et de la Nature. Quelques-uns ont donné ce nom au mercure des Philosophes.
pierre animale, VÉGÉTALE ET minérale. C'est l'élixir parfait, com­posé de la quintessence des trois rè­gnes. Non qu'il faille pour la composer, prendre une chose de chaque règne; mais parce qu'elle en est le principe, et qu'elle est médecine propre à guérir leurs infirmités, et à les pousser au degré de perfection dont ils sont capa­bles. Il ne faut pas confondre les ter­mes de Pierre des Philosophes avec ceux de Pierre Philosophale. La pre­mière doit s'entendre de la matière de l'œuvre, et la seconde de l'œuvre dans sa perfection.
pierre de touche. Battus fut changé en pierre de touche par Mer­cure, pour avoir eu l'indiscrétion de dire où Mercure avait mis les bœufs d'Admete, qu'il avait volés pendant qu'Apollon les gardait. V. battus.

Piler. Voyez cuire.
Pilizenii. Poils blancs de la queue du lièvre. Planiscampi.

Pilos. Argile.

Pinang. Areca.

Pinde. Montagne de la Thessalie, con­sacrée à Apollon et aux Muses. Voyez muses.

Pirithoiis. Fils d'Ixion, lia une étroite amitié avec Thésée. Il lui aida à enle­ver Hélène, à condition que Thésée lui prêterait son bras pour se procurer aussi une femme. Les noces de Piri­thoiis, qui voulait épouser Hippodamie, furent troublées par les Centaures; Thésée vengea son ami. Ils concertè­rent ensuite d'aller aux Enfers enlever Proserpine, femme de Pluton. Ce Dieu se saisit d'eux, et les fit lier dans l'en­droit même où il les avait fait arrêter. Hercule ayant été envoyé par Eurysthée pour enlever le chien Cerbère, rencontra son ami Thésée, et le déli­vra de sa captivité; il y laissa Pirithoiis, parce qu'il ne put obtenu: sa liberté de Pluton. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 5, ch. 22. On écrit aussi Pyrithoiis.

Pirittes ou Pyrites. On donne ce nom à toutes sortes de marcassites, qu'on distingue en particulier par le nom du métal qu'elles contiennent; comme chrysites de l'or, argyrites de l'argent, sidérites du fer, chalcites du cuivre, molybdites du plomb.

Piso. Mortier.

Pissasphaltos. Asphalte, bitume des Indes.

Pissasphaltus. Asphalte.
Pisseleon. Poix.

Pitys. Arbre appelé Pin.

Pityusa. Esule.

Planètes. Les Egyptiens commencè­rent les premiers à diviniser les planètes, suivant le sentiment des My­thologues. Mais les Philosophes Her­métiques prétendent que les Prêtres d'Egypte ne pariaient que par allégo­ries, quand ils donnaient les planètes pour des Divinités, sous les noms dïsis pour la Lune, d'Osiris pour le Soleil, de Jupiter pour l'astre qui porte ce nom, et ainsi des autres, comme on peut le voir dans les Fables Egyptien­nes et Grecques dévoilées. L'objet d'Hermès Trismégiste était de voiler sous une allégorie, l'œuvre qu'on appelle Hermétique, sa matière et ses procédés. Il imagina un rapport des métaux avec les sept planètes, et leur donna les mêmes noms qui leur sont demeurés jusqu'à nos jours. C'est pourquoi les planètes des Chymistes sont les métaux vulgaires, et les pla­intes des Philosophes sont les métaux philosophiques. La matière parvenue à la couleur noire par la putréfaction, est leur Saturne ou leur plomb; la couleur grise qui succède à la noire est leur Jupiter ou leur étain; la couleur blanche est leur Lune ou argent; la couleur safranée est leur Vénus ou leur Cuivre, de même que la couleur verte; la couleur de rouille de fer est leur Mars ou leur fer, et la couleur rouge-pourprée est leur Soleil ou leur or. Cette succession de couleurs forme leur Zodiaque et leurs saisons. Comme ces couleurs doivent paraître successi­vement et toujours dans le même ordre pour chaque opération, qui se répètent trois fois pour la perfection de l'œuvre, sans y comprendre la multiplication, savoir la fabrique du soufre, celle de la pierre et celle de l'élixir, les Philo­sophes disent communément qu'il faut trois ans pour achever l'œuvre. Ceux qui y comprennent la multiplication, comptent les années par le nombre de fois qu'ils réitèrent chaque opération. Voilà le moyen d'accorder les Philo­sophes dans les contradictions appa­rentes qu'on trouve dans leurs ouvra­ges, quand ils parlent du temps requis pour la perfection de l'œuvre. V. tems.

Platyophtalmon. Antimoine.

Plecmum. Plomb.

Pléiades. Filles d'Atlas et de la Nym­phe Pleïone, au nombre de sept. Orion les poursuivit pendant cinq ans sans pouvoir se concilier leurs bonnes grâ­ces, ni obtenir d'elles aucune faveur. Elles prièrent les Dieux de les garan­tir de ses poursuites, et elles furent transportées au Ciel. Quelques-uns disent qu'elles furent nourrices de Bacchus, et qu'elles se nommaient Electre, Alcyone, Céléno, Maïa, Astérope, Taygete et Mérope. Cette dernière, seule de la constellation qu'elles for­ment, ne paraît plus. Les Poètes fei­gnent que honteuse d'avoir épousé un mortel, elle disparut. D'autres disent que c'est Electre, qui se cacha le visage avec les mains pour ne pas voir la ruine de Troye, et du Royaume qu'elle avait fondé avec Dardanus son époux. Ces sept étoiles paraissent à la tête du Taureau, deux aux cornes, deux aux yeux, deux aux narines, et la septième, beaucoup plus obscure, au milieu du front. Elle commence à se manifester vers le milieu du mois de mai. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 2, ch. 2 et liv. 3, ch. 14, § 3.

Pléione. Fille de l'Océan et de Thétis, épousa Atlas, dont elle eut les Pléiades.

Pleres Archonticum. Poudre céphalique.

Plerotique. (Onguent). Est celui qui rétablit les chairs, et remplit les vides que les ulcères ou blessures ont cou­tume de laisser.

Plisthene. Fils de Pélops et d'Hippodamie, laissa en mourant ses deux enfans Agamemnon et Ménélas sous la tutele de son frère Atrée, qui les éleva comme les siens propres.

Ploma. Bouillon blanc, plante appelée en latin Verbascum.

Plomb. Eau de tous les métaux, selon Paracelse. Le plomb passe pour le plus mou et le plus vil des métaux. Les Chymistes l'appellent Saturne, et les Philosophes Hermétiques le Père des Dieux. Paracelse dit que si les Alchymistes connaissaient ce que con­tient Saturne ils abandonneraient toute autre matière pour ne travailler que sur celle-là. Riplée dit au contraire que de quelque manière qu'on travaille le plomb, il demeurera toujours plomb;
et qu'il ne faut pas prendre le fils dont la mère est sujette à tant d'impuretés. Le plomb des Philosophes, leur Sa­turne, est la matière de l'œuvre parve­nue au noir pendant la putréfaction. Ils l'ont aussi appelée en cet état Plomb noir.
plomb fondu. Même chose que plomb noir.
plomb blanc. Matière parvenue au blanc. Quelques-uns donnent ce nom au mercure Hermétique.
plomb des philosophes. Planiscampi dit que c'est l'antimoine, dont Paracelse distingue deux espèces, l'une qu'il appelle antimoine noir au satur­nien, l'autre antimoine blanc ou Jovial. Artéphius dit qu'il faut prendre l'anti­moine des parties de Saturne; mais il explique ensuite son idée, lorsqu'il dit qu'il appelle antimoine la matière de l'Art, parce qu'elle en a les propriétés. Il pourrait donc bien se faire que Para­celse et les autres qui nomment l'anti­moine comme la matière du grand œu­vre, l'entendissent dans le même sens qu'Artéphius. Il ne faut donc pas se laisser abuser par les noms. Morien avertit lui-même que rien n'a tant in­duit en erreur que les différents noms donnés à la matière et aux opérations.

Pluies d'Or, La Fable fait mention de plusieurs pluies d'or. Jupiter se chan­gea en pluie d'or pour jouir de Danaé renfermée dans une tour. Il tomba une pluie d'or dans l'île de Rhodes quand Minerve naquit du cerveau de Jupiter. Les Anciens ont caché sous le voile de ces fables la volatilisation de l'Or Phi­losophique, qui retombe en forme de pluie sur la matière qui reste au fond du vase. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 2, ch. 7.

Pluton. Fils de Saturne et d'Ops, ayant partagé l'empire du monde avec Jupiter et Neptune ses frères, les En­fers lui échurent. Rebuté et rejeté de toutes les Déesses à cause de sa lai­deur et du lieu ténébreux de son sé­jour, il fut obligé, pour avoir une épouse, d'enlever Proserpine, fille de Cérès, et l'emmena dans les Enfers sur son char traîné par quatre chevaux noirs. Voyez les Fables Egypt. et Grec­ques dévoilées, liv. 4, ch. 3. La porte des Enfers était gardée par un chien à trois têtes qui vomissait du feu, et empêchait les ombres de sortir du Tartare quand elles y étaient entrées. Her­cule enleva ce Cerbère pour obéir à Eurysthée, et Pluton, pour s'en venger, fut combattre Hercule pendant qu'il nettoyait les étables d'Augias. Hercule blessa Pluton, qui se retira dans son Empire ténébreux. Ibid. liv. 5, ch. 8. Pluton fut regardé comme le Dieu des richesses, et tous les animaux qu'on
lui sacrifiait étaient noirs. Ibid. liv. 3, ch. 6.

