Traduire/Translate



Affichage des articles dont le libellé est ULSTADE Le Ciel des Philosophes. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est ULSTADE Le Ciel des Philosophes. Afficher tous les articles

PHILIPPE ULSTADE Le Ciel des Philosophes (1550)






Le Ciel des Philosophes
Ou sont contenus les secrets de nature, 
& comme l’homme se peut tenir en santé, & longuement vivre,
  composé par Philippe Ulstade,
 extrait des livres de Arnauld de Villeneuve, du grand Albert, Raymond Lulle,
  Jehan de la Roche tranchée, & plusieurs autres bons auteurs,
  de nouveau traduit du Latin en Français, auquel livre ont été ajoutées les figures,
  pour donner plus intelligence, avec la table de ce qui est contenu audit livre.

Avec Privilège du Roi.
1550


Préface.

Aucun n’est qui ignore que plusieurs des anciens auteurs n’aient écrit beaux volumes de la quintessence de l’or potable, aussi des eaux utiles pour la conservation & santé du corps humain, moyennant l’aide de Dieu qui est le vrai auteur de toutes choses, & sans lequel rien ne peu faire, ce que pareillement ont ensuivi les modernes. Mais voyant en moi que leur description a été diminuée & tronquée, & tant obscurément déduite, que plutôt ont pu errer en la lecture de cet art des diligents inquisiteurs , qu’aucun fruit & profit aient pu enseigner promptement. Ce connaissant ne me suis pu abstenir du labeur de ma plume, & de donner aucune plus certaine raison & institution, qui la pratique & rhétorique de cet art peut contenir, par laquelle mode observée, nous pourrions très facilement aller à l’effet de nous destiné & qui nous avons donc fait ce livre à l’utilité & profit d’un chacun, combien qu’il soit bref & succinct à tout studieux de cet art, & redondant de délectation, vue qu’il est ainsi que dépositaire de nouvelle & ancienne médecines, & à raison aussi qu’il a été recueilli de gens de grand savoir, comme Jehan de la Roche tranchée, Raymond Lulle, Arnauld de Villeneuve, & du grand Albert scrutateurs & inquisiteurs de cet art, & des secrets de nature tant philosophiques que médicinales, & Alchimiques, & ç cette cause nobles lecteurs vous prie prendre en gré ce petit œuvre, le défendant de la langue des envieux & mal disant. Ce faisant donnerez à connaître qu’il n’a été fait ni décrit pour gloire & science, mais pour la commodité de tous ceux qui désirent la santé de leurs corps, & appètent prolonger leur vie, & savoir le profit & utilité de l’eau de vie & or potable & quintessence, qui est chose digne de grande louange & mémoire.

Canon général.

La force & vertus des étoiles qu’on appelle au Ciel des philosophes, de quelque complexion, nature ou propriété qu’elle soit, icelui les attire très parfaitement à soi, comme le témoigne maître Raymond Lulle, Arnauld de Villeneuve, & Jehan de la Roche tranchée.

 

Table des Matières.






Le Ciel des philosophes, Ou SECRET DE NATURE

composé par Philippe Ulstade livre très nécessaire aux studieux & AMATEURS de BONNES lettres, tant Médecins, chirurgiens, Apothicaires, & à toutes gens qui désirent garder, & entretenir la santé de leurs corps, & vivre longuement.

Introduction.


D
onc, il faut premièrement savoir, ce qu’est la quintessence, de chaque matière, et quand cela sera connu, les autres choses apparaîtront plus facilement à la lumière. Car comme dit Cicéron, toute instruction, qui est donnée d’une chose, doit l’être faite par la définition, afin qu’on comprenne de quoi l’on veut traiter. Sachez donc que la quintessence est le cinquième de chaque chose, qui  forme une espèce de corps très subtil, que l’on extrait des quatre éléments par la très subtile, et dernière distillation, laquelle nous enseigneront. En outre, que personne ne soit surpris, si cet art a été par longtemps inconnu des hommes, car plusieurs philosophes anciens ont travaillé en cette affaire, que si par cet art, ils nourrissent la vie des hommes la sustentant et allongeant, & différant la mort terme de nature, sans toutefois prolonger la durée de la vie outre nature, par notre seigneur dieu établi, ce qui est pourtant facile à promettre aux hommes qui sont vains, ce que dit saint Paul qu’il est à tout ordonné mourir une fois. Par quoi ainsi qu’il est étrange de nature de conserver à jamais par aucun médicament corruptible la vie de l’homme mais ainsi la garder en tout âge, sans être blessé par médecine prochaine de corruption est nature puissante, laquelle chose si qu’elle soit très bien faite, la quinte essence est très bon antidote, veux qu’elle n’est pas aucune chose élémentaire, Mais ainsi comme aucune âme de son corps séparée en telle manière, qu’en elle ne demeure aucune qualité froide ou chaude, humide ou sèche qui ont en elles les quatre éléments & toutes les autres choses mêlées : par quoi est fait grandement que le cinquième être est prochain de la nature incorruptible, en telle forte que toute chose qui lui est nécessaire est aucunement veux incorruptible: car elle confère & restitue toutes les forces par les excréments ou purgation des éléments ôtez de l’homme & est l’esprit de vie car elle digère toutes choses indistibles, & tranche toutes les qualités superflues, conserve les chairs de corruption, conforte les choses élémétées, restaure la première jeunesse vivifie l’esprit endurcit les choses molles; les dures mollifie, les espèces rarifie, épaissit les tendres, engraisse les maigres atténue les grasses, en froidit les chaudes, les froides enflamme, dessèche les humides & humidifie les desséchées & rappelle toute complexion qui est au contraire.

Par quoi elle éteint les choses incommodes des humeurs superflues, & Maure la chaleur naturelle, tellement qu’aucune chose n’a peu jamais être trouvée des plus grandes philosophes plus convenable à la sustentation de la vie, combien que cette quintessence aie quelque fois la complexion de la chose qui lui est ajoutée, car elle tire la complexion de toute chose complexionnée, à laquelle est adjointe, toutefois si elle est seule d’elle même, elle n’a en elle totalement aucune complexion des quatre qualités, non pas de l’air aussi Sachez quartement, & pour le dernier, que telle quintessence aussi n’a aucune chose de l’élément terrestres, froid ou sec, car elle cure les maladies mélancoliques, qui sont froides. Pour conclusion donc tu la vois n’être chaude ou froide, sèche ni humide, pour ce qu’elle est de tempérée nature, excédant tous les éléments, qui font sous le ciel: car quand elle est administrée à quelqu’un, elle fait celui corps tempéré & ne s’en va de sa tempérance, prenant des qualités ou complexions, & ne s’enfuit aussi qu’il soit médecine des froide; maladies, pour ce qu’elle est de chaude nature, & aussi pour ce qu’elle cure les chaules maladies, qu’elle soit de froide nature, car deux contraires ne peuvent être en un corps, car l’un contraire de l’autre est par lui expellé & chassé. Et  pourtant nous voyons qu’elle ne doit être dite  chaude ou froide, ni sèche ni humide, de laquelle chose elle cure les phtisies, qui font humides & froides. Mais toutes ces quatre qualités, sont en elles corrompues & ôtée totalement, & combien qu’elle ne soit élément, elle est toutefois chose attrempée par iceux éléments purifiée, & extraite des immondicités & lies des quatre éléments, qui font la cause mêmement corruption. soient donc séparées ces boues & lies, comme gros corps, mais très gros déliée de leur matière, comme de l’âme très subtile, par l’art & science des distillations. Et néanmoins que quintessence soit un mot commun, de toutes choses qui ont forme & espèce, pour la tirer de celle chose, & combien aussi que cela soit entendu, mêmement du vin, toutefois plusieurs autres matières sont, desquelles peut être tirée celle quintessence, comme de tous métaux, de tous fruits, de chair d’œufs, racines, herbes, & autres choses, comme de jus & brouets, comme nous enseignons : toutefois le cinquième être excelle toutes autres choses, pour sa très grande subtilité, & pourtant a il été appelé de plusieurs philosophes, le ciel philosophique. Car quelle raison a le ciel avec les quatre éléments, telle l’a ce ciel de philosophes, qu’on nomme la quintessence, avec les quatre qualités du corps humain, qui est composé d’iceux éléments. Elle est aussi appelée d’aucuns eau ardente, car elle est brûlée au feu, quand elle est menée à perfection & extrêmes distillation, en ne laissant aucune superflue humidité, en icelui vaisseau, ainsi que nous montrons la manière de la connaître, d’aucuns autres est appelé, l’âme du vin, car ainsi que celle âme est plus noble que son corps aussi celle quinte essence, qui est tirée & extraite par vraie distillation, est plus noble que celui vin, duquel est tirée. Les autres l’appellent eau de vie, pour cause qu’elle conserve la vie humaine de corruption comme nous voyons à ceux qui ont la syncope & faute de cœur. Et a raison qu’elle est variablement tirée nous parlerons au premier de la première manière de l’extraire en distillat l’eau de vie, étant ici dépeinte la forme du four.

La première histoire.



Comment on peut tirer la quintessence par distillation. Chapitre 2

A
yant donc connu que c’est que quintessence, & a quoi elle sert, ou pour quelle chose elle a été inventée : il faut savoir & est à confédérer , par combien, & par quelles manières, peut être tirée cette quintessence et de quelles choses. Mais pour ce qu’elle n’est extraite des choses humides, seiches, chaudes, & froides, nous dirons au premier comment elle est extraite des humides, comme icelui vin qui est en cette manière. Prends de très bon vin rouge, un peu déclinant à douceur, qui aucunement ne soit mêlé ni sophistiqué, mais soit vrai & naturel à non point trop nouveau, ne trop récent, trop vieil aussi, mais de saison attrempée, & si tu ne peux avoir vin rouge, prends du très bon vin blanc, en telle quantité que tu voudras, & soit mis en tel vaisseau à distiller, comme ici le vois figuré plein de deux parties seulement.
                     
Puis après l’alambic avec le bec, soit mis dessus ainsi qu’il est ici figuré, tellement que le bec entre en la supérieure partie du réceptoire.

Et soit toutes ces choses bien lutées ensemble avec bon lut de sapience, fait de papier mouillé ou de farine & d’aulbin d’œuf mêlez ensemble jusqu’à l’épaisseur de miel.


Cela ainsi peut être fait selon Raymond Lulle avec oliban ou mastic modifié, ou avec chaux vive incorporée avec des œufs & avec lequel lut soit joint les trois vaisseaux ensemble, & bien luté afin que la vertu animale & végétale que nous appelons vulgairement esprit de la matière que nous voudrons distiller ne s’évapore & perde comme il appert par la figure ici figurée.

En après colloqueras le continuant en un vaisseau ayant plusieurs trous et pertuis qu’on appelle le tripier des arcanes,


 fait en cette manière Soit puis après mis le tripier sur le four, ayant une grande chaudière & ample, scellée & amurée, en forme de bain marin, a moitié pleine d’eau ou des deux tiers : ou soit mis au four appelé vulgairement accidie : qu’on pourrait dire four de paresse, pour raison qu’il ne bouge d’un lieu, duquel la forme verres à la fin du chapitre présent. Tu feras pour le commencement sous le dit chaudron, feu lent, petit a petit, en l’accroissant toujours, petit a petit, & quand le continuant sera tiède tu n’accroîtras plus le feu : mais ainsi, toujours le continueras, autant qu’il te sera possible en y mettant nature, laquelle comme dit, Gallien & Lullius, ne peut souffrir aucune chose violente, sans la corruption de son premier être. Car selon Avicenne, quatre degrés de chaleur sont selon les quatre complexions ou qualités premières, desquels le premier est être tiède, comme l’eau tiède, ainsi échauffée qu’aucun membre mis en elle ne peut être brûlé, le second degré, est être chaud tellement, qu’aucun membre mis en elle le puisse endurer en ladite eau chaude, sans aucune lésion le tiers degré est être chaud, tellement que le membre mis dedans y celle eau peut être blessé, en icelle par la chaleur du bouillement. Le quart degré, est si véhément que la chaleur en quelque manière que se soit, ne peut être tolérée : car elle excède trop, & est cestuy degré dit t ébullition, ou bouillement, aucuns appellent le Fès du premier degré, le feu du bain mais le feu du second degré, est le feu des cendres. Le tiers


degré est dit de feu ardent, et le quart est de nulle valeur, selon les autres artistes, le feu de bain est au premier degré, le feu de cendre au second degré, le feu de l’arène et sable est au tiers, mais s’il fallait procéder au feu du quart degré, ce qui se fait peu souvent, au lieu de l’arène soit mis de la limaille de fer, et le feu sera très chaud et fervent, et alors le continuant du vaisseau doit être luté de toutes parts d’argile, comme est faite en la distillation de l’eau forte, afin que le dit vaisseau ne se rompe et casse par trop grande chaleur : car la limaille de fer rougit comme charbon enflammé, et par ces quatre degrés tu pourras très bien et à profit régir ton feu : car selon Avicenne, autrement ne pourrait se faire, sinon avec grand labeur : quant à ceci, je voudrais que celui qui est diligent sectateur de cet art de distiller, notât bien les mystères et connu qu’en toute et chacune distillation le feu ne doit jamais être augmenté, jusqu’au quart degré : car le feu serait plus violent que ne pourrait souffrir la nature de la matière à distiller : et par conséquent pourrait celle nature être violée par trop grande et violente chaleur, et pour cette cause, ce quatrième degré est de tous artistes rejeté, et pourtant sont aucuns apothicaires, et autres de ce genre, auxquels sans mérite est permise le puissance de distiller, comme ainsi soit que cela soit l’office des philosophes et médecins, qui sont indagateurs et inquisiteurs de nature et de ses secrets : car celle nature a été ainsi ordonnée du très bon et souverain Dieu qu’elle ne peut souffrir rien véhément sans se corrompre, comme on le peut prouver par plusieurs opinions des philosophes, par quoi je prie et conseille aux amateurs de cet art, qu’ils ne s’entremettent en cet art tant noble, donné de la providence de Dieu pour la conservation de la vie humaine, sinon qu’ils aient la parfaite connaissance de ces quatre degrés de chaleur, et les sachant tempérer par le feu, ainsi que doit être fait par toutes choses. Et pourtant en la première distillation est le feu a faire avec doux charbons et légers, ou bois moult sec : jusqu’à la fin du troisième degré de la chaleur, tellement que le bain bouille quasi la seconde distillation tu descendra faisant le feu, et le mouveras par la tierce partie d’un degré, ou à deux tiers, et quasi à un degré, qu’il soit quasi diminué jusqu’au second degré : mais en la tierce distillation, tu descendra toujours ainsi de degré en degré, en diminuant le feu, jusqu’à ce qu’il soit réduit au second degré, et à la tierce partie d’un degré : mais en la quarte soit diminué jusqu’au second degré, tu descendra ainsi en la quinte, que le feu soit d’un degré, et de deux tiers d’un degré, en la sixième partie décroisse ainsi qu’il soit réduit au premier degré avec une tierce : mais en la septième et dernière distillation le feu est ainsi à lever et adoucir qu’il soit mené au premier degré de la chaleur, qui est tépidité, et en outre plus ne descendra. Et note que chacun degré de chaleur à trois intervalles, c’est à savoir, le commencement, le milieu et la fin, en outre est ceci à entendre, pourquoi les degrés de la chaleur sont ainsi à diminuer toujours, c’est à raison qu’en la première distillation la matière est très grosse en telle manière qu’elle ne peu obéir facilement à la distillation, pour l’impureté et crue substance : et par cela elle n’est semblable aux autres distillations suivantes, c’est à savoir de la seconde ou de la tierce, et autres qui ensuivent, et pour cette cause en la première distillation, le feu est à élever par un degré jusqu’au tiers, tellement qu’il touche la dernière partie du tiers degré, et soit le bain très chaud, toutefois il ne doit bouillir en la seconde distillation, ouvrer faut plus tendrement : car par la première, la grosseur de la matière est aucunement atténuée : et pourtant le feu n’a métier d’être si grand, et en la tierce soit fait plus subtilement, et ainsi toujours en descendant petit à petit chacune distillation tendre et atténuée, car en la sorte que déjà nous avons dit souvent, si tu contraignais trop cette substance, qui doit être distillée, telle nature serait corrompue : car Galien dit et Aristote aussi que nature est incompatible de mouvement plus véhémente. Par quoi regarde le plus diligemment que tu pourras, et toutes les forces te doit apprêter à tempérer les degrés de la chaleur, et ne faut à cela : car là consiste et gît le vrai art de toutes les distillations : par quoi nous voulons déclarer toute la substance de l’affaire, la déclarant apertement, et nous soyons vu avoir entremêlé le miel avec l’amertume et l’absinthe.

Comment la rude matière moins obéissante à la distillation doit être putréfiée. Chap. 3.



I
l faut considérer diligemment et de parfaite industrie, de quelle substance est la matière qu’on veut diriger : c’est à savoir dure ou molle substance grosse ou subtile, et par quel art elle peut être digérée ou putréfiée, afin qu’elle obéisse plus à la distillation, et que le pur puisse être divisé et sequestre

 à part de l’impur, le gros du subtil, et au contraire, quelque chose donc que se soit, duquel tu veux tirer la quintessence de la distillation : premièrement et devant toutes choses, soit putréfié et digéré par deux mois en fient de cheval naturel sans y ajouter aucune chose qui lui augmente sa chaleur, et derechef, entre la première et la seconde distillation par un mois, entre la seconde et la tierce par trois semaines, entre la tierce et la quarte, par quinze jours, entre la quarte et la quinte, par huit jours : entre la quinte et la sixième, par quatre jours, entre la sixte et la septième, par deux jours. Et sache que le fient doit être toujours d’une même chaleur : car si la chaleur y défaillait, la circulation de l’eau et mouvement serait corrompue, et par conséquent telle matière qui devait être redigérée en la quinte essence, serait séparée en la chaleur du ciel, laquelle chose tu pourras voir en la ligne diamétrale, laquelle devise celle quintessence qui est la supérieure partie de ses boues, fèces, et lie, qui est la partie inférieure, tu noteras

 ces degrés de digestion et de purification devoir être ainsi attribué à leur matière, qu’il a été narré dessus des degrés de la chaleur, pour cette comme besoin est de plus longue putréfaction devant la distillation, qu’après et étant faite la première distillation, celle matière ne contient plus en elle tant de grosseur, et est plus apte et convenable à faire la quintessence, que par avant : et pour cette cause après la première distillation, la putréfaction doit être faite en plus bref temps que devant, car la matière est déjà faite plus subtile et mondifiée de ses boues et lies, qu’auparavant : et pourtant, non sans cause bien faut comme sept distillations.

La manière de digérer selon les opinions des philosophes est enseignée en cette mode, qui veux tel œuvre parfaite, face un fosse de cinq pieds profonde, en large de deux, ou un pied plus, en telle forme, ladite fosse soit faite en lieu très mondé, comme en un cellier ou en cave : et elle étant faite, soit fait incontinent un lit au fond de chaux vive, à l’épaisseur de demi pied : sur lequel lit soit fait un autre, le fient de cheval qui ne soit pas pourri ni récent, sur lequel tu mettras celui vaisseau, auquel est la matière à fermenter, et autour du vaisseau, soit mis de tous côtés d’icelui fient, jusqu’à tant que la fosse soit ample : cela fait, mouille le fient avec eau tiède, selon la grandeur et quantité de la fosse, jusqu’à ce que soit connue la chaleur autour du vaisseau ou est ta matière, laquelle chose se fait communément par l’espace de demi-heure, et si n’est fait en demi-heure, soit en outre dessus répandue eau tiède, et soit cela fait trois ou quatre fois en la semaine, ainsi toutefois que la chaux et le vieil fient soit toujours ôtés et nouvellement autres lits soient fait, comme dessus & été dit. Et doit être gardée cette mode en toutes les choses, lesquelles tu voudras distiller, et pour cette cause est faite la digestion, à celle fin que légèrement et doucement sans aucun véhément mouvement de nature, par action et mutation soit plus subtile la grosse matière, et à la distillation obéisse : mais les choses digestives sont variablement ordonnées, les quatre degrés de la chaleur tellement selon qu’en la première y a plus à ouvrer qu’en la seconde, qu’en la tierce, ne qu’en la quarte, ni aussi ès autres, comme il a été dit devant de la caléfaction du bain. Et pourtant il faut plus tempérament ouvrer en la seconde digestion, et soit le lit de chaud tant moins tendre, et le lit du fient dessus plus élevé qu’en la première. Et ainsi et en outre tu procéderas jusqu’en la dernière distillation, en laquelle ne doit être fait le lit de chaux, mais de fumier tant seulement. La digestion peut aussi être faite en mettant ton vaisseau avec la matière à digérer par aucun temps au soleil ès jours caniculaires, ou peut être mise aussi telle matière à digérer en sa fiole, ou comme sur le four ou fournaise aucune, au temps d’hiver aucune putréfaction aussi peut être faite au miroir d’acier, tellement que la matière à digérer soit mise au soleil entre icelui miroir et le soleil, si que les rayons du soleil réverbèrent sur icelui vaisseau et par ainsi l’échaufferait et se fera la digestion principalement ès jour caniculaires, ou qu’incontinent soit en un vaisseau plein de sable, lequel échauffera petit à petit avec eau tiède, ou le mettras en bain marin, laquelle chose se pourra faire en deux manières, l’une est qu’on aie un chaudron au col de la fournaise, tellement que le feu ne soit dessous : car par la trop grande chaleur d’icelui feu, la nature serait plus corrompue qu’elle ne serait justifiée. L’autre voie sera qu’on doit mettre le vaisseau en été, auquel est la matière à digérer au monceau des fromis, tellement que le fond du circulatoire soit totalement enseveli, et que le Soleil réverbère sur son extrémité, et en cela tu verras admirable digestion. Septièmement et finalement cette matière peut être digérée et putréfiée au moi d’Octobre en une vinacée, c’est à dire en un marc de vin, car aussi cela n’a aucune chaleur par accident, comme celui fient de cheval, et c’est cela quand les raisins sont expressés, et est aussi merveilleuse opération, quand les vaisseaux circulatoires sont ensevelis en telle vinacée. Et néanmoins que plusieurs ne mettent sinon sept formes de digérer, Isodore toutefois parlant du genièvre, dit que si les charbons de cet arbre sont mis dedans les cendres, en les couvrant très bien le feu y pourra être conservé tout au long de l’année sans s’éteindre, et en cette cendre peut aussi être faite très bonne digestion, et ces choses suffisant de faire la putréfaction et digestion de toutes choses.

Comment on peut connaître si le vin bien putréfié par la circulation, est bon pour distiller. Chap 4.


L
e vin ainsi par sept fois digéré comme dessus a été dit, pourra être en cette manière connu s’il sera bon à faire distillation, prends un petit linge, et le mouille au vin digéré, et puis soit allumé avec une chandelle, et si le vin est brûlé sans lésion et combustion du linge il n’est pas rectifié, mais est braie signe, et indice qu’aucune substance aqueuse, c’est à dire d’eau est encore en lui demeurée, et pourtant toujours faut être diligent qu’il soit digéré tant de fois, et par si longtemps, que de lui puisse être faite probation. Aucun disent qu’il faut mettre du sucre, et si cette matière est bien rectifiée le sucre avec le vin sera brûlé pleinement, tu noteras donc que le vin ainsi digéré, ne peut encore être appelé quintessence, mais est seulement le sujet de la quintessence. Et quand un drap de linge est brûlé avec lui, et qu’il perdra pleinement toute saveur horrible aiguë et sulfurée, tellement qu’il semble quasi doux à celui qui le goûte, et que ne reste aucune chose, de la fumosité en telle adustion, lors le pourras tu appeler la quintessence : mais est choses insensibles, et qui n’ont aucune saveur il faut aviser à la fumée comme en l’or et l’argent, et es autre métaux et pierre précieuses, desquelles est tirée quelquefois la quintessence qui entre en l’or potable. Les vaisseaux de la distillation circulatoire, sont divers selon divers auteurs, qui les ont montrés, aucun sont qui préparent ainsi les vaisseaux, il applique la chape sans bec, qui est appelée chape fourrée, sur les vaisseaux contenant, en la sommité ladite chape, ou est un petit pertuis, par lequel est la matière mise dedans, ou extraite quand elle doit être distillée, circulairement et soit bouché avec une petite portion de verre, faite propre, à ce qu’une chacune par soit bien close, si que la matière n’en puisse sortir ni respirer, closure peut aussi être faite d’argent de cette manière, toutefois que le trou soit totalement étoupé, et est celui vaisseau nommé pélican, duquel telle en est la forme, les autres sont ce vaisseau égal en toute partie, ample au fond comme au col, duquel ici est la forme. Aucun aussi lient et connectent deux vaisseaux ayant leurs chapes avec le bec ensemble, tellement que le bec de lui entre au vente de l’autre, desquels ensuit la forme, et se peuvent appeler le jumeaux, lesquels la matière par circulation descend de l’un en l’autre, et montant et descendant continuellement, tant qu’on voudra.

                                
Les autres ont un seul vaisseau, large dessus et dessous : mais étroit au milieu, et avec le bec procédant de la partie inférieure, et quand la matière est mise audit vaisseau, soit bien recluse avec un couvercle de verre ou d’argent, et est ainsi la forme de ce vaisseau.
Les autres prennent deux vaisseaux, dont l’un sera continuant ayant la bouche plus large que l’autre, pour mettre l’un dans l’autre, et après ce, les faut lutter de bon lut de sapience, dont ensuit la figure. Les autres sont les vaisseaux de circulation égaux, tellement que l’une des extrémités, jusqu’à l’autre, ils sont d’une même grandeur, reste qu’au milieu d’iceux y a un bec comme ici apparaît la figure.
                           
Les autres font aussi le vaisseau de verre
 d’un seul fragment, c’est a savoir d’une seule pièce qui a deux anses comme deux bras, tellement que lesdites anses procèdent de la supérieure partie, entrant au ventre de l’inférieur, et la supérieure partie à un petit pertuis avec un bec, par lequel on y met la matière, et la retire on après qu’elle est circulée comme il appert.


Celui pertuis doit être bien scellé et bouché de bon lut ou ciment, comme des autres a été dit, et celui tiers et dernier circulatoire est appelé d’aucun pélican, et des autres le vaisseau d’Hermès, et est très noble et très accommodé entre tous les circulatoires : mais peu souvent peuvent être fait, à cause que les verriers sont si rudes et imbéciles, ou idiots à faire cette forme d’une seule pièce, qu’ils n’en peuvent venir à bout :  mais si tu pouvais trouver un ouvrier expert ne le délaisse pas, qu’il ne te fasse celui vaisseau pour or ni argent.

Comment il faut distiller circulairement. Chap 5.


Q
uand tu aura connu la probation dessus écrite, et auras expérimenté la matière devant dite : par la fréquente putréfaction avoir assez été digérée, et qu’auras les vaisseaux à la circulation convenables, mets la matière audit vaisseau très noble à la circulation, et le mets en fient de cheval, ou au soleil des jours caniculaires, ou au bain de marie, chauffé jusqu’au premier degré de chaleur, ou un peu plus, selon que tu verras la matière être tempérée et subtilée par la digestion et soit là laissée par longtemps, jusqu’à ce que soit converti en la quintessence, tant à toi désirée, et cela tu pourra connaître par celle saveur comme dessus a été dit, et note bien diligemment que si au fond du vaisseau apparaît aucune hypostase, c’est à dire aucune petite nuée, elle doit être premièrement séparée de sa matière, par distillation, et cela fait soit derechef circulée, comme déjà tu auras commencé, et s’il se peut faire à profit cela doit être coulé en un autre vaisseau circulatoire, tellement que la grosseur de la matière soit laissée au premier vaisseau. Quand donc le diligent inquisiteur de cet art aura connu la quintessence en la subtillation et purification de la matière du vin ou des fruits, estue et crois chose semblable lui advenir en toutes les autres choses de cette manière, et pourtant bien est à croire l’opinion et sentence d’Aristote, que la matière ainsi par la distillation ennoblie et immatériée ne peuvent plus outre être réduite à aucune forme ou spiritualité, comme elle soit sans substance élémentée la formalité excédante, et la corruption, et pour cette cause c’est quasi un corps céleste, car ainsi que celui ciel se contient et à toutes les choses inférieures, ainsi se contient cette quintessence à toutes les choses inférieures et qualités, et à la manière que toutes les étoiles ont leur cours de la très noble influence du premier ciel mobile, pareillement aussi toutes les médecines en lesquelles l’essence quinte est mêlée attirent leur vertu d’icelle à la manière que la pierre d’aimant attire le fer ; mais à cause que ceci requiert grand labeur et engendre beaucoup de fâcherie, pour cela elle est de tous les vilipendée, et de cela est fait qu’en notre temps peu de philosophes sont trouvés qui en ce veulent étudier et labourer.

De la différence de circulation et digestion Chap. 6.


G
randement est à penser et considérer quelle différence est entre circulation et digestion. Premièrement, il faut parler des verres, qui sont nécessaires à chacune choses de cette sorte, et pourtant faut-il que tu aies à la digestion, instrument et vaisseaux amples et larges en la supérieure partie, pour en icelles mettre la grosse substance sur lesquelles sont à imposer alambics aveugles sans bec, en sorte que quand en eux est digéré, tu puisse extraire et hors tirer la grosse matière, étant ôté l’alambic aveuglé, et en y mettant un autre avec le bec : mais si la matière est élevé, quand elle est une fois distillée, et que les boues et lies ne sont mêlées avec la chose distillée, comme est en icelle quintessence du vin , alors le circulatoire peut être pris, tellement qu’il soit égal dessus et dessous, et ample en forme : mais il doit être au milieu étroit, et ait près de la tête du ventre inférieur un canal ou auge de la longueur du doigt : mais en grosseur soit moindre que le doigt, aucun font, toutefois qui sont les vaisseaux à circuler, lesquels sont appelés pélicans, desquels est ici la forme et figure, en ce vaisseau peuvent être les chose claires digérées et chacune chose aussi être circulée : mais à raison que ces verres sont difficiles à faire, nos verriers n’en peuvent venir à bout, et sachez que j’ai un très bon ami à Fribourg, qui est partie de Dauphiné près Vienne,




 voulu faire composer à un verrier un pélican de cette manière : mais il ne le peut avoir pour le pris et somme de trois livres tournois, qui sont envers nous deux florins de Rhenes, toutefois quoi qu’il en soit, saches pourtant que sont ainsi que tous les autres vaisseaux sont surmontés de celui-ci en prix et valeur, ainsi ce vaisseaux est plus noble à toutes choses que chacun autre vaisseau circulatoire, que peut être fait, et pourtant je conseille à tous studieux de cet art, que s’ils ont besoins de cette mode de verre, moyennant qu’ils puissent trouver un vitrier ou verrier bien expert, qu’ils n’y épargneront or ni argent.