Plutus. Fils de Jasion et de Cérès, selon Hésiode, fut aussi honoré comme Dieu des richesses. L'ancien Scholiaste d'Hésiode regarde cette généalo­gie comme une pure allégorie, et avec raison, puisque Cérès et Jasion sont deux personnages fabuleux, comme on peut le voir dans les Fables Egyptien­nes et Grecques dévoilées, liv. 4, ch. 2 et 3.

Podalyre ou Podalire. Fils d'Esculape et de Machaon, excella dans la Médecine, et accompagna les Grecs au siège de Troye.

Podarce. Premier nom de Priam, Roi de Troye, reçut la couronne des mains d'Hercule, après que ce Héros eut délivré Hésione exposée à un monstre marin, et tué Laomédon, père de Po­darce. Voyez. priam, et les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 5, ch. 14.
Poètes. Les Poètes ont inventé des personnages et leur ont supposé des crions, non pas pour imaginer les fa­des pures et sans objet, comme pourraient l'être des contes de Fées; mais pour instruire, soit de la Morale, soit de la Physique. Beaucoup de Mythologies prétendent voir dans Homère et autres Anciens l'histoire des siècles, qu'ils appellent cependant fabuleux; mais s'ils étaient de bonne foi, ils avoueraient qu'il n'est pas possible pie combiner les événements que les poètes rapportent, de manière à en aire une histoire suivie. M. l'Abbé Banier, après avoir recueilli tout ce qu'ont dit les Auteurs à cet égard, a essayé de rapporter toutes les fables à l'histoire, et a fait trois gros volumes pour les expliquer conformément à ce système; mais les contradictions perpé­tuelles, et les anachronismes qu'on trouve presque à chaque chapitre, prouvent bien que ce système ne peut se soutenir, et que les Poètes n'ont pu avoir l'histoire pour objet. La confor­mité des fables Grecques avec celles des Egyptiens, dont elles ne sont qu'une imitation, suffirait pour faire abandonner ce système. Les Philoso­phes Hermétiques mieux instruits, ce semble, du véritable objet des fables Egyptiennes, ont expliqué les Poètes Grecs par la Philosophie Hermétique, c'est-à-dire Homère et Hésiode; car Homère avait puisé ses fables en Egypte, et les autres Poètes ont puisé les leurs dans ce Prince de la Poésie. Hermès était l'Auteur de ces fables; il était donc naturel de les expliquer par Hermès même, ou par ceux qu'il avait initiés dans les mystères de son art. C'est pourquoi on trouve les fables si souvent rappelées dans les ouvrages Hermétiques. Je les ai expliquées con­formément à leurs idées dans mon Traité des Fables Egyptiennes et Grec­ques dévoilées; ce qui fait que je ren­voie le lecteur à ces explications, parce que ça Dictionnaire n'en est, à proprement parler, qu'une Table raisonnée.
Poids. Tout l'art consiste, selon les Philosophes, dans les poids et propor­tions des matières. Qu'on ne s'alambique pas l'esprit pour trouver ces poids. Je leur réponds, dit Trévisan, qu'aux lieux de la minière, il n'y a nul poids; car poids est quand il y a deux choses. Mais quand il n'y a qu'une substance, il n'y a point de regard au poids; mais le poids est au regard du soufre qui est au mercure : car l'élément du feu qui ne domine point au mercure crud, est celui qui digère la matière. Et pour ce, qui est bon Philosophe, sait com­bien l'élément du feu est plus subtil que les autres, et combien il peut vaincre en chacune composition tous les autres éléments. Et, ainsi le poids est en la composition première élémentale du mercure, et rien autre chose. Phil. des Met.
Il ne s'agit donc pas de peser les matières pour faire le mercure des Philosophes, puisque la Nature y met elle-même les proportions requises. C'est dans le second et le troisième œuvre où les poids sont à observer, afin que le volatil puisse au commen­cement surmonter le fixe et le volatili­ser, et que le fixe puisse dominer à son tour. Car tout l'art consiste à dis­soudre et à coaguler, à volatiliser et à fixer.
Les Philosophes ont aussi appelé Poids, le procédé requis dans les opé­rations. Voyez disposition.

Poil humain. Quelques Philosophes ont donné ce nom à leur mercure dis­solvant, ce qui a fait penser à quelques Artistes que les cheveux et le poil humains étaient la matière de l'œuvre. Ils n'avaient pas lu sans doute le Traité de la Philosophie des Métaux de Tré­visan, qui nomme les cheveux et le poil au nombre des choses qui sont exclues de l'œuvre, de même que tout ce qui peut être pris et sort des ani­maux.

Point. Les Philosophes appellent point, punctum, leur magistère au blanc, parce que tout l'œuvre dépend de là. Ils ont dit en conséquence : blan­chissez le laton, et déchirez vos livres. Car lorsqu'on y est parvenu, on est assuré de réussir en continuant seule­ment le régime du feu.

Poisson. Lorsque la matière est par­venue à un certain degré de cuisson, il se forme sur sa superficie de petites bulles qui ressemblent aux yeux des poissons. Voyez yeux.

Polemonium. Plante connue sous le nom de Béen Blanc.
Polir. C'est cuire, digérer la matière de l'œuvre pour la mener à sa perfec­tion.

Poliso. Une des Hyades. V. hyades.

Pollux. Fils de Jupiter et de Léda, frère de Castor, d'Hélène et de CIytemnestre. Pollux était frère jumeau de Clytemnestre. Les deux frères se rendirent très célèbres par de grandes actions, et accompagnèrent Jason à la conquête de la toison d'or. Pollux pendant ce voyage tua Amycus qui dé­fiait les étrangers au combat du ceste. Castor ayant été tué par Lyncée, Pollux obtint de Jupiter qu'il pourrait communiquer son immortalité à Cas­tor, et qu'ils vivraient et mourraient alternativement. Voyez castor.

Polydecte. Roi de l'île de Sériphe, reçut dans son palais Danaé et Persée son fils, qu'Acrise avait exposés aux vagues de la mer pour les y faire périr. Polydecte fut épris des charmes de Danaé; mais il ne put obtenir ses fa­veurs. Persée lui parut un Argus in­commode et redoutable; pour s'en débarrasser il l'envoya chercher la tête de Méduse. Persée obéit malheureuse­ment pour Polydecte, qui sans doute en ignorait les propriétés. Persée la lui présenta à son retour, et Polydecte à cette vue fut converti en rocher. V. persée.

Polygophora. Vins fumeux, ou toutes autres liqueurs qui enivrent.

Polyneuron. Plantain.

Polypharmacon. Remède bon à plu­sieurs maladies.

Polyphême. L'un des Cyclopes, fils de Neptune et de la Nymphe Thoose, selon Homère, était d'une taille mons­trueuse et gigantesque : il n'avait qu'un œil au milieu du front, et était d'un caractère brutal, et fort adonné aux femmes. Il faisait sa demeure dans une grotte des montagnes de Sicile, où il nourrissait beaucoup de bestiaux. Il aimait éperdument la Nymphe Galathée, et tua Acis son rival. Ulysse ayant été jeté par la tempête sur les côtes de Sicile, Polyphême dévora qua­tre de ses compagnons. Ulysse ayant trouvé moyen de l'enivrer, lui creva l'œil avec un tison ardent, et s'enfuit
avec les autres compagnons de ses voyages.

Polypodes. Petits insectes appelés Cloportes, Porcelets.

Polyxene. Fille de Priam et d'Hécube, fut accordée à Achille par Priam. Ils s'assemblèrent dans le temple d'Apol­lon pour faire le mariage; et Paris, frère de Polyxene, s'étant caché der­rière la statue d'Apollon, décocha une flèche à Achille et l'atteignit au talon, seul endroit où il pouvait être blessé. Achille mourut de la blessure, et Pyr­rhus son fils vengea la mort de son père par celle de Polyxene, qu'il sacri­fia sur son tombeau. Voyez achille.

Pomambra. Pastille, ou composition de plusieurs choses odoriférantes, parmi lesquelles l'ambre se fait sentir particulièrement. C'est comme si l'on disait Pomme d'ambre.

Pomme d'Or. Les fables font men­tion de plusieurs pommes d'or : la Discorde en jeta une sur la table pendant le repas des noces de Pelée et de Thétis; elle y avait mis une inscription : pour la plus belle. Les Déesses qui se trouvaient à ces noces prétendirent chacune en particulier que cette pomme leur appartenait. Les Dieux, Jupiter même, ne voulurent pas se porter pour Juges de ce différend, et renvoyèrent Junon, Pallas et Vénus, qui se la disputaient, à Paris pour en décider. Il l'adjugea à Vénus, ce qui fut première cause de la guerre de Troye. Voyez liv. 6 des Fables Egypt. ei Grecq. dévoilées, ch. 2 et suiv.
Hippomene par le conseil de Vénus prit trois pommes d'or et les jeta à Athalante pour l'arrêter dans sa course, et il y réussit. V. athalante. Ces pommes avaient été cueillies dans le jardin des Hespérides, où elles crois­saient en abondance. Hercule les en­leva toutes pour obéir à Eurysthée. Les feuilles mêmes de l'arbre qui les produisait étaient d'or. Ces pommes sont les mêmes que celles dont parle le Cosmopolite dans sa Parabole aux Enfants de la Science, c'est-à-dire l'or philosophique.
Cueillir les pommes du jardin des Hespérides, c'est, dans le style Hermé­tique, faire le soufre des Philosophes. Les jeter à Athalante, c'est fixer le volatil; et l'adjuger à Vénus, c'est finir le premier œuvre par la fixation de la partie volatile, pour travailler ensuite à la composition de la pierre et de l'élixir représentés par le siège et la prise de la ville de Troye.
pomme odoriférante. V. pomam­bra.

Populago. Plante connue sous le nom de pas-d'âne, Tussilage. Elle a été nommée Populago, de ce que ses feuilles sont blanches d'un côté comme celles du Peuplier.