Il y a donc différence entre fermenter ou digérer et circuler, et mêmement en ce qu’il faut de toutes ses forces penser et considérer comment le verre il faut poser et asseoir, donc quand tu voudras digérer, soit prends une courge avec un alambic aveugle, mais si la matière est dépurée soit prends un circulatoire, et soit mise la matière à digérer, et soit faite une fosse comme dessus & été dit, en laquelle soit fait un lit de chaux vive pulvérisée, de l’épaisseur de trois ou quatre doigts, sur lequel soit fait un autre de sept ou huit doigts épais de fient de cheval, non point trop mol et pourri, ni trop dur aussi et près du circulatoire soit mis tout autour le fient en la hauteur d’un pied et, demi, et soit mise de l’eau sur le verre, tellement qu’en descendant du fumier en la chaux, elle échauffe celui fient, et soit renouvelé par chacune semaine le fient et la chaux deux fois, on pourrait aussi mettre en la fosse du fient ou de la vinacée récente sans chaux : mais quand tu voudras tirer le verre quand la matière est assez digérée, caultement soit reçue, si qu’elle ne soit frappée et rompue par aucun violent mouvement : mais quand tu voudras circuler, on doit mettre le verre en la matière devant dite et avec la forme, excepté, que celui circulatoire en sa haute partie ne doit être occulte ni caché, ou poussé au fient, mais pour le moins l’inférieure partie de l’instrument doit être remise en la chaux ou fient, jusqu’à la moitié, et à tout le moins de la tierce partie doit être dehors le fient à l’air, si que par la froideur derechef il descende, qui était monté par la chaleur au col du circulatoire : et peut cela aussi être fait au bain de marie en chaux ou sable, mettant la matière à circuler au soleil ès jours de l’été, ou qu’elle soit mise au temps d’Automne en une vinaccée récente, qui est comme j’ai dit un marc de raisin, après que les raisins on été pressés comme déjà nous avons dit et écrit dessus ès chose précédentes.

De la manière d’extraire et tirer la quintessence sans aucun labeur et dépense. Chap. 7.


N
ous avons regardé la sentence de Virgile, laquelle nous enseigne que nous tous ne pouvons pas faire toutes choses, en outre recordons nous du propos du poète Hésiode, en son petit livre qui est Ionis, où il nous dit, que Dieu ne baille toutes choses à un homme seul, à cause de trop grand labeur qui toujours fâche, et pour les grands labeurs et dépenses qui coutumièrement se font en cette œuvre, et non sans cause. Avons proposé bailler la mode et moyen plus bref et facile et de moins coût. Je connaît aucun et plusieurs studieux de cet art, qui pour notre dire se pourraient retirer et ôter du tout d’un tel noble labeur ; à cause de quoi nous baillerons une autre mode de tirer et avoir la quintessence en cette manière, prends du meilleur vin que tu pourras trouver, blanc ou rouge, qui soit un peu doux, et le distille par l’alambic quatre fois, comme on fait communément en vers nous eau de vie ou ardente, laquelle chose si tu la réitère plusieurs fois, sera beaucoup meilleure, ce que tu connaîtras par expérience être assez distillée en la mettant en un vaisseau d’argent ou d’étain auquel mettras le feu, et si tout brûle sans y laisser humidité aucune, cela est la vraie publication. Le vin ainsi distillé est fort apte et commode pour faire la distillation circulatoire, telle matière donc ainsi digérée et rectifiée soit mise au pélican ayant deux anses que nous appelons naguère le vaisseau d’Hermès, ayant en sa sommité un pertuis par lequel soit mise et extraite la matière qui est à circuler : mais quand cette matière sera ainsi au vaisseau bien luté et de bon lut cimenté : tellement que la matière ne se puisse perdre par évaporation en montant et descendant plusieurs fois circulatoirement. Tel vin ainsi distillé comme dessus en la fin se convertira en quintessence telle eau de vie à été dit combien qu’il ait tous les quatre éléments, toutefois par sa motion & agitation souvent faite qui est à cause de la montée & descente est converti & passé de corruptibilité en incorruptibilité aucunement. Si donc on voit que le pur soit séparé de l’impur le gros du subtil par fréquentes & assidues distillation circulatoire combien d’avantage sera il plus de purée par le distillatoire auquel par infinies descentes de sublimations est de plus en plus de pure & de matière élémentée, est faite matière non élémentée & corps incorruptible, par quoi doit  donc d’autant plus que le ciel est moins corruptible que les quatre éléments d’autant plus notre quintessence est moins corruptible que le corps éléments, mais quand celle sublimation aura été faite par plusieurs fois au distillatoire devant dit soit finalement ouvert le pertuis qui est au haut du pélican, & de celle précieuse & redollente odeur tu pourras connaître si aucune chose reste de la matière des quatre éléments, qui doivent être convertis en quintessence : car si cela vient parfaitement, à icelle quintessence, du circulatoire sortira une très odoriférante odeur si précieux que par cela nous sommes vu, élevé jusqu’au ciel par la grand douceur, & apparaît aucunement être la redolence & fragrance céleste, & si telle fumée entre en aucun lieu secret de la maison si fort la remplira que chose n’est au monde plus douce, ni délectable & suave, & finalement de plus parfait odeur qu’on saurait sentir : tellement que c’est chose à dire est merveilleuse, & quasi incroyable. Et si cela est mis au haut d’une tour, il attirera a lui tous les oiseaux prochains : mais s’il advient qu’ainsi ne donne tel odeur, soit derechef fermé le pélican & bien collé de boue ou ciment, & soit mis derechef à distiller à la distillation circulatoire, par si longtemps que celle quintessence se montre & apparaisse, comme dit Raymond Lulle en son premier livre second chapitre mercure végétable, c’est à dire argent vif, lequel tu pourras toujours connaître par l’odeur devant dit, non seulement a & obtiens cet odeur & saveur tant excellente, mais ainsi aucune incorruption incrédible envers les autres médecines, & si a certainement aucun brussement & adustion en la bouche comme l’eau de vie, ni aussi aucune humidité ou phlegme : car toute la matière terrestre & élémentale réside & demeure au fond & ainsi que le ciel est composé de matière & de forme, ainsi cette quintessence l’est ainsi, & pourtant lui est elle comparée : toutefois elle n’est pas totalement incorruptible, car si elle était très parfaite en incorruption, sans aucun obstacle, elle ferait nos corps perpétuels & éternel laquelle chose n’est permise de dieu de toutes choses créateur qui nous a établi le terme de la vie, lequel nous ne pouvons passer comme dit le psalmographe & prophète royal David : car selon Sénèque n’a chose plus certaine que la mort, ni plus incertaine que l’heure qu’il faut mourir,& pourtant quand aucune chose est tournée en la quintessence, cela n’est divin, mais naturel : toutefois il est avec l’aide & secours du Dieu tant puissant, sans lequel n’est aucune chose faite ni mise en avant.

De la facile manière de distillation circulatoire & de tirer la quintessence sans feu. Chapitre 8.

S
i en ce très excellent œuvre tu désires & veux fuir & éviter tous les dépends, & la perdition de temps qui est grand chose, garde cette double voie de tirer la quintessence, ce que pourras faire sans aucun feu ou charbon. La première voie est celle-ci, soit pris du fient de cheval, & mis en aucun grand vaisseau & profond, ou en une fosse faite exprès à cela : & au milieu du fient soit mis le distillatoire avec sa matière à distiller pleine jusqu’à deux tiers. La tierce partie vague hors du fient, car nature cela demande afin que la macère puisse monter & descendre, & par conséquent être convertie en eau très claire, & est cela fait sans aucun labeur & sans feu. Il faut toutefois renouveler le fient par tout le long de la semaine au moins une fois, & peut-être cela fait aussi en la vinacée ou marc de vin comme dessus a été dit : moyennant qu’on le prenne au temps des vendanges, incontinent que les raisins ont été presser & foulés au pressoir, & en cela tu verras merveilleuse opération, ou cela peut aussi être fait au soleil es jours caniculaires, & pourtant la divine providence également pourvoit aux riches & aux pauvres, si qu’ils puissent avoir la manière de l’opération de cet art. La quintessence peut-être aussi extraite de vin trouble immonde & pourri, mais qu’il ne soit aigre, car alors est a présumer celle quintessence être exhalée & évaporée de tel vin comme dit Lulius au premier livre, troisième chapitre & combien que le vin soit pourri & de mauvaise substance, toutefois toujours en lui demeure l’essence quinte, laquelle chose peut être ainsi connue, quand tu as du vin corrompu qui soit cru en bon lieu & fait aucunement troublé ou mal savouré, toutefois nous voyons de lui être faite très bonne eau de vie, & pourtant tel vin n’est pas à rejeter, car néanmoins que le vin soit imparfait & aucunement corrompu, toutefois la quintessence qui en est faite n’est aucunement blessée. L’autre voie & moyen de la tirer sans aucun labeur & sans feu est celle-ci. Reçois l’eau de vie très noble & la meilleure que tu pourras trouver & soit mise en un verre qui ait le col long, ayant en sa sommité un pertuis, qui doit être fermé & oint de telle cire que nous dirons après, soit tourné le verre, & mis au fient avec le col comme dessus a été dit par moult de fois, tel le met que la grosseur de la matière réside au fond de celui distillatoire. Et quand il aura été par quelque temps assez enseveli au fient, soit retiré derechef d’icelui, & doucement, en la forme ainsi qu’il aura été mis, duquel verre & vaisseau s’ensuit la figure.
Quand tous les esprits seront assemblés soient mis au distillatoire ou circulatoire d’Hermès, duquel est ci la figure.
Il serait meilleur toutefois qu’un tonneau fût enseveli es marcs de raisin qu’on nomme autrement vinasses, comme nous avons dit : mais le canal ou auge doit  être si long qu’il apparaisse outre le fient sur lequel soit mis un alambic avec son réceptacle, n’attouchant en aucune manière le marc ou vinacée.


Et quand tu auras cueilli ainsi par une, ou par autre voie les esprits au réceptacle, soient mis au pélican, & distillez culatoirement, en toute manière & voie comme dessus a été dit.

De la manière de tirer la quintessence des quatre éléments, à résoudre en elle le soleil pour l’or potable. Chap 9.

A
ssez a été dit dessus que cet que la quintessence, & de quelle opération elle est, & comment elle est extraite & tirée de sa matière, & avons montré la manière de la tirer pour les riches & les panures & comment sont tirées non seulement les forces de l’or, l’argent, airain ou métal, & autres métaux, mais aussi les vertus des pierres précieuses & des herbes, quand elles sont dedans plongées & mises : mais toutefois je ne suis ignorant que plusieurs studieux en cet art veulent & désirent aller plus outre. Par quoi je suis contraint à recompter les choses que j’ai connues par fréquente leçon & expérience, qui est maîtresse des choses, cet à savoir la manière de tirer & extraire la quintessence du vin, en laquelle peuvent être résolus l’or, l’argent, les margarites & pierres précieuses & autres métaux, à faire l’or potable, laquelle chose toutefois plus consonante aux artistes qui en cherchent les petits ruisseaux d’aucune, qu’aux médecins : & combien que plusieurs auteurs sont & scribes des anciens qui enseignent la manière de tirer la quintessence du vin par la séparation des quatre éléments, en telle sorte qu’ils sont réduit en une substance & être, laquelle chose ainsi subtiliée & extraite comme des humeurs & toute superfluité des quatre éléments, peut être dite la quintessence à la résolution du soleil. Par elle donc nous ne pouvons pas seulement résoudre, mais aussi extraire toutes ses forces, tellement qu’il peut entrer en l’or potable : mais au vrai, quiconque regardera totalement la matière, il jugera cela mieux convenir à l’arquemie, qu’à la médecine : mais je ne nie pas par plusieurs anciens avoir trouvé les modes de cette manière pour dissoudre le Soleil, ils l’ont toutefois plus cooptée à l’arquemie qu’à l’art de médicine, par cet art donc, plusieurs sont déçus, croyant l’or être fait de telle quintessence. Et combien que moult soit constante en plusieurs & de grand poix avec la splendeur de l’or, toutefois en notre temps cela est jugé être faux par vraie comprobation quand elle est pillée & mise petit à petit en lamines tendres & apétissées, & résolue en eau forte avec les autres métaux, ou aussi par l’antimoine qui est la dernière preuve  de l’or bien approuvé : par quoi la feinte & étrange couleur est connue à parfaitement : pour cette cause Arnauld de Villeneuve dit que le vin auquel sera  éteint la lame d’or par quarante ou cinquante fois, est vue en aucuns lieux & tenue envers aucuns lieu d’or potable : par quoi dit au Jehan Roche tranchée, que meilleur serait fait celui vin de l’extinction des lamines d’or, si celui or était calciné & réduit en poudre très subtile, ou qu’il fût laminé, c’est à dire, mis menu par lames, & puis après tranché en petits morceaux, car plus facilement serait tirée de lui la vertu, s’il était ainsi tranché bien menu, que quand il est laminé & mis par lames : soit l’or naturel, toutefois es mines de la terre trouvé, & non pas celui qui est fait par l’industrie des hommes & subtilités : car celui la n’a aucune vertu à la conservation de l’humaine vie, mais plutôt est déception, & obfuscation des yeux. Qui est celui là des arquemistes qui s’ose vanter avoir composé jamais or, sans matière de venin, qui est Mercure, & pourtant à la vérité cet or des arquemiste, combien qu’il ait la vraie couleur d’or, la forme aussi le son, & le poids, il n’a pas toutefois la vertu comme l’or matériel venant de la mine de terre. Donc l’essence du vin peut être de celui bon vin extraite, selon l’opinion & doctrine des anciens, desquels je réciterai la voie & sentier, laissant les autres doutes & ambages de paroles. Pends de l’or, & le mêle très subtilement pour être résolu en forme potable de la couleur d’or, duquel aussi par lui même ou aussi par les autres médecines nous pourrons user comme nous montrerons après, combien que ce soit aussi autre voie trouver à résoudre l’or avec eau forte, ou vinaigre distillé, ou par urine humaine distillée, desquelles choses ne convient parler au lieu de médecine, car elles sont plus corrosives de nature qu’à la santé valable. Et combien aussi qu’aucune chose peut être ici ôtée, comme disent aucuns : toutefois ce n’est chose sûre, & non pas bien à croire, & s’il pouvait être fait, je ne voudrais pas toutefois user de cela : car nos Philosophes disent qu’il faut élire entre deux doutes le plus certain, & le plus incertain fuir & éviter : pour cette cause nous montrerons plus facile & sûre voie de séparer la quintessence des quatre éléments, & de la digérer en un seul être par l’acuité qui est en elle mêlée, avec subtilité, par laquelle l’or & l’argent & autres métaux peuvent être résolus, & la vertu aussi de l’extraire d’icelle même, si qu’elle puisse être réduite en forme potable semblable à eau pure, par laquelle acuité iceux métaux sont résolus, & non par autre chose, quand les quatre éléments ne sont encore séparés, & celle terre n’est encore calcinée, ou par adustion faite & convertie en sel, chaux, ou cendre en la forme d’aucune pierre, dite aucun ancien, la pierre des philosophes, de ceci sont deux voies : aucune chose faite en extraite avec discrétion du vin dessus dit, en quoi est grand labeur (je me tais) comme j’ai enseigné dessus, de cette subtile substance comme l’âme ségrégée du gros, c’est à dire de celui corps charnel, par la subtilité pouvoir faire aucune chose subtile & pénétrer aussi, par laquelle chose cette force & efficace grandement est multipliée : en telle essence donc la vertu de chacune chose peut être extraite comme du Soleil & de la Lune & des autres métaux, margarites & pierre précieuse, herbes & autres tels genres, mais l’or ne peut être dissolu mais oy bien par autre voie en séparant d’icelle quintessence, l’air, le feu, l’eau, & la terre, & en mettant puis après par la calcination de la terre aux autres qualités, en la sublimant en un, par espèce distillation circulatoire, & digestion. La manière de faire telle quintessence est entendue par deux moyens & voies. Premièrement, par la voie qui sert à séparer les quatre éléments, & comment ils peuvent être derechef redigérés en un corps, & en cette manière, selon aucun, la pierre des philosophes est vue être composée, & par sa force cachée & secrète, peuvent être tous les métaux résolus, teints, colorés, & assemblés, le Soleil, La Lune, & autres choses : secondement est à savoir comment est à séparer la terre, étant extraite, la quintessence, par laquelle la vertu de la terre est élevée ou tirée, & par laquelle aussi peuvent être résolus, l’or, l’argent, & autres métaux,& peuvent être réduits en forme & substantial breuvage de l’humaine vie conservant & restauratif.


La manière comment est faite la quintessence à résoudre le Soleil, pour les teintures & couleurs. Chapitre 10.


P
rends donc du vin rouge, & du meilleur que  tu pourras trouver, & qu’en aucune manière ne soit solue, si que comme nous avons dit dessus, & soit  distillé par trois fois en un tel four ou fournaise, cette fournaise est nommée d’aucuns le bain de marie, elle est toutefois différence à celle de laquelle nous avons dit dessus & parlé, par quoi la haute partie, c’est à dire l’alambic, qui reçoit les esprits & les rend, doit  demeurer en eau tiède, & doit  être régi & gouverné par celle eau, tellement que le vin à distiller, embrasse d’autant moins aucune complexion ignée: c’est à dire, tenant de la complexion du feu, laquelle très difficilement serait abstraite par beaucoup de variables distillations, & par conséquent plus est cela nuisible que profitable à l’humaine nature, comme tu pourras voir alertement, icelui canal ou auge du distillatoire, auquel est le vin passé & repassé par l’eau tiède : mais l’autre bain de marie, duquel dessus avons parlé, à la basse & inférieure partie du fourneau, comme un chaudron, auquel doivent être mis tous les vaisseaux & instruments distillatoires avec l’eau & la supérieure partie, qui est l’alambic,


 ne doit demeurer en ce vaisseau contenant aucune eau : mais proprement le vin qui doit être distillé, & cela est le bain de marie, & toutefois & quant aucune chose est à distiller au premier bain de la chaudière, il faut être diligent qu’on ait des plats ou cercles de plomb grands & petits, sur lesquels les verres doivent être liés, si qu’ils ne soient agités çà & là, par la caléfaction de l’eau, ou du bain, & ne soient aussi par cela rompues, duquel voici la forme.
Et note lecteur, qu’en tel bain ou chaudron doit  être muraille, & faut au côté du fourneau qu’il y ait un long canal de fer ou de cuivre, auquel soient jetez les charbons qui doivent être sous le caldaire embrasés de feu, ou que la chaleur des charbons réverbère contre celui caldaire : car en celui canal ils ne peuvent être brustés, pour celle cause plusieurs pertuis sont au fourneau, & aussi pour la clôture du canal. Item l’alambic qui demeure en l’eau doit  être de cuivre, & soit dedans étamé, & bas & haut soient les vaisseaux ensemblement cimentés, & en l’extérieure partie, ou sont les jointures soient très bien jointes & collés d’étain, si qu’aucune chose d’eau ne puisse sortir de là : mais quand l’eau sera échauffée, soit ouvert le palle ou le pertuis par en bas, & soit laissé aller l’eau chaude, en y mettant de nouveau autre eau froide : car de cela l’eau de vie devient meilleure en sa distillation, & d’autant moins attire elle à soi la chaleur qui est entre nature : mais l’instrument ou vaisseau auquel l’eau est contenue, doit  être de cuivre ou de métal semblable à or, en couleur qui est dit en latin auricalum, & soit large comme d’une paume, ou un peu plus, & aie au milieu un pertuis, & soit le circuit qui est par dehors large & épais de deux doigts & soit mis sur le chaudron, & ne soit point plus grand que celui autre pertuis qui est au distillatoire, & soient toutes choses bien collées avec bon lut de sapience, & le lie bien de linges & drapeaux à l’entour : afin que rien ne se perde. Or donc quand ton vin tu auras aussi mis au chaudron, toutes les choses qui seront collées de bon lut & cimentées demeureront en leur lieu jusqu’à ce que tu aies distillé autant de vin qu’il te suffira : car si tu ôtais aucune choses, tu auras plus grand peine de le boucher, si tu n’avais assez vin, & pourtant au caldaire inférieur est le pertuis par lequel doit  l’eau sortir, quand le vin sera distillé, & quand plus ne sera d’efficace en celui vin, autre vin y doit  être mis par la partie d’en haut, où est le petit pertuis auquel on mette l’entonnoir par lequel sera rempli le distillatoire : soit puis après bien collé & fermé, si qu’aucune vapeur n’en puisse sortir, & soit cloué d’un instrument d’étain : ou le coller aussi avec bon lut, fait de crottes de chevaux. Et saches que telles fournaises sont rarement trouvées envers les artistes de notre pays : donc quand tu auras distillé tout ton vin il faut réserver le flegme duquel nous parlerons après, mais celui vin ainsi distillé soit mis au four accidieux, ou de paresse dedans le sable, duquel la forme sera dépeinte : mais si tu ne le veux mettre au four de paresse, soit mis au bain, ou sont plusieurs vaisseaux distillatoires, ensemblement, & soit chacun mis en son cercle : mais tous les cercles soient assemblés & tenus ensemblement en un anneau ou trépied, & soit le bain ainsi fait que la fournaise, soit faite en l’inférieure partie d’aucune maison, & soit large comme un sextier, ou comme trois quartiers d’une aulne, & soit fait de cuivre le couvercle : mais le lieu ou doivent être jetés les charbons soit fait de briques muraillées en les joignant très bien de tous côtés avec bon mortier, en l’épaisseur de deux ou trois doigts, & soit le couvercle fait ainsi que quand il est clos, cette chaleur qui la monte puisse derechef retourner jusque q’au pied de la fournaise, & soit très bien fermé deçà & delà, afin que la chaleur conçue ne puisse facilement être perdue, donc le canal soit sus la fournaise & dessous le canal, soit une grille de la quantité d’une paume : tellement que les cendres puissent couler au fond, la fournaise doit être carrée, & en un chacun des angles aie un pertuis ou soupirail, par lequel s’en puisse sortir la fumée, & ait celui canal une fenêtre distante de cette fournaise d’une paume, par laquelle fenêtre doivent être jetés les charbons, & soit toujours bien fermée avec aucun instrument, à cela fait qui doit  être aussi épais que celui canal : mais le feu soit toujours modéré par iceux quatre pertuis angulaires, avec aucun registres à étouper, à cela convenables & idoines, & ainsi la chaleur passera par le canal jusqu’au couvercle de cuivre, & ne saura personne dont peut venir celui feu. Soit fait ainsi un vaisseau de bois en la magnitude & circonférence de la roue d’un chariot : afin qu’il environne totalement celui couvercle de cuivre auquel vaisseau doit  être mise de l’eau, tellement que celui couvercle demeure totalement au vaisseau plein d’eau jusqu’à la moyenne partie du vaisseau : mais soit celui vaisseau haut de quatre ou cinq coudées, & par deux coudées depuis le fond du vaisseau soit fait le couvercle de bois avec plusieurs pertuis, tellement que chacun vaisseau puisse entrer en chacun pertuis, & sus chacune coucourde soit mis un alambic & dessous chacun alambic un réceptacle, dessus le couvercle du grand vaisseau, & soient toutes ces choses très bien cimentées & collées de bon lut ou ciment : c’est à dire le grand couvercle qui couvre tous les pertuis dudit couvercle, les échappes, & les réceptacles auprès d’elles, & ainsi tu auras la chaleur, à cet ouvrage suffisant, & le feu secret. Mais quand tu voudras savoir quand tous les esprits sont distillés & séparés d’icelui vin, regarde l’alambic, & quand tu auras vu en icelui aucunes gouttes distillantes, alors c’est un signe certain & très certain qu’aucune chose plus ne reste des esprits, & adonc icelle eau soit mise à part & gardé & emplis derechef la coucourde d’eau de vie, mettant dessus l’alambic, & soit bien bouchée & étoupée, tellement qu’aucun esprit ne puisse exhaler ni respirer dehors, & soit distillée par les cendres au four de paresse : mais il vaudrait mieux si elle était distillée au bain de marie mais quand tu voudras connaître quand tous les esprits s’en seront allés du vin, cela t’apparaîtra toujours par les premiers indices, ou tu pourras aussi prendre de l’alambic de l’eau de vie, goûtant si aucune chose d’aquosité y est demeurée, & est plus certain que la chose certaine.

La forme du fourneau & du bain de celle-ci.

Quand tu distilleras ainsi selon notre doctrine au bain de marie ou au four de paresse, prends celui flegme, qui est demeuré es distillatoires, & soit distillé huit ou neuf fois, à chacune fois, ledit flegme demeurant, le joignant avec le premier, & soit cela fait autant de fois qu’il est requis, jusqu’à ce qu’icelle eau de vie soit convertie en substance & nature de feu, tellement que si d’elle est mouillé un drap, & soit embrasée du feu, il soit brûlé incontinent de cette eau, si tu lui mets aussi une seule goutte d’huile d’olive, elle sera incontinent immergée au fond, & jamais en outre ne montera , combien que ce vaisseau soit remué & frappé tant qu’on voudra, & ainsi tu auras la quintessence de ce vin séparé des quatre éléments. Et note principalement que toutes les fentes autour de l’alambic & des autres vaisseaux, combien qu’ils soient  bien cloués avec terre vierge : c’est à dire argile, si ne dois-tu pas pourtant cesser à l’envelopper de trois ou quatre draps de linge : car d’autant plus que les vaisseaux sont bien fermés, d’autant moins sont évaporés, note aussi que d’icelle eau de vie de deux mesures tu retireras un seul ou un & demi, & tout le résidu qui demeurera au chaudron est de nulle valeur, & n’a totalement aucune vertu, & est appelé flegme, c’est à dire eau de laquelle est composé l’air, le feu & la terre. Ainsi de soixante mesures de la première distillation tu n’en auras que sept gobelets, & en la seconde cinq, & en la tierce deux ou trois, & ainsi d’autant plus que tu la distilleras, tant moins en auras, & ce que sera au dernier distillé sera très pur, très subtil, & très bon à composer l’or potable, en laquelle eau aussi tu pourras dissoudre le soleil : mais quand tu l’auras distillé par trois fois, il sera très subtil. Et pourtant si tu ne te donne bien garde, toute sa vertu facilement s’enfuira en vapeur & se perdra. Prends donc un collatoire quand tu voudras mettre d’un vaisseau en l’autre, & soit mis au vaisseau auquel tu mets le vin, & tout autour soit étoupé avec telle cire, comme elle sera enseignée ici dessous, en imposant dessus un autre vaisseau, tellement que le col totalement soit précipité au coulouer, & en paille manière tu luteras, c’est à dire, que tu colleras de lut ou ciment le col du coulouer. Et étant cela fait, permets le vin couler en un autre vaisseau, & moins exhalera la vertu, & soit le coulover de la longueur d’une demie paume : mais la mode de faire la cire à coller, comme de boue ou ciment est telle. Prends deux livres de résine de pin, & soient fondues en un vaisseau de terre bien vitré par-dedans. Quand cela sera ainsi fait, prends un autre pot ou vaisseau de terre, auquel soit eau claire, & sur ce vaisseau soit mis de la paille. Reprends puis après sur celle paille ou foire cette résine en un autre vaisseau, & toute son impureté résidera en la paille : Mais si tu la vois n’être assez dépurée, reçois demi-livre de cire vierge, d’huile d’olives deux ou  trois cuillerées, ou si tu n’as point d’huile, prends autant de beurre, & soient mêlées & répandues toutes choses ensemblement, soit apte après cela avec une petite spatule ou palette jusqu’à quelque temps, qu’il soit froid, puis tu ouvreras de la main & la presteras totalement & de cette cire doivent être collés tous les vaisseaux & distillatoires, desquels aucun voudra garder l’eau de vie. Soient les vaisseaux très bien égalés & polis, & après mets dessus un verre tendre comme un couvercle, & soit derechef luté & collé avec la cire devant dite, note semblablement que quand tel vin aura été deux ou trois fois distillé, tu pourras prendre une subtile éponge, qui doit  être tranchée en morceaux, ainsi grands que de toute partie ils puissent toucher à la coucourde en la plus haute partie, & doit être liée la devant dite avec trois ou quatre cordes éminentes par dehors, quand tu mettras l’alambic dessus, tellement que l’éponge ne puisse tomber au fond du distillatoire, & soit trempée en huile d’olive, & puis soit un peu derechef exprimée, si que par aventure cette huile ne tombe en la coucourde Et quand cette matière à distiller est mêlée, & close avec la cire devant dite, étant l’alambic dessus mis, iceux esprits seront très bien distillez par cette éponge, & celui flegme ne passera point par celui, à cause de l’huile, & en cette manière tu ouvreras plus en une seule distillation qu’en trois autres, l’alambic toutefois soit ainsi fait sans double marge, comme sont les alambics aveugles, excepté seulement qu’ils n’ont point de bec comme iceux.
Tu pourras aussi faire des chapelles ou sièges jusqu’à quatre, tellement qu’en chacun soit une coucourde, en laquelle soit mise la matière à distiller, c’est à savoir celui vin ainsi distillé comme dessus a été dit, & ainsi tu pourras plus brièvement & facilement parvenir à l’effet que tu auras tant désiré : mais le canal, qui est au milieu, ne soit pas plus haut que la fournaise & peut être fait celui canal carré de tuiles non cuites, & dedans chacun angle soit faite une fenêtre en longueur & largeur de quatre ou cinq doigts, & soit faites avec leur marge, tellement que du haut en bas puissent être jetés aucun instruments de fer, ou registres pour tempérer le feu, & faut que tels registres soient si grands que toute la marge de la fenêtre soit remplie d’iceux, par laquelle puisse saillir la chaleur, cet instrument de fer a un pan, qui a plusieurs pertuis ségrégués & divisés l’un de l’autre par espace d’un doigt oblique ou du travers, tellement que si tu veux avoir grande & jugente chaleur, soit celui fer plus hautement pendu, & au pertuis inférieur soit mis un réceptacle ou petit rhe. Mais si tu désires à ton ouvrage petite chaleur, soit laissé dévaler le fer pendu autant bas que tu voudras, la forme desdits registres est telle : Mais sous le canal, toutefois soit une grille sous laquelle soient mis les charbons, de laquelle la forme s’ensuit.