Porcello. Petits insectes appelés Clo­portes.

Porfiligon. Ecaille de fer.

Porphyrion. Un des Géants qui firent la guerre aux Dieux, voulut faire violence à Junon en présence de Jupiter même. Ce Dieu et Hercule le poursui­virent et le firent périr.

Porronitri. Sel fusible.

Porrosa. Millepertuis, ou Hypéricon.

Porte. Signifie la même chose que clef; entrée ou moyens d'opérer dans tout le cours de l'Œuvre. Riplée en a fait un Traité qu'il a intitulé les douze Portes, comme Basile Valentin a in­titulé le sien les douze Clefs, c'est-à-dire les douze opérations qu'il faut faire pour parvenir à la perfection de la pierre philosophale, ou poudre de projection.

Posca. Oxycrat. Blanchard.

Poséidon. Surnom de Neptune.

Poséidonies. Fêtes en l'honneur de Neptune.

Posset. Petit lait, que l'on compose en faisant bouillir du lait : lorsqu'il bout, on y jette de la bière qui le fait tour­ner. On le coule à travers un linge quand il est tourné : ce qui est coagulé demeure dans le linge, et le petit lait passe dans un vaisseau mis dessous pour le recevoir. On donne ce petit lait dans les fièvres ardentes.
Dans les fluxions de poitrine, on fait un petit lait semblable avec du vin d'Espagne au lieu de bière; et l'on en fait boire chaud une cuillerée de quart-d'heure en quart-d'heure jusqu'à la concurrence d'une chopine au moins.

Pot Etroit des Philosophes. Vais­seau qui contient la matière de l'œuvre.

Poudre de Projection. Résultat de l'œuvre Hermétique, ou poudre qui
étant projetée sur les métaux impar­faits en fusion, les transmue en or ou en argent, suivant que l'œuvre a été poussée au blanc ou au rouge. Voyez pierre philosophale.
poudre noire. Matière des Sages en putréfaction.
poudre blanche. Matière de l'oeu­vre fixée au blanc.
poudre discontinuée. Matière des Sages lorsqu'elle est sortie de la pu­tréfaction, et qu'elle s'élève avec la couleur blanche.
Mettre en poudre, c'est dissoudre l'or des Philosophes. Flamel dit que cette dissolution réduit cet or, ou soufre, en poudre menue comme les atomes qui voltigent aux rayons du soleil.

Poule. Les Philosophes recomman­dent de donner au vase Hermétique une chaleur semblable à celle d'une poule qui couve. Bien des gens se sont imaginés qu'il fallait mesurer le degré du feu extérieur et de charbon, ou de lampe, ou tel autre semblable feu élémentaire et artificiel, avec celui d'une poule qui couve, et ont mis un thermomètre dans le fourneau pour fixer la chaleur au même degré; mais ils sont dans l'erreur. Les Philosophes parlent dans cette circonstance du feu intérieur et de la nature, comparé avec raison à celui de la poule qui couve, parce que l'une et l'autre chaleurs sont naturelles et telles que la nature les de­mande pour ses générations. La poule est la femelle, ou l'eau mercurielle; le coq est le soufre des Philosophes. Cette poule des Sages a une chaleur naturelle comme les poules vulgaires; mais cette chaleur ne suffit pas pour la généra­tion du poulet, elle n'est propre qu'à le couver; et pour la génération et la fécondité, il faut y ajouter la semence ignée et chaude du coq. Les deux se­mences réunies forment le germe qui se développe et se perfectionne lors­ qu'il est couvé par la poule. Le feu extérieur n'est, dit Trévisan, que le garde-froidure; de même que les pou­les vulgaires ne pondent guère, et ne couvent pas pendant les frimas, mais seulement lorsque le printemps amené une température d'air plus douce.

Poulet des Sages. Soufre des Philo­sophes. L'Auteur du Dictionnaire Her­métique dit mal-à-propos que le pou­let des Sages est le mercure. Le poulet est ce qui est engendré, et non pas ce qui engendre.
poulet ayant la tête rouge, les plumes blanches, et les pieds noirs;
c'est la matière de l'œuvre qui com­mence à devenir noire par la putréfac­tion, puis blanche à mesure que la rosée philosophique ou l'azoth la puri­fie, enfin rouge quand elle est parfaite­ment fixée. Flamel appelle en consé­quence le vase des Philosophes l'Habi­tacle du poulet.
poulet d'hermogene. Matière par­venue à la blancheur.

Pourpre. Les fables disent qu'Apol­lon s'habilla de couleur de pourpre lorsqu'il chanta sur sa lyre la victoire que Jupiter et les Dieux remportèrent sur les Géants. Que les Troyens couvri­rent le tombeau d'Hector d'un tapis de couleur de pourpre, que Priam porta des étoffes de couleur de pourpre en présent à Achille; et tout cela ne si­gnifie que la couleur rouge pourprée qui survient à la matière lorsqu'elle est parfaitement fixée. Les Philosophes l'ont aussi appelée Pourpre, Rubis, Phénix lorsqu'elle est dans cet état.

Poust. Opium.

Praecipitatus Philosophicus. Mer­cure précipité par le feu interne de l'or, ou l'or essencifié. Planiscampi.

Praet. Nat. ou P. N. Outre nature. Prasis. Vert-de-gris.

Pratum Viride. Fleurs d'airain. Planiscampi.

Précipitation. Défaut que les Philosophes reprochent à ceux qui s'ennuient la longueur de l'œuvre. Gardez-vous bien de la précipitation, car vous gâteriez tout, dit Morien. Toute précipitation vient du diable, ajoute-t-il, et souvenez-vous qu'il faut beaucoup de patience; qu'on ne doit point cueillir ; fruit avant sa maturité, et que le temps de cette maturité est déterminé par la Nature. Orphée ne put ramener es Enfers Eurydice son épouse, pour n'avoir pas eu la patience d'attendre d'elle en fût sortie avant que de tourner la tête pour la voir.
Prégnation. Temps où la matière est a putréfaction. Il est ainsi nommé de ce que la corruption est un acheminement à la génération, et qu'il n'y a point de conception quand la putréfaction n'a pas précédé.

Prendre. Lorsque les Philosophes di­ssent, prenez ceci, prenez cela, ils n'en­tendent pas qu'il faille rien prendre avec les mains, soit pour ajouter quelque chose à la matière une fois mise dedans le vase, ou pour en ôter quelques parties; mais seulement qu'il faut continuer le régime et les opérations jusqu'à la perfection du soufre dans la médecine du premier ordre, de la pierre dans la médecine du second, et de l'élixir dans la médecine du troi­sième.
Le terme prendre s'entend cepen­dant quelquefois dans le sens naturel; lorsque, par exemple, il faut mettre le fixe et le volatil dans le vase, ou le soufre et le mercure, pour animer ce mercure, et en faire le Rebis. Après cette conjonction le mercure a, disent les Philosophes, tout ce qu'il faut pour la perfection de l'œuvre, et tout ce que cherchent les Philosophes. Voyez le Traité de Philalèthe, qui a pour titre : Enarratio methodica trium Gebri Me-dicinarum, seu de vera confectione lapidis Philosophorum. Le même Au­teur dit dans son Traité de l'Entrée ouverte du Palais fermé du Roi : II y a un œuvre très secret et purement natu­rel, et celui-là se fait dans notre mer­cure avec notre or. C'est à cet œuvre qu'il faut attribuer tous les signes dont parlent les Philosophes : il ne se fait ni avec le feu, ni avec les mains, mais par la chaleur intérieure toute seule;
la chaleur extérieure empêche seule­ment le froid.

Préparation. Action par laquelle on ôte les choses superflues de la ma­tière, et on lui ajoute celles qui lui manquent. Il y a trois sortes de pré­parations dans l'œuvre, ou la confec­tion du magistère; la première est ma­nuelle, et non philosophique; c'est pourquoi les Philosophes l'ont omise dans leurs écrits, quoique la réussite de l'œuvre en dépende. La seconde est la préparation philosophique des agents, que les Philosophes appellent la pre­mière; et Philalèthe, la préparation imparfaite. La troisième est la con­fection de l'élixir, ou la préparation complète et parfaite. Mais les prépa­rations philosophiques successives ne sont qu'une même opération répétée, suivant Morien, qui les appelle dis­positions.

Presmuchim, Presmuchum et Prèsmuckis. Ne sont qu'une même chose, appelée Céruse.

Présure. (Sc. Herm.) Corps fixe du composé de l'œuvre, ainsi nommé, parce qu'il coagule, congelé, et fixe l'eau mercurielle volatile, que plusieurs Philosophes ont appelé Lait, parce, dit Zacharie, qu'ainsi que le caillé ne diffère du lait que par un peu de soli­dité acquise par la coction, de même notre présure caillée ou coagulée ne diffère de notre mercure que par la coction qu'elle a acquise.

Prêtres. Les Prêtres Egyptiens étaient des Philosophes choisis, et instruits par Hermès Trismégiste, dans la science de la Nature et de la Religion. Il leur communiqua la première, sous promesse de la garder pour eux avec un secret inviolable, et ne les initiait dans ces mystères qu'après une longue épreuve de leur discrétion. Il leur en­seignait cette science, sous l'ombre des hiéroglyphes qu'il avait inventés, et qu'il leur expliquait. Les Prêtres en faisaient de même à l'égard de ceux qu'ils jugeaient dignes d'être initiés, et amusaient le peuple par des Fables, dit Origene, pendant qu'ils philoso­phaient sous le voile des noms des Dieux du pays, qu'ils avaient imaginés. Musée, Lin, Mélampe, Orphée, Ho­mère, et quelques autres Philosophes Poètes Grecs, apprirent ces secrets des Egyptiens, et les portèrent dans leur pays sous le voile des Fables Egyptiennes, qu'ils habillèrent à la Grecque. Ce sont ces Fables que j'ai expliquées dans mon Traité des Fables Egyptien­nes et Grecques dévoilées.