Tu pourras aussi avoir les registres faits en sorte qu’ils aient trois ou quatre pertuis ou plus, tellement que au plus haut soit la chose petite, & en bas la plus grande, d’autant plus que tu lèveras ces registres, d’autant plus tu auras de la chaleur, & ainsi pourras tu faire feu grand ou petit, selon ton plaisir : cette fournaise est faite pour deux causes la première est : car en elle tu pourras faire grand feu à fortement distiller, ou légèrement, selon qu’il te plaira, la seconde cause est car quand elle sera une fois échauffée facilement ne soit refroidie, & pourtant peu de charbon y est perdu, & note que ces distillatoires ne doivent pas être retirés ou mis, sinon qu’il soient premièrement refroidis, & cela pourras faire, en mettant au fond aucun des registres, & néanmoins les autres auront leur opération, & quand derechef tu auras mis un vaisseau plein d’eau de vie, tu gouverneras le feu à ton plaisir, jusque ce que tu aies la suffisance de la matière. Mais les quatre éléments doivent être ainsi séparés, soient prises toutes les eaux dessus dites ensemblement apportées, & soient mises au caldaire du premier fourneau, ou en la grand coucourde : & si tu ne peux avoir une grande coucourde, soit cela mis en plusieurs petites, & soit distillé en l’une desdites fournaises, & d’elle soit tiré le flegme
jusque ce que plus n’en sorte aucune chose, étant le feu lent comme si c’était au bain de marie. Et quand cela sera ainsi distillé jusqu’à la fin, soit ôté le réceptacle, & tu trouveras là le flegme, & en icelle coucourde, ou caldaire demeure, la matière très noire, comme poix liquide est fondue : mais aucuns, qui veulent abréger, mettent au vaisseau ou clapse de fer cette matière au feu lent des charbons, jusqu’à ce  que cette noire substance apparaisse comme poix, qui est tendre, & soit cette la mise en la coucourde, puis après soit mis de l’autre flegme en la clapse & soit fait ainsi de la première, & derechef soit mise la noire matière avec l’autre & cela feras souvent, jusque  qu’aucun flegme n’y demeure, & derechef soit mise la noire manière en la coucourde & soit mis en l’arène & tiré d’elle la superflue humidité, & répands puis après la quintessence, laquelle tu as premièrement abstraite de celui en l’épaisseur de quatre ou cinq doigts, & soient bien mêlés ensemblement, & mis au bain de marie digérer, & soit puis après distillée par l’alambic, & quand l’eau sera ainsi distillée soit répandue de derechef sur les boues & lies, & derechef soit distillée & derechef digérée & distillée.

Et d’autant plus que cela sera souvent d’autant sera meilleur, & cela qui est distillé en la septième distillation est appelé sang humain, que les arquemistes diligemment enquièrent, & est celui air, & ainsi tu as deux éléments exaltés en la vertu de la quintessence, c’est l’air & l’eau. Prends après cela la matière, de laquelle dessus avons parlé, qui est demeurée au distillatoire, & soit distillée en l’arène par l’alambic, & en elle sépare son huile, qui est le feu, & quand rien ne demeurera en elle tu garderas cette huile à part, & au fond de la coucourde tu trouveras la matière noire sèche, qui est cette terre de laquelle peut être faite fermentation à unir & aiguiser la quintessence, & en cette quintessence, peut être résolu l’or & tous les métaux, & quand tu verras à l’alambic les gouttes distillantes comme est l’huile claire : soit alors ôté le réceptacle & un plus grand soit mis devant, comme si tu voulais faire eau forte, à cause des esprits, qui entrent en cela, & ne soit fait trop grand feu par vingt quatre heures, car cette noire matière monterait à l’alambic, & de lui passerait au réceptacle. Dernièrement quand plus n’apparaîtra aucune chose de l’huile, le feu est plus à augmenter, jusqu’à ce que toutes les gouttes s’en soient allées de l’alambic, & au fond demeurera la matière noire, sèche & brûlée, sentant & ayant tel odeur comme aucune autre ratière brûlée, tu as puis après le flegme, comme devant a été dit que tu mettras en la clapse, comme souvent a été dit dessus. Et quand cela sera consumé par expesses ou fréquentes ébullitions. Reçois de cette eau, qui demeure après la distillation de l’eau de vie, quand elle est dépurée, tellement qu’elle ait une livre des boues, & quatre livres de l’eau devant dite, & soient bien mêlés ensemble & mis en un vaisseau de verre, ou vitre de terre plombée. Et quand les boues s’en seront allées au fond : comme pour reposer, soit collé, & sus les boues derechef soient mises quatre livres de l’eau devant dite, & soit cela fait tant de fois que la puanteur s’en aille de cette noire matière & si tu ne fais cela ainsi tu perdras l’huile & ton labeur & peine : car si tu ne répands & infuses ainsi la quintessence dessus, & derechef distillé d’icelle, comme dessus a été dit : cela ne vaudra rien, totalement tu dessèchera ainsi la terre noire lavée & purifiée, & fais poudre très subtile & la mêle avec les deux éléments dessus nommés, rectifiés, c’est à savoir, l’eau & l’air, que nous avons nommés dessus, devant le sang humain, & soient au bain de marie par trois jours, & autant de nuits, ou un peu plus.


La figure du four de réverbération.


Après derechef soit distillée, & l’eau qui vient de cette distillation est dite, l’eau ignée, c’est à savoir de feu rectifié, & ainsi tu as trois éléments exaltés en la vertu de la quintessence : après cela prends cette noire matière, & soit rédigée en la brûlant à four de réverbération ou calcination en cendre ayant la blancheur de la chaux : toutefois elle n’est pas toujours faite si blanche : car elle retient aucune fois de la rougeur, comme est cette rougeur de la combustion : mais le feu au four de réverbération n’est aucune fois assez fort & puissant, & pourtant pour éviter le grand labeur & plusieurs dépens, tu mettras cette matière en une oulle toute neuve de terre, & soit couverte d’un couvercle, & soit bien collé de la boue de sapience ou de la boue faite de laines, c’est à dire des bourres, que les tondeurs de draps rejettent, & soit mis en la fournaise de la chaux très bien échauffée, & tu la calcineras en tel four par autant d’espace, auquel la chaux peut être brûlée cela est fait communément en Germanie, d’aucun, en l’espace de douze ou quatorze jour continuellement, en faisant feu comme il est fait en faisant la chaux : après cela, quand cette matière aura été exemptée du four de la chaux d’autant mieux tu la pourras calciner au four de réverbération, & si cela tu en eusse fait devant que l’avoir constitué en la fournaise de la chaux, elle n’eut pu être de long temps calcinée : mais si elle n’est assez brûlée de la première fois en la fournaise de la chaux : soit mise derechef en icelle même fournaise. Et quand elle sera assez brûlée, mêle avec elle élément du feu : c’est à dire l’eau, qui a feu en sa puissance, de laquelle nous avons parlé, & permet quelle demeure trois jours & trois nuits au bain de marie, & soit puis après derechef distillée, & soit fait cela par sept fois & autant de fois soit calciné au four de réverbération. Et quand elle sera sept fois ainsi distillée, & autant de fois recalcinée, ce que tu pourras considérer par cela, que quand tu prendra de cette terre & la mettras à l’air, & fera sécher, & puis tu répandras dessus trois ou quatre gouttes de l’eau devant dite, si elle n’est résolue alors tu as la très certaine démontrance, quelle est assez apprêtée : mais si elle est solue elle doit  être derechef calcinée, & réverbérée, & dissolue au bain de marie, comme nous avons dit, & soit cela  fait autant de fois qu’il en sera besoin, & jusqu’à ce que la terre ne soit plus en outre solue, & à lors elle sera vraiment apprêtée, & est appelée eau de vie, par quoi, d’elle & par elle l’or est résolu & subtillié : mais très sûrement elle est la terre, & non pas sel, comme disent aucun, qui est dite la pierre philosophique rectifiée, & icelle quintessence, de ses quatre éléments séparés, en laquelle est caché l’esprit de l’esprit séparé, c’est à dire de son flegme, qui est cette eau, & de son huile, qui est l’air, & de l’eau ignée, ou de feu qui proprement est cette eau, & des boues & lies brûlées, qui est l’élément terrestre, & de terre, & cette essence ainsi réverbérée, calcinée, résolue, & derechef recalcinée, en la forme dessus dite est convertie en pierre, avec laquelle sont fichés tous les esprits, car elle a la supermité, plus haute vertu de la spiritualité, & l’infinie & basse vertu de corporalité, & pourtant dit Hermès, le plus haut est, qui est en bas, & le plus bas est, qui est le plus haut, & est cela une seule essence à parfaire le soleil, & résoudre tous & chacun autres métaux, pour autant qu’elle conserve toujours sa force & vertu, & à toute la substance des quatre qualités, ou des éléments, en une complexe & assemblée essence, en quoi sont contenus les secret des secrets de nature, & pourtant dit le philosophe, que la pierre de terre, comme des quatre qualités corruptibles monte au ciel, qui est incorruptible, & elle même descend du ciel en terre, ce qu’il a signifié par les paroles devant dite, quand il disait le très haut est ce qui est en bas & le bas est ce qui est suprême & plus haut, & est cela une seule semence, à ficher ces métaux, qui survient de la terre, c’est la pierre élixir, & est comme cristal, qui tient de mercure, mère de tous métaux. Et quand cette quintessence, est mêlée avec la pierre devant dite, & y sont adjointes les feuilles de l’or, elles sont résolues par la copieuse pénétration, qui est en cette pierre, & la subtilité superflue, qui est en cette quintessence : est cachée & occulte, est convertie en or potable.

De la manière de tirer, & extraire la quintessence, laquelle peut-être résolue en or pour faire l’or potable. Chap 11.

N
ous avons promis montrer deux voies, comme sont à séparer les quatre éléments, & redigérer en une forme à résoudre le soleil, la lune, & tous les autres métaux. De laquelle première voie à été assez déclaré dessus. Maintenant faut procéder à la seconde voie, c’est à savoir, comment la terre est à séparer, étant extraite icelle quintessence, par laquelle tous les métaux peuvent être résolus, & digérés en la substance d’eau potable, car tous les philosophes disent ensemblement, que l’eau de vie, peut être faite à substanter nature humaine & éviter toute maladie. Fais donc eau de vie claire rectifiée, tellement qu’elle arde, elle embrasée, comme nous avons dit dessus, & n’en fais en aucune manière sang humain : car si aucunes herbes ou autre chose des matérielles est mise en elle, elles perdraient leurs forces par la superfluité qui est en lui, & toute la bonne saveur, & seront aussi à avoir en horreur à usage humain n’en soit aussi faite eau de feu : car elle contiendrait en elle telle chaleur & aiguisement ou acuité, que toutes choses matérielles, fors les métaux attireraient à elle, telle chaleur superflue, & auraient la qualité de feu : tellement que quand tu croiras faire eau de vie : plutôt feras eau de mort. Par quoi puisque toute vertu, & perfection est en icelle terre, réduite en pierre, comme dessus nous avons déclaré, nous attribuons donc cette terre, à cette notre eau présente, ne faisant sang humain : ou eau de feu, & alors elle est appelée la quintessence, ou eau de vie. Et non pas eau de mort, & d’autant plus qu’elle est distillée par la terre, d’autant est elle faite plus efficace, & meilleure, & faut noter que peu de cette terre à très grande vertu en cette œuvre, car ainsi que bien peu de ferment fait grande & copieuse pâte, pour cuire le pain, aussi la moindre partie de cette terre, dresse très grandes perfections & vertus, au corps humain très convenables, & pourtant il se faut éviter de ceux qui font du tartre, ou qui brûlent le marc des raisins en cendre, ou qui prennent chaux pulvérisée de vignes & de saules, & disent cela être la terre de laquelle est notre locution, ce qui est pleinement étrange de la vérité comme dit Geber, qu’elle est pierre & plutôt incomparable de la mixtion des choses étranges, quand tu auras ainsi donc fait l’eau de vie, rectifiée trois ou quatre fois, tellement qu’aucun signe & indice d’humidité ne demeure, ou lie, ou elle est brûlée, cette terre soit séparée de son flegme, par la plus brève voie qui sera possible, & soit ce flegme mis au caldaire, & cuit jusqu’à l’épaisseur de miel dissolu sur le feu, ôte le du feu puis après, & le permets refroidir jusqu’au lendemain, & tu verras petites pierres au fond du vaisseau, comme si c’était sel nitré répandu, soit coulé d’iceux par-dessus, étant eau & huile, & soit autre eau répandue sur celle terre : ou petites pierres, & mêlé ensemble. Permets cela derechef, puis après résider & se soir, comme dessus à été dit. Et quand tu auras coulé l’eau mets-la à la première, & permets quelle bouille comme dessus. Soit puis après refroidie, par deux jours, comme dessus a été dit, & tu trouveras pierres blanches comme dessus, & cela feras autant de fois, qu’aucune pierre ne soit trouvée au fond du vaisseau, après cela, toutes les petites pierres assemblées, soient très bien séchées & mises en un pot de terre, ou en un creuset d’orfèvre, & soient mis à calciner jusqu’à la blancheur, comme neige & soit cela fait au four de calcination, duquel s’ensuit la figure.
Figure du four de réverbération.

Garde aussi qu’elle ne soient fondues, par très grande chaleur : car tu perdrais ton huile & ta peine, combien qu’aucun soient qui disent, qu’elles doivent être mises à la fournaise de la chaux, ou en un four à verres, et que là doivent demeurer vingt et un jour, mais icelle terre coulerait, par la trop grande chaleur, & par cela plus conviendrait à l’arquemie, qu’à médecine. Et pourtant disent-ils, que avec telle terre, peut aucun sans doute résoudre le soleil, mais il suffit qu’elle soit calcinée en ce four de réverbération : jusqu’à ce  quelle soit muée à la blancheur de sel, ou de neige, & quand elle sera ainsi calcinée soit répandue dessus eau de vie, ainsi rectifiée, comme dessus a été dit souvent & soit distillée par sept fois comme déjà été démontré. Tu pourras en cette eau faire solution, & délier les feuilles d’or car elle tire à elle leur force & odeur, conséquemment est fait or potable d’opération merveilleuse, à la sustentation d’humaine vie : car par lui sont ôtées toutes les maladies du corps, quand nous en avons usé : & pourtant est il dit, à cause qu’il fait l’homme derechef vivre.

 

Comment est à tirer la quintessence du miel qui entre en l’or potable. Chap 12.

M
aintenant nous avons à procéder à la quintessence du miel, quand tu la voudras tirer il te faut avoir bonne quantité de très bon miel, duquel n’est encore la bruche ôtée & séparée : mais le faut prendre, & quand il est ôté de la ruche, alors exprimera ce le miel des couteaux sans feu, faisant trois ou quatre draps d’un sac à couler de la longueur de deux coudées, la longueur doit  être autant que le drap s’étend : cela accompli, mets le miel avec la bruche & cire es sac dessus dit, & es jours d’été soient mis ces sacs & suspendus au soleil, & sous chacun sac mets un vaisseau net pour recevoir le miel distillant des sacs. Et si c’est d’aventure es jours de l’hiver, soit chauffé le bain à évaporer, comme en Germanie sont les bains des plus riches, & soit le sac pendu au paroi & muraille : afin que de la chaleur du bain soit répandu le miel, & quand tout le miel sera liquéfié & coulé, soit mis autre miel au sac, & soit fait comme du premier, & cela feras tant de fois que tu en auras quantité suffisante. Et fais faire cire de boues & des lies, selon la coutume, aie puis après six ou huit vaisseaux de terre la meilleure que tu pourras avoir qui soient faits, quasi à la manière d’une coucourde, & que chacun desdits vaisseaux soit si ample, qu’il puisse tenir quinze ou seize livres, & soient étroits à la gorge, & au ventre larges, si que tu puisses mettre dessus un alambic qui aie deux anses, depuis la bouche & ouverture contenant l’espace d’une paume, & en longueur d’un petit doigt, tellement qu’on puisse mettre par icelles anses & ôter les vaisseaux de la fournaise, & soient bien collés de luttés ou cimenté par en bas,

 desquels la forme est telle : & quand toutes ces choses seront apprêtées, le maître de l’œuvre emplisse chacun vaisseau jusqu’à la tierce partie, de miel ainsi tiré comme nous avons dit, & les autres deux parties du vaisseau soient vagues, tellement que le miel puisse monter & descendre, & soit mis au four de paresse, & l’alambic par-dessus, & toutes les fentes soient très bien bouchées tout au tour avec un drap de linge fermenté de tendre argile, & fais distillation à petit feu lent : car si tu chauffais trop le four, celui miel monterait en l’alambic, & pourtant tu veilleras toujours à cet affaire, & verras si les vaisseaux sont trop chauds : & s’ils le sont, soient mouillés de draps de linge, & tout autour soient enveloppés les vaisseaux autour de l’alambic, ne l’attouche pas pourtant, & ne faut qu’aucune goutte d’eau tombe dessus : car mout tôt l’alambic serait rompu, & soient les petits linges enveloppés autour d’icelui vaisseau, jusqu’à ce  qu’il soit refroidi, & ainsi le miel ne pourra monter, ou par l’alambic distiller, & la première eau qui est de celui miel distillée a en elle les esprits qui entrent en l’or potable. Et quand ils sentent quelque peu de chaleur, ils montent & ne demeurent point, & pourtant le miel qui est tiré & extrait de sa bruiche par le feu, ne sert pleinement d’aucune chose à cette présente œuvre : car tous les esprits sont ôtez de lui, expirez & séparés, & cela diligemment tu considéreras, quand tu ne verras aucun esprits à l’alambic, soient extraits les vaisseaux, & cela bien pourras considérer, quand gouttes apparaîtront autour des lignes de l’alambic, & lors les vaisseaux soient tirés de la fournaise, & soit mis le miel à part en aucun vaisseau : car il ne vaut en outre pour celui affaire. Répands incontinent après eau bouillante en ta coucourde, & soit très bien lavée, & aie une palette de fer large de deux doigts, avec laquelle tu nettoieras cette
 coucourde, afin que si aucune chose du miel brûlé, réside dedans elle puisse être ôtée d’icelle, & cela tu feras toujours quand tu voudras mettre le miel dedans : mais si tu veux sûrement ton miel distiller, en sorte que tu aies aucune solitude qu’il puisse monter à l’alambic, prends cueille de lierre jusqu’à une poignée, & une livre de miel, & soient mêlés ensemble, & distillez, & ainsi ton miel ne montera jamais. Et en cette manière il pourrait être distillé par la chapelle ou campane : toutefois aucuns sont qui prennent petites pierres blanches, qui sont trouvées en la rive des fleuves, & les mettent avec le miel en la coucourde, & est tout un : car le miel ne peut monter pour icelles pierres. Et quand tu auras distillé celui miel en cette manière, & l’eau en laquelle sont les esprits contenus tu auras mis en la coucourde, mets le dessus l’alambic de verre, & distilles, & les esprits seront distillés de celle eau : comme il est dit dessus de l’eau de vie, & cela sera la quintessence du miel, celle-ci donc à son odeur très douce, comme le germe des prunes aigrettes : mais si tu ne peux connaître à l’alambic quand tous les esprits seront séparés, & s’en seront allés, tu ôteras le couvercle, & goûteras la matière distillée, & si elle a le goût du miel, saches que les esprits sont là encore, & tu continueras en icelui vaisseau à distiller cette matière tant de fois, que aucune saveur de miel ne demeure en icelle. Mais les esprits assemblés soient mis en une coucourde, & soit close cette coucourde en la superficie avec verre, & soit collée avec la cire dessus dite, & avec lut de sapience, & soit fait comme dessus a été dit de la quintessence du vin, & si tu veux en cela ouvrer, aie bonne quantité de miel.

Comment est à tirer la quintessence de l’herbe de chélidoine. Chap13.

L
a chélidoine selon Raymond Lulle & Jehan de la roche tranchée, est le don du ciel : mais si nous voulons regarder l’étymologie du vocable & grecque dérivation, autrement sera à parler d’icelle dérivation : car Pline dit & Aristote que la chélidoine est nommée l’hirondelle : ou de sa vue : car en Grec chélidon est dit l’hirondelle à chélidoine ou éclair, & d’icelle a été fait le proverbe, si on voit une hirondelle, toutefois n’est à dire que le printemps soit venu, & chélidoine ou éclair d’icelle a pris son nom, & les vertus d’icelle l’homme a connu, laquelle par sa vertu rend la vue à ses petits, si d’aventure ils sont aveugles. Deux genres sont de cette herbe, la majeur & la mineur, la majeure est celle qui a la tige fort fructifiant & produisant plusieurs branches & fruits, mais l’écorce est plus épaisse & ample, elle croît haute de deux coudées de couleur albicante, la fleur jaune, la mineur est celle qui a les feuilles moindres un petit que le lierre & plus rondes, moins blanches, le jus de safran, semence de pavot, ils fleurissent quand les hirondelles viennent, & flétrissent quand elles s’en vont : quand elles fleurissent leur jus soit exprimé & cuit en un vaisseau d’airain avec du miel tendrement & en fermente & chaude cendre, on en use par singulier remède contre l’obscurité des yeux, & par singulier remède on use du jus seul d’icelle es collyres qui d’elle sont nommés chélidoine, elles ont aussi autres vertus innombrables, & pourtant non pas sans cause je l’ai voulu mêler en cet œuvre, & montrer comment d’icelle herbe est a tirer la quintessence qui entre aussi en celui or potable.
Prends donc de la chélidoine qu’on appelle vulgairement éclair, au temps d’été quand elle est toute mûre, verte, & commence quasi à blanchir, & toute sa substance, c’est à savoir la fleur, la racine & l’herbe en telle quantité que voudra, soit tranchée en petits morceaux, & pillée en un mortier de pierre. Puis après soit mise en une coucourde de terre vitrée, & soit emplie la coucourde, & bien fermée, & collée de boue ou ciment. Soit mise puis après en fumier de cheval récent pour être fermentée & digérée par l’espace de trois semaines, & soit mis l’alambic dessus, & soit distillée au bain de marie, & soit le feu grandement lent, & que toutes choses soient très bien étoupées, & celui flegme sortira de cela, & les trois autres éléments demeureront au fond du distillatoire,

soient puis après tirées les boues & les lies, & très bien brisées sur un marbre, & grandement tendre, & fais le plus subtilement que tu pourras, derechef soient mises au vaisseau, & soit dessus répandu celui flegme, des trois choses devant dites distillé,
 & mets dessus l’alambic aveugle. Et soient toutes choses bien collées de boue ou ciment, & mise au bain de marie, par sept ou huit jours, pour être putréfiées & digérées : mais si tu crains les dépens, soit cela fermenté en fient de cheval, cela fait, soit successivement refroidie la matière, & puis après mise en un autre fourneau à distiller par les cendres, & soit mis l’alambic avec le bec, & soit distillé comme il a été dit au dixième chapitre de la séparation de l’huile d’icelle terre, & alors sortira l’eau claire ayant couleur d’huile, qui en elle embrasse & contient deux éléments, c’est à dire l’air & l’eau, & les autres deux éléments résideront au fond, qui sont le feu & la terre : mais quand tu voudras séparer ce flegme de l’air, mets huile au distillatoire récent & nouveau. Et soin distille au bain de marie avec petit feu, & tu verras monter celui flegme, & l’huile demeurera au distillatoire, & ainsi tu auras deux éléments, l’air & l’eau chacun séparé l’un de l’autre : car l’huile ne pourra monter ou être sublimée au bain de marie, car le feu n’est assez puissant : mais quand tu voudras séparer les autres deux éléments, prends ordures & les lies, desquelles tu as distillé l’huile, & soient brisées sur le marbre comme devant a été dit. Après prends quatre parties du flegme & une partie des ordures & les mêle ensemblement, & soient en un incorporer. Soit mis puis après au fourneau du bain par sept jours, & puis distillé par le sable à grand feu, jusqu’à ce  que saille l’eau rouge, & soit toujours distillé jusqu’à ce que cela soit converti en cette eau, & tu auras en elle deux éléments, qui est l’eau & le feu : mais la tierce demeurera au fond de la coucourde, comme matière noire. Puis après soit mise cette eau rouge en une autre coucourde, en mettant dessus un alambic rostray, c’est à dire avec le bec, & soit distillée au bain de marie, & le flegme sera séparé d’icelle, & demeurera l’huile au fond du vaisseau rouge, qui est celui élément, c’est à savoir le feu, & ainsi tu auras tous les quatre éléments séparément extraits l’un de l’autre : mais soit calciné l’élément terrestre avec feu fort, & soit contraint par icelui à l’espace de dix jours, si qu’il puisse être séché. Soit puis après brisé derechef sur le marbre, & soit imbue, c’est à dire plongé avec celui flegme, & soit distillé par l’alambic, jusqu’à ce  qu’en cette matière tu voies petites pierres blanches comme sel, & soit derechef celui sel dissolu avec l’eau de laquelle tu as distillé, & puis derechef soit dissolu & distillé & soit cela fait tant de fois que cette terre laisse toute chose impure & de terrestre couleur c’est à savoir qu’elle blanchisse & soit menée à la blancheur de cire, & lors tu aura cette terre rectifiée. Aucun pourrait pourtant enquérir, pourquoi cette terre réside & demeure au fond, c’est à cause qu’au fond de mettre l’air, & celui feu par icelle eau, comme par le flegme peu être extrait, & non point en aucune autre manière. Et qui voudra ceci faire par voie plus facile, soit chacun élément dissolu & délié avec son eau, par égales parties, comme si tu distillais le flegme auquel est l’air, si que autant demeure de l’air au fond. Prends derechef autant de celui flegme & soit distillé avec l’air, & soit cela fait sept fois : mais de l’autre flegme soit tiré l’air de celui qui est demeuré, après l’air par pareille manière, soit extrait le feu comme dessus avons montré. Soit après distillé au bain de marie, & soit attiré celui flegme, & telle matière est adjointe à autant d’huile rouge qu’elle était devant demeurée au fond du distillatoire comme nous avons déclaré, & soit distillé par sept fois. Soit puis après lavée cette terre avec le flegme, & est par cette forme chacun des éléments plus parfait en sa vertu, à ouvrer & faire ses opérations à lui appropriées, est aussi une autre voie plus subtile de réduire chacun élément en sa plus grande substance & quintessence, toutefois on présuppose que chacun des éléments soit premièrement justifié, puis après soit pris & mis un vaisseau circulatoire, & puis au fient de cheval : ou au bain de marie par trente jours, mais quand tu l’auras ainsi circulé par cette espace de trente jours, soit derechef distillé, adonc celui corps comme grosse matière, sera changé & permuté en esprit, ou substance très subtile. Sont ainsi aucun autres qui ceci font & oeuvrent par voie plus facile, & prennent quatre parties de terre, & une portion de l’un des quatre éléments, c’est de celui que tu voudra, & soit digéré en la forme devant dite, & circulé par trente jours, & par l’expresse & fréquente montée & descente de la matière, qui est faite au circulatoire & est cela mué en la quintessence, c’est à savoir chacun des éléments par autant de temps. Et quand tu voudras savoir quand la matière est assez circulée, voies quand cette quintessence nage dessus l’autre matière, & lors est assez. Donc & est outre plus qu’assez est déclaré, comment sont à séparer les quatre éléments, & comment cette quintessence est à tirer de la chélidoine, & reste maintenant à dire les vertus d’icelle quintessence, de cette chélidoine extraite & tirée, donc l’élément de l’eau, ou celui flegme sert & vaut à toutes les maladies du corps, chaudes & froides, elle tempère aussi toutes les veines étant autour du cœur & chasse tout venin du cœur humain. Et le cure aussi tous les maux accidentaux du poumon, purifie le sang, & l’homme préservé de toute corruption de la vertu naturelle : finalement elle aide à toutes maladie, en quelque infirmité qu’ils soient détenus : mais l’élément de l’air est comme l’huile, & a ces vertus, elle conserve les jeunes en leur force & en beauté quand ils en ont aucunement usé en leurs viandes, car elle ne permet point pourrir aucun sang du corps, elle brûle aussi & expelle à tout flegme salé, & ôte la mélancolie, & finalement toute adustion de la colère, par moult grande admiration : mais l’élément du feu, quand on prend de lui la quantité d’un grain de froment, & est contéré & brisé, & incorporé avec très bon vin, & mis au col d’un homme malade plus que demi-mort, il a cette vertu & efficace qu’il recouvre toutes forces du corps perdues, & renforcît : car il pénètre jusqu’au cœur,  & l’échauffe, & expelle tous venins & toutes superfluités humides d’icelui cœur, si tu veux guérir un homme étant en l’angoisse de la mort, en la vingtième partie d’une heure, si que se soit miracle, & quasi illusion, tu lui bailleras un grain de cette huile, qui est l’élément du feu, & incontinent il viendra en santé, tellement que les assistants en seront tous émerveillés, & diront que c’est un grand miracle, & ainsi l’enseigne Raymond Lulle au second livre distinction seconde, aucuns sont qui en autre manière tirent la quintessence, en prenant la chélidoine quand elle fleurit encore avec la racine & la fleur, & soit pesé & réservé le poix jusqu’à son temps, soit tranchée bien menue & dessus elle répands eau pure de fontaine, & soit mise sur le feu, & tant bouille qu’elle soit réduite à son poids devant dit, cela fait soit pillée en un mortier de pierre : & soit exprimé le jus par un drap à couler ,& soient ôtées les boues & bouille le résidu jusqu’à l’épaisseur de miel, & alors cette matière sera préparée à séparer les quatre éléments l’un de l’autre, & soit cela mis en cette courge, l’emplissant jusqu’à la moitié, & soit dessus bien luté & collé l’alambic & joint de boue par la meilleure voie que tu pourras, & soit aussi distillée au feu lent au bain de marie, tellement que l’eau soit chassée de cette matière, soit après mis le distillatoire en la cendre, & d’elle sera un autre eau séparée, qui est comme huile. Et quand tu verras à la tierce fois l’huile dessus nageant, soit ôté le réceptacle, & un autre soit mis devant à recouvrir cette huile qui est feu, & ainsi tu as trois éléments séparés l’un de l’autre, c’est à savoir, l’eau, l’air, & le feu : car la terre ou terrestre substance demeure au fond du vaisseau comme matière brûlée, & est réservé chacun de ces éléments à part au vaisseau : mais quand tu voudras rectifier chacun des éléments : car ainsi convient être fait, si tu veux user de cela en lieu de médecine soit cette eau par l’alambic sept fois distillée, & en chacune distillation soit bien lavée la coucourde des ordures qui y sont demeurées, qui doivent être mêlées à l’élément terrestre, & soient distillées au bain de marie, & le vaisseau auquel doit être cette eau gardée soit très bien collé à la manière devant dite, tu rectifieras aussi par cette manière l’air, par la réitération de sept fois dedans les cendres, en mêlant toujours les boues & lies avec cette terre par cette forme, aussi tu modéreras l’élément igné & de feu, & le justifieras, & cela est cette huile tierce & chacune des huiles soit réservée en un vaisseau bien fermé, après avoir montré les rectifications de chacun des éléments, il convient nécessairement savoir la nature & vertu de chacun des éléments, la force donc de la qualité aqueuse, c’est à dire de l’eau est expeller toutes les chaleurs & venins d’icelui estomac, & le sang ainsi mondifier : elle vaut semblablement contre les opilations du poumon & du foie, elle corrompt toutes les humeurs & flegmes vaines & superabondantes : finalement elle délivre l’homme de toute infirmité en neuf jours. Mais l’huile de l’air garde & conserve la jeunesse, & la force avec la beauté honnêteté, vénusté & décence, & ne permet le sang être pourri, ou dominer mélancolie, ou brûlera la colère, ni abonder au corps humain le flegme, & augmente le sang, & le dis grège & sépare par chacun membres, & pourtant ceux qui usent de cette huile d’air souvent phlébotématisent : car celle est grandement pénétrative. Elle substante & nourrit grandement les malades, & vaut aussi quand aucun craint, & est en péril de la perdition d’un œil : car s’il met une goutte de cette huile dedans son œil, par l’espace de trente jours une fois par chacun jour, elle lui profitera miraculeusement. L’efficace de la qualité ignée & de feu est beaucoup plus grande que les autres deux : car elle œuvre en ceux, desquels les choses premières n’ont point profité. Elle conserve les hommes en jeunesse, sans qu’ils apparaissent vieux, & les fait rajeunir, & si l’homme était au jugement de la mort & il prit de cette huile de feu en la quantité d’un grain de froment avec du vin ou eau de vie tempérée elle le restaurerait à la vie. Elle échauffe le sang, recrée le cœur, garde l’homme de mort & lui restitue les forces de jeunesse. Et si on la prend avec eau de seigle, elle est dite être l’élixir de vie quand à la matière terrestre rectifiée par dissolutions, coagulation, calcinations, c’est le sel de terre subtil, avec lequel peuvent être transmués tous les métaux en pierre, & avec  lequel tous les esprits sont fichés avant humidité radicale, elle nourrit aussi les lépreux, les philosophes anciens ont fait une pierre de ce sel, qu’ils ont appelé philosophale, & la manière de prendre cette médecine est celle-ci. Reçois trois gouttes du feu de la chélidoine, trois cuillerées, d’eau de roses, demi cuillerée de l’air sanguin, & soient prises toutes ces choses mêlées pour la santé de l’estomac. Et si la maladie est chaude, baille le avec du vin, & si l’homme avait passé vingt quatre ans, avec eau de vie : mais si les fié bures sont chaudes, elle ne doit  être au patient en aucune manière administrée.


De la manière de tirer la quintessence du sang humain, des œufs, des chairs & choses semblables. Chap 14.

S
i tu veux tirer la quintessence du sang humain,
soit pris du sang d’un homme qui soit de sanguine complexion, ou de colère sain, & moyen d’âge, & qui boit bon vin, après qu’il aura été plebotématizé, & que ce sang résident au fond du vaisseau aura été séparé de cette eau soit brisée en aucun vaisseau avec la dixième partie de sel commun, & soi mêlé semble en le brisant très bien, & frappant, & puis soit mis au pélican fermé. Après cela soit mis en une fosse de cinq pieds profonde, & large de deux ayant un lit dessous de chaux vive, & un autre de fient de cheval comme dessus a été dit de la chose digestine, & soit la ferment par l’espace d’une lune ou environ, selon que tu verras le temps être trouble nubileux, ou serein. Mais quand tu auras vu cette matière être résolue ou fondue en eau, c’est à savoir que la grosse substance qui demeure au fond du pélican, soit aussi du tout séparée de l’eau, soit tirée de celui fient, & soit mise au bain de marie avec l’alambic & distillé au feu très lent, comme dessus a été dit de la quintessence du vin. Et quand tu auras accompli la première distillation, soit mêlé derechef avec les lies, qui sont demeurées au distillatoire, & soit encore derechef au fient, pour être putréfié jusqu’à tant que tu verras que le pur de l’impur sera bien séquestre, & que la matière dépurée & subtile nagera sur la lie, & si le temps est clair soit purifié au lieu nommé, par plus longtemps que s’il eût été nubileux : ou pluvieux. Cela fait soit secondement distillé : puis après derechef soit mis a digérer avec les boues & lies, & derechef distillé & soit cela fait par quatre fois pour le moins, mais après la quarte distillation, tu le circuleras par longtemps comme dessus a été dit de la quintessence du vin, tellement qu’il acquière telle perfection, que par sa clarté il obtienne immatérialité & incorruption, & par sa distillation, il soit approprié à la quintessence du sang humain, & est cette quintessence très grandement substantative en toutes maladies par sa très grand noblesse & vertu, car elle soutient moult l’humaine nature & délivre très légèrement le patient & malade de chacun mal & maladie ces choses suffisent du sang humain. Quand tu voudras tirer la quintessence de chair & des œufs, cette chair de laquelle tu la veux tirer soit subtillement & a petits morceaux tranchée, & puis pillée au mortier, avec la dixième partie de sel commun par semblable manière soient pillez les œufs au mortier avec sel, jusqu’à ce  qu’ils soient réduits en eau, & puis mis en une coucourde, & soit dessus mis l’alambic aveugle, & soit en toutes choses, en digestion fermentation & distillation, comme déjà à été déclaré & illustré du sang humain.


De la manière d’extraire la quintessence des pommes, poires, & autres fruits. Chap. 15.
V
eux tu tirer la quintessence de pommes, poires, prunes cerises, châtaigne & d’autres genres des fruits, soient ces choses tranchées bien menu, avec un couteau, & puis pillées au mortier de terre & très bien incorporée avec la dixième partie de sel commun, soient puis après mises en la coucourde, & soit mis dessus l’alambic aveugle, & soit très bien collé & mis au fient pour pourrir. comme nous avons dit du sang humain, alors il faudra regarder si aucun des fruits aura la vertu a cela, à quoi tu en voudra user : car cette vertu & prestance d’icelui fruit vient de sont essence qui est en cette matière cachée & occulte. Et quand celle la sera réduite quasi à aucune immatérialité incorruption de ses lies & boues, & de plus grosse matière séparée, non sans cause est celle nommée des Philosophes la quintessence des fruits, & pourtant, elle à mille fois plus grande vertu que auparavant qu’elle était encore un corps élémenté : car dit ceux fruits sont composés des quatre qualités, comme chacun connaît & de cela ne doute.


De la manière de tirer la quintessence des fleurs, herbes & racines. Chap 16.

S
i tu veux séparer la quintessence des quatre qualités des fleurs des herbes & racines, prends les quand elles sont bien mûres avec toute leur substance : en temps clair & serein, & étant la  Lune en croissant, & quasiment pleine : car alors toutes fleurs, herbes racines n’ont quasi aucune corruption tellement qu’ils sont séparées de toute chaleur étrange & supernaturelle : & sont purgées parfaitement de toute impureté & immondicité. Soient après pillées en les tranchant menu, en un mortier de marbre avec la dixième partie de sel & soit tout mis au circulatoire, soient ces choses fermentées en fient de cheval par l’espace d’un mois, en renouvelant toutes les semaines le fient : après le mois accompli, soient tirées du fient en ôtant l’alambic aveugle, & soit mis l’alambic avec le bec, & soit distillé au bain de marie, en augmentant le feu premièrement jusqu’au tiers degré, & soit l’eau distillée gardée, & tires les lies de la courge, & pulvérisez bien fort menu : après cela soit répandue l’eau distillée sur les lies & derechef soit mis l’alambic aveugle en bien collant de bon lut ou ciment toutes ces choses ensemble, comme tu as la première fois. Et soient distillés au bain de marie, en diminuant le feu par le moyen degrés. Après cela soient les fèces & marc pulvérisés derechef, & l’eau dessus répandue, qui était d’elle distillée, & soit derechef digérée comme dessus & distillée tiercement, & pourrir, en diminuant toujours le feu par le moyen degré & décroisse toujours la putréfaction par le moyen degré, c’est a savoir qu’en la seconde digestion il faut putréfier par vingt & un jours, à la tierce par quatorze jours : Et en la quarte par huit, tellement qu’il soit fermenté par quatre fois, après la quarte distillation parfaite, soit mis au circulatoire & l’ensevelir en fient de cheval on an bain, faisant feu au premier degré.

Cela peut être mis aussi au Soleil es jours de l’été, ou soit caché aussi en une vinacée & marc de raisins, & soit la circulé par un mois entier,

& un peu plus car d’autant qu’il est plus circulé tant plus noble devient, quand l’humidité superflue, des quatre qualités est totalement digérée, consumée & résolue au circulatoire par la fréquente ascension & descention. Et aussi tu as la quintessence en laquelle la très grande vertu des herbes, des fleurs & racines se tient cachée : elle est toutefois plus efficace : si tu prends l’herbe, la semence ou racine, & tu en distilles eau : Et elle ainsi distillée derechef sur ces boues & lies, d’où elle est distillée soit répandue la digérant en fient de cheval par sept jours. Soit puis après distillée par les cendres par toute la voie, forme & manière, comme il a été fait à la chélidoine : car par cela, tu sépareras d’elle les quatre qualités & sera rendue la matière d’autant plus noble & plus prestante, & autrement les boues ne seront d’aucune valeur, aucun se peut enquérir que est quintessence vu que ce n’est autre chose plus que autre eau distillée. A cela je répond que ce n’est autre chose en forme & vision qu’autre eau distillée : Mais elle est beaucoup plus subtile, majeur, grande & noble qu’autre eau distillée qui est simple, pour autant que toute humidité flegmatique & aquatique est en elle sommairement par plusieurs digestions & variables circulations & distillations par pareille manière, quand celle est répandue sur ces lies, & digérée derechef. Et est aussi derechef distillée après avoir remis sur le marc ce qu’en aurais tiré, alors elle recouvre toute sa vertu & sa force, qui en elle était cachée. Et pourtant elle est accomparée au bois brûlé qui est réduit en charbons. Et toutefois ces charbons ne sont plus en autre feu ne flamme. Au corps mort ainsi est comparée : car quand l’âme est séparée du corps, la charogne ne vaut à autre chose, qu’à être pourrie & putréfiée. Et pourtant j’ay voulu manifester toutes choses à l’ongle, comme Ion dit : afin que si tu voulais avait aucune chose de subtilité & grande efficace, tu la puisses mener à son opération, selon le désir de ton courage, en prenant de cette quintessence au lieu des autres eaux, & en y ajoutant chacune espèces quelles que tu voudras. Et soit en pareille forme distillée, comme nous souvent nous avons entendu dessus : cet à savoir en recepuant six onces de la quintessence, & quatre dragmes de chacune autres espèces. Et soient très subtilement pulvérisées, & soient mises en la courge, en mettant dessus l’alambic aveugle, & soit digère en fient de cheval par un mois entier. Après cela soit distille, en faisant feu jusqu’à la fin du tiers degré. Et puis soient pulvérisées les fèces & marcs d’icelle remise dessus l’eau, &soient mis derechef en l’alambic aveugle digérant par trois semaines, & puis après soit distillé derechef & digéré par quatorze jours en diminuant toujours celui feu par un degré, & quand tu l’aura distillé quatre fois & putréfié derechef soient les fèces pulvérisées, & finalement soit fait feu au premier degré de la chaleur, & soit faite la digestion par huit jours, puis après soit mis au circulatoire, & la même circulé tant que tu voudras. Alors tu trouveras à un chacun merveilleuse opération, à laquelle ordonnée est celle matière, mais si tu croyait faire du corruptible l’incorruptible, tu te déçois, comme dit Jehan de la roche tranchée, combien que cela fasse le corruptible prochain de l’incorruptible : toutefois il n’est mené à sa vraie perfection, comme dit Lulius : car tout ce qui est sous le ciel est corruptible, & pourtant mal consone, & est chose absurde préparer ou faire choses variables : afin qu’aucune matière puisse être totalement préservée de corruption, comme nous voyons es malades qui sont sublevés quelque fois par les médecins, par cas d’aventure sans aucune cure dûment précédente : mais toutefois, comme dit Ovide : il n’est pas à l’affaire du médecin que toujours soit guéri le patient, car si cela était, les hommes qui sont morts il y a cent ou deux cens ans, seraient encore en vie. Et pourtant si tu usais du vrai or potable, comme il a été déjà en usage depuis six cent ans ou plus, croirais tu vivre pourtant trois cent ou cinq cent ans, comme de plusieurs des anciens est lu ? Cela est mensonge & chose frivole, & grandement à rire en cette notre âge moderne, vu que la nature des hommes & la vertu végétative de jour en jour décroissent pour ce qu’aucun bon régime n’est entre les hommes de présent, quand au manger & au boire, car en notre temps ce que saint Paul a dit aussi être commun, personne n’est qui double plusieurs mourir, plus par gourmandise que par glaive. Finalement aucun honneur divin n’est observé aujourd’hui : l’amour & la crainte de dieu & les bonnes cérémonies, aussi nul ne les observe comme ont fait nos bons prédécesseurs. Et pour cette cause le juste meurt & est ravi, afin que son entendement ne fût mué par malice, & les hommes meurtriers & trompeurs ne vivront pas la moitié de leurs jours & pourtant ce que nous pensons est chose vaine & de nulle valeur.

 

 

De la manière de tirer & extraire la quintessence de l’antimoine. Chap 17.

L
a quintessence de l’antimoine extraite vaux moult à sécher les plaies, & est ainsi faite. Reçois poudre d’antimoine, & soit incorporée avec vinaigre distillé, & le meilleur qu’on peut avoir, & autant soit là tenu l’antimoine que le vinaigre soit converti en très rouge couleur, puis soit coulé le vinaigre, & mis en un vaisseau net, & soit dessus répandu de l’autre vinaigre distillé, & soit mis un peu sur le feu, jusqu’à ce  que le vinaigre soit coloré, & fais cela autant de fois que le vinaigre cesse d’être coloré, & ce qui est coloré tu le prendras, le mettant à distiller en la courge par l’alambic au fourneau des cendres. Et premièrement le vinaigre sera distillé, & après cela tu verras par le bec de l’alambic saillir la matière de mille couleurs, & celle là est la quintessence que les Philosophes appellent le plomb philosophique. Elle est nommée aussi d’aucuns artistes lait virginal, & toutefois il est différent d’icelui duquel nous parlerons après, & est quasi semblant en couleur à l’huile bénite. Cette quintessence soit mise au pélican à circuler par quatre jours, & tu en pourras user à toutes plaies  en lieu de baume, car ce vinaigre guérit facilement & très tôt toutes plaies & blessure, il vaut aussi merveilleusement à toutes apostumes, de ce plomb aussi, ou céruse est tirée la quintessence comme de l’antimoine en répandant dessus vinaigre distillé par quatre doigts, soit puis après digéré en fient de cheval, ainsi qu’il a été narré & dit de la quintessence des herbes & des fleurs : puis soit distillé, & premièrement tu verras monter celui vinaigre, & après lui aucune humidité, comme est huile, & est ainsi appelé cela huile de plomb, ou quintessence de plomb, & a en elle aucune douceur comme l’huile d’antimoine, & vaut contre toutes brûlures & adustions du feu, & d’eau chaude, & contre roigne, gratelle, dartres, & vessies colérique : toutefois  il convient noter icelle céruse devoir être premièrement lavée souventes fois avec eau de roses, la coulant par un drap de linge, jusqu’à ce  qu’aucune chose ne demeure en elle de la poudre de la céruse. Puis soit séchée, & réservée à l’usage, ainsi le veut & dit Albucasis, au livre qui s’appela le serviteur, & Jehan de saint Amand, sur l’antidotoire de mesure.

De la manière de tirer la quintessence du soleil. Chap 18.


P
lusieurs en diverses manières ont parlé & laissé par écrit de la quintessence de l’or, toutefois à cause de brièveté nous démontrons plus subtile & brève manière de la faire. Donc quand tu voudras extraire la quintessence du Soleil, cet à savoir de l’or, comme du plus parfait & précieux de tous les métaux, prends quatre onces de très bon or, de mercure qui est l’argent vif bien lavé vingt quatre onces, & soit fait amalgame, & prends trois ou quatre ou plusieurs instruments de verre, qui soient très bons, faits du potier, & soient formés en façon d’une boite, d’une latitude & largeur, & amples depuis un fond jusqu’à l’autre, & soient ronds au fond, larges en longueur d’une paume, tellement qu’entrer y puisse le tigille d’un Orfèvre : c’est à dire creuset ou pots comme d’un alambic, & soient vitrés ou plombés par dedans, & autour du circuit & orifice, desquels est la forme en cette manière.
Quand ces instruments seront faits, ils soient polis & très bien égalés, voire très parfaitement. Cela fait, tu prendras trois ou quatre tigilles, les mettant au feu, si qu’ils rougissent : & quand ils seront ainsi rouges, l’un soit ôté & mis dessus le marbre, en expédiant celui amalgame : & aies soudainement un des dessus dits instruments le mettant sur celui tigille, auquel est l’amalgame, & le permets ainsi refroidir dessus une pierre, aie puis après le pied d’un lièvre, avec lequel un petit vaisseau soit très bien lavé & mondé de tout le mercure & argent vif, qui monte en icelui par dedans, & derechef mets l’eau mondérer avec celui amalgame, de là soit mis amalgame en un vaisseau net, en le brisant très bien, & agitant avec un instrument de fer ou petit pilon, & tu verras monter aucune matière noire, subtile & très légère comme est la poudre, laquelle tu tireras avec une plume, la menant en la courge, & la colleras très bien du lut de sapience. Après soit pris Amalgame, & mis en autre tigille blanchissant, en mettant dessus l’un desdits vaisseaux, & soit refroidi sur celui marbre, & soit fait en toutes choses comme du premier : & si tu veux ouvrer cela plus brièvement soit divisé celui amalgame en trois ou quatre parties, en mettant chacune partie en l’un des vaisseaux, comme il a été narré en toutes choses. Et quand l’amalgame sera refroidi, aies toujours le tigille rougissant du feu apprêté, si qu’on impose d’un autre vaisseau sur celui là, en le nettoyant avec le pied de lièvre, comme déjà a été dit : & Mercure qui est monté par dedans, doit toujours être mêlé derechef avec l’amalgame jusqu’à ce que tu ne voie aucun Soleil mêlé avec Mercure, mais cette noire matière de laquelle nous avons déjà parlé, est appelée des Philosophes la tête du corbeau, & est le commencement de toute vraie & parfaite science, & combien qu’elle soit noire & offusque, est toutefois or, que tu pourras prouver en le répandant. Et quand tu verras celui mercure ne rendre plus de cette noire matière, c’est donc très certain signe & indice qu’aucun Soleil & or n’est plus en lui contenu, quand donc tu la cueilleras ainsi, elle doit  être très bien lavée, si que tout le Mercure s’en aille d’elle, & soit séparée cette lotion ou lavure faite en cette manière. Distille de l’eau de fontaine une fois seulement par l’alambic, en imposant la noire matière en un verre ou vaisseau de verre, en répandant dessus de cette eau distillée, & soit brisée avec le doigt, net, deçà & delà de toutes parts, & tu verras Mercure séparé de cette matière résider & demeurer au fond : après cela, tu couleras l’eau & la matière de celui mercure en un autre arceau ou vaisseau de verre, en répandant dessus autre eau distillée, faisant comme devant, & feras cela tant de fois que toute la matière soit ségrégée de celui Mercure. Reçois puis après arceau avec cette noire matière, & le mets en lieu assuré en le couvrant très bien, si qu’une aucune chose impure n’y puisse tomber, & le laisse ainsi reposer par un jour & une nuit, & toute la matière résidera ou demeurera au fond, conséquemment soit coulée l’eau de celle matière avec un drap de lin blanc & net, & soit séchée cette matière sur petit feu fait de charbons, ou soit mise en arène chaude, ou es cendres. Après tu la mettras en une coucourde, en la collant très bien de boue ou ciment propre à cela, & soit réservé à ton usage, jusqu’à ce que tu en voudras user : tu dois ainsi préparer ton Mercure autant que tu voudras : & soit mis au mortier avec vinaigre & sel commun, soit brisé & mêlé ensemblement avec un pilon de bois, jusqu’à ce que le vinaigre soit devenu tout noir, cela fait, soit séparé de celui Mercure, & coulé en y répandant dessus autre récent vinaigre, & le pillant derechef jusqu’à ce  qu’il noircisse, puis après soit encore coulé & autre mis dessus, & fais cela autant de fois que celui vinaigre cesse d’être fait noir. Permets le puis après demeurer jusqu’à ce  que tu voies le mercure en celui fond, & derechef soit coulé le vinaigre, mais tu mettras le mercure avec sel en un vaisseau de verre chauffé au feu, & qu’il soit séché : cela fait, cette matière sera transmuée en substance dure aucunement tu la briseras donc derechef avec le pilon de bois au mortier en répandant dessus eau pure de fontaine, en le brisant toujours. Et quand tu verras la matière être noire, tu couleras l’eau d’icelle, & y en mettras de toute fraîche & récente, & soit fait autant de fois, jusqu’à ce que toute la noirceur sen aille de Mercure avec le sel, & donc il est apprêté à celui Soleil pour le convertir, après cela soit coulé par un linge trois ou quatre fois, & au dernier par un cuir, comme font les Orfèvres tu auras donc la vraie rectification du Mercure. Aucun autres sont toutefois qui autrement l’apprêtent, c’est à savoir en prenant les têtes des aulx, qui doivent être très bien curés & mondés de leurs écorces & puis soient pilées autant que tu pourras, & pressé le jus par un linge, & prends de Mercure tant que tu voudras, & soit brisé dessus le marbre avec ledit jus des aulx jusqu’à ce  qu’il soit mortifié & séparé,    le Mercure d’ensemblement : si que chose qui soit n’apparaisse plus de lui. Puis après prends autre Mercure, le brisant derechef avec ail, & soif fait comme du premier : & cela fait, soit mis en un vaisseau de terre vitré, ou au mortier, le brisant fortement avec un pilon de bois étant mêlés sel & vinaigre : & quand elle sera noire, soit coulée, & y soit mis derechef autre vinaigre, & soit cela fait tant de fois, qu’aucune chose de la noire matière n’y demeure, & ainsi il sera très bien préparé. Les autres le purgent autrement, & est meilleure que cette purgation, qui est faite avec sel de verre & vitriol, & est ainsi. Prends sel commun préparé, & soit avec lui sublimé le Mercure : & quand il blanchit comme neige, soit jeté en eau chaude, jusqu’à ce qu’il soit congelé ensemble : cela fait, soit mis hors de l’eau, & soit comme à la première manière, & il sera très bien purgé : avec lequel tu pourras délier & dissoudre puis après le Soleil ou la Lune très bien & convenablement.

De la manière de distiller par descente. Chap 19.

J
e crois que personne n’a l’ignorance de la manière de distiller doublement, c’est à savoir par sublation & par descente, desquels l’un est facilement connu de tous, & l’autre de peu de gens, de laquelle chose besoin est en réciter aucune chose. Si je montre & enseigne la voie de distillation par la descente aux jeunes apprentis de cet art. Plusieurs choses sont distillées en cette manière, comme est fait en l’huile de genièvre, & en l’huile bénite, en l’huile de noix muscade, en huile aussi de moyeux d’œufs, & mout d’autres huiles. Telle distillation donc peut être faite en un fourneau carré, fait de tuiles non cuites, & soit en amplitude & largeur de trois coudées, ou un peu plus, mettant une pierre après l’autre, comme l’on fait en Germanie, en la construction des foyers, sur lesquels les viandes sont cuites, & soit ce fourneau de terre en la hauteur d’une coudée & demie de tous côtés, excepté l’antérieur, sur lequel soient mis les ferrements : sur lesquels soient autres tuiles tendres, que nous appelons tuiles cuites à couvrir : mais au milieu soit un pertuis de la largeur d’une coudée, vu qu’un anneau est fait de cette longueur : par lequel le pied d’un homme puisse entrer.


Donc dessus ce foyer, soit fait de toute part une positure de tuiles mutilées, en la hauteur d’une coudée ou environ de deux : duquel la forme est telle que tu auras après une fournaise apprêtée à distiller, & sceller tous les verres distillatoires que tu voudras reclore, & est appelée le sceau ou signet d’Hermès, comme nous le déclarerons abondamment au subséquent chapitre. Quand tu voudras donc distiller par descente, soit pris la courge de la meilleure terre que tu pourra trouver : ou si tu ne peux avoir de bonne terre, soit faite de cuivre ou aurical, & l’emplis jusqu’à la tierce partie avec cette matière que tu voudras distiller & soit fermée d’un couvercle de fer qui soit très tendre, fait de lames de fer, & soit plein de petits pertuis, & soit tourné l’orifice, c’est à dire la bouche & entrée de la courge en cette manière. Et entre en ce pertuis qui est au fondement de la fournaise, en la largeur de trois doigts : & soit toutes choses bien collée, si qu’aucune chose ne puisse tomber de la sommité de la fournaise jusqu’au fond d’icelle : mais en l’inférieure partie de la fournaise soit mis le réceptacle pour recevoir la matière distillante, & en la supérieure partie du fondement de la fournaise soit fait feu de charbons de tous les côtés, & soit toutefois loin du distillatoire, autant qu’il est possible.

Et au commencement le feu doit  être fort petit, & successivement augmenté, & ainsi tu le pourras apprêter petit à petit de ladite courge. Et sache que chacune matière distillera au commencement de l’eau, toutefois l’une plus que l’autre, la matière que le sectateur de cet art continuel, peut voir par la distillation des matières, lesquelles sont fort variables. Soit donc mise dessus celui orifice par la partie du supérieur fondement, une courge de verre, en l’inférieure partie de la fournaise, pour recevoir ce que tu distilleras. Et quand tu verras l’huile distillante, celui vaisseau doit être évacué & derechef soit supposé, & le feu augmenteras toujours en l’approchant à celui distillatoire ou à la courge, jusqu’à ce  que tu voies que plus d’huile ne sera distillante. Alors le feu est à ôter & jeter en arrière, & d’autant qu’il est loin, autant vaut mieux, jusqu’à ce  qu’il soit éteint & la supérieure partie de la coucourde soit refroidie, & puis après tu ôteras l’inférieure partie, en laquelle est l’huile, & la réserveras à part, quand à ce, le feu est à faire au commencement trop petit, & doit être successivement augmenté, tellement qu’il soit au quart degré, cela est fait pour deux causes première est, pour ce qu’est consumée de cette abondance & véhémente chaleur toute l’humidité, de quoi peut être faite huile, & est cela fait principalement es huiles de moyeux d’œufs & de noix muscade : mais es autres huiles comme en celle du genièvre tu pourras faire feu soudainement, autant qu’il te plaira. La seconde cause est pour autant que celui bois peut blesser celle courge : si qu’elle peut être brûlée ou rompue, ou que cette huile peut attraire quelque mauvaise odeur de celui bois, & pourtant le feu au commencement selon le cours de nature est à faire, vu que cette nature ne souffre aucune chose violente, comme déjà est prouvé par les sentences d’Avicenne, & d’Aristote en la quintessence du vin. Mais en l’huile bénite simple : tu dois au moins augmenter le feu en la fin de la distillation. Tu pourras faire aussi le fourneau en cette manière que soit une fosse en terre en longueur, largeur, & profondité, comme la matière à distiller exige, & requiert en laquelle soit mise une oulle de verre ou verrassée, bien lavée avec eau, pour éviter que les huiles distillées n’entrent en icelle, & soit mis sus l’orifice d’icelle courge une lame de fer tendre, percée de moult de pertuis, tellement que l’olle monte en la lame, en la largeur d’un doigt oblique ou de travers, & sus ce vaisseau de terre soit mis un autre, en tournant un orifice contre l’autre, mais en cette supérieure soit la matière à distiller, en fermant bien le vaisseau, si que la matière ne puisse couler. Puis après soient toutes choses bien collées de boue ou ciment, & soit fait feu au tour joulle supérieure, qui doit  être toute hors de la fosse, sors l’orifice, qui soit en sa grandeur de sa fosse : mais cette seconde voie ne peut pas être bien faite comme la première, pour deux raisons, desquelles la première est : car à la première fois on ne peux pas séparer l’eau de l’huile. La seconde est telle, car on ne peut facilement savoir quand toute la matière est distillée, sinon par l’usage fréquent & espes, & que tu expérimente la coutume. Le fourneau peut être fait par autre voie à distiller par la descente en cette manière, soit faite une fosse en une montagne précipitante, & soit mis là bas un distillatoire en sa forme prédite, en y mettant toujours un autre, au fond duquel soient plusieurs pertuis, & sus celui distillatoire ou vaisseau soit mis un couvercle de sa partie inférieure jusqu’à sa supérieure, en le fermant très bien ou coulant, & soit le tour & circuit du vaisseau d’en haut plus inférieur que sa petite montagne, tellement que cette montagne monte en icelle oulle, & puis soit fait feu en sa forme devant dite, tu peux aussi mettre un verre sous cette houlle, car la première partie du fourneau de loulle inférieure doit  être ouverte, si que tu puisses connaître quand toute la matière est distillée.