Priam. Fils de Laomédon, Roi de Troye, était frère d'Hésione. Après que Hercule eut délivre cette Princesse du monstre marin auquel elle avait été exposée pour être dévorée, il tua Lao­médon, parce qu'il ne tint pas la pro­messe qu'il lui avait faite. A la prière d'Hésione il mit Priam sur le trône, et lui ôta le nom de Podarce qu'il portait auparavant. Ce Roi eut entre autres enfants d'Hécube son épouse : Paris qui par le rapt d'Hélène fut cause de la guerre de Troye, de la ruine de sa pa­trie; Hector qui tua Patrocle et suc­comba sous les coups d'Achille. Après la mort de celui-ci, et la ville de Troye ayant été prise, Pyrrhus, fils d'Achille, tua Priam dans le temple de Jupiter, où il s'était réfugié. Voyez l'explication de cette allégorie, dans les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 5, ch. 14 et liv.6.
Priape. Fils de Bacchus et de Vénus. Junon, jalouse de cette Déesse, fit tant par ses enchantements qu'elle rendit monstrueux et tout contrefait le fils que Vénus portait dans son sein. Vé­nus l'ayant mis au monde, l'éloigna de sa présence à cause de sa laideur, et le fit nourrir à Lampsaque. Devenu dans la suite la terreur des maris, il fut chassé de cette ville; mais les habitants ayant été affligés d'une maladie se­crète, le rappelèrent, et il fut depuis l'objet de la vénération publique. On plaçait sa statue dans tous les jar­dins. Il paraît que les Grecs imagi­nèrent le culte de Priape à l'imitation de l'infâme usage du Phallus chez les Egyptiens et les Phéniciens. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoi­lées, liv. 4, ch. 1 et 4.

Principe. Ce de quoi une chose tire son commencement, ou ce qui consti­tue l'essence d'un individu. Cette dé­finition ne s'entend que des choses physiques. Les principes d'une chose doivent être simples, purs, et non mélangés, parce qu'ils doivent former un mixte homogène. Ceci ne doit pas s'entendre dans l'ordre et respective­ment au mélange général fait pour la création du monde; parce que dans ce cas les parties des corps qui nous pa­raissent les plus simples, sont même composées. Et si nous faisons bien at­tention au terme de principe, nous verrons bientôt qu'il peut s'appliquer différemment; car 1°. on peut dire que Dieu est le principe de tout; 2°. la Nature; 3°. le feu, comme l'auteur du mélange des parties, et comme les en­tretenant par sa chaleur. 4°. on appelle aussi principe des choses, ce qui en constitue les parties miscibles, qu'on peut regarder d'abord en général relati­vement à l'Univers, et en particulier comme constituant tel ou tel individu. Ce qui forme deux sortes de principes, les uns éloignés, et les autres prochains. Ainsi le principe le plus éloigné du corps humain est la terre, d'où se forment les aliments, qui en sont les principes prochains; de ces aliments se forme la semence, ou principe le plus prochain des animaux. On peut aussi conclure de ce que nous venons de dire, qu'on distingue encore deux sortes de principes; les uns actifs, comme Dieu, la Nature, etc., et les autres passifs, tels que les parties matérielles et constituantes des êtres physiques. Quelques-uns nomment ces principes, les premiers formels, et les seconds matériels; par les formels on entend l'agent; et par les matériels le patient. Les premiers principes sont la terre et l'eau; les prochains sont les premiers mixtes qui en ont été faits. Le principe spécial ou plus prochain est la se­mence spéciale de chaque individu. C'est encore ce qui a fait donner aux principes éloignés ou premiers princi­pes, le nom de principes principiants, et aux autres celui de principes principiés.
principes. (Sc. Herm.) Les Philo­sophes appellent souvent principes les ingrédients qui composent le magistère, et non les principes ou règles de la Science Hermétique. Il entre trois prin­cipes dans l'œuvre, dont chacun est respectivement nommé principe essen­tiel, et les deux autres superficiels, quoique tous les trois soient absolu­ment nécessaires. Notre œuvre, dit le Trévisan, est composé d'une racine et de deux substances mercurielles, qui étant cependant de même nature, se réduisent à un seul principe. Ce qui a fait dire à plusieurs Philosophes :
Nous n'avons qu'une matière, un ré­gime et un fourneau. Le premier prin­cipe nommé racine, et par Riplée Base de l'Œuvre, est le père du troisième menstrue de Raymond Lulle; ces deux Auteurs le regardent comme le premier et le plus essentiel, parce qu'il déter­mine et glorifie les deux autres subs­tances mercurielles crues, pures et tirées simplement de leurs mines. Ce premier principe n'augmente pas le poids de la matière; les deux autres l'augmentent, et sont cause de la mort du composé. Ils allument le feu con­tre nature; et par la conjonction de celui-ci avec le feu de nature renfermé dans le troisième sujet dont nous avons parié, il se forme un feu innaturel ou moyen, d'où naît la putréfaction, et en­suite le complément de l'œuvre.
Tous ces principes peuvent être regardés comme essentiels sous divers points de vue, et par comparaison des uns aux autres et relativement à l'œu­vre. Nous avons déjà dit comment un des principes devait être regardé com­me premier et principal. Le principe qui renferme le feu contre nature, appelé par Riplée Lion vert, par Flamel Dragon Babylonien, et par le Tré­visan Portier du Palais, est nommé par tous les Philosophes la Clef de l'Œu­vre, parce que c'est lui qui fait presque tout, que sans lui on travaillerait en vain, et que dans lui est caché tout le secret de la Philosophie Hermétique. Il est le jardin des Sages où ils sèment leur or, où cet or croît et se multiplie. L'Auteur du Grand Rosaire l'appelle Racine de l'Art et le Savon des Sages. Quelquefois les Philosophes le nom­ment leur Lune, leur Soufre, leur Mer­cure, leur Terre, et c'est enfin presque la seule chose qu'ils ont cachée dans leurs écrits; étant donc regardé comme la base de l'œuvre, on peut le nom­mer principe essentiel.
On doit regarder à son tour la se­conde substance mercurielle comme principe essentiel, puisqu'elle est l'eau minérale qui extrait les teintures, les cache dans elle, et ranime le feu ca­ché dans l'autre, en le délivrant de la prison où il était renfermé.
L'effet que chaque principe opère dans l'œuvre est tel. Le corps est le principe de la fixité, et ôte aux deux autres leur volatilité; l'esprit donne l'ingrès en ouvrant le corps; et l'eau, par le moyen de l'esprit, tire le feu de sa prison, elle est l'âme; et ces trois principes réunis par la solution, se putréfient, pour acquérir une nouvelle vie plus glorieuse que celle qu'ils avaient auparavant.
principe des métaux. Magistère au blanc. Les Philosophes distinguent encore trois principes dans les métaux, qu'ils appellent principes naturels ou de la nature; savoir, le sel, le soufre et le mercure. Ce sont leurs principes principiés, engendrés des quatre éléments, premiers principes de tous les mixtes. Ils regardent le soufre comme le mâle ou l'agent, le mercure comme femelle ou patient, et le sel comme le lien des deux. Ainsi quand les Philoso­phes disent qu'il faut réduire les mé­taux à leurs premiers principes, ou à leur première matière, ils n'entendent pas qu'il faut les faire rétrograder jus­qu'aux élémens, mais seulement jus­qu'à ce qu'ils soient devenus mercure, non mercure vulgaire, mais mercure des Philosophes. Voyez à ce sujet la Philosophie des Métaux du Trévisan, les douze Traités du Cosmopolite, et le Traité de Physique au commencement des Fab. Egypt. et Grecq. dévoilées.

Printems. Temps où le mercure prend le tempérament et la complexion chau­de et humide de l'air; ce qui se fait par un feu du second degré. Cette chaleur doit être médiocre et tem­pérée, mais plus forte que celle de l'hiver. Le soufre pendant ce régime dessèche le mercure. Il produit les her­bes et les fleurs philosophiques, c'est-à-dire les couleurs qui précèdent le blanc, et la blancheur elle-même. La matière alors ne peut plus être détruite. Les Philosophes, pour déterminer ce passa­ge du noir au blanc, l'ont nommé printemps, de même que la matière elle-même.

Prison. Les Philosophes prennent ce terme en plusieurs sens différons. Pre­mièrement, pour les parties terrestres, grossières et hétérogènes, dans les­quelles leur mercure et leur or sont enfermés comme dans une prison, de laquelle il faut les délivrer. Seconde­ment, pour le vase dans lequel on met la matière de l'œuvre, pour travailler au magistère. C'est dans ce sens qu'il faut entendre Aristée quand il dit que le Roi des côtes de la Mer le fit renfermer dans une étroite prison, où il les retint quarante jours et plus, et qu'il ne les en délivra qu'après qu'ils lui eurent rendu son fils Gabertin. Tré­visan parle aussi de prison dans le même sens. Troisièmement, pour le mercure, qui en dissolvant le fixe le tient comme en prison pendant tout le temps de la noirceur, qu'ils ont aussi appelée Sépulcre, Tombeau. Quatriè­mement, pour la fixation même du mercure. C'est dans ces trois derniers sens qu'on doit entendre la pri­son de laquelle parle Basile Valentin dans la Préface de ses Douze Clefs, en ces termes : je (Saturne) ne rejette la faute de ma calamité sur aucun autre que Mercure, qui par sa négligence et son peu de soin m'a causé tous ces malheurs; c'est pourquoi je vous con­jure tous de prendre sur lui vengeance de ma misère; et puisqu'il est en pri­son, que vous le mettiez à mort, et le laissiez tellement corrompre, qu'il ne lui reste aucune goutte de sang.
Mercure devint si orgueilleux de se voir huile incombustible, qu'il ne se reconnut plus pour lui-même. Ayant jeté ses ailes d'aigle, il dévora sa queue glissante de dragon, déclara la guerre à Mars, qui ayant assemblé sa com­pagnie de Chevaux légers, fit prendre Mercure, le mit prisonnier entre les mains de Vulcain, qu'il constitua Geô­lier de la prison, jusqu'à ce qu'il fût de nouveau délivré par le sexe fé­minin.
La Lune se présenta comme une , femme vêtue d'une robe blanche; elle se jeta aux pieds des assistants, et après plusieurs soupirs accompagnés de larmes, elle les pria de délivrer le Soleil son mari, qui était emprisonné par la tromperie de Mercure, déjà Condamné à mort par le jugement des autres Planètes.