De la manière de clore le sceau ou signet d’Hermès. Chap 20.



L
e plus souvent l’huile ou eau noble requiert grande clôture, afin que l’esprit & vertu végétative ne puisse exalter ou expirer & sortir d’icelle & plus souvent encore requiert cela la matière à circuler, ou à fermenter, si que la vertu de la chose ne soit diminuée. Et est appelée cette closure le sceau ou signe d’Hermès, & entre toutes les autres sigilations celle-ci est la plus noble & très excellente, laquelle est ainsi faite coutumièrement, le verre ou distillatoire empli jusqu’à la tierce partie de la matière à digérer & circuler aie le col long, & soit poussée par-dessous au pertuis du petit fourneau, comme il a été narré au chapitre devant mis : tellement que celui vaisseau pénètre le pertuis du four par quatre doigts obliques : mais si ce pertuis est plus ample que le col du verre, il doit  être bouché d’argile de toutes parts, à cette fin qu’aucune chose autour du verre ne puisse choir en l’inférieure fournaise, & soit celui feu si long que tu pourras de celui verre ou distillatoire, puis après tu l’approcheras souvent auprès de la courge, en l’augmentant petit à petit, jusqu’à ce  que tu verras celui verre rougir. Prends donc les tenailles d’un orfèvre rougissantes de feu en la partie de devant avec lesquelles tu étreindras la plus haute partie du verre, échauffant petit à peut & & tenant icelles tenailles, & puis le retire petit à petit, & tu verras ce verre être fait entier en cette partie, comme il est es autres, donc après cela, le feu un peu à ôter & adoucir, & tenir en forme & manière, & soit cela fait petit à petit, jusqu’à ce que celui vaisseau soit pleinement refroidi. Car si après la chaleur étendue succédait le froid repentement ou soudainement, il romprait incontinent & ainsi tout le  labeur industrie & les dépens seraient faits en vain, & pour cette cause le feu est a décroître, non par petite diligence, & ce verre à refroidir, en cette manière tu pourras garder l’instrument ou vaisseau reclus tant que tu voudras : mais quand tu le voudras ouvrir, aie un fil ensoufré avec lequel tu environneras le col du verre, six ou sept fois, & soit embrasé celui soufre petit à petit d’une chandelle de cire, & quand tout fil sera brûlé, soit rompu celui verre, ôte donc le col, & impose, ou retire tout ce que tu voudras, ou trois ou quatre instruments de fer, de la longueur de deux coudées, ou un peu plus, en l’extrémité desquels soient deux anneaux, desquels l’un soit au col du verre, de ceux qui sera vu plus apte & convenable à cela, & après peu de temps soit ce verre rompu, & en cette manière tu pourras trancher grands verres ou petits comme tu voudras, & seront si son égaux en celui tranchement comme si on l’eut tranché avec aucune scie, desquels voici la forme dépeinte.

De la manière de distiller le vinaigre & l’urine de l’home, en lesquelles choses tous métaux calcinés peuvent être résolut. Chap 21.



E
s supérieurs chapitres de cet œuvre nous avons dit qu’en vinaigre distillé le soleil peut être dissout, & comment aussi par lui est tirée la quintessence du plomb & antimoine : il est donc nécessaire d’écrire le mode de le distiller pour les jeunes apprentis & artistes. Il y a grande différence entre la distillation de l’eau de vie & du vinaigre : car en l’eau de vie la meilleure substance est premièrement digérée : mais au vinaigre non pas, mais à la fin, tellement que l’eau ou le flegme est au vin postérieur & dernier, & au vinaigre antérieur. Et pourtant quand la meilleure substance du vinaigre est découlée par la distillation au réceptacle, tu dois avoir très bon vinaigre, & le meilleur que tu pourras, & soit mis en la courge mettant dessus l’alambic, & soit distillé par les cendres, ou au bain de marie avec feu lent & petit jusqu’à ce que plus n’y entre aucune eau, soit goûté puis après souvent sur la langue, pour savoir s’il est fortifié en aigreur, avec aucune mordacité. Alors sera temps d’ôter le réceptacle, & y en mets un autre en son lieu, qui bien soit collé de lut ou ciment, & soit un peu augmenté le feu. Et quand tu verras aucune petites lignes blanches comme petite mies à l’alambic, tu le distilleras en outre jusqu’à ce  que les esprits sortent, desquels tu verras la vaposité être élevée à la suprêmité, & au haut de la courge sortir de l’alambic au réceptacles : Mais quand la seront vues aucunes gouttes sanguines en l’alambic. Derechef soit mis un autre réceptacle, & autant soit distillé que toute la matière sanguine soit sortie au réceptacle & est cette matière grandement fétide & puante sentant la combustion. Et pourtant ce vinaigre n’est pas bon à résoudre le Soleil qui est l’or calciné pour faire or potable : mais il est bon pour teindre les métaux : car la puanteur de la combustion adhère à la substance solaire de laquelle l’or potable serait plus corrompu que amélioré. Mais si tu veux distiller urine d’homme ou de femme tu le feras bien à laquelle peuvent être résolus les feuilles d’or, ou aussi l’or calciné, duquel celle urine ainsi distillée peut extraire & tirer la couleur : à faire or potable. Déjà moult de fois nommé, qui a aussi grand force pour guérir la goûte aux pieds : quand les pieds du patient en sont oints par chacun jour deux ou trois fois, & sachez de même, il vaut aussi aux phtisiques, & peut être accommodé à maintes médecines que je laisse pour abréger : car ce n’est pas aussi notre propos, & ainsi tu distilleras urine d’homme en cette manière. Prends urine d’un homme sanguin ou colère sain, qui boit bon vin qui n’a passé ni excédé l’âge de vingt & cinq ans. Soit distillée quatre fois par l’alambic au bain de marie : Et soit après circulée au pélican par l’espace de quarante tours & réservée à son usage. Les autres la distillent sept fois & est meilleure.

De la manière de distiller le Miel, qui entre en l’or potable. Chap 22.

Le miel comme témoigne Pline est appelé du nom Grec meliseV & les mouches à miel sont appelées  meliateV. Le bon miel croît au lieu ou il y a abondance de bonnes fleurs, les Grecs font trois espèces de bon miel entre plusieurs autres. Donc le premier est le miel du printemps qu’on appelle Antimun, pour ce que c’est la fleur de la ruche.   Le second est le miel d’été qu’ils appellent Horeum pour ce que tout fruit de l’été retienne le nom, de hora diction Grecque laquelle signifie le temps par excellence que tels fruit sont venus. La troisième est appelée sylvestre lequel on prépare après les premières pluies de l’Automne, & est triceum, que nous appelons vulgairement miel des bruyères, laquelle seule fleurit en ce temps d’Automne, au bois, & d’icelle est appelé : mais pour ce qu’en notre pays nous ne trouvons point de miel de Grèce ni aucun des espèces susdites : il faut prendre de celui qui croît en notre pays, & du meilleur que l’on pourra trouver, & doit  être celui rougissant & épais n’ayant en lui aucune aquosité : soit mis au chaudron ou en un vaisseau de fer, en la quantité que tu voudras, & y soit ajoutée eau pure de fontaine, en la quantité du miel, & soit cuit sus le feu lent, en coulant toujours les écumes jusqu’à la consomption & dégâtement de l’eau, & soit cela fait par neuf fois : soit cuit finalement jusqu’à ce qu’il soit réduit à épaisseur propre du miel, puis soit circulé au bain marie échauffé au premier degré de la chaleur par quarante tours, cela fait : soit mis en la courge, qui soit plus longue & plus haute que celle avec autres matières à distiller, & de terre, vitrée par dedans pour distiller par l’alambic. Et si d’aventure le miel ne voulait monter : prends des draps mouillez & frais, qui autour de la courge soient tournez par-dedans par l’alambic, & eau claire premièrement en sortira, qu’on doit  réserver à part : car elle vaut à allonger & colorer les cheveux. Après sortira eau citrine & d’or avec huile, & celle-ci tu garderas à part derechef, & est tenue cette eau seconde envers aucun chirurgiens, au lieu de baume artificiel elle vaut aux lieux intérieurs à nettoyer & remplire, & à mondifier les plaies qui sont profondes, & à colorer les cheveux aussi. Tiercement & enfin elle sera distillée par les cendres, eau rouge en sortira, peu déclinant à aucune noirceur, & vaut à mondifier & à incarner les plaies. Mais si tu veux avoir plus grande quantité de la première, soit mise sus ses lies & tu la distilleras, comme tu as fait la première fois, & tu récuras, & fermeras chacune eau & huile à part en leur fiole & la gardera.

De l’or potable commun. Chap 23.


E
s chapitres supérieurs, nous avons traité de la manière de tirer & extraire la quintessence de toutes les choses qui ont forme, essence & espèce, qui mêmement sont administrés à faire l’or potable, par lequel est la vie humaine conservée de corruption jusqu’au terme de notre âge prescrit : car gens variables diversement en œuvrent, & un chacun loue sa mode, combien que louable ne soit. Je trouve quatre manières plus principales, par lesquelles l’or anciennement était réduit en substance potable, toutefois si que je ne hébète ne obtunde les tendres oreilles des jeunes artistes : car l’adage des rustiques est, qu’on ne peut errer par le chemin battu & foulé : & ainsi donc je montrerai la voie assez foulée & usitée, de laquelle tu pourras avoir très bonne pratique : car aucun grand secret est extrait d’icelle quintessence, auquel les Philosophes anciens ayants grand labeur nous ont pourtant scellé & caché toutes choses, par aucune raison, car cette chose à une vertu occulte, que lui à donnée divine providence, par laquelle les jeunes gens peuvent recouvrer vénusté & puissance perdue, par laquelle, aussi vieillesse est totalement chassée non pas toutefois en celui degré ou elle est : mais elle représente l’homme ancien être jeune, s’il use de cette distillation comme nous enseignerons plus abondamment. Et est celle- ci la substance & première en matière, laquelle les anciens philosophes ont tant étudié & travaillé, si qu’ils puissent garder & préserver en aucune manière la substance & nature humaine de corruption non encore mûre, car tout le genre des hommes selon le philosophe Aristote stagirité est concupiscible pour être préservé de corruption : mais il est prévu & prédestiné de dieu très bon & très grand que nous devons mourir une fois pourquoi notre moral Sénèque de Cordube dit élégamment, que chose n’est plus certaine que la mort, & incertaine que son heure à tous ordonnée. Et dit aussi saint Paul qu’il est ordonné & établi à tous qu’il faut mourir une fois : & lui-même dit aussi, que nous tous mourrons en Adam. Il est impossible que nous puissions trouver matière corruptible, qui de corruptions nous préserve, vu que chose n’est sous le ciel (selon Aristote) qui soit exemptée de la mort. Et pourtant nous devons trouver quelque chose qui soit voisine d’incorruption, je juge plusieurs avoir en ceci labouré qu’ils vécussent éternellement, qui ont écrit cette quintessence être si parfaite & incorruptible que aucune chose ne lui défaillit. Laquelle chose est très sainte : car si elle était si parfaite qu’aucune chose ne lui défaillît, elle nous ferait éternels, ce qui est contre la volonté de Dieu, comme souvent à été dit : Toutefois nous pouvons trouver la voie & l’art de prolonger notre vie mortelle, jusqu’au terme qui nous est prescrit, moyennant que nous craignons Dieu & honorons, comme il est juste & digne d’ainsi faire, & tenons tel régime qu’il soit non incommode à notre vie. Pourtant Jehan de Tholette, & Hugue tous deux cardinaux, ont fait potable en cette voie. Duquel toujours ils usaient en leurs viandes & breuvages, & l’avouaient pour grand trésor caché : & est ainsi fait. Premièrement devant toutes choses aie de l’eau, en laquelle puisse l’or être dissolu, l’argent & toutes pierres précieuses, & est faite en cette manière. Prends une livre de sel armoniac, sel nitre autant d’un que de l’autre, soient brisés & pulvérisés au mortier, & ajoute puis après une once de soufre vif, de mercure sublimé autant de l’un que de l’autre & soient brisées toutes ces choses, & mêlées ensemblement.
Et cela fait, prends lesdites choses poudrées jusqu’au poids de trois onces, & les distille avec feu lent, cela augmentant en la fin, comme l’on fait en distillant eau forte, car cette eau sort avec grande impétuosité : & fais que tu puisse avoir une livre de ladite eau, laquelle tu réserveras en un verre ayant le col étroit, bien reclus, & quand tu voudras faire or potage, reçois de l’or très fin deux onces ou une dragme, ou autant qu’il te plaira : car tu peux faire à ton plaisir. Soit mêlée en lamines qui soient très tendres & très subtilles autant que tu pourras pour une partie de l’or prends trois parties de mercure, qui n’aura point encore été sublimé, chauffe le au creuset ou tigille jusqu’à ce qu’il fume, & puis soit fait l’amalgame, en manière de bouille, & soit si longtemps amalgamé que toutes choses soient incorporées ensemble. Et quand tout sera bien amalgamé soit répandu en eau froide l’amalgame, peut aussi être fait avec la grosse qui demeure es bombardes, quand elles ont été souventes fois extorses & tournées : car quand la matière sera bien fondue & liquide, elle doit  être répandue, en la bombarde & çà & là en l’agitant & devient être amalgame. Et faits cela tant de fois, en l’agitant & démenant que ce semble à bouillie, soit pesée après & pris autant de soufre vif que pèsera le mercure & l’or, derechef le mettant en un vaisseau ou pot sur le feu, & l’agitant jusqu’à ce  que tout le soufre soit brûlé après qu’il aura été extrait du feu : soit derechef brisé, & ensensemblement, le mettant sur les charbon jusqu’à ce qu’il rougisse laquelle chose faite, soit ô té du feu, tu trouveras ton or très bien & très subtilement calciné, donc de cette poudre d’or tu prendras deux dragmes, & de l’eau devant dite une once, & soit mise au verre avec un long col,  en fermant très bien celui orifice, si que aucune vapeur, vent & esprit n’en puisse être exhalé ou évacué, & au moment de l’œil celui or sera répandu, & en eau pure converti, de citrine couleur, tellement que si la peau de l’homme  est teinte d’elle, elle apparaisse être rouge ou vermeille, & avec telle eau sont les plumes dorées en couleur vermeille : de quoi vient aussi que moult de choses diverses en elles imposée acquièrent diverses couleurs : car si tu mets en l’eau devant dite la matière de l’argent, ou argent calciné, cette eau acquiert la couleur céleste, de laquelle les cheveux & crins des chevaux ou d’autres bête peuvent être teint en couleur du ciel, mais si tu impose en elle argent calciné avec autant de mercure elle se convertira en noire couleur, teignant toutes choses que tu lui imposera. Et si tu mets cuivre qui soit brûlé, elle sera muée en verte couleur & par telle proportion les cheveux sont verts, & toutes autres choses qui avec telle eau sont teintes, & par conséquent elle peut avoir plusieurs & diverses couleurs, à cause des diverses substances là imposées, lesquelles je délaisse pour crainte de la fâcherie des lecteurs, cette eau n’est pas faite à colorer ou à teindre : Mais mieux à résoudre or, ou argent, & toutes pierres précieuses, à cette fin qu’elles puissent être converties en substance potable. Et est cela un très grand secret en médecine, est aussi cette eau trouvée à cette fin que les lépreux & les méfait puissent être guéris, car elle cure toute paléation, & pourtant aucun disent qu’elle peut être bue des ladres, ce que je laisse aux consulteur de médecine : mais je juge cela être horrible, & de nature autant qu’elle peut être corrompue très étrange, à cause de la recette vénéneuse, car tu vois apertement en elle enter mercure sublimé, sel armoniac, fixé, & eau forte. Pour laquelle chose elle est de grande horreur. Donc quand tu voudras que cet or potable bien œuvré. Prends eau forte séparée de ces fèces devant dites, en laquelle soit l’or résolu, & après soit distillé par l’alambic au feu lent. Et fait cela tant de fois que cette eau soit séparée de l’or, & demeure au fond comme beurre fondu. Prends après cette pimpérielle livre & demi chamédreos, gentiane de chacun une once, & soient toutes choses bien brisées & dessus soit mise eau de vie bien rectifiée, & soient mises ces choses en un verre par un jour & une nuit en fermant très bien le vaisseau. Soit puis après distillé par un feutre. Et cela fait soit mêlé avec l’or prédit semblant à beurre, il sera incontinent converti en or, ayant très bonne couleur, comme de safran.
Elle a aussi en elle aucune douceur comme miel ou sucre. Et doit cela être pris en viande ou en boire quand tu voudras. Nature pour cela est moult sustantée, elle fait aussi bonne mémoire & si le lépreux s’en lave, merveilleusement elle lui profitera, aux paralytiques semblablement, car c’est un esprit à recouvrer toute chaleur perdue : & en cette manière, les pierres précieuses peuvent être réduites en forme potable : Mais tu n’y dois pas mettre de mercure, qui est le vif argent, mais soufre. Et pourtant de chacune pierre précieuse tu pourras prendre aucune portion & la pulvériser très bien, &  après cela, dépure autant de soufre que tu y mêleras & soient toutes choses brisées & conterées, & redigées en poudre très subtile : soient puis après mises au tigille sur les charbon jusqu’à ce  que le soufre soit allumé, tout brûlé, & que toutes chose s’en soient allées du tigille.
Puis après derechef soient brisée très subtilement dessus le marbre, en y mettant autant de soufre dépuré, comme la première fois & derechef soit brûlé comme dessus : & soit fait cela en le pulvérisant très subtilement & il sera apprêté. Prends après cela des pierres devant dite, ainsi purgées & mondifiées, demi once : & de l’eau forte devant dite, trois onces . Et soient mises ensemble en un verre, ayant le col long & étroit, en le fermant bien, & incontinent les pierres seront dissoutes & fondues. Et quand elles seront ainsi dissoutes, le verre soit ouvert, tellement que l’eau forte s’évapore & perde toute sa substance & sa force, & tu verras les pierres précieuses au fond comme beurre : duquel tu œuvrera la première manière comme tu as du beurre d’or : & si tu y adjoints de l’eau de vie & des espèces devant dites, tu auras le vrai or potable, qui a grande opération es valables & très graves maladies.

De l’or potable sans eau forte. Chap 24.


T
u pourras aussi faire or potable sans eau forte, & convient mieux à l’art de médecine, que ce que nous avons déjà dit : quand tu auras solution or par l’eau de vie. Pour avoir la force de cette pierre, qui est dite Philosophale, faite de la quintessence par la séparation des quatre éléments, comme souvent à été dessus démontré, car cette quintessence a si grande vertu que tout ce que tu mettras en icelle, elle attirer son efficace & à sa force. si elle conserve la chair morte de corruption, d’autant plus fait cela à la chair humaine encore vivante, & en laquelle est l’esprit de vie. Elle digère toute chose indigestible, & tout digestible, par sa nature met dehors. Et pourtant elle chasse & expelle toutes les mauvaises humeurs, & complexions de nature humaine, comme ainsi soit que ce n’est élément, mais très subtile substance, des éléments extraite. Et à cause que ces quatre éléments sont corruptibles, il faut avoir donc une substance incorruptible, ou à incorruptible très semblable. Et est cela la quintessence, auquel peut être l’or résolu, & toute sa force extraite : car l’or ne souffre aucune corruptibilité d’icelles quatre qualités, sinon artificiellement, & non par nature. Qui est celui qui vit jamais l’or être putréfié en eau ? qui l’a vu être brûlé du feu ? qui l’a connu attirer la rouillure de la terre ? & qui finalement a vu celui métal pouvoir être consumé de l’eau ? Mais ces choses en toutes autres substances sont possibles. Par quoi quand l’or est mis à la quintessence & mêlé, il est fait potable. Et pourtant c’est de moult grand science trouver la manière subtile à résoudre l’or, & le réduire à forme potable : Afin que par aventure quand tu penseras faire eau de vie, tu fasses eau de mort. C’est or donc potable doit  être fait avec eau de vie droitement & dûment comme il appartient artifice, étant ôté & abstrait des quatre éléments de celui vin ou ils sont secret & cachés. Ne fait aussi le sang humain matière mauvaisement sentant & puante, car là elle perdrait ses forces, & attirerait toute puanteur de l’huile du sang de l’homme. Et si elle n’était faite de cette terre, de laquelle la pierre des philosophes est composée, tu ne pourras résoudre celui soleil, car tu croirais faire eau de feu, & cela serait chose absurde & dissonante, & qui nuirait à celui qui en userait, & pourtant tu n’auras point en cure s’il y a quelque peu de cette terre : car tant peu que ce soit, si a il grande vertu. Évite aussi que tu ne prenne terre étrange, comme font aucuns qui prenne de la chaux, les autres la cendre du saule, les autres le tartre brûlé. Et les autres finalement les cendres de la vigne comme nous avons récité dessus abondamment. Et avec cette terre étrange ils estiment à faire eau de vie, & ne savent qu’ils apprêtent, l’eau de mort, comme dit Geber, cela être terre & médecine incompatible d’autre mixtion, comme nous avons souvent dit : car cette terre confère & donne la vertu à cette eau de vie, quand elle sera ainsi faite comme dessus est enseigné. Il faut donc avoir la mode de séparer les quatre éléments, si que tu puisses faire la vraie eau de vie, ou quintessence, en laquelle peut être l’or résolu en double manière. Premièrement avec l’eau de vie, qui attire la vertu de la pierre des philosophes. Secondement en réduisant l’or en poudre, & le calcinant comme nous enseignerons ci-après. Quand tu voudras donc séparer les quatre éléments de cette eau de vie ou du vin duquel elle est faite : il te faut prendre le meilleur vin que tu pourras en grande quantité, le mettant en plusieurs cocourdes, si qu’elle puisse en bonne quantité entrer en chacune coucourde, & quand tout le vin sera distillé, tu le mettras à part, & garderas le flegme, le séparant aussi. Et le vin ainsi distillé soit mis toujours sur les fèces & matières & quand le flegme sera extrait & tiré comme de ses fèces, la terre demeurera au fond. Quand donc tu auras besoin de la terre, qui est la matière brûlée, comme dessus a été dit, soit très bien lavée avec le flegme, comme nous avons démontré. Si qu’aucune chose de la substance sentant la combustion & brûlement en demeure, & par icelle eau de vie est justifiée. Est ainsi une autre manière plus subtile, quand celui vin aura été extrait de ses fèces soit reçu le flegme, avec ce qui est demeuré au distillatoire, duquel tu as séparé le vin distillé, & tant soit cuit au chaudron avec feu tempérée qu’il soit déduit & demeuré en l’épaisseur de miel liquéfié, soit puis ôte du feu, & refroidi jusqu’au jour d’après, & tu verras la pierre petite quasi aucunement résider au fond aussi claire que si c’était sel nitre. Puis après soit l’eau coulée, & l’huile nageant dessus : & soit celui flegme répandu sur la pierre ou terre devant nommé, jusqu’à ce qu’il soit clarifié de ses fèces. Cela fait soit secondement bouilli & refroidi comme dessus. Et fais cela tant de fois que la terre soit séparée de lui, tu la sècheras après au four de réverbération, en un vaisseau net, qui soit couvert en la plus haute partie. Et en cette fournaise de réverbération tant la calcineras qu’elle se convertira en très blanche substance à vin semblable. Toutefois devant toutes choses le feu attremperas, si que la matière ne soit fondue par la trop grande chaleur : car si cela était fait, elle conviendrait plus à arquemie, qu’à médecine. Et quand cette terre sera assez calcinée, soit mise en un verre, qui ait le col long, sur laquelle soit mis le vin dessus distillé, qui doit  être séparé de son flegme, & pourrisse au bain de marie par deux ou trois jours. Après cela soit distillée  par l’alambic, & tu verras cette terre avec l’eau monter à l’alambic comme clair cristal. Et en cette eau peut être dissout le pur or, & fin, laminé : c’est à dire mis par lamines, qui soient très fort attendries : toutefois il serait meilleur si cela était en feuilles d’or, car elles seraient plus facilement résolues, & converties en substance potable. L’or potable aussi est fait en séparant chacun des éléments à part, & puis en tirant la quintessence en laquelle tu pourras fondre le Soleil, & changer & permuter en or potable, présupposé toutefois que l’or soit mis en très tendres lames : & ainsi quand l’esprit est abstrait & retiré par l’alambic, comme l’âme de son flegme, comme du corps les fèces ou terre qui sont dernièrement demeurées au distillatoire soient prises, & quatre fois autant de son flegme, & soient mises au bain-marie par neuf jours jusqu’à ce  qu’elles soient très bien putréfiées : soient puis après distillées par l’alambic, & il en sortira huile citrine. Et quand plus ne pourra monter à l’alambic, saches trois éléments être encore demeurés au distillatoire : car tu verras l’eau ou flegme clair sortira mais l’air demeurera au fond, comme l’huile d’or : après cela soit séparé le feu de la terre, en prenant quatre parties du flegme, & une partie de terre, & soit digéré au bain-marie, avec feu fort violent, & tu verras l’huile vermeille & rouge, en laquelle est l’élément du feu & de l’eau : & ainsi tu auras quatre qualités séparées, lesquelles tu réduiras finalement en la quintessence, tellement que la terre soit calcinée en une fournaise de verre par trois semaines : puis tu répandras dessus le flegme, & le digéreras sept fois, & le distilleras autant de fois, & ainsi tu auras l’eau du Soleil, à laquelle tu pourras résoudre le Soleil subtilement laminé, & mis par lamines attendries. Et saches que d’autant plus que tu distilleras outre sept fois de sa terre, laquelle aussi nous avons dite la pierre des philosophes, d’autant plus noble, plus prestante, & plus vertueuse, & d’efficace sera à résoudre. Et quand tu voudras en cette eau résoudre le Soleil, tu dois avoir les feuilles d’or très subtiles, & soient mises en un verre qui ait le col long. Et quand tu auras une partie de l’or, répands dessus trois parties de cette eau de vie, qui de la terre devant dite soit distillée par sept fois, & soit mise au bain de marie, jusqu’à ce  qu’elle soit résolue. Et aussi peut être fait l’or potable pour nourrir & substanter nature humaine, & faire l’homme revivre, combien qu’il eut été jugé d’aucun médecin à mourir, & pourtant aie le toujours avec toi. Il faut noter aussi quelle vertu à cette pierre, par laquelle l’opération de l’eau est accomplie. Car l’esprit inspire ou il lui plaît. Et pourtant quiconque montre cet art aux indoctes & ignorants & le manifeste est maudit. Mais qui l’enseigne aux doctes & amateurs de sapience il est digne de la couronne du laurier : car il parle choses dignes du cèdre. Plusieurs ont cherché cette science, mais bien peu l’ont trouvée. Donc quand tu auras les quatre éléments séparés, un chacun d’eux réserveras : car chacun à sa singulière opération. Et l’huile qui est séparé de l’eau rouge ou vermeille par l’élément de ce feu, très bien profite aux jeunes & adolescents, & les corrobore en vigueur, force, vénusté & beauté de visage, & ne permet aucun sang être pourri, & elle ôte aussi toute colère & chasse tout le flegme. Elle est grandement générative au sang & au sperme. Et pourtant qui d’elle bien voudra user souvent se doit  faire saigner : car autrement elle pénètrerait les veines. Et si l’homme use d’elle devant l’an trentième de son âge il croît grandement tellement que tous s’en émerveillent. Elle le vaut aussi à recouvrer la vue, quand par chaque jour on en met une goutte en l’œil par l’espace d’un mois. Elle profite aussi bien grandement à l’ouïe perdue. Mais l’élément du feu rouge est eau rouge qui de l’huile devant dite est distillée. Elle vaut à toutes ses choses sus écrites, & les vieux & fort décrépités fait devenir jeunes & en couleur. Les anciens ont à user de cet huile avec un petit d’eau de vie, & les jeunes avec très bon vin. Elle chasse toutes les maladies de vieillesse, & pour tant est elle appelée l’élixir de la vie & est cela un grand secret à médecine, qui jamais ne fût traité d’aucun médecin. Mais oy bien d’iceux Philosophes, & la raison pour laquelle s’en sont tus les médecins, est ce me semble qu’elle a aucune acuité qu’elle a attirée de la terre ou de la pierre des Philosophes, & pourtant ne vaut elle pas à ceux qui en usent, elle est toutefois plus sûre que ce qui est fait par l’eau forte.


De l’or potable sans eau forte ou terre. Chap 25.



L
a manière de faire l’or potable sans cette acuité de pierre ou eau forte est telle. Prends miel & le répand goutte à goutte sur un marbre, en y ajoutant, & dessus imposant feuilles de l’or, en le broyant & brisant souvent, comme si tu voulais écrire avec de l’or en telle sorte qu’aucune chose de l’or n’y apparaisse. Et quand tu auras ainsi brisé & broyé deux ou trois desdites feuilles d’or, laisse le ainsi demeurer par vingt quatre heures, tu pourras aussi ajouter du sel commun préparé, en sorte ce qu’il ne soit nécessaire, sinon afin que plutôt soit la matière brisée & broyée. Et quand la matière aura ainsi demeuré par ladite espace de temps, soit mise en un vaisseau d’argent ou en une large tasse, en y jetant dessus de l’eau tiède distillée du miel, ou de l’eau de fontaine distillée, & le miel sera séparé de cet or. Mais si tu mets du sel, la séparation aussi sera faite en cette manière. Tu couleras puis après le sel, en y jetant dessus autre eau distillée, & puis qu’il demeure & fasse résidence comme dessus a été dit, & soit dissout par pareille manière, comme nous avons dit. Et quand tu y mêleras du sel, ainsi feras souvent, comme si tu n’y en eusse point mêlé, jusqu’à ce que tout soit séparé & résolu. Après derechef répands dessus eau, à la forme déjà dite, & mets en la courge, la distillant au bain de marie, en sorte que le seul or demeure au distillatoire : & que le sel & miel soit séparé de lui : Mais si tu y mêles du sel, d’autant plus longuement sera à briser sur le marbre : mais quand tout le miel aura été distillé de l’or soit mis dessus & derechef distillé : & cela feras deux ou trois fois. Mais finalement quand tu verras parfaitement que tout le miel est séparé de l’or, soit dessus mis très bon vinaigre distillée, comme nous avons enseigné dessus, & est fait du meilleur vin qu’on puisse avoir, ou qu’il soit distillé de vin cuit, par quatre fois. Mais quand enfin tu auras distillé celui vinaigre, de lui soient distillées trois parties, & demeure la quarte partie au fond du distillatoire. Car comme dessus a été dit, la distillation du vin, & vinaigre est contraire de l’un à l’autre : car au vin la matière vaut mieux au premier, mais au vinaigre, elle est au dernier distillée, tu dois donc répandre cette quarte partie qui est demeurée au fond, dessus celui or : & ainsi repose par trois jours, puis après tu mettras autant de vinaigre distillé, comme es premières fois : mais il faut qu’il soit mis au fient de cheval ou au bain de marie. Donc en ce vinaigre est l’or subtilement dissout & puis après soit derechef séparé de l’or par distillation, & derechef de lui soit distillé au bain de marie : & finalement répands dessus le flegme du flegme & distille derechef en semblable manière. Cela feras jusqu’à sept fois, & après qu’il aura été sept sois distillé, soit dessus mise eau de vie : & derechef par distillation soit séparé : mais à la fin tu répandras dessus eau de vie, qui n’aie en elle aucun flegme, & soit par semblable manière séparé de lui, & soit cela fait en deux manières. Tu distilleras de celui or en cette forme. Le miel, le vinaigre, & le flegme avec eau de vie, & il sera très bien préparé & digéré  à dissoudre au lieu de digestion, ou circulatoire en icelle eau de vie, qui est la quintessence : Mais quand tu voudras faire or potable, soit pris de l’or devant dit résolu, & eau de vie dessus écrite, soit dessus répandue, de laquelle douze parties soient distillées de l’une des portions de la pierre philosophale, & soit mis à circuler au bain-marie, par quarante tours, ou plus longuement, & ainsi sera l’or résolu en l’eau citrine : mais à cause que toutes choses sont à juger également, il a en lui aucune mordacité ou acuité de celui vinaigre distillé : & de la quintessence qui est distillée par lui, & d’icelle pierre des Philosophes : & par lui, comme par eau forte peut être dissout l’or, non pas toutefois ainsi nuisant, comme il serait fait par eau forte : combien qu’aucun soient de cette sentence & opinion qu’ils jugent aux hommes sains, qu’il n’est pas fort utile : car nous voyons aucune fois aucunes choses être utiles aux malades, qui peuvent endommager ceux qui ont santé, & cela est fait par la violence & infection de la nature du patient & malade : mais vu que celui or potable doit  être bu des sains, si qu’ils soient conservés en leur première santé. Nos plus nouveaux Philosophes ont pris l’or devant dit, ainsi pulvérisé comme déjà a été dit, pour ce qu’il est apprêté sans la quintessence du vinaigre distillé, en répandant dessus la vraie rectifiée eau de vie séparée de tout son flegme, sans pierre devant dite, par trois ou quatre fois : derechef toujours distillant de lui, tellement que toujours demeure de l’or en la fin de la distillation, aucune chose humide : Mais finalement ils ont pris cette chose humide en une partie, & douze parties de l’essence quinte, & l’ont mise en la courge, mettant dessus l’alambic aveugle : & en le circulant pour le moins par quarante jours au bain de marie, & tu auras le vrai or potable, à préserver les hommes sains de maladie, & délivrer les malades de leur mal. Aucun dommage toutefois pourrait venir & naître de tel boire, par la raison que nous avons alléguée au neuvième chapitre dessus écrit : Car en longtemps l’estomac humain pourrait être doré, par laquelle dévoration il pourrait perdre son accoutumée digestion. Par quoi chacun, non ignorant la médecine, peut juger combien de dommage pourrait advenir à l’estomac humain : Par laquelle raison nous émeut de bonté, voulons plutôt à l’homme commoder que lui être nuisant. Et combien que je pourrai être increpé & repris d’aucun des plus savants & doctes de cette science, pour ce que je manifeste publiquement telle chose, nous leur répondons, que nous voulons à tous profiter : Car Salomon dit, que la science cachée & trésor non connu, ne profite d’aucune chose. Par quoi nous enseignerons la très vraie science & voie de faire l’or potable, selon la capacité de notre petit engin. Combien en vérité qu’il n’est pas bien commode ni raisonnable, tel & si grand trésor révéler : toutefois ceci est fait plus pour les doctes, & amateurs de bonnes disciplines, que pour les ignares. Par quoi je prie tous ceux auxquels parviendra celle-ci notre petite œuvre, que si je dis aucune chose de plus secrète matière qu’il n’est licite & juste à déclarer & manifester aux gens indoctes, qui seront par aventure bien à dire, qu’ils l’entendent de bon courage : car ainsi que de jour & de nuit ce mot cicéronien meuerse devant les yeux : c’est que nous ne sommes pas nés avant ceux : mais au pays & à nos amis, qui participent en cela & que le sage Salomon dit que sapience ne vaut aucunement, donc incontinent ai voulu montrer en lumière ce petit livre, afin qu’il soit à honneur & promut au pays & à mes parents. Et en sorte que nous l’avons composé, tant pour les doctes que pour les indoctes : toutefois ce n’est pas sans cause que cela avons fait, & veux que le sache chacun envieux, vu que le très grand & souverain créateur de toutes les choses créées, & père universel visite les bons & mauvais, & luit son soleil par pareille lumière sur tous en commun. Maudit est celui qui préfère & propose la propre utilité au profit de la république, & combien que ce livre peut être contemné & vilipendé des indoctes, je sais toutefois aucuns des plus doctes & savants qui élèveront mon petit œuvre jusqu’au ciel. Par quoi je t’enseignerai, O lecteur le vrai or potable, à laquelle mienne opinion aucun de nos Philosophes ne peut réfrager, quand il regardera les raisons naturelles ici mises & alléguées : car je connais qu’autre est le sermon & parler entre les arquémistes & autre entre les médecins : Mais à raison qu’on doit  élire la chose certaine pour l’incertaine, & ce qui profite pour la chose qui naît adhérer à iceux médecins, vu que Marsilius Ficinus décrit aucun des anciens Philosophes n’avaient jamais suivi cette voie de faire l’or potable, que les maître Philosophes ensuivent maintenant, qui doutera du soleil qu’ils résolve en eau forte qui doutera aussi du mercure, avec lequel ils amalgame l’or d’user de leurs mots, qu’ils ne soient nuisibles, personne certes n’en doutera, sinon qu’elle fut plus aveugle que la Taupe. Et combien que je ne contredis ces choses pouvoir entrer en l’or potable pour les malades, comme pour les lépreux, car le venin serait déchassé par le venin, mais en vertu je ne leur conseillerais pas en user, vu qu’elles sont grandement corrosives comme chacun, non médiocrement instruit, peut bien conjecturer chose semblable. Et de ce qui est distillé par le vinaigre, & qui est résolu par la pierre, toutefois il n’est pas tant nuisible comme cela qui est dissolu par l’eau forte, il a toutefois aucune chose véhémente acuité, que celle quintessence a reçu de la pierre, mais si cette raison est vue moins suffisante à aucuns, en outre peut être prouvé par le dit de Gallien, qui doit la naturelle substance être incompatible d’aucune plus véhémente motion, auquel consent & stipule Aristote, laquelle chose est ainsi à entendre que cet or potable dessus remontre ne pouvoir être fait, sinon par superflue nature ignée, c’est à savoir de la qualité de feu de cette quintessence. Laquelle nature de feu, quand elle est sublimé outre son dur terme & défini fait dissolution du soleil très hâtivement. Par quoi selon mon opinion, telle superfluité ignité plus est au dommage d’humaine nature qu’elle ne lui profite, & non sans cause & raison est à trouver autre moyen plus subtil, par lequel l’or sera converti en substance potable. Puis après s’il était nécessaire d’aventure que l’or dessus écrit potable puisse être adjoint à celui-ci. Si aucune infirmité cela requerrait, en tant que c’est chose nécessaire au malade, toutefois toujours on y doit  adjoindre de l’or potable, comme des pierres cordiales, ou marguerite & autres de tel genre, combien que cela ne soit dit or potable, vu qu’aucun or n’entre en sa composition, toutefois il peut être ainsi appelé pour son excellente vertu & légère opération. Aucune fois pourtant il est utile user de celui seul : Mais aucune fois il le faut mêler avec autre, quand tu voudras légèrement ouvrira pénétrer : car l’autre n’a pas telle vertu. Aucunes fois aussi nous pouvons avoir cet or cordial en usage, en y mêlant de l’autre, selon que la maladie du patient requerrait voici la forme d’user de cet or potable : Mais devant que je vienne à sa composition, je prouverai s’il est possible ou non, donc premièrement & devant toutes choses, les Philosophes prennent & collaudent icelui or, pour cette cause qu’entre tous les métaux, il est de nature attrempée, & ressemble au soleil pour sa grande clarté & couleur : Il est approprié aussi à Jupiter pour son attrempance. Et pourtant il peut merveilleusement attremper, & modérer la chaleur naturelle avec froideur, & conserver icelles humeurs de mort & incorruption. Et pourtant nous lui attribuons la vertu du Soleil & de Jupiter, desquels est l’office, attribuer l’esprit vital aux membres intérieurs.
De cela connaissent les Philosophes aucune chose n’être plus convenable à la vie humaine conserver aucunement de corruption, qu’avoir la substance très subtile & très dure, quasi incorruptible, qui passe & pénètre aux membres intérieurs. De cela vient que celui or laminé très subtilement, & entremêlée avec les cordiales espèces, est à réduire en poudre. Pourtant dit Jehan de roche tranchée, que nous devons avoir considération à ouvrer les choses possibles, & sous entrefuir les impossibles. Car nous voyons plusieurs merveilles de métal : c’est à savoir du plomb, du fer, de l’étain, & argent, que nous n’estimons plus grand efficace être en chose plus précieuse comme est celui or : car nous voyons, témoin Avicenne, que l’eau en laquelle est éteint le fin acier fort rougi de feu, retient le flux du ventre, & connecte quasi ensemble les entrailles congregées & unies ensemble, ce qu’on peut voir & connaître pareillement du fer : d’autant donc plus que cela est à croire de l’or, auquel n’est aucune chose corruptible des quatre éléments, comme au fer, à l’acier, & autres métaux. Si celui métal à la vertu de contraindre, & quasi d’assembler les entrailles & boyaux ensemblement, est pas vu cela plus possible en l’or, & puis qu’il est le plus pur & plus purement purgé de ses fèces & plus incorruptible que celui métal ? on le peut aussi secondement prouver par l’évidente raison & expérience, quand le plomb souvent est mis en l’eau & plongé, en laquelle a été éteinte la lame d’or ou de cuivre ou de fer : car nous le voyons endurcir, & de cela nous pouvons croire manifestement que cette eau a attiré sa force de la matière qui a été en elle éteinte. Au contraire aussi nous expérimentons par l’usage quotidien de tous les jours, que si le plomb est fondu en aucune eau, & puis après le fer il soit éteint, ou le cuiure, ou or, chose manifeste sera qu’il mollira par cette eau, qui attire sa force du plomb, laquelle mollesse, n’ont pas tels métaux d’icelle nature, & ainsi que ceci est trouvé du fer & du plomb, par l’usage de chacun jour, aussi pareillement est il de l’or, & ici est la vraie manière de l’or potable envers les Philosophes naturels, comme dit Marcilius Ficinus. Non pas toutefois que sa corporelle substance soit breue : mais celle vertu & efficace extraite d’icelui, par très subtile manière : car c’est chose fausse croire totalement que la matière de l’or entre en la composition du corps humain, comme très bien & beau le prouve le devant allégué dis grège, ou aussi qu’il soit fait semblant au corps humain, ou converti en substance potable, & qu’on puisse boire : car il convient premièrement que cette substance soit transmuée en sang, & après ceci en chair, qui est chose impossible pour sa dureté. Et pourtant est à savoir qu’en plusieurs choses la vertu de l’or conforte l’humain corps & substance. Laquelle substance matérielle n’entre pas en la composition, car ainsi que le magnes par sa splendeur, par laquelle il entre en l’or, cela l’a attiré a soi, ainsi l’or par sa grande resplandeur met & infund sa vertu, à l’eau en laquelle il est éteint, par laquelle est merveilleusement conforté le corps humain, & pourtant ceux qui convertissent l’or ainsi en substance potable par l’eau forte ou comme dessus nous avons dit, par le vinaigre distillé plus corrompent sa vertu, quand ils estiment l’extraire d’icelui qu’ils ennoblissent.

De l’or potable avec espèces aromatique. Chap 26.


Q
uand tu voudras faire or potable avec aucunes espèces simplement : desquelles aucunes purgent & consument les humidités superflues, & les autres confortent les plus nobles membres pour cette cause, est à user de cet or potable avec juste & vrai régime, & diète de veiller de dormir, de manger, de boire & de remplire, & se trop évacuer, & est ceci ainsi fait. Prends du meilleur vin que tu pourras avoir, trente deux livres & soit mis au chaudron du bain de marie & soit tant distillé qui soit réduit à huit ou six livres. Prends puis après autre vin & le distille pareillement, & faits cela tant de fois que tu aies trente deux livres de vin distillé, & le mettras derechef au chaudron & sera distillé, tant de fois qu’il vienne à la moitié de la consomption. Soit mis après cela en la courge, & y soit si longuement distillé que toute la substance aqueuse & de qualité d’eau s’en soit allée, soit après distillé au bain de marie par quatre fois, & y soient ajouté après la distillation ces espèces, bois d’aloès, cardamoines, cucubes, récentes, de chacune une dragme cannelle, noix muscades, gingembre blanc, poivre long, graine de paradis & sandal, autant d’un que d’autre également de chacun quatre dragmes. Soient toutes ces choses subtilement pulvérisées & mises en un verre en mettant dessus vin distillé & très bien fermé, le verre & soit tout mis au bain de marie par huit tours, mettant l’alambic dessus & soit distillé au feu lent, puis après soit mis en la courge, qui ait le col long & puis après y soient ajoutés deux dragmes d’or pur feuilleté, deux de girofle, bonne ambre de chacun deux dragmes. Soient ces choses aussi pulvérisées. Et quand elles auront été mi ses en la courge soit fermée, & mise au chaudron, au bain de marie, par quarante deux jours, en continuelle chaleur. Soit après augmenté le feu jusqu’au quart degré, par l’espace de une heure, & il en sortira eau en couleur d’or, & soit réservée cette eau à part. Car c’est celui or potable. Prends quatre livres, de cette quintessence, & ils soient ajoutés, or pur, margarites, bonne ambre, fin musc, Amomon, anis, cardamomoe majeur, gingembre, cannelle, zedouar, macis, noix muscade, clous de girofle, saffran oriental, cucubes bois d’aloès, turbit blanc mondé, trié & bien gomé, agaric blanc, séné, de chacun une dragme, des cinq mirobolans de chacun une dragme, cicotin, trois onces. Et soient ces choses ensemblement broyées, & mises au bain marie, par un mois entier. Et quand tu voudras conserver aucun en santé, tu lui bailleras à boire de la première eau distillée une dragme, & si c’est un homme mal sain, & malade, tu lui bailleras pour le délivrer de la première eau, un scrupule, & de la seconde deux scrupules. Mais si la maladie était fort grave tu lui pourrais donner de la première eau deux scrupules, & de la seconde une dragme, & un scrupule, en cette recette est le secret des secrets, à substanter nature humaine, jusqu’au terme de la vie que Dieu nous a prescrit. Et pourtant dit Avicenne prends l’herbe qui s’appelle vulgairement iacea nigra, & aux bons auteurs ocymoides, & soit pilée au mortier de pierre & soit le jus que tu en prendras distillé au bain marie, par l’alambic. Soit fait en pareille forme de la buglosse, prends après cela de chacune eau, une demi once, & il soit adjoint trois grains d’or pur & très bon soit bu sobrement par trois jours continuels étant toutefois le corps premièrement purgé : l’or devant dit vaut aussi contre la lèpre, quand il est bu chacun jour jusqu’à un scrupule, du premier & du second deux scrupules, avec demi once d’un vieux chapon distillée : Mais Raymond Lulle, dit que cela doit  être bu avec tel Julliep, prés des sirops de agresta acetosa simplicis de chacun demi once, eau de buglose, une once, eau, de chicorée deux onces, soit fait julliep, & soit donné au lépreux, avec l’or précèdent. Mais Jehan de la roche tranchée dit, que si cet or potable est pris avec eau de chélidoine, deux onces, il conserve beaucoup, & mêmement à toutes maladies, principalement aux fié bures eticques & hidropiques. Et note que ce jeune adolescent use de cet or par deux fois l’an pour le moins, il doit  être phlebothomisé : mais les vieux le peuvent prendre tous les jours, c’est à dire une goutte avec cinq gouttes de la quintessence, étant encore l’estomac à jeun, & faut jeûner après qu’on l’a pris, par une heure toute entière : car il déchasse merveilleusement la blancheur de la tête, & conforte le cœur, & aussi le cerveau, & tous les autres principaux membres.

De l’or potable fait & tiré des fleurs, qui sont cordiales. Chap 27.


N
ous avons proposé, n’écrire plus, en outre de l’or potable : mais le vrai amour qu’avons envers tous les étudiants, que nous savons être cupides & convoiteux de lire des choses merveilleuses, & plus utiles que celles qui déjà sont écrites jusqu’ici, nous émeuvent, par quoi enseignerons, en laissant toutes longues paroles, & prolixité qui pourraient nuire à leurs oreilles, vrai or potable, lequel aucun des Philosophes tant soient savants ne le pourra improuver, en le disant, être en aucune manière contraire à nature humaine, car il peut être donné à l’homme, étant grièvement malade. Et est ledit or mêmement approuvé, par Arnauld de Villeneuve & par Marsillus Ficinus, & néanmoins qu’il n’a métier & besoin de grand coûts & dépens, toutefois n’est il pas à réprouver si est ainsi fait, prends la buglosse avec ses fleurs sa racine, son herbe, toute sa substance, en un jour qui soit bien clair, moyennent toutefois qu’en la nuit précédente n’ait été quelque pluie & étant la Lune croissante & au bon regard & aspect de Jupiter ou Vénus, soient ces choses toutes rebroyées avec toute la substance & soit digéré en fiente de cheval par huit jours, soit puis après distillé par trois ou quatre fois en infondant & remettant toujours la matière distillée sur cette masse, soit puis après digéré derechef au bain-marie par quatre ou cinq jours. Prends en pareille manière des bourraches avec toute leur substance au temps & limitation dessus dite en la buglosse en pulvérisant toujours icelui marc après la distillation, & en remettant la matière distillée dessus elle, & autant en semblable manière soit fait de la chélidoine & mélisse. Et alors que tu auras de toutes eaux ainsi distillées soient ensemblement mêlées par parties égales & mises en un verre qui ait le col long, le mettant gésir au Soleil. Ces eaux soient très bien gardées jusqu’à ce que tu en voudras user. Quand tu voudras donc faire cet or potable, prends des eaux devant dites, ensemblement mêlées une livre, & soient mises en un vaisseau de terre vitré par dedans, & puis prends la lamine d’or pur non point sophistique, au poids de seize onces ou plus ou ainsi que tu en pourras avoir : mais d’autant plus qu’il y en aura, d’autant plus mieux vaudra. Soit ladite lamine d’or chauffée au feu : jusqu’à ce  qu’elle rougisse, & soit après éteinte es eaux que j’ai nommées, tant de fois que la quarte partie d’icelles soit consumée, & ainsi le veut & commande Marsilius Ficinus. Soit puis après très bien coulé par un linge très net, & soit mis au verre très bien fermé. Tu prendras après quatre dragmes de marguerites pulvérisées sus lesquelles soient répandues six onces d’eau de vie, de vin rouge, quatre fois distillées, & soient mises en un verre bien clos, & soit mis au bain-marie par vingt quatre heures, & quand sera distillé le cas, tu le gardera à part. Et quand tu en  voudras aider au malade qui aura déjà été jugé à mort des médecins, tu prendras de l’eau, en laquelle la lame d’or aura été éteinte jusqu’à demi once, & de l’eau de vie avec les margarites une dragme, & soit tout mêlé ensemble, en baillant au malade par chacune fois, & après six heures passées autant, & autant après que douze heures seront passées. Et si cela échauffait trop le malade, on lui doit  bailler avec sirop violat une dragme. On peut prendre aussi de la quintessence de vin rouge telle que dessus avons enseigné : jusqu’à une once & demie, en laquelle doit  être mise une dragme d’or feuilleté, non point brisée, ni pulvérisé, & la quintessence tirera à elle la vertu & couleur de l’or. Et ces feuilles d’or demeurent ainsi avec la quintessence. Et quand tu bailleras au malade des eaux devant nommées, tu y mettras de cette quintessence trois ou quatre gouttes. Marcilius veut aussi que nonobstant que la lame d’or soit souvent éteinte par moult de fois es eaux devant dites, néanmoins pourtant elle doit être mise es feuilles d’icelui or. Pour cette cause, au lieu de ces feuilles d’or, tu prendras la quintessence qui a déjà pris la force de l’or, & ainsi tu auras le très vrai or potable, qui est le meilleur & plus précieux que si dépensais mille ducats en croyant en avoir de meilleur & plus utile & somptueux : car il a la vertu de conforter le cœur & consumer toutes les mauvaises humeurs superflues, engendre le très bon sang, & tout le mauvais il expelle : il garde merveilleusement la jeunesse provoque l’urine, & cure le mal caduc,& les enragés & les lépreux aussi, il nourrit. Mais gardes bien que tu n’y mêles l’or des prolixité, car plus nuirait qu’il n’y profiterait, comme dit maître Arnauld, pour les vénéneuses substances qui entrent en cette composition.

De l’or potable de la quintessence par la pierre des Philosophes. Chap 28.


S
i tu veux faire or potable en autre manière, prends de la quintessence distillée par la devant dite pierre Philosophale, en laquelle soient mises les feuilles de l’or, & soient ainsi dissoutes en ladite quintessence, tellement que de l’or soit faite aucune chose liquide potable : celle-ci est de merveilleuse opération à soutenir la vie des humains & à chasser toutes les maladies refocir aussi & mettre en valeur l’homme demi-mort & le révoquer à sa première santé, & d’autant sera plus parfait si tu y mets deux parties de la quintessence du miel aussi comme dessus nous avons dit. Soient ces choses mises en un verre circulatoire tellement que de l’eau de vie devant dite y soit une livre de la quintessence du miel dix onces, de feuilles d’or quatre dragmes, en fermant très bien celui circulatoire en la supérieure partie, & soit luté c’est à dire de telle cire, colle que nous avons montré dessus : soit puis après mis au bain de marie par quatre ou cinq mois, car d’autant plus qu’il circule, d’autant est il meilleur en substance, & d’autant plus aussi celui or est dissout, & avec autre matière incorporée : mais si tu ne peux avoir les feuilles d’or, tu prendras trois ou quatre ducats, & les mêleras très subtilement, ainsi qu’il est fait es Orfèvre quand ils veulent dorer, mais toutefois chose n’est meilleure que les feuilles d’or, quand on les peut avoir du bon or de ducats : & si on les peut avoir, & aussi quand tu ne voulusses mêler l’or en cette façon, tu le pourras réduire en poudre reçois du meilleur or que tu pourras avoir : ou prends or de florins, & soit ainsi affiné & cémenté, reçois une partie d’or,
deux parties d’antimoine, un peu de tartre, & soit répandu ensemblement jusqu’à ce que toute la matière soit fondue & liquide : soit puis après fondu en une telle fonte, & soit toujours agité, & puis le permets refroidir un petit, & tu trouveras celui or à la pointe de la fonte, c’est à dire de l’instrument à fondre, & dessus cela est celui antimoine séparé, & voila la très bonne manière d’affiner l’or. Et quand toutes choses seront refroidies : soit rompu celui or à la pointe de l’autre matière : & sil n’est assez affiné, soit derechef fondu avec antimoine, & soit fait ainsi que de la première fois. Tu pourras aussi affiner le Soleil par tel cément, prends vitriol romain, ou en son lieu aie du sel de vitre rubéfié ou rougi sel armoniac, vert de gris, bol d’arménie, de la poudre des tuiles cuites bien brûlées autant de l’un que de l’autre une once, soient toutes ces choses bien pulvérisées, & soit faite pâte avec urine d’homme, & soit fait un lit sur un autre en aucun creuset, tellement qu’au fond soit le lit de ladite pâte, & l’autre lit de dessus de florins, & derechef un lit de pâte, & un lit de florins, en procédant toujours ainsi jusqu’à ce  que tu y aie mis l’or, & en la suprêmité, & hautesse du creuset soit fait un lit de pâte, sur lequel soit un autre lit de chaux vive, & saches qu’aucun florin ne doit  toucher l’autre, & quand toutes choses seront ainsi imposés, soit mis un couvercle sur le creuset, qui ait au milieu un pertuis fait avec l’aiguille, & soit très bien fermé le creuset de toutes pars : avec ciment fait de chaux cela fait, soit fait feu de charbon en la longueur d’une paume, & remonté de toutes parts, par une heure entière, quelle passée, soit fait autre feu un peu après par une autre heure, laquelle passée derechef un peu s’approche le feu une autre heure, si qu’il attouche à celui creuset : mais finalement soit fait autre feu sus le creuset l’attouchant de toutes parts, & dure par une heure entière, & après l’heure dernière passée, permets refroidir le creuset, en le rompant tu trouveras l’or dépuré jusqu’au dernier point, ou n’est aucune chose demeurée que la très pure matière, & ainsi tu pourras affiner l’or jusqu’à vingt quatre degrés.

Il peut aussi être cémenté par le  royal cément en vingt quatre heures, en prenant deux parties de sel commun préparé, & une partie de tuiles cuites en poudre mises, & en soit faite pâte, & soit incorporée avec urine d’homme, ou si tu veux, tu pourras aussi affiner le soleil par tel cément. Reçois sel commun bien préparé une once, de la poudre de tuiles cuites demi once, vitriol rouge une once, mercure sublimé une dragme, soient toutes ces choses pulvérisées très subtilement, & en soit faite pâte avec urine d’homme, fais puis après lit sus lit, ainsi qu’il a été narré au premier cément, soit après fondu l’or, & dessus lui soit répandu sel armoniac une dragme, de mercure sublimé demi dragme, & soit mis petit à petit au creuset ou est l’or fondu, est ainsi un autre cément en cette manière : prends sel armoniac une once, vert de gris une once, vitriol bien calciné six dragmes : & cela est la dernière manière quand tu affines l’or de quatre parties d’un florin, trois parties seulement demeureront : mais si tu convoites le soleil ou la lune séparer de l’antimoine & affiner, y soit un peu ajouté de tartre & celui antimoine ne pourra attoucher le soleil ou la lune, lors doit  être mêlé avec Vénus. La manière de faire poudre d’icelui soleil est telle. Soient reçus aucun ducats ou florins préparez es manières dessus dites, & mis au feu jusqu’à ce qu’ils rougissent : & puis soient mêlés autant que tu pourras très subtilement, comme font les doreurs : soient après tranchés par morceaux, & petites pièces & lamines bien menues, & pour une partie de l’or tu y ajouteras six parties de mercure, soient mises ensemblement au feu, & chauffés jusqu’à ce  que tu voies celui mercure fumer, & soit l’or en l’autre côté, & soit échauffé en pareille manière, comme tu as fait du mercure, puis soit mis fondu sus mercure fumant, & soit si longuement agité & démené avec un petit bâton, jusqu’à ce que tout soit bien fondu & affiné, puis après, derechef soit démené & frappé, jusqu’à ce qu’il
soit refroidi, après ceci soit cela mis ensemble en un blanc cuir, comme les Orfèvre, & soit très bien lié & exprimé, si que tout le Mercure sorte de celui blanc cuir : mais soit mis le demeurant au creuset au feu, jusqu’à ce que fume le mercure, & puis soit mis dessus le marbre, & soit souvent brisé, & derechef soit mis au creuset, jusqu’à ce que la fumée sorte du mercure, & soit derechef brisé, & soit fait cela souvent en le brisant & échauffant, jusqu’à ce que toute la fumée cesse de mercure, & que l’or soit réduit en très subtile poudre. Soit puis après mis au feu de la calcination, faisant flamme de feu de bois sec, & non pas avec charbons, & celui feu dure quatre ou cinq heures, & soit ainsi calciné, jusqu’à ce que tu voies le soleil être dépuré & mondifié, après soit lavé deux ou trois fois avec eau de vie, & soit bien mêlé ensemble avec un tuyau d’une penne ou plume entier, tu couleras puis après eau de vie, en y répandant de toute récente : soit fait cela trois ou quatre fois puis après tu sècheras celui soleil sus petit feu de charbon.
Soit puis après mis au circulatoire mis dessus avec icelle quintessence du vin, une autre manière est de pulvériser le soleil : fais faire un instrument de cuivre ou de fer à la forme d’une courge en cette manière, & aie le col étroit, & une croix en l’orifice, faite d’une pointe de fer, à la grandeur de la forme, d’un florin ou ducats, si qu’elle ne puisse tomber dedans, & faut que le ducat ou florin attouche l’orifice de la courge de chacune partie.
Soit donc cet instrument chauffé, & en son fond soit fait un lit de plomb liquide, à l’épaisseur d’un doigt, sur lequel soit fait un autre lit de tartre, & ainsi toujours tu feras, jusqu’à ce que la courge soit pleine : après cela soit dessus mis un ducat ou florin, & soit mis sur la croix , le colloquant en tel four, tellement que le plomb soit toujours liquide, & quand l’or sera quelque peu de temps en un côté : soit tourné dessus l’autre, & en telle manière il sera fait obédient à faire la poudre du soleil : après soit calciné au four de réverbération comme il a été^ dit : & en cette manière tu pourras faire cela de quatre ou cinq florins & autres monnaies d’argent.