Privinum. Premier tartre. Planiscampi.

Procédé. Opération. Manière d'agir. Les procédés de l'art Hermétique dans la composition de la pierre des Sages, sont une imitation de ceux que la Na­ture emploie dans la composition des mixtes.

Procession. Nicolas Flamel a em­ployé dans ses figures hiéroglyphiques, l'emblème d'une procession à laquelle beaucoup de monde assiste vêtu de différentes couleurs, tant pour indiquer les ascensions et descensions successi­ves de la matière qui se font par sa cir­culation dans le vase, que pour signi­fier les couleurs qui succèdent. C'est l'explication qu'il y donne lui-même en ces termes : donc avec le consente­ment de Perenelle, portant sur moi l'extrait de ces figures (d'Abraham Juif), ayant pris l'habit et le bourdon de Pèlerin, en la même façon qu'on me peut voir au dehors de cette même arche, en laquelle je mets ces figures hiéroglyphiques par dedans le cime­tière (des saints Innocents à Paris) où j'ai aussi mis contre la muraille, d'un et d'autre côté, une procession où sont représentées par ordre toutes les cou­leurs de la pierre, ainsi qu'elles vien­nent et finissent, avec cette écriture française :
Moult plaît à Dieu, procession. S'elle est faîte en dévotion.

C'est dans cette même vue que les anciens Philosophes Egyptiens, Grecs, avaient institué des processions pour les solemnités des fêtes d'Osiris, de Bacchus, de Cérès, d'Adonis, etc., dans lesquelles on portait divers sym­boles des couleurs dans l'ordre qu'elles se manifestent, comme on peut le voir dans le 4e livre des Fables Egyptiennes et Grecques.

Profondeur. Dimension philosophi­que de la pierre. La hauteur et la pro­fondeur sont les deux extrêmes, et la largeur en est le milieu qui les unit. Le noir est la hauteur, le blanc la largeur, et le rouge la profondeur. Philalèthe.

Projection. Les Sectateurs de la Phi­losophie Hermétique appellent pou­dre de projection, une poudre, résul­tat de leur Art, qu'ils projettent en très petite quantité sur les métaux imparfaits en fusion, au moyen de la­quelle ils les transmuent en or ou en argent, suivant le degré de sa per­fection.
Il est à remarquer que dans la pro­jection tout le métal sur lequel on projette la poudre, ne se transmue pas en or ou en argent, si on ne l'a bien purifié avant que de le mettre en fusion. Il n'y a que le mercure, à cause qu'il a moins de parties impu­res et hétérogènes, et qu'il a beaucoup plus d'analogie avec l'or.
Pour faire la projection sur le mer­cure, il suffit de le faire un peu chauffer; on projette la poudre avant qu'il fume. On enveloppe cette pou­dre dans un peu de cire, et on jette cette pelote sur le métal en fusion;
on couvre le creuset, et on laisse agir cette poudre pendant un quart-d'heure ou environ; et après avoir laissé re­froidir la matière, on la retire. Si elle était cassante, il faudrait la pro­jeter sur une petite quantité du même métal en fusion; parce que ce serait une preuve qu'on y aurait mis trop de poudre.

Prométhée. Fils de Japet et de Clymene, forma l'homme du limon, dit la Fable, et le fit avec tant d'indus­trie, que Minerve même en fut sai­sie d'étonnement. Elle voulut contri­buer à la perfection de cet ouvrage :
elle transporta Prométhée au ciel, pour qu'il y fît choix de ce qu'il y jugerait convenable. Y avant vu plu­sieurs corps animés du feu céleste, il en admira la beauté, et pour en doter sa figure, il toucha de sa ba­guette le chariot du Soleil, en enleva une étincelle, la porta en terre, et en anima sa figure. Jupiter, indigné de ce larcin, résolut de punir tout le genre humain pour le vol de Promé­thée. Il ordonna donc à Vulcain da forger une femme de figure parfaite, à laquelle il donna une boîte remplie de maux. Prométhée, à qui elle se présenta, ne voulut pas s'y fier; Epiméthée son frère s'y laissa surpren­dre, reçut la boîte, l'ouvrit, et tous les maux qui affligent l'humanité en sortirent. Jupiter ne se contenta pas de cette vengeance; il punit aussi l'au­teur du vol, et ordonna à Mercure de se saisir de Prométhée, de l'attacher à un rocher du Mont Caucase, et en­voya un vautour pour lui dévorer le foie. Il rendit le supplice plus long, en donnant à ce foie la propriété de se régénérer à mesure que le vautour le dévorait. Hercule qui avait été très intimement lié avec Prométhée, réso­lut de le délivrer de ce tourment; il décocha une flèche contre le vautour, le tua, et délia son ami.
Les Philosophes hermétiques trou­vent dans cette fable un symbole de leur œuvre, et disent que Prométhée représente leur soufre animé du feu céleste, puisqu'il est lui-même une minière de ce feu, selon le témoi­gnage de d'Espagnet. Le Soleil est son père, et la Lune sa mère : c'est dans sa volatilisation avec le mercure qu'il s'envole au ciel des Philosophes, où ils s'unissent ensemble, et rempor­tent ce feu en terre; c'est-à-dire, qu'ils en imprègnent la terre qui est au fond du vase, en se cohobant avec elle. En se fixant avec elle, Prométhée se trouve attaché par Mercure sur le rocher, et les parties volatiles qui agissent sans cesse sur cette terre, sont le vautour ou l'aigle qui lui déchirent le foie. Hercule ou l'Artiste le délivre de ce tourment en tuant l'aigle, c'est-à-dire en fixant ces parties volatiles. Voyez les Fables Egyptiennes et Grec­ques dévoilées, liv. 2, ch. 2 et liv. 5, ch. 17.

Propolis, ou Propolix. Est une es­pèce de ciment ou cire grossière, d'un goût un peu amer, et d'une couleur noirâtre, de laquelle les abeilles en­duisent les fentes de leurs ruches, et même l'entrée, quand les approches de l'hiver les obligent de s'y renfer­mer. Planiscampi l'appelle Cire vierge, d'autres Cire sacrée. Quand on en met sur des charbons ardents, elle exhale une odeur à peu près sembla­ble à celle de l'aloès. Lémeri dit que cette matière est une espèce de mastic rougeâtre ou jaune.

Propoma. Boisson composée de vin et de miel, ou de sucre.

Proportion. Combinaison des poids, des principes matériels du composé de l'œuvre hermétique. Voy. dispo­sition, poids.

Proserpine. Fille de Jupiter et de Cérès, fut enlevée par Pluton dans le temps qu'elle cueillait des narcisses dans la prairie. Pluton en fit son épouse, et la déclara Reine des Enfers. Cérès la chercha par mer et par terre; et ayant appris qu'elle était avec Pluton, Cérès s'adressa à Jupiter pour la ravoir. Jupiter promit qu'il la lui ferait rendre, pourvu que Proseroine n'eût rien mangé pendant le séjour qu'elle avait fait dans cet Empire ténébreux. Mais Ascalaphe, qui ail lui avait vu cueillir une grenade, dont elle avait mangé trois grains, n'eut pas la discrétion de le taire. Jupiter ordonna donc que Proserpine demeurerait six mois avec Pluton, et six mois avec Cérès. Voyez l'explication de cette fable dans le liv. 4, chap. 3 des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Proserpinaca. Plante appelée Centinode, Corregiole, Renouée.

Prospheromena. Médicaments pris : la bouche, tels que les purgatifs, cordiaux, etc.

Prostituée. La femme prostituée des Philosophes est leur Lune, leur Saturnie végétale, leur Dragon Babylonien; l'art la purifie de toutes ses souillures et lui rend sa virginité. Lorsqu'elle est dans cet état, les Philosophes la nomment vierge. Prenez, dit (d'Espagnet, une vierge ailée, enceinte de la semence spirituelle du premier mâle, et donnez-la en mariage à un second, sans crainte d'adultère.

Prothée. Fils de l'Océan et de Thétis, fut un Dieu marin, qui prenait tou­tes sortes de figures quand il lui plai­sait. Il gardait les troupeaux dé Nep­tune. On s'adressait à lui pour savoir l'avenir, et il trompait les curieux par les différentes formes qu'il prenait. Pour en avoir raison, il fallait le lier; alors il reprenait sa forme naturelle, et annonçait les choses futures à ceux qui l'avaient mis dans cet état. Or­phée appelle Prothée le principe de tous les mixtes et de toutes choses, et le plus ancien de tous les Dieux. Il dit qu'il tient les clefs de la nature, et préside à toutes ses productions, comme étant le commencement de la nature universelle. Les Latins lui don­nèrent le nom de Vertumne, à cause de la variété des figures et des formes qu'il prenait.
Prothée n'est autre que l'esprit uni­versel de la nature, esprit igné ré­pandu dans l'air; l'eau le reçoit de l'air, et le communique à la terre. Il se spécifie dans chaque règne de la nature, et s'y corporifie en prenant diverses formes, suivant les matrices où il est déposé. Quand on sait le lier et le garrotter, disent les Philoso­phes, c'est-à-dire, le corporifier et le fixer, on en fait ce qu'on veut; il annonce alors l'avenir, puisqu'il se prête aux opérations, au moyen des­quelles vous produisez ce que vous avez en vue. Les Chymistes Herméti­ques en font la pierre et l'élixir, tant pour la transmutation des métaux, que pour conserver la santé à ceux qui se portent bien, et la rendre à ceux qui sont malades.