De l’or potable avec le miel. Chap 29.

Prends comme dessus avons dit, sel gemme bien préparé de très bon mil, tiré de la ruche sans feu, comme nous avons dit dessus, eau de vie rectifiée autant d’un côté que d’autre égales parties : soient distillées toutes choses par trois fois, prends après cela de cette matière distillée une livre, & autant que tu voudras de feuilles d’or très fin, & mettes en la courge la mettant sur les cendres, ajoute y après bonne rhubarbe & bois d’aloès bien brisé, repontique, ou du cœur d’un cerf, musc alexandrin frais & récent, bonne ambre autant d’un que d’autre une dragme, & soient mêlées toutes choses ensemble & après huit jours passés distiller tout par un feutre,& tu auras très bon or potable profitant & conservant à plusieurs maladies, & merveilleusement bien restaurant tout le corps humain.

De l’or potable du seul or, & eau de vie. Chap 30.

P
rends de l’or très fin quatre dragmes, & soit subtilement mêlée & tranché en lames très menues. Prends après une once & demie de mercure lavé, & soit fait Amalgame, puis après soit mis sur le marbre, en y ajoutant autant de soufre vif, & soient bien brisés ensemble : puis soient mis au creuset sur les charbons, & les laisse là jusqu’à ce que tout le soufre sera brûlé : après cela, soit mis au foyer, & derechef mets le au creuset au feu, jusqu’à ce que celui creuset rougisse : après cela, ôte le creuset, tu trouveras le soleil en poudre très subtile de jaune couleur calcinée, après soit mis au four de réverbération, & ton or sera très bien préparée soit lavé puis après avec eau de vie simple, & soit séché, & de cette poudre prendras tant que tu voudras, & soit dessus répandue eau de vie rectifiée, autant qu’il apparaisse, & soit éminent outre l’or trois ou quatre doigts, soit mis après au circulatoire, & mis au bain-marie avec ces petites pierres à la moitié du poix de l’or, & soit circulé comme il appartient : & celui or fondra & sera liquide & résolu en eau de citrine couleur, ou jaune, & aussi il tiendra les cheveux humains, & ainsi tu as aussi le vrai or potable.

De l’or potable avec arènes. Chap 31.

U
n noble prélat & évêque de Treves faisait l’or potable en cette manière. Quand tu auras distillé l’eau de vie, & qu’au fond du distillatoire le flegme résidera comme matière adhérente au cul, prends eau de vie par deux fois au bain marie distillée, l’épandant sur cette noire matière, quand elle sera refroidie, & demeure ainsi par un jour & une nuit, puis après soit tirée de cette matière eau de vie, derechef par la distillation au feu lent & petit, jusqu’à ce que tu soies parvenu à icelle matière, & soit faite tiède, si tu veux réserver le voir entier : puis après soit l’eau de fontaine répandue sur la matière noire, de la hauteur de six doigts, & ainsi repose par trois ou quatre jours. Après cela tu la laveras avec autre eau de fontaine, & tu trouveras la substance ou matière au fond, comme si c’était sable, & c’est cette terre que tu dessècheras au feu lent & petit : mais quand elle sera sèche, soit répandue dessus celle eau de vie rectifiée à la hauteur de quatre doigts, & la laisse ainsi demeurer au bain de marie par vingt quatre heures, en fermant l’orifice du verre avec un autre verre, & la collant avec la cire devant dite. Après cela, l’eau de vie soit derechef retirée, & cela tu feras souvent, car d’autant plus souvent que tu le répandra & derechef attireras par distillation, d’autant mieux vaudra : & quand elle sera sèche, soit mise la courge au sable, l’ensevelissant en icelle jusqu’au col, & soif abstraite à fort feu tant longuement qu’aucune fumée tu ne verras à l’alambic, en n’ôtant point celui réceptacle, car il faut que l’eau de vie & l’esprit ou fumée soient ensemblement mêlés, & ainsi tu auras deux éléments le feu & l’air, après cela soit prise la terre, & très bien brisée sur le marbre, & soit mise en la courge, en répandant de l’eau de vie rectifiée, en la hauteur de trois ou quatre doigts, & la met au bain-marie par un jour & une nuit, jusqu’à ce qu’elle soit dissoute , & quand elle sera ainsi dissoute, soit refroidie & puis abstraite derechef & soit séchée cette terre au soleil, & quand elle sera séchée, elle doit être mise au creuset, la collant très bien avec le lut de sapience, & soit calcinée au four de réverbération par quatre heures, & puis refroidie : & derechef brisée sur le marbre, & mise en la courge, en répandant dessus de l’eau de vie rectifiée, & soit mise au bain de marie à résoudre, derechef soit tirée l’eau de vie, & soit la terre derechef calcinée par quatre heures, quand elle sera sèche, ou elle peut aussi être ainsi brûlée si qu’elle rougisse, & puis derechef soit dissoute au bain de marie avec eau de vie, & autant de fois tu la résoudras & calcineras jusqu’à ce que tu ne la pourras plus en outre calciner ou résoudre, & est cela fait communément en sept fois, quand le maître œuvre droitement. Mais quand tu voudras connaître quand cette terre n’est plus en outre dissoute, soit pris un peu de cette terre, & séchée à l’air & répandu dessus de son eau, trois ou quatre gouttes, & si elle est dissoute c’est signe qu’elle n’est encore apprêtée : & pourtant il la faut encore derechef résoudre au bain-marie, & puis calciner jusqu’à ce que tu pourras avoir vrai signe & indice qu’elle ne peut être plus solue. Mais finalement elle doit être séchée & calcinée, & refroidie, & alors c’est pour elle seule, & le feu & l’air sont d’elle séparés, après soient prises toutes ces eaux avec lesquelles tu as solue la terre devant dite : car elles doivent être mises ensemblement en la courge avec icelle terre, les mêlant ensemblement aussi au bain-marie, & y ajoutant d’icelle quintessence, & soit abstraite jusqu’à la moitié avec

feu lent, & soit devant mis un autre réceptacle puis après, soit le feu augmenté jusqu’à ce que toute l’humeur & la matière flegmatique d’elle soit séparée. Cela fait plus accroisse le feu pour expeller iceux esprits, jusqu’à ce que tu verras aucunes petites pustules à l’alambic apparentes être passées totalement, & puis derechef soit calcinée & solue comme tu as fait dessus cela doit être fait par sept fois, & autant de fois soit solue la terre toujours & calcinée : soit puis après brisée derechef sur le marbre, & soit mise au pélican, pour circuler es cendres, & résoudre par huit jours, & tu verras icelle matière être coagulée, mais si d’aventure tu n’avais point le pélican, elle doit être mise en tel circulatoire.
Quand tu verras la matière être coagulée ainsi, elle doit être dissoute au bain de marie : & puis derechef soit coagulée es cendres, soit cela fait autant de fois que tu pourras, jusqu’à ce que sorte la matière comme huile, & est cela la quintessence : mais si tu n’avais point de pélican ou circulatoire, soient prises deux courges d’une même grandeur, en les mettant l’une sur l’autre, quand elles seront à l’office, les deux très bien polies & égales, lesquelles soit mise la terre calcinée, & y soit autant mise de son eau jusqu’à ce qu’elle soit réduite à l’épaisseur de moutarde, & soit fait un canal de fer autour & circuit de la conjonction d’icelles courges, en les collant autour du canal avec la cire,  que nous avons dessus écrite : & ainsi est fait l’alambic quasi aucune en cette manière, puis après soit mis cela à circuler au bain de marie, après soit distillé par l’alambic avec bon feu, jusqu’à tant que la matière sèche demeure au fond, & l’eau qui est d’elle distillée soit réservée, après soit répandue autre eau, laquelle tu as coulée d’elle à la première circulation sur cette matière, & soit circulée par huit jours, soit derechef distillée, & soit cela de huit en huit jours toujours fait jusqu’à ce que toutes les eaux soient bues, & étant cela fait toutes les eaux soient colligées en un vaisseau, & soit dessus versé de l’eau de vie rectifiée, & cette matière soit calcinée premièrement par quatre heures au four de réverbération, jusqu’à ce qu’elle soit blanche, la pesant toujours premièrement, afin que tu saches combien elle est augmentée, & cela fait tu la mettras derechef avec ses eaux au circulatoire mettant dessus l’alambic aveugle, en les collant de boue, ou ciment comme dessus, puis après soit cela mis au circuler au bain, par deux mois ou en outre, selon que la quantité de la matière a indigence, après quand tu auras dépose l’alambic aveugle, tu trouveras cette matière au fond du circulatoire transluisante & claire comme est le cristal, en la grandeur d’aucunes marguerites, & c’est celle vraie quintessence : si donc avec elle tu veux faire or potable vrai & juste, aie une dragme des feuilles d’or très fin, qui doivent être entre mêlées avec une once & demie de la quintessence, & soit dessus versé de la meilleure eau de vie composée que tu pourras avoir en la quantité de deux livres & demie, tu y pourras aussi ajouter douze parties de la quintessence du miel, & alors le verre doit être très bien collé de boue, ou de ciment, & être mis au bain de marie, & tu verras merveilleuse opération, & union d’icelui or, & de la quintessence, car ils monteront toujours ensemblement, & descendront aussi jusqu’à ce qu’eux deux soient convertis en huile épaisse, comme est le sang humain. Quand tu auras vu celle huile être ainsi coagulée & assemblée, laisse refroidir le verre, & soit puis après très bien clos, & mis au cellier, & là de soi-même il sera dissolu, après cela, & derechef soit coagulé à la manière devant dite, & soit autant de fois solue, qu’il ne puisse plus être coagulé, y fut-il aussi fait grand feu, alors saches celle matière être assez apprêtée, donc cette huile est très bonne médecine en toutes graves maladies & infirmités nuisantes, elle est aussi préservative, des maladies des hommes sains. Garde-toi donc qu’elle ne soit donnée au sain ni au malade, si cette nécessité ne le requiert, tellement qu’en trois mois tu en bailles seulement trois gouttes : car si plus souvent tu la baillais, celle eau tant seulement de cela se délecterait & tant s’es jouirait qu’elle se pourrait aussi séparer de celui son corps, quand tu en donneras à aucun en été, il sera baillé avec eau pure de fontaines mais en hiver avec du jus de chapon, ou avec vin : mais si tu veux faire petites pierres ou cristal en brève manière, soit distillé le flegme, lequel est demeuré, quant à la première fois tu as distillé l’eau, soit mis en la courge, en le distillant par l’arène , jusqu’à donc que la noire matière tendre demeure au fond, comme gros vin & épais, qui doit être remise en un autre coucourde derechef, en répandant dessus le flegme & le distillant comme à la première fois. Et derechef ainsi soit fait, afin que tu puisses extraire cette matière, qui doit être mise au prolixité, & là même demeure jusqu’à ce que derechef, elle soit tournée & convertie en tendre substance, ainsi qu’elle a été au commencement : après cela soit pris & reposé au cellier, en couvrant très bien celui vaisseau, si qu’aucune chose impure n’y puisse tomber, & la même soit refroidi par l’espace d’un mois ou un peu plus, & quand il aura ainsi demeuré au cellier par le temps devant dit, soit dessus répandu de l’eau de claire fontaine, & soient mêlés à la main ensemblement, & soit coulé en un vaisseau vitré, & tu trouveras petites pierres transluisantes comme cristal, & c’est elle vraie terre, qui doit être brisée, & mêlée avec l’or, qui est au circulatoire avec cette quintessence du vin & du miel, & tu verras la solution de l’or : mais le reliquat, soit tiré hors, & soit fait huile comme dessus a été démontré, & en cette manière, tu auras aussi très bon or potable.

De l’or potable avec vin Grec ou malvoisie ou chose semblables, & espèces aromatiques. Chap 32.

P
rends du meilleur vin que tu pourras avoir comme est la malvoisie, le bâtard, le romain, le corsique, le grec, ou espagnol, & soit distillé par l’alambic jusqu’à ce qu’il puisse être rectifié comme dessus a été dit de l’eau de vie, & quand tu auras bonne quantité de ce vin distillé, derechef, tu le distilleras six ou sept fois, après cela soit mis à circuler au pélican l’emplissant à la tierce partie & quasi jusqu’à la moitié, puis après soit fermé le pertuis du pélican avec pâte faite d’aubins d’œufs, & très bonne farine & soit mis au bain-marie à feu qui soit lent par quarante tours ou plus, puis après si en la goûtant tu sens aucune douceur avec odeur excellente, crois hardiment qu’il n’est assez circulé, & s’il n’est assez tu le dois mettre derechef au pélican, jusqu’à ce qu’il y parvienne. Et quand ainsi sera fait, soit mis en un verre très bien fermé : & est cela celle quintessence du vin qui doit être pris au lieu de toutes médecines, & être donnée au patient malade au matin, son poids est de deux dragmes jusqu’à trois selon que la maladie est intense, ou remise : mais si tu y veux mêler aucunes espèces aromatiques, tu pourras prendre une once de noix muscade, cannelle, clous de girofles, zédrac, galange, gingembre blanc, & graine de paradis, & soient pulvérisées & mises en une livre de l’eau prédite deux onces de ces espèces, & soit mis en un verre qui ait le col long bien clos sus les cendres, par le temps de vingt quatre heures en démenant & agitant le verre trois ou quatre fois, soit après coulé par un drap de lin, en séparant les fèces & lies, mais l’autre matière doit être distillée tant de fois qu’elle ne le pourra plus être en outre. Il doit être circulé puis après comme dessus, & ainsi tu as la quintessence & vrai or potable.

D’un autre or potable excellent. Chap 33.


Aucuns sont qui distillent & attirent l’eau de vie de la terre en la meilleur manière qu’ils peuvent par le meilleur vin qu’ils peuvent avoir, tellement que la matière flegmatique demeure au fond, & pourtant si que tu ne sois déçu, premièrement tu distilleras la moyenne partie, & l’autre moitié est comme eau claire de fontaine de laquelle ne sois émerveillé, & doit être celle-ci derechef distillée au feu lent, & puis soit remises séparément : mais l’épaisse matière, qui est demeurée au fond, tu feras bouillir au feu jusqu’à ce qu’elle soit séchée, tu pourras aussi de ceci extraire huile noire & épaisse : qui est chaude, & celle-ci aussi doit être très bien gardée : puis après tu calcineras icelle noire matière au four de réverbération, &pour une partie de la terre, tu prendras de cette eau de vie devant dite cinq parties qui doit être douce, la répandant dessus, & ainsi demeure par quinze jours jusqu’à ce qu’elle soit solue, soit puis après distillée par un feutre en jetant les lies, & distillant derechef l’eau & la calcinant par quatre ou cinq jours, cela fait tu trouveras la terre blanche, besogne donc cautement en cela si que tu puisse avoir bonne partie de cette terre, & tu la pourras blanchir & mondifier par la chaleur du feu, & humidité de l’eau, & aussi si tu peux bien entendre que cette eau ne vaut aucune chose qu’à mondifier seulement, & pourtant elle ne doit avoir aucun esprit : mais il est bien vrai que le feu est en cette eau de vie, & esprit aussi : mais il a en lui la qualité acquise, c’est à savoir de substance d’eau qui est flegme & qualité terrestre qui est l’empêchement de perfection, & pour cette cause, elle doit être distillée six ou sept fois, si qu’elle soit bien rectifiée, elle doit être après circulée, en la quintessence, & si cette eau de vie : c’est à savoir l’esprit & le feu n’avait la matière d’icelle quintessence de ladite terre, elle ne pourrait monter comme c’est l’opinion d’Hermès, ni l’esprit & le feu ne pourraient être fichés en terre : mais cette eau de vie est de la quintessence, aie une courge avec un alambic rostre, c’est à dire qui ait un bec, & y mets quatre livres de l’eau de vie rectifiée, puis après tu couleras très bien celui alambic avec telle pâte comme nous avons souvent dit & soit mise en la fournaise, pour distiller ainsi qu’il est décent, de laquelle s’ensuit la forme. L’eau distillée soit reçue au réceptoire, quand elle est bien clarifiée. Après cela soit éteint le feu & gardée l’eau en un verre très bien fermé si qu’aucun air n’y entre : car ce n’est autre chose qu’esprit, fais cela par trois fois, en laissant toujours aucune chose demeurer au fond du distillatoire : que tu saches sûrement, autre chose n’être que l’esprit bien rectifié, cela ainsi par quatre fois distilleras & tu auras eau de très bonne odeur & merveilleuse opération : car si aucun venin ou fumée  pestifère, entre au corps, par cela en sortira dehors continent & devant que tu l’aies distillée trois fois tu sentiras une odeur mirifique, & cette eau dissout le Soleil & toutes les gemmes, quand à la facture de cet or potable aucuns prennent les feuilles de l’or très pur brisées sur le marbre avec miel jusqu’à ce qu’elles soient vues être réduites en eau ou qu’elles apparaissent être assez subtiles à écrire, soit après lavée en un vaisseau net & monde avec eau pure de fontaine qui doit être tiède & la permets puis après ainsi résider au fond.

Après, soit mis en eau de vie ou la quintessence, & tu auras très bon or potable : il peut aussi être mis en eau de miel, ou en eau du sucre distillée. Et est cet or potable merveilleux, car il cure toutes maladies & mêmement la lèpre.
Mais si tu veux faire l’or potable avec gemmes, c’est à savoir les simaragdes, saphir, rubis, granades, iacintes, ou avec margarites, il convient très subtilement briser & rompre toutes les gemmes dessus une pierre de marbre, & de la poudre d’icelles pierres tu mettras en cette eau de vie devant dite, & soit circulée par aucun temps au pélican, & puis soit aussi distillée. Cette eau, fait solution de toutes choses, & monte comme si elle voulait. Et certes si tu la fais monter dessus l’or, jamais plus outre ne montera & est cela un très grand secret en nature : mais maintenant en passant à icelle terre blanche devant dite, si que nous la puissions faire monter afin qu’elle acquière la nature de la quintessence, pour dissoudre le Soleil ou la Lune. Soit pris de cette matière blanche & du Soleil ou de la Lune, autant d’un que d’autre parties égales, & autant du poids de l’eau de vie devant dite, & quand l’or sera dissolu, soit mis en la courge non point trop haute car elle ne pourrait monter plus haut, & la fais monter par l’alambic, & quand elle montera tu auras ouvré en outre comme il est décent : mais si tu ne peux avoir la courge à cela est convenable : prends une retorte telle qu’on appelle vulgairement cornue, savoir est aussi que quand l’eau de vie est purifiée de ses lies & rectifiée, & qu’elle sera parvenue en la quintessence avec très grande & bonne odeur, saches qu’elle à propre terre d’elle venant, qui parvient en l’eau, & monte comme voulant par la nature de l’eau quelle fait monter avec elle, si tu entends donc les choses devant dites tu pourras faire eau à dissoudre tous métaux & si cela tu n’entends, tu ne pourra faire aucune chose, car en cela est & consiste toute la manière de dissoudre : mais la médecine qui doit être à l’homme donnée après la protectin, tu la prendras en la quantité d’un grain d’orge, & soit mis en un vaisseau d’argent avec vin blanc, ou avec eau pure, en l’échauffant fortement sur le feu jus qu’à quelle soit dissoute, soit puis après ôtée du feu & remuée & démenée avec une cuillère d’argent jusqu’à ce qu’elle refroidisse, soit donné au lépreux ayant l’estomac à jeun, après l’heure de minuit elle peut aussi être donnée à tous malades de quelque maladie que ce soit, & s’il est en mauvaise santé détenu pour deux mois, il sera guéri en deux jours mais si l’homme est sain prenne cette médecine en tout l’an une fois, par quoi dit Arnauld de Villeneuve qu’il a soigné Henry de Vérone aux prières de son père Roi d’Aragon, qui fut lépreux par trois mois, & eut santé en trois jour, il se dit aussi avoir usé de cette médecine en sa vieillesse, & toutefois & quant il avait chaleur par le défaut de nature ou pour autre cause, aussi avoir tempéré cette Médecine avec frigidité : mais s’il avait froid il monderait cela par médecine de sa chaleur, il usait pour le moins de cela deux fois en l’an, c’est à savoir une fois en été & l’autre en hiver quant à cela tu noteras aucune chose merveilleuse, si cette médecine est baillée au malade qui doive mourir selon la volonté de Dieu, la n’est aucun remède d’ajouter aucunes médecines, mais après qu’il sera mort, il aura les yeux ouverts, & couleur naturelle, comme s’il vivait, & est vu le mort aucunement avoir été ravi en esprit soudainement, ses cheveux, sa barbe & ses ongles croissent toujours car le sang qui est en son corps ne peut être putréfié, pour sa chaleur naturelle, qui est par médecine substance.

De l’or potable profitable à paralysie. Chap35.


O
n fait or grandement précieux à toute paralysie, en cette manière, soit solue l’or pur, en la quantité de quatre dragmes, en eau forte, aie puis après eau de fontaine distillée, par tant de fois quelle s’adoucisse, en laquelle doit être lavé l’or devant dit & quand il sera en poudre réduit soit mis en eau de vie simple la mettant en un petit verre  & faut emplir tout cela avec eau de vie. Prends une dragme de camphre, & soit dissout semblablement en cette manière : mais prends finalement deux dragmes de sucre candis & doit être aussi en cette manière le soleil dissout en eau de vie, après que toutes choses seront dissoutes. Prends ces quatre eaux en lesquelles tu as dissout lesdites matières & soient distillées par les cendres au feu lent, tant que toute la substance aqueuse soit séparée de l’autre matière en tel fourneau qu’il appert ici, & soit fait tant de fois qu’on voie la matière au fond être semblable à huile.
Après cela soit mis le verre avec cette matière en lieu humide, & la matière sera tournée en cristalline substance, puis après soit solue en l’eau des quatre substances dissoutes de l’ambre gris & de musc alexandrin, récent, autant de l’un que de l’autre une dragme et de cela est faite aucune huile. Et quand voudras secourir au malade prends les feuilles & les fleurs de la bourrache & de sauge, de lavande demi-poignée autant d’un que l’autre, & soit mis en la quarte partie d’eau de vie & là demeure par trois jours entiers puis après avoir distillé, & gardé en un verre très bien fermé. Et quand tu en voudras bailler au patient : Prends une goutte de cette huile, & cent fois autant de l’eau des trois herbes, & cela donneras au malade avec grand discrime & providence : car c’est médecine qui scelle & occulte toutes les infirmités des hommes, & est aussi un trésor caché & secret de tous les philosophes.

D’un autre or potable & bon. Chap 36.


P
rends eau de vie simple deux onces, du fin borax de pierre autrement dit métallique, deux dragmes, & dissous le borax en ladite eau de vie, dissous après cela une once de sucre candis en trois onces & demie d’eau de vie, dissous aussi demi once de camphre en deux onces & demie d’eau de vie, finalement soient prises des feuilles d’or très pur, qui soient aussi dissoutes en ladite eau de vie, & ces quatre eaux de vie soient mises en la courge, en la fermant très bien : & ainsi repose par un jour, après cela, en mettant l’alambic dessus distillé, jusqu’à la moitié, soit après mise la courge en lieu humide, & ces quatre matière seront converties en très blanc cristal, dissout puis après en eau de cristal distillée ces choses qui s’ensuivent, c’est à savoir bon ambre, musc fin, & récent autant d’un que d’autre une dragme, très bonnes margarites une once, & soient mises au bain-marie, & soient toutes choses bien collées de boue ou ciment, & en trois jours elles seront converties en huile qui est or potable.

D’un autre or potable avec eau forte. Chap 37.


P
rends très bon or, & le meilleur que tu pourras avoir, qui doit être dissout en eau forte, & puis soit évaporé, & en soit tirée l’eau par l’alambic, elle ne doit pas pourtant totalement être derechef, car elle serait ainsi qu’est huile : après cela, soit dessus répandue eau de miel, qui soit aussi distillée par l’alambic, & passe & transcende cette matière de quatre doigts : soit mis à digérer quatre jours & autant de nuits au bain de marie après cela l’eau de miel, derechef soit extraite par l’alambic, & puis tu y mettras autre eau de miel & la digéreras comme dessus, & par toutes choses tu feras comme tu as fait à la première fois, & saches que cela demeure comme huile bien tendre, vu qu’icelle eau de miel après bien peu demeure, puis tu tireras tant l’eau du miel, qu’aucune salure n’y demeure de la substance de l’eau forte, en laquelle l’or a été dissolu, & quand tu percevras par la saveur du miel l’amaritude en la langue, aie eau de vie douze fois distillée, en laquelle ne soit aucun flegme, & en elle dissout l’or, si que l’eau transcende l’or de quatre doigts, & puis soit bien collé le distillatoire auquel tu auras mis avec fort lut, & fait au bain de marie jusqu’à ce qu’il soit solue, ceci toutefois peut être fait plutôt en fiente de chenal & est plus naturel, qu’autrement, quand il est mis au fixatoire, ou au pélican, puis après soit tirée l’eau de vie de l’or par l’alambic tellement que l’or demeura au fond du verre, comme aucune huile, ou beurre, & cela est cet or potable, duquel peut user chacun malade en électuaire ou avec du vin, mais l’eau du miel qui est répandue en cet or, est faite en cette manière. Prends une courge & mets dedans le miel, & quand il montera, ouvre un peu l’alambic, & il résidera derechef au fond de la courge, & fais tant cela que tout le miel soit distillé donc premièrement que l’eau est blanches : mais les autres après la première sont bonnes à la blancheur de la tête, car quand la tête est ointe d’icelle, les cheveux croissent, elles sont bonnes aussi à celui or potable, car elles tirent hors l’amertume d’icelui.

D’un autre or potable. Chap 38.


P
rends or pur feuilleté, & soit brisé avec sel commun préparé, & quand il sera brisé ajoute lui derechef un peu de sel & soient bien mêlé ensemble & calcinés au four de réverbération par quatre ou cinq heures, faisant bonnes flamme de feu, & puis le laisse refroidir, soit lavé après avec eau douce tiède, & puis soit mis en l’eau suivante, à digérer par neuf jours, après cela soit tirée cette eau de l’or, & derechef dessus épandue & digérée, & soit derechef abstraite & soit toujours cela fait deux ou trois fois avec feu lent, & petit : après soit dessus épandue eau de fontaine, & derechef retirée : mais évite que trop ne soit séché l’or, car en sa solution serait trop âpre, & quasi inobédient à la solution : mais l’eau dessus nommée doit être ainsi faite. Prends quatre livres de très bon miel, & soient bouillies dessus feu lent de charbon, en une chaise de fer, & soit toujours l’écume ôtée, en répandant de l’eau de fontaine, en la hauteur de deux doigts : après soit mis derechef au feu jusqu’à ce qu’il écume, & derechef tu ôteras ladite écume, après tu fondras dessus icelui miel les aulbins de quatre œufs très bien battus & dépurés, & les laisse bouillir un peu en ôtant toujours cette écume. Et quand il aura bien bouilli soit coulé par un feutre : après cela, soit mis celui miel coulé au feu lent & petit : jusqu’à ce que toute l’aquosité ou qualité de l’eau s’en aille de celui or. Et après ceci, soit distillé de celui miel, & ce que tu en distilleras derechef, soit encore distillé deux ou trois fois, & quand il aura reposé après la distillation huit ou dix jours, tu auras eau pure, & quand tu auras distillé celui flegme du vin ou des lies, & que ces ordures seront épaissies comme miel soit mis au sable en remettant dessus eau de vie, si qu’il soit apparent sur les fèces & marc de trois doigts, & soit purifié par huit jours dessus un tel alambic aveugle.
Derechef soit tirée l’eau de vie par le bain de marie, après cela répands dessus du très pur flegme seize ou dix sept livres, & soit mis au sable froid par six jours, & là croîtront aucunes petites pierre en icelle terre, qui doivent être lavée puis après avec le flegme jusqu’à ce qu’elles soient dépurées, & puis soient séchées à petit feu.
Après cela, répands dessus eau de vie, si qu’elle soit émouvante dessus de trois doigts, & après quatre jours derechef soit retiré & abstrait par le bain de marie, & soit cela fait par trois fois : mais finalement soit mis en l’arène avec fort feu, afin que les  esprits soient expellés & chassez, lors tu verras venir l’huile que tu laisseras sortir au réceptacle, jusqu’à ce que cesse la fumée, & la terre alors sera assez calcinée, mais cette eau sera ainsi en usage, & en faut ainsi user. Prends terre calcinée, sur laquelle répands de la meilleure eau de vie que tu pourras avoir, soit digérée sous l’alambic aveugle au bain par quatre jours, après derechef attire l’eau de vie petit à petit, en la coulant tellement qu’elle ne soit colorée de la terre : après soit répandue dessus autre eau de vie, & soit fait comme devant. Cela feras tant de fois que l’eau ne sera plus colorée en outre de la terre : mets puis après cette eau au bain de marie, avec la terre, & soit attirée à petit feu & lent, & au fond de la courge tu trouveras la terre blanche très âpre comme sel, laquelle tu  pourra derechef résoudre & coaguler ensemble comme devant a été démontré, jusqu’à ce qu’elle soit vue assez âpre & subtile. L’huile du soleil est faite en cette manière. Reçois eau de vie préparée quatre livres, douze ducats qui soient solus en eau forte, en répandant dessus eau froide, & ils seront convertis en chaux, laquelle tu briseras avec double poids de sucre candis, & puis la laveras avec eau douce distillée, afin que le sucre soit extrait de l’or. Et quand cela sera séché, une des parties de la chaux doit être brisée avec trois parties de mastic préparée, & y soit ajouté de l’eau de vie : si que ce soit pâte, qui soit mise en un verre, & soit embrasée, & celui vin avec le mastic sera séparé de l’or par la combustion, & cette chaux sera changée en huile : ôte du feu donc cette huile très subtilement, & si la chaux n’est toute solue, tu la laveras derechef avec eau douce, & briseras avec le mastic, & feras en toutes choses comme dessus a été dit, & si elle a aucune noirceur, ou impureté, elle doit être lavée avec vinaigre distillé, & quand tout sera en huile converti, soient prises deux parties de la terre blanche préparée, & mêlée avec l’huile devant dite : si que ce soit pâte en y ajoutant un peu d’eau de vie, puis après soit mise en eau de vie préparée pour digérer au bain par un mois ou outre selon que tu verras la solution du soleil tôt ou tard être faite : mais la solution du Soleil est faite en cette manière. Et reçois or pur & bon, demi once de mercure bien lavé & purgé, trois onces, & soit fait amalgame, soit puis après séparé le mercure de l’or sur le foyer à cendres, comme le font les Orfèvres, & lors demeure ainsi comme aucune farine citrine . Après ceci prends sel armoniac demi once, & soit mis en eau de vie avec l’or qui est calciné, & demeure au bain-marie en le digérant par six jours, & puis soit tirée toute l’humidité avec la chaleur du feu du premier degré, & il sera séparé. Après prends celui or ainsi apprêté, & le mets en la courge de verre nette, en mettant l’alambic dessus avec le bec & soient toutes choses bien collées avec bon lut & répands sur cette matière un peu d’huile d’olive, & soit ainsi distillée au commencement avec feu très lent & petit : mais finalement en fort & très fort feu ardent, comme on fait en eau forte : laquelle choses faite ouvre la courge, & si aucune chose est dedans demeurée, soit fait en toutes choses comme dessus, cela feras jusque autant qu’aucune chose ne demeure au verre, soit tiré puis après le flegme par distillation, ne faisant autrement, & tu auras très bonne huile à l’or potable, qui est bonne & experte en moult de choses.