Protésilas. Fils d'Iphiclus, épousa Laodamie. Peu de tems après son mariage, il partit pour le siège de Troye. L'Oracle avait dit que celui qui le premier mettrait pied à terre, serait tué. Protésilas voyant qu'aucun des Grecs n'osait le faire, descendit avec fermeté, et fut tué en effet par un Troyen. Laodamie ayant appris sa mort, fit faire une statue qui res­semblait à son mari défunt, et la tenait toujours auprès d'elle. Enfin le chagrin de la perte de cet époux qu'elle aimait éperdument, la porta à se donner la mort, pour aller le re­joindre. Le mariage de Protésilas et de Laodamie est celui du fixe et du volatil de la matière de l'Œuvre Her­métique; l'embarquement des Grecs est la dissolution et la volatilisation de cette matière; le débarquement est le commencement de la fixation nou­velle de la matière volatilisée; et comme les Philosophes appellent mort cette fixation, l'Oracle avait dit avec raison que le premier qui mettrait pied à terre, c'est-à-dire qui d'eau volatile se changerait en terre, serait tué par les Troyens, qui dans toute l'Iliade sont pris pour le symbole de la terre fixe des Philosophes. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 6.

Psalachante. Nymphe qui aimait éperdument Bacchus, duquel se voyant méprisée, elle se donna la mort, et fut changée en la plante qui porte son nom.

Psamméticus. Roi d'Egypte, fut le premier qui permit aux Etrangers le commerce de ses Etats. Les Grecs commencèrent à les fréquenter, et s'instruisirent chez les Prêtres Egyp­tiens de la Philosophie qu'Hermès leur instituteur leur avait enseignée. Cette Philosophie étant donnée sous le voile des fictions, les Grecs rap­portèrent dans leur pays les fables qu'ils avaient apprises, et les divul­guèrent, habillées à la Grecque. Ce sont ces fictions que j'ai expliquées dans mon Traité des Fables Egyp­tiennes et Grecques dévoilées.

Psammismus. Bain de sable chaud, dans lequel on enterre les pieds des hydropiques, pour dessécher les hu­meurs qui se portent aux jambes, et les font enfler.

Psammodea. Sédiment sablonneux de l'urine.

Psammos, ou Samoa. Sable.

Psilothron. Coulevrée, bryone.
psilothron est aussi le nom que l'on donne aux onguents topiques qu'on applique pour faire tomber le poil et les cheveux. En Français on l'appelle dépilatoire.

Psincus et Painckis. Céruse.

Psora. Gale.

Psorica. Médicament composé pour guérir la gale, la rogne.

Psoricum. Composé de deux parties de calcitis, et d'une de cadmie, ou d'écume d'argent, pulvérisées, et mê­lées ensemble avec du vinaigre blanc. On met le tout dans un vase, qu'on scelle bien, et on le place dans le fu­mier de cheval chaud pendant quarante jours. On fait après cela sécher cette matière sur des charbons ardents, jus­qu'à ce qu'elle soit devenue rouge. Planiscampi.

Psyché. Quoique la fable de Psyché ne soit pas du nombre des fictions Egyptiennes, elle n'en renferme pas moins les mêmes principes, et celui qui l'a imaginée a eu le même objet en vue : elle est trop belle pour la passer sous silence; c'est d'après Apu­lée que nous la rapporterons.
De trois filles qu'avaient un Roi et une Reine, la plus jeune était la plus belle, et la nature, en la formant, y avait donné tellement ses soins, qu'elle paraissait s'être surpassée. On venait de tous côtés à la Cour de ce Roi pour voir cette beauté singulière, et de l'admiration on passait à l'amour le plus passionné. Vénus, jalouse de voir Gnide, Paphos, Cythere aban­donnés et déserts par le concours pro­digieux qu'attirait Psyché, ordonna à Cupidon de la blesser d'une de ses flèches, et de la rendre amoureuse d'un objet indigne de ses charmes. Cupidon voulut exécuter les ordres de sa mère, mais Psyché fit sur lui la même impression qu'elle faisait sur les autres, et il en devint éperdument amoureux. Les sœurs de Psyché fu­rent mariées à des Souverains; mais personne n'osa aspirer à sa posses­sion. L'oracle d'Apollon consulté sur la destinée de cette jeune Beauté, ré­pondit qu'elle n'aurait pas un mortel pour époux, mais un Dieu redouta­ble aux Dieux et à l'Enfer même : il ajouta qu'il fallait exposer Psyché sur une haute montagne au bord d'un précipice, parée d'ornements qui annonçassent le deuil et la tristesse. On obéit à l'Oracle, et à peine fut-elle au eu indiqué, qu'un doux Zéphyr la porta au milieu d'un bois, dans un palais superbe, brillant d'or et d'argent, et dont chaque pavé était une pierre précieuse. Ce palais lui parut inhabité, mais des voix l'invitèrent à se faire son séjour. Elle n'y manquait de rien. A des repas également abondants et délicats succédaient des concerts admirables, et les plaisirs se suivaient les uns et les autres, sans que Psyché aperçût même qui les lui procurait. La nuit arrivée, l'époux qui lui était destiné s'approchait d'elle te»t la quittait avant le jour, ce qui dura plusieurs nuits de suite.
L'Amour informé des recherches que les sœurs de Psyché faisaient d'elle, lui défendit d'abord de les voir; mais l'ayant trouvée triste et rêveuse, il lui permit de leur parler, à condi­tion qu'elle ne suivrait pas leurs con­seils. Le même Zéphyr qui l'avait conduite dans! ce lieu enchanté, y transporta ses sœurs. Psyché, après leur avoir fait part de son bonheur, les renvoya chargées de présents. Ces deux Princesses jalouses résolurent de la perdre; et comme Psyché leur avait dit que son mari ne s'était pas en­core montré à elle, quoiqu'il l'aimât éperdument, elles en prirent occasion, dans une autre entrevue, de lui rap­peler l'oracle d'Apollon, qui lui avait parlé confusément de je ne sais quel monstre, et lui dirent que son époux était un serpent qui la ferait périr. Psyché effrayée de ce discours, com­mença à soupçonner quelque chose sur ce que son mari ne voulait pas se manifester à elle, et leur dit qu'elle suivrait leur conseil, si elles lui indiquaient les moyens de se débarrasser de cette inquiétude. Elles lui conseillè­rent de cacher une lampe allumée avec un rasoir; et que quand le monstre serait endormi, elle se servît de la lampe pour le voir, et du rasoir pour l'égorger. Psyché suivit ce conseil, elle sortit du lit, prit la lampe et le rasoir;
mais au lieu d'un monstre, elle aperçut l'Amour endormi; son teint ver­meil, sa jeunesse, ses ailes dévelop­pées, sa chevelure blonde et flottante le lui firent reconnaître.
Saisie d'étonnement, et au désespoir d'avoir fait un tel affront à un si aimable époux, en doutant de son bonheur, elle était sur le point d'em­ployer contre elle-même le fer dont elle avait voulu égorger son mari, lors­qu'une goutte d'huile tomba de sa lampe sur l'épaule de l'Amour, et le réveilla. Ses charmes la rappelèrent à elle : elle apaisa son courroux. En examinant l'arc de Cupidon et son carquois elle s'était un peu blessée au doigt en éprouvant la pointe d'une de ses flèches. La blessure, trop légère pour l'occuper préférablement aux charmes de l'Amour, ne l'empêcha pas de voir Cupidon qui s'envolait;
Psyché veut l'arrêter par le pied, Cu­pidon l'enlevé, l'emporte, et la laisse enfin tomber. H s'arrêta sur un cyprès, lui reprocha amèrement le peu de con­fiance qu'elle avait eue à ses conseils, et disparut. Psyché au désespoir, se précipita dans un fleuve, mais les Nymphes, les Naïades qui respectent l'épouse de l'Amour, la portèrent sur les bords. Elle y rencontra le Dieu Pan, qui lui conseilla d'apaiser l'Amour. Elle errait par le monde en cherchant les moyens de parvenir à son but, lorsqu'elle rencontra une de ses sœurs; elle lui fit part de son aven­ture, et lui dit que l'Amour, pour mieux se venger, avait résolu d'épou­ser une de ses sœurs. Enflée de cette espérance, cette sœur s'échappe du palais, se rend où le Zéphyr l'avait en­levée la première fois; et s'imaginant qu'il la transporterait encore, elle s'élança, se laissa tomber, et périt mi­sérablement. Psyché tendit le même piège à son autre sœur, qui eut la témérité de s'y laisser prendre, et y périt aussi.
Cependant Vénus informée des douleurs que Cupidon souffrait, cher­cha Psyché pour la punir. Cette épouse affligée cherchait toujours son mari, et étant arrivée près d'un tem­ple, elle offrit à Cérès une gerbe d'épis qu'elle avait ramassés, la priant de la prendre sous sa protection; mais la Déesse lui fit savoir qu'elle ne pou­vait faire autre chose que de la garan­tir de son ennemie. Junon qu'elle ren­contra, lui fit à peu près la même réponse. Psyché prit donc le parti d'aller chercher l'Amour auprès de Vénus, sa mère. Mais cette Déesse jalouse, sans faire attention à Psyché, monta dans l'Olympe, et pria Jupiter d'ordonner à Mercure de chercher cette infortunée, et de la lui amener. Une des Suivantes de Vénus la lui mena, et cette Déesse irritée lui arra­cha les cheveux, déchira sa robe, la maltraita de coups, lui ordonna en­suite de séparer dans la journée tous les grains différons de pois, de fro­ment, d'orge, de millet, de pavots, de lentilles et de fèves qu'elle avait fait ramasser exprès en un tas. Psyché demeurait interdite et immobile, mais des fourmis officieuses se chargèrent de ce travail, et lui en évitèrent la peine. Vénus lui commanda ensuite d'aller de l'autre côté d'une rivière très profonde et très rapide tondre des moutons à toison dorée, et lui en apporter la laine. Prête à se précipi­ter dans cette rivière, une voix sortie d'un roseau lui apprit un moyen facile de se procurer cette laine, qu'elle porta à la Déesse.
Une femme irritée ne s'apaise pas aisément, aussi Vénus ne se calma-t-elle pas par une obéissance si prompte; elle lui ordonna encore de lui aller chercher une urne pleine d'une eau noire qui coulait d'une fontaine gardée par des dragons. Une aigle se présenta, prit l'urne, la remplit de cette eau, la lui remit entre les mains pour la rendre à Vénus. Cette Déesse presque à bout, imagine un travail encore plus difficile. Vénus se plaint qu'elle a perdu une partie de ses attraits en pansant la plaie de son fils, et ordonne à Psyché de descendre au Royaume de Pluton, et d'y demander à Proserpine une boîte où fussent quel­ques-uns de ses charmes. Alors Psy­ché ne croyant pas qu'il fût possible de descendre dans le séjour des morts, sans mourir, était sur le point de se précipiter du haut d'une tour, lors­qu'une voix lui apprit le chemin des Enfers, et lui dit d'aller au Ténare, qu'elle y trouverait le chemin qui con­duit au séjour de Proserpine; mais qu'elle ne s'y engageât pas sans s'être munie d'un gâteau à chaque main, et de deux pièces de monnaie, qu'elle tiendrait à la bouche, où Charon en prendrait lui-même une après l'avoir passée dans sa barque; et que quand elle rencontrerait le chien Cerbère, qui garde l'entrée du palais de Proser­pine, elle lui jetterait un de ses gâteaux. Qu'enfin Proserpine lui ferait un accueil favorable; qu'elle l'inviterait à s'asseoir dans un grand festin; mais qu'elle devait refuser ses offres, s'as­seoir à terre, et ne manger que du pain bis; qu'alors Proserpine lui don­nerait la boîte, et qu'elle se donnât bien de garde de l'ouvrir.
Psyché profita de tous ces conseils et reçut la boîte tant désirée; mais à peine fut-elle sortie des Enfers, qu'elle ouvrit la boîte dans le dessein de prendre pour elle quelques-uns des attraits qu'elle renfermait. Elle n'y trouva qu'une vapeur infernale et somnifère, qui la saisit à l'instant, et la fit tomber endormie à terre. Cupi­don guéri de sa plaie, toujours pas­sionné pour sa chère Psyché, se sauva par une des fenêtres du palais de Vénus, et trouvant sa chère épouse endormie, l'éveilla de la pointe d'une flèche, remit la vapeur dans la boîte, t lui dit de la porter à sa mère.
Cupidon fut alors trouver Jupiter, qui fit assembler les Dieux, et déclara ne le Dieu d'Amour garderait sa Psyché, sans que Vénus pût s'opposer à leur union. Il ordonna en même temps à Mercure d'enlever Psyché dans ; Ciel, où elle but de l'ambroisie dans compagnie des Dieux, et devint immortelle. On prépara le festin des noces, qui furent célébrées; les Dieux jouèrent chacun leur rôle, et Vénus même y dansa.
Tous les Mythologues ont regardé cette fable comme une allégorie, qui marque, disent-ils, les maux que la volupté, signifiée par l'Amour, cause à l'âme, sous le symbole de Psyché. Mais on peut l'expliquer hermétiquement comme les autres fables. Psyché est, selon les Adeptes, l'eau mercurielle; et Cupidon, avec son flambeau, son arc et ses flèches, représente la terre fixe, chaude et ignée, minière du feu céleste, suivant d'Espagnet. Il est en conséquence dit fils de Vénus et de Vulcain, et Psyché fille d'un Roi et d'une Reine, c'est-à-dire du Soleil et de la Lune, disent les Philosophes. Ses charmes firent impression sur Cupidon même, aussi ne pouvait-elle épouser qu'un Dieu, selon l'oracle d'Apollon; car l'eau mercurielle ne peut s'allier et s'unir intimement qu'avec un Dieu Hermétique, c'est-à-dire un métal philosophique, redou­table à l'Enfer même, puisqu'il ressus­cite glorieux de la putréfaction, appe­lée Enfer, dont voyez l'article.
Psyché exposée sur une montagne d'où Zéphyr la transporte dans un palais brillant d'or, d'argent et de pierreries, et où l'Amour vient la visi­ter pendant la nuit, représente cette vapeur qui s'élève au haut du vase Hermétique, dans lequel Basile Valentin dit que souffle le Zéphyr. Flamel la compare à une fleur admirable, brillante d'or et d'argent, agitée par le vent. Cette vapeur déposée et des­cendue au fond du vase, dissout la matière qui s'y trouve, la putréfie et y fait survenir la couleur noire, sym­bole de la nuit. C'est alors, disent les Philosophes, que se fait l'union des deux, signifiée par les approches de Cupidon. Psyché n'avait garde de reconnaître alors son amant, il était véritablement ce dragon si prôné par les Philosophes, ce serpent Python, ce monstre informe dont il est tant parlé dans tous leurs ouvrages. Mais Cupidon n'a que le nom de serpent, et n'en a pas la forme; il n'a pas pour cela perdu sa beauté, elle n'est que cachée par l'obscurité de la nuit; sitôt que Psyché s'aidera de la lumière d'une lampe pour le voir, c'est-à-dire, dès que la couleur blanche succédera à la noire, elle reconnaîtra le plus beau des Dieux, et le plus redoutable. B avait les ailes étendues et dévelop­pées prêt à s'envoler, ce qu'il fit en effet sitôt qu'il fut éveillé par une goutte de l'huile incombustible de la lampe dont parle Artéphius, qui tomba sur l'épaule de l'Amour. Il prit son vol, et enleva Psyché qui voulait le retenir. C'est la volatilisation de la matière qui s'élève au haut du vase, où le volatil et le fixe montent ensem­ble. Cupidon laisse tomber Psyché qui se précipite dans l'eau mercurielle; mais elle ne s'y noiera pas; les Naïades respectent l'épouse de l'Amour, elles la porteront sur les bords; elle errera ensuite dans le monde en cherchant l'Amour, puisque la matière en circu­lant pendant la volatilisation erre dans le vase jusqu'à ce qu'elle ait rencontré la terre philosophique représentée par Cérès, qui cependant ne peut encore la mettre à l'abri de l'indignation de Vénus, parce qu'elle n'est pas elle-même encore fixe. Junon, ou l'humidité de l'air, ne lui en promet pas davantage. Psyché prend donc le parti d'aller chercher l'Amour chez Vénus sa mère, c'est-à-dire dans la couleur citrine appelée Vénus, qui succède à la blanche. Cette Déesse pria Jupiter d'envoyer Mercure pour chercher Psy­ché. Voilà le mercure philosophique en action. Psyché est présentée à Vénus, qui la maltraite, et l'oblige à différons travaux, qui indiquent tout ce qui se passe dans les opérations de l'œuvre suivante. Les différents grains amassés en un tas sont séparés par des fourmis; c'est la dissolution de la pierre et la putréfaction, dont l'eau noire qu'une aigle puise dans une fon­taine, pour rendre service à Psyché, est un symbole encore plus signifi­catif. La toison dorée que Vénus demande, est le soufre des Sages, et la même que celle que Jason enleva. Mais pour parvenir à cette couleur parfaitement noire, appelée Enfer par les Philosophes, il faut que Psyché descende au Royaume de Pluton, pour y demander à Proserpine une boîte remplie de ses charmes. Elle n'y réus­sira même pas, si elle ne se munit de deux gâteaux et de deux pièces de monnaie. Psyché y va; elle rencontre Charon, ce vieillard sale, puant, cou­vert de haillons, et ayant une barbe grise; elle y doit aussi trouver Cer­bère, à qui elle donnera un de ses gâteaux, et parviendra enfin à Pro­serpine, ou la couleur blanche, qui lui fera présent de la boîte que Psyché cherche. L'Auteur de cette fable n'a pas cru sans doute nécessaire d'entrer dans un détail plus long, parce que la seconde opération n'est qu'une répé­tition de la première. Il s'est contenté de dire que cette boîte renfermait une vapeur somnifère, qui saisit Psyché dès qu'elle l'ouvrit, afin d'indiquer par cette vapeur la volatilisation et par son effet la fixation, ou le repos qui lui succède. C'est dans cet état que Cupidon la trouve, la conduit au ciel, et s'unit avec elle pour toujours.

Psyticum. Médicament rafraîchissant.

Psylothrum. Voyez psilothron.

Pteris. Fougère.
Pterna. Chaux.

Pucelle Rhéa. Eau mercurielle avant qu'elle soit unie à son soufre. Prenez, dit d'Espagnet, une vierge, qui quoiqu'imprégnée de la vertu et semence du premier mâle, n'a cependant point souffert d'atteinte à sa virginité, parce qu'un amour spirituel n'est pas capa­ble de la souiller : mariez-la à un second mâle.

Pucho. Tenesme.