De l’or potable volatile. Chap 39.

O
r potable volatil à moult de choses profitant, & est fait en cette manière. Prends du meilleur vin que tu pourras avoir, & autant que tu voudras, soit mis au verre qui ait le col long, & le clos très bien comme on fait coûtumièrement à sceau ou signet d’Hermès, & pourrisse puis après, & soit très bien gardé qu’il ne refroidisse, & ainsi laisse reposer jusqu’à ce qu’il acquière les fèces & les lies comme fait le vinaigre, & est cette lie de couleur citrine, & la permets ainsi demeurer longuement jusqu’à ce que toute s’en aille, & tu auras aucunes blanches veines, comme si c’étaient petites flammes de feu, & est cela fait communément en l’espace de trois mois : soit puis après mis en une courge très bien close, & soit distillé avec feu fait de bois sec, en eau tiède, comme on fait au bain de marie. Après prends deux livres de cette matière distillée, & mets dedans elle quinze feuilles d’or très pur, & bouille au bain de marie par douze heures continuelles. Et soit le verre très bien fermé avec la signature d’Hermès, comme dessus a été dit, soit après distillé au feu très lent, & que ne soit encore le feu au premier degré, & cela fait quand toute la matière est distillée, soit réservé, & est celle appelé or potable volatile.

D’un autre or potable. Chap 40.

O
r potable aussi est fait en cette manière. Prends vin rouge épais, & soit distillé quatre fois, reçois puis après du tartre calciné, & soit dessus répandu, & pourrisse par vingt quatre heures, après soit attirée & abstraite toute l’humidité à petit feu & tardif & tu verras celui tartre, qui au premier était blanc être converti en noirceur, lequel tu calcineras derechef : jusqu’à qu’il blanchisse comme neige, & derechef soit faite la putréfaction comme dessus, & tu le distilleras à la forme devant montrée, & ainsi tu le calcineras par sept fois, & par sept fois digéreras, & sept fois distilleras aussi es modes & formes devant dites, après cela soit mis au bain marie, en y imposant les feuilles d’or très pur, à ton plaisir, & derechef en le distillant, & derechef en le diminuant, jusqu’à que cette matière soit toute convertie en huile, qui est très bon or potable pour ceux qui sont en bonne santé & les conserver en icelle.

D’un autre or potable. Chap 41.

S
ont aucuns Philosophes plus récents & nouveaux qui font or potable en cette manière. Prends du vin rouge ou blanc, autant que tu voudra & soit distillé sept fois par les cendres. Assemble puis après toutes les lies & distille, en coulant cette eau jusqu’à ce qu’elle passe & soit muée en épaisseur de miel. Puis après répands dessus celui flegme, & repose ainsi trois jours, & autant de nuits, toutes les petites pièces s’en iront au fond. Cela fait tu laveras les pierres devant dites avec le flegme, jusqu’à ce qu’elles soient putréfiées, & puis soient séchées, & mises en la courge en mettant dessus l’alambic aveugle, & soit mis au bain marie, par trois jours & trois nuits, en répandant dessus de l’eau de vie, en la hauteur de trois doigts, soit collé puis après successivement, si que le vin ne soit fait trouble, & faits ainsi jusqu’à ce que le vin ne prenne aucune petite couleur d’icelles petites pierres, mais finalement soit tiré tout le vin des pierres, afin qu’elles toutes demeurent sèches au vaisseaux : cela fait soit ôté cette huile par l’arène à fort & grand feu, & cela qui demeure après l’huile est terre fétide ou puante qui doit être jetée : car elle ne vaut plus à chose qui soit. Après soit mis l’alambic es cendres, &tu trouveras les petites pierres blanches comme neige ou sel, & le vin que tu as tiré des pierres quand elles sont demeurées blanches soit gardé pour la multiplication & fermentation, en outre celui sel fermente avec la chaux du Soleil & de la Lune soit imbu avec eau de vie premièrement tiré, & soient trois parties de sel & une de chaux, & soit mis sous l’alambic aveugle, à digérer au bain de marie par un jour naturel, soit après mis l’alambic avec le bec, & soit distillé, cela fait, derechef, soit vin répandu dessus en la hauteur de trois doigts, comme dessus a été dit, & soit digéré derechef sous l’alambic aveugle par un jour naturel, & derechef soit après distillé, comme tu as fait au premier, & fais cela tant de fois que le ferment & la terre seront passés au réceptacle, & soient convertis en esprit ou substance aquée : c’est à savoir de la qualité d’eau. Si tu veux donc ses esprits réduire derechef en leur corps, soit cela mis au bain de marie, & ces choses seront coagulées & assemblées en lait tout blanc, que dessus nous avons nommé huile de plomb, soit après derechef répandue de l’eau devant dite, & soit mis sous l’alembic aveugle à digérer, & soit cela fait si longuement que tout soit converti en esprit volatile. Mais l’eau de vie qui nage dessus ce lait soit distillée au bain de marie, & au fond du distillatoire tu trouveras la vraie pierre, & celle la est appelée la transmusion de l’esprit au corps, donc de cette pierre tu prendras en la quantité d’un grain d’orge, de mercure, dix onces de vin, lavé & purifié, & quand il sera chauffé au creuset & que tu verras celui mercure être coagulé & assemblé au vrai soleil ou en la Lune selon la première fermentation, & cela tu pourras garder. Mais si tu n’en veux, derechef mis de la poudre dessus, & tout sera converti en poudre, qui doit être imbue avec celle eau tirée de ladite pierre, & celle là est la vraie pierre : si tu mets à cette teinture dessus autre poudre, & peut cela être augmenté en infini : & si cette eau tirée de ladite pierre défaillait en augmentation, tu pourras prendre en son lieu autre bonne eau de vie : car en cela n’est aucune différence ni danger.

De l’or potable végétable. Chap 42.

E
st aussi une autre manière d’or potable qui merveilleusement conforte l’humidité superflue en l’homme, & est faite en cette manière. Reçois de cette quintessence du vin ainsi extraite comme nous avons dit dessus, en laquelle peut être l’or résolu, en gardant sa vertu, & soit faite cela subtilement par la voie de connnuité, avec l’humidité du bain, & soit distillée cette eau à feu lent en séparant toute l’humidité d’icelle, & ainsi la substance de l’or demeurera toute sèche au fond du distillatoire. Après cela soit pris de ce vin & soit distillé par l’alambic tant de fois, qu’il ne puisse plus en outre être brûlé par la diminution de son soufre, en recevant toujours en chacune distillation, en chacun réceptacle, & prends de la seconde eau tant de fois que n’apparaisse aucune veine en celui alambic, en cette eau tu jetteras cette substance d’or, & très légèrement il sera solue en eau végétable, & est cela fait à cause que mercure par mercure est rectifié de celui flegme, jusqu’à ce que tu le voie ne pouvoir n’être brûlé en autre, laquelle chose comme elle est ainsi, tu la mêleras avec la première substance de l’or, & lors elle sera la vraie eau de vie, ou or potable, celle là est la première eau servant & profitant à l’humain corps, reçois de l’eau de vie, & d’elle tu sépareras toute l’humidité par la distillation de la quintessence, qui est l’or pur, & garde cela à part & mettras en cette eau végétable trois parties de miel avec sa brueche, & soit tout cela ensemble & mis à être putréfié au bain-marie, par quatre jours & doit être faite cette digestion neuf fois au bain-marie ou au fient : car de cela est l’eau rectifiée. L’eau seconde est celle-ci : prends un chapon ou géline vieille, & quand seront ôtés toutes choses superflues & les os aussi la chair doit être brisée subtilement en un mortier de pierre, après tu mettras cela en la courge avec l’alambic, & distilleras l’eau de celui au bain-marie, & doit être celle-ci derechef à part gardée. L’eau troisième est celle-ci : prends chair de géline ou de chapon, & soit distillée par les cendres, en retirant toute l’humidité à petit feu & lent, & garde que ne brûle la chair en l’alambic, & cela garderas aussi à part. L’eau quatrième est celle-ci : prends trois parties de vin, & soit mis sur l’une des parties desdites chairs & mis en la courge en la fermant très bien avec un couvercle de verre & collant de boue ou ciment, & puis soit la mis sur cendre, à feu lent, par trois jours, & soit après distillé par l’alambic & gardé. L’eau quinte est celle-ci, prends toute la substance d’un chapon ou géligne, & tu sépareras de lui toute l’humide substance, par l’alambic ainsi qu’il est prédit & l’eau réserveras. L’eau sixième est celle-ci, reçois tous les os d’un chapon ou géline, & soient pilés mêmement en un mortier de pierre avec un pilon de bois, & soient mis au bain de marie, & après sur les cendres & distiller commue devant a été dit, & doit être gardée celle-ci. L’eau septième est celte-ci : prends de l’eau tierce, de l’eau quinte, & de l’eau sixième, & soient distillées ensemblement par l’alambic, & très bien gardées : mais la rectification des eaux devant dites, qui sont distillées par les cendres est telle. Prends de l’or ainsi préparé, comme nous avons dit dernièrement, & soit coagulé & figé ensemble, car c’est aucune chose humide naturelle, en toute manière & chaleur, comme si c’était or pigment citrin, & mets de sa première eau une demie partie, & incontinent il sera solue de celle eau, & des autres trois eaux nommée. Prends donc de cela la quantité d’une cuillerée d’argent, & soit très bien mêlé avec bonne partie du meilleur vin que tu pourras avoir, & en donne à l’homme flegmatique au temps d’hiver, & cela le conservera merveilleusement bien en sa santé : mais si l’homme est colérique baille lui avec eau parées : mais au mélancolique avec jus de choux, & au sanguin, tu ne donnas pas de cette eau, mais bailleras de ce qui s’ensuit. Pends de l’eau d’or une cuillérée, soit mis au vin, & lui soit baillé & il   sera assuré de toute infirmité : mais en cette elle doit être administrée au flegmatique avec jus de géline, auquel soit cuit persil. Au colérique soit baillé, avec jus & au mélancolique, quand le temps le requerra en sa grande opération de froid ou de chaleur. Mais si tu en veux donner au malade, tu lui en bailleras selon la partie de l’or dissolu en la seconde eau du chapon, s’il est flegmatique, tu lui bailleras d’une cuillerée avec deux parties d’eau, elle doit être aussi baillée à l’homme sanguin. Au colérique soient données deux cuillerées de l’eau tierce, & soit ainsi fait du mélancolique, & en trois jours il sera délivré toute infirmité tant grande soit elle & périlleuse de mort. Quand tu voudras donner cette médecine avec les eaux ainsi nommées, tu interrogeras le malade, de quelle viande il est mêmement délecté : Et combien que cela lui soit contraire tu lui en donneras nonobstant, & de cette médecine en la quantité d’un pois, ou grande lentille, cette médecine vaut à toute infirmité naturelle ou accidentelle, chaude ou froide. Et quand tu en voudras aller  loin, & pérégriner, telle médecine si tu la veux porter avec toi doit être coagulée, & soit mise en un verre, & quand tu en voudras user, soit préparée en l’humidité d’or potable, donc quand tu apprêteras les choses végétable, comme t’avons dit, soit pris une chose végétable, & en ce chacun verre soient misent les feuilles de l’or en fermant ledit verre, si que la vapeur n’en sorte, soit mis en la centre avec feu lent, & l’or sera solue en vingt deux jours, donc si tu veux faire or potable, soit tirée toute la substance mesure ou aquatique de l’or avec petit feu, & lent, & l’or qui est demeuré au fond, soit mis en la courge au bain de marie, & soit solue en quatre jours naturels, & cela est le vrai or potable, qui doit être mis en une petite courge en y ajoutant demi once d’or feuilleté, mercure lavé avec sel & vinaigre une once, & tout en huit jours sera converti en vrai or. Et si tu veux cela plus sublimer, prends de l’or potable, auquel soient ajoutés de mercure par sept fois sublimé avec vitriol & sel commun & revivifié derechef, & doit être cela mis par huit jours sur les cendre avec petit feu & lent, & il s’endurcira. Une partie de cette matière teint cent partie, & peut être ceci augmenté en infini.

Du dernier or potable. Chap 43.

P
rends demi once, & soit mêlé très subtilement, comme quand on dore quelque chose, & soit tranché en très menues parties, & y ajoute de mercure de pure, & soit fait amalgame sur une pierre de marbre, & soit brisé avec autant de soufre, qu’il suffise, ou mieux au tant que pèse l’amalgame. Et quand d’assez sera brisé soit mis dessus les charbons au creuset & incontinent il sera brûlé. Cela fait, derechef soit contéré & brisé sur le marbre, & soit mis derechef au creuset, le colletant au feu, jusqu’à ce qu’il rougisse, après cela soit ôté le creuset, & tu trouvera ton or très bien calciné en poudre très subtile, comme si c’était poudre de safran. Après cela soit mis au four de réverbération, & lui soit donnée la flambe de feu comme il est décent, & il sera paré, soit après lavé avec eau de vie quatre fois distillée, & puis sèche de cette poudre, prends autant que tu voudras, & répands dessus de l’eau de vie rectifié, autant qu’il excède cette poudre, en la hauteur de trois doigts, soient mis après cela au circulatoire au bain de marie avec la moitié de ses petites pierres, & sera celui or solue en eau jaune, si qu’il teindra la peau de l’homme en rouge couleur, après tu extrairas tous les éléments, comme dessus a été démontré, & un chacun soit bien gardé de l’air : car ils ont vertu, laquelle exprimer ne nous est possible, & si possible était, la centième partie des indoctes ne la croiraient pas : car la substance de l’eau que nous disons mesure, vaut à toutes les infirmités, qui procèdent de la chaleur ou froideur, elle vaut aussi à chacune passion de l’estomac, du cœur, & du poumon, & tout venin expelle, & toutes les matières supervacantes & vaines deietté du poumon. Et si aucune apostume était dedans le corps facilement il est curé par ce remède, elle purge le sang, aiguise la vue, & tous les membres spirituels conserve de putréfaction l’huile profite grandement aux adolescents, car elle les conserve en force & beauté, & quand on use d’elle en viandes, ne permet le sang être putréfié, ni dominer le flegme, ou brûler la colère ni la mélancolie avoir vigueur, & le sang & le sperme : c’est à dire séminale matière multipliée & accroît, & pourtant ceux qui usent de cette huile, le plus souvent doivent trancher leurs veines. Et si aucuns membres étaient blessés ou diminués elle les restitue, & la vue perdue restaure, quand toute la nuit on en met par espace d’un mois une goutte dedans l’œil, l’élément du feu vaut & sert à toutes les choses devant dites, il fait venir les vieux en jeunesse & revivre les morts. Les vieux en doivent user avec un peu d’eau d’or car elle ôte toutes les infirmités de vieillesse & pourtant est elle appelée l’élixir de la vie : soit résolu le feu en eau de vie, jusqu’à ce que tu aie la rouge couleur, & soit mis du mercure séché sur feu qui est lent, & il sera légèrement solue, ajoute puis après la tierce partie d’or, & incontinent il sera converti en corps, & peut être coagulé & assemblé avec quelque peu d’alun : cela fait tu le verras être converti en pierre rouge, & s’il est derechef revivifié en humidité & arsenic, il sera fait parfait élixir sur celui mercure, mais l’élément de la terre quand il est bien rectifié ainsi qu’il appartient par sa terre trois fois seulement, à chacune fois la résolvant & la distillant par un feutre & derechef la coagulant & assemblant, alors tu auras le sel de la terre, & si le sel qui est tel est fait fluxible & coulant, il retient toutefois le mercure : & si cette eau est bien & justement rectifiée, elle fiche tous les esprits, & vaut à toutes cicatrices, elle guérit les plaies, elle fait croître la chair, ainsi tu as plusieurs formes de faire l’or potable, lesquelles si à ton plaisir tu ne trouves, je te prie & supplie que tu veuilles prendre à bien : car si tu savais en quel espace de temps nous avons ceci fait & assemblé, tu ne serais émerveillé, si par cas d’aventure aucune chose d’inepte tu trouverais en ce livre inséré & couché.

De l’eau de vie composée pour les hommes de faible complexion. Chap 44.

A
ssez avons parlé dessus es chapitres supérieurs de l’eau de vie simple. Reste maintenant à décrire & élucider aucune chose de la composée, combien pourtant que pas ne soit nécessité : mais à cause que le docte lecteur se réjouit merveilleusement de diversité & variable forte, bien m’a semblé bon & de bon conseil aucune chose parler de la composée de laquelle les variables voix nous écrirons des choses diverses. Donc premièrement est à voir de celle qui doit être administrée aux hommes de faible complexion, ou aux malades de cause froide. Tu en pourras aussi user en temps & froides régions, & celle-ci. Prends gingembre blanc, cannelle éleu, cucuebebes récent, clous de girofle mondés, noix muscade, macis eleu, cardamoine, zedrac, galanga, & poivre long, autant d’un que d’autre parties égales, & soient toutes choses brisées & contérées grossement, & soient répandues sur une partie des espèces six partie d’eau de vie simple, & soient mises en une longue courge, mettant dessus l’alambic aveugle, & soumis à digérer par quatorze jours : soit puis après distillé au bain-marie avec bien petit feu & lent, & soient derechef les lies répandues sur la matière distillée, & derechef soient digérée par huit jours. Aucuns sont toutefois qui ne  distillent pas ceci par l’alambic, mais c’est le meilleur que tu le distilles par icelui, & quand il est distillé par trois fois, la première eau est cette eau bénite, la seconde eau de vie composée, & la tierce eau de baume. Aucuns aussi ajoutent à sa composition feuilles de sauge, rhue castor, récent, écorce de citrons, des grains de laurier & fleurs de lavande & fleurs de romain, autant d’un que d’autre trois dragmes. Toutes ces choses doivent être distillées, avec les espèces dessus écrites, & toujours pour une partie des espèce répands dessus six partie d’eau de vie simple. Donc cette eau de vie est bonne à toutes maladies du chef procédantes de l’humeur flegmatique quand on les prend au matin au poids de deux dragmes avec une once de très bon vin : mais aucuns trempent un morceau de pain en cette eau, les autres oignent leur tête avec une once & demie de cette eau en y ajoutant une once d’eau de bétoine : mais garde toi d’en user es maladies & douleurs du chef, qui procèdent de chaleur si autre médecine froide n’y est mêlée, qui puisse tempérer la chaleur de cette eau, elle vaut aussi à faire bonne mémoire, quand on la boit à jeun, par chacun jour, jusqu’à une demi dragme mêlée avec eau de romarin, & doit être oint d’icelle l’occiput, qui est la derrière partie de la tête, & le laisser sécher de soi-même, elle vaut aussi à folie & même quand on tond ses cheveux, et puis on mouille des linges en cette eau : mêlée avec eaux de la marjolaine & du romarin, & faut envelopper la tête, & lors on sent merveilleuse opération cette eau vaut aussi à paralysie quand tous les membres sont lavés souvent d’icelle, en y mêlant eau de sauge ou qu’on la boive chacun jour à jeun mêlée de l’eau si à paralysie quand tous les membres  sont lavés souvent d’icelle en y mettant eau de sauge ou qu’on la boive chacun jour à jeun mêlée de l’eau des fleurs de lavandule : Et contre les cicatrices & macules de la face, & à toutes les maladies des yeux. Elle a aussi merveilleuse opération en toute douleurs des dents : Si on mouille aussi une pièce de soie, ou un peigne en l’eau prédite & soient peignés les cheveux de ce peigne jamais ou très tard ne blanchiront. Et si on à la tête teigneuse elle chasse du tout la teigne : Elle vaut aussi contre les vers des oreilles, conforte l’estomac, refroidi, & le chauffe qui en boit avec vin, & d’elle en soit oint l’estomac, elle restaure la surdité des oreilles si on la met en ces lieux avec du coton. Les plaies d’elle lavées : reviennent en merveilleuse santé, & ne parviennent point les chairs pourries, croître au corps. Si on la boit à jeun, elle vaut contre tout venin , & le chancre, & toutes fistules, contre hydropisie, la pierre qui est en la vessie. Si la femme aussi boit de cette eau à jeun qui ne puisse concevoir enfant à cause de froid : elle concevra incontinent, si la femme ne peut avoir ses fleurs & menstrues, qu’on lui baille de cette eau avec galanga & gentiane : ou qu’on mouille du coton, & en soit la matrice. Si cette eau aussi est mise sur les poissons, chairs, ou autres viandes, elle ne seront corrompues, ne pourront, & ne seront semblablement infectés de l’ordure des mouches. Si le vin est devenu aigre & on répand dessus de cette eau : il retournera en sa première substance & nature. Si le sucre qui est mou est mouillé de d’elle, il s’endurcit incontinent, si l’homme en est oint aussi, elle lui vaut contre jaunisse & trembler de tous membres & contre puanteur de bouche & des narines. Et si l’homme ne peut digérer la viande qu’il a mangé : il doit mouiller un linge de cette eau & le mettre sur l’estomac, car il a merveilleuse opération. Si l’homme souffre spasme : mouille un linge, & le mettre sur son estomac. Si aucun a douleur des entrailles boive de cette eau souvent, elle profite aussi contre le mal caduque, contre les écrouelles de la face, & les hémorroïdes. Le grand Albert mêmement la loue pour ces miraculeuses opérations a contre paralysie.

De l’eau de vie composée de l’empereur Frédéric troisième. Chap 45.


P
rends donc eau de vie simple rectifiée quatre livres vin de malvoisie quatre livres, cannelle élue trois onces, clous de girofle, une once, gingembre blanc, une once & demie, zédrac une once & demie, galanga, deux dragmes, noix muscade une once, macis demi once, cucubebes, hysope autant d’un que d’autre demi once, racine de la bénédicte une once, sauge, fleurs de lavande autant d’un que d’autre demi once, mélisse, jus de balsamithe autant d’un que d’autre une once, roses blanches une once & demie : toutes ces choses soient pilées & mises en une grande courge : ou puissent entrer quinze ou seize livres, en y ajoutant sucre blanc trois onces des raisins de cabas, des figues grosses autant d’un que d’autre six onces, camphre demi once, eau de roses, eau dendinue, eau de fleurs de suziau autant d’un que d’autre deux livres & soient toutes ces choses mise en une courge, en la collant très bien : & soient mis au Soleil vingt jours entier c’est à dire dix jours devant la fête saint Jean Baptiste, & autre dix après, après soit coulée l’eau, & distillée par l’alambic, le réservant en lieu sec & évite qu’aucune femme menstrueuse n’attouche à cette eau : son poids est en la quantité d’une demie cuillerée : Cela vaut merveilleusement à l’estomac qui est froid, & si garde tout le corps en très bonne santé.

D’une autre eau de vie composée. Chap 46.


P
rends sauge douze onces, noix muscade, clous de girofle, gingembre blanc, grains de paradis, cannelle autant d’un que d’autre quatre dragmes, huile laurin une once castor récent une dragme, spicmard, romarin autant d’un que d’autre demi dragme, des feuilles de rhue une once, feuilles de marjolaine une dragme, & de l’écorce de citron deux dragmes : toutes ces choses doivent être récentes, & si on ne les peut avoir fraîches les vielles soient mises en poudre, en répandant dessus très bon vin blanc & du meilleur qu’on peut avoir. Puis après soient mises au digestoire a été putréfiés par un mois. Cette digestion soit faite au bain marie échauffé au premier degré de la chaleur. Soient puis après distillées au bain-marie par l’alambic. Et quand elles seront distillées : derechef soient épandu sur leurs lies. Mais tiercement elles seront distillées par les cendres, & les garderas très bien en un verre bien clos, cette eau a les vertus qui s’ensuivent. Toute viande d’icelle arrosée retient son odeur & saveur. Le vin auquel elle est mise est fait savoureux, l’air pestillent elle repelle, guérit & sauve toutes les maladies des yeux & les défauts aussi. Et sont toutes plaies d’elle lavées bien guéries, & si brûle l’hydropisie. Et vaut aussi contre toutes les douleurs du poumon, de la rate, des entrailles, de la tête, & ôte toutes les taches de la face, la puanteur de la bouche, du nez & la douleur des dent. Elle procure bonne digestion, lâche le sang & le jette hors quand il est corrompu, & merveilleusement bien conforte la mémoire. Elle fait aussi devenir en jeunesse, & ôte toute tristesse. Elle vaut contre jaunisse, elle relâche les boyaux quand ils sont trop ensemblement contraint, & teint le cuivre en couleur d’argent, cure toute la trembleur des membres, & fait parler à droit les bègues, & chasse les dents percées, & les mors d’un aspic ou serpent & combien que la plaie fut saingneuse, c’est à dire infecté de sang pourri elle guérit cela hâtivement. Elle ôte la contrainte & rétrécissement de la poitrine & expelle les poux & au hélisement qui est grief : Elle vaut aussi merveilleusement bien contre la pierre en la vessie, chasse la toux, & éclaircit la voix, la stérilité des femmes en fécondité convertit, & recouvre la surdité des oreilles. Elle dissout aussi toutes apostumes, toutes ulcères & plaies, teigne, & les autres choses de tel genre : elle ôte la lèpre quand elle n’est point invétérée, & sauve toute la tumeur de la gorge & du col, & à toutes les vertus du baume naturel : car elle garde merveilleusement bien l’homme en santés. Ceux qui sont de chaude nature n’en doivent pas user, mais oui bien les flegmatiques.

D’autre eau de vie composée. Chap 47.


P
rends poudre de diamargariton froid, poudre de l’électuaire de diambre, poudre de diambre que doux, autant d’un que d’autre, une dragme, poudre de letitia, poudre de diarhodon, abatis, poudre de triasandali, autant d’un que d’autre, deux dragmes, poudre de l’électuaire dit liberantis, de l’électuaire d’ozoardique, autant d’un que d’autre, quatre dragmes : du grand thériaque d’Andromacus ou de Galien, une once, de très bon mitridac une once, de la tormantelle diptame, proipe espergoute, angelice aristoloche autant d’un que d’autre, quatre dragmes, boliarmene preparé, terre séellée autant d’une que d’autre, une once, ranedseny, deux dragmes,spode poudre d’Inde, autant d’un que d’autre, une dragme, trois noix dite vamica, & six livres d’eau de vie rectifiée, Soient mises toutes ces choses à digérer par huit jours, puis soient distillées au bain-marie par l’alambic avec fort feu & puissant : Et quand l’eau sera distillée y soit mis du musc alexandrin récent de bonne ambre autant d’un que d’autre un scrupule, de safran oriental, enveloppé en un drap de soie : mais il ne doit pas être brisé, deux dragmes, sucre candi demi-livre, sirop d’esticados quatre onces, sirop de liquirice deux onces, casse fistule récente & nouvellement extraite de la cave demi once, licorne, un scrupule. Mais le bolus arméniac doit être ainsi préparée. Prends le tout pulvérisé & l’empâte avec l’eau de vinette ou oseille, aprête eau roses & de tanasie autant d’une que d’autre deux parties eau de scabieuse de pimpenelle, de pas d’âne autant d’un que d’autre une partie soient mêlés ensemble, & en soit faite pâte avec bol d’arménie, & soit séché, & puis brisé : Et derechef soit empâté avec les eaux devant dites & soit fait trois fois en le brisant & empâtant derechef, & ainsi tu auras ton bolus arménien apprêté. Cette eau a merveilleuse opération contre la peste comme il est expérimenté en plusieurs, quand elle est donnée avec eau de scabieuse, eau de vinette, & eau de pas d’âne, & ainsi très grande force à guérir toutes maladies de douleur de la tête, des côtés, & des reins : qui procèdent d’aucune corruption de sang : car elle purifie le poumon, conforte le cœur, & de là ôte tout venin. Les femmes toutefois qui ont passé & excèdent l’an quarante, n’en doivent pas user souvent : mais très tard pour trop grande chaleur.

De l’eau de vie composée. Chap 48.


P
rends eau de vie trois fois distillée quatre livre, cannelle éleu, gingembre blanc, noix de  muscade autant d’un que d’autre quatre dragmes, deux ducats d’or très fin, & soient mises toutes ces choses en un vaisseau d’étain de toutes parts bien fermé quatorze jours, après soit distillée trois fois par l’alambic au bain-marie, & soit gardée à l’usage. Cette eau vaut à adoucir & mitiger toutes infirmités quand le patient en use tous les matins, & tous les soirs, & fait les vieux rajeunir, elle a autres vertus innombrables, & pourtant elle est estimée des médecins.

D’une autre eau de vie composée. Chap 49.


P
rends eau de vie simple une sois distillée quatre livres, clous de girofle, gingembre blanc, & romarin autant d’un que d’autre demi once Ces espèces doivent être pulvérisées grossement & et mise puis après en icelle eau à pourrir en fient de cheval par huit jours au vaisseau digestine, de toues parts bien collé de boue ou ciment : & soit après distillé par l’alambic au bain-marie, & cela fait soit derechef répandu sur le marc, & secondement distillée, & tiercement fermenté & distillées es modes & formes devant dites, ainsi l’eau