Pugilat. Un des exercices pratiqués dans les jeux des Grecs et des Ro­mains. Voyez jeux.

Puiser. C'est la même chose cuire.

Pureté du Mort. Matière des Philo­sophes parvenue à la couleur blan­che. On l'a ainsi nommée de ce que la couleur noire occasionnée par la putréfaction, est appelée Mort, Immondice du Mort, et que la couleur blan­che étant par elle-même le symbole de la pureté, succède à la noire. Quand elle est dans ce dernier état, ils disent qu'il faut laver et purifier le laton; ainsi quand il est lavé, il est pur.

Purger. Voyez nettoyer.

Purification. Séparation des parties impures d'avec celles qui sont pures, ou des parties hétérogènes des homo­gènes, ou des parties corrompues d'avec celles qui ne le sont pas.
Il y a diverses sortes de purifica­tions. L'une se fait par le feu, l'autre par l'eau; la première se nomme cal­cination, coupelle, rectification, etc.; la seconde s'appelle ablution, mondification, séparation, etc. La purification le la matière est absolument requise pour la préparer à la seconde opération du grand œuvre, appelée par le Philalèthe la parfaite préparation, qui se fait par la réduction de l'humide avec le sec, immédiatement après la purification. Cette première préparation ou purification se fait par les calcinations, distillations, solutions et congélations; c'est-à-dire par la séparation du superflu, et par l'addition le ce qui manque à la matière. Trois régimes sont requis pour cela; le premier est de réduire la matière à la nature du feu par la calcination; le second de la résoudre en eau par la solution; le troisième, de la réduire en air par la distillation; et le quatrième, de la réduire en terre par la congélation. Tous ces régimes doivent s'entendre de l'Œuvre Philosophique. Mais il y a une purification de la matière de laquelle il faut extraire le mercure. Les Philosophes n'ont presque point parlé de cette purification, quoiqu'elle soit absolument requise; ils l'ont passée sous silence, tant parce que c'est la clef de l'œuvre, que parce qu'elle se fait manuellement et qu'elle n'est pas philosophique. Elle consiste à séparer toutes les parties terrestres et hétérogènes de la matière, premiè­rement par un bain humide, dit d'Es­pagnet, puis par un bain sec, échauffé par le feu doux et bénin de la Nature.

Pusca ou Posca. Oxycrat.

Putréfaction. Corruption de la substance humide des corps, par défaut BI> de chaleur; la putréfaction se fait aussi par l'action d'un feu étranger sur la matière. C'est dans ce sens que les Philosophes Spagyriques disent que leur matière de la pierre est en putréfaction, lorsque la chaleur du feu extrinsèque mettant en action le feu interne de cette matière, ils agissent de concert sur elle, échauffent le mélange, en séparent l'humidité qui liait les parties, et après plusieurs circulations dans le vaisseau aludel scellé hermétiquement, réduisent la matière en forme de poussière; ce qui leur a donné lieu d'appeler cendre la matière putréfiée, et de tromper les ignorants en appelant calcination cette action par laquelle la matière semble réduite en une espèce de chaux. C'est pourquoi Hermès dit que le noir blan­chit la cendre; et Parmenide, dans la Tourbe : La putréfaction détruit notre matière, lui donne une autre manière d'être, comme la calcination fait aux pierres. Voyez calcination, corrup­tion.
Riplée définit la putréfaction, la mort des corps, et la division des matières de notre composé, qui les conduit à la corruption, et les dispose à la génération. La putréfaction est l'effet de la chaleur des corps entre­tenue continuellement, et non d'une chaleur appliquée manuellement. Il faut donc se donner garde de pousser la chaleur excitante et extérieure au-delà d'un degré tempéré : la matière se réduirait en cendre sèche et rouge, au lieu du noir, et tout périrait.
La putréfaction succède ordinaire­ment à la solution, et souvent on la confond avec la digestion et la cir­culation. On regarde la putréfaction comme le quatrième degré des opéra­tions chymiques : elle en est le prin­cipal et devrait être regardée comme le premier; mais l'ordre et le mystère demandent qu'on lui donne cette place, dit Paracelse; elle est connue de très peu de gens; et ces degrés, ajoute-t-il, (Liv. VII, de la Nature des Choses) doivent se succéder comme les an­neaux d'une chaîne ou les échelons d'une échelle; desquelles si l'on en ôte un, il y aurait une interruption, le prisonnier se sauverait, l'on ne pour­rait parvenir au but que l'on se pro­pose, et tout l'œuvre périrait.
La putréfaction est tant efficace qu'elle détruit la nature ancienne et la forme du corps putréfié; elle le transmue dans une nouvelle manière d'être, pour lui faire produire un fruit tout nouveau. Tout ce qui a vie y meurt; tout ce qui est mort s'y putré­fie, et y trouve une nouvelle vie. La putréfaction ôte toute âcreté des es­prits corrosifs du sel, et les rend doux;
elle change les couleurs; elle élevé le pur au-dessus et précipite l'impur, en les séparant l'un de l'autre.
Lorsque les Physiciens disent qu'il ne se fait point de génération sans que la putréfaction ait précédé, on ne doit pas l'entendre d'une corruption ou putréfaction intime des principes du mixte et de la substance propre du composé, mais de celle qui produit simplement la solution du sperme extérieur, et qui dégage les principes des liens qui les embarrassaient et les empêchaient d'agir. Lorsque la putré­faction passe ce degré, les diverses espèces de mixtes n'engendrent pas leurs semblables, et dégénèrent en d'autres mixtes, comme le froment dégénère en ivraie. Ainsi la putréfac­tion entière ou substantielle éteint la forme du mixte.
La putréfaction physique est la purgation de l'humide radical, par la fermentation naturelle et spontanée des principes purs et homogènes avec les impurs et hétérogènes.
Les Philosophes ont quelquefois donné le nom de putréfaction à leur matière parvenue au noir, parce que la noirceur en est l'effet et le véritable signe.

Pylade. Fils de Strophius, se lia avec Oreste d'une amitié si intime, qu'il s'offrit à la mort pour lui, lorsqu'il l'accompagna dans la Tauride pour enlever la statue de Diane, dont Iphi-génie était Prêtresse. Voyez. oreste.

Pylus. Ile où les Poëtes ont feint que régnait Nélée; Hercule vint dans cette île, tua Nélée et toute sa fa­mille, excepté Nestor, et blessa Junon d'un dard à trois pointes, dans le temps qu'elle voulait secourir Nélée. Pylus, selon les Philosophes Spagyriques, est le symbole de la matière philosophique dans laquelle domine Nélée ou le soufre minéral, qu'Her­cule ou le mercure tue en le purifiant par la putréfaction, qui est une espèce de mort. Sa famille sont les esprits métalliques que le mercure fixe après la putréfaction, et Nestor qui reste seul, signifie le sel qui reste intact. Junon est la matière aurifique, céleste et incorruptible qui semble vouloir se joindre à Nélée contre Hercule, qui la blesse d'un dard à trois pointes, parce que sa nature et sa substance sont mercurielle, sulfureuse et saline.

Pynang. Aréca.

Pyr du Soleil. Soufre Philosophique.

Pyramide. Masse d'une ou plusieurs pierres assemblées en pointe fort éle­vée. Les pyramides sont carrées. Les plus renommées sont celles d'Egypte. Pline dit qu'il y en avait trois princi­pales, mises au nombre des merveilles du monde. La plus grosse et la plus haute contenait huit arpents, ayant dans chacun des côtés de sa base 883 pieds, et dans le haut 25. La moyenne avait 737 pieds en tout sens, et la troisième 363. Les frais pour les construire furent immenses, et prou­vent bien que l'or était extrêmement commun chez les Egyptiens. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dé­voilées, livre premier.

Pyraenus. Esprit de vin, comme si l'on disait Feu du vin.

Pyreticum. Médicament fébrifuge.

Pyrithoiis. Voyez. pirithoûs.

Piroïs ou Pyrous. Nom d'un des chevaux du Soleil. Columelle dit (liv. 10) que quelques-uns ont aussi donné ce nom à la planète de Mars, à cause de sa couleur rougeâtre.

Pyronomie. Art de régler et con­duire les degrés de chaleur pour les Opérations chymiques. Les Philoso­phes Hermétiques disent unanimement, que tout leur secret consiste dans le régime du feu, quand on a la matière de la pierre. Voyez feu, cha­leur.

Pyros. Froment. Blanchard.

Pyrotechnie. Voyez pyronomie.

Pyroticum. Cautère, vessicatoires.

Pyrous. Voyez pyroïs.

Pyrrhus. Fils d'Achille et de Déidamie, fut aussi appelé Néoptoleme. Après la mort de son père tué par Paris, il se rendit au siège de Troye, parce qu'une des destinées de cette ville portait qu'elle ne pourrait être prise si un des descendans d'Eaque n'y assistait. Pyrrhus y tua Priam au milieu de ses Dieux, et précipita le jeune Astianax, fils d'Hector, du haut d'une tour; et comme Polyxene avait été la cause de la mort d'Achille, il l'immola sur son tombeau. De retour de cette expédition, il épousa Hermione, fille de Ménélas et d'Hélène, quoique déjà fiancée à Oreste, ce qui lui coûta la vie, car Oreste le tua devant l'autel d'Apollon. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 6.

Pythiens. Jeux Pythiens ou Pythiques. Us furent institués en l'honneur d'Apollon, après qu'il eut tué le ser­pent Python. Voyez jeux.

Pythius. Surnom d'Apollon.

Python. Serpent horrible et mons­trueux, né de la fange et de la boue laissée par le déluge de Deucalion. Apollon épuisa presque toutes les flè­ches de son carquois contre ce mons­tre, qu'il tua enfin. C'est en mémoire de cette victoire qu'on institua les jeux Pythiques. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 4, ch. 7.



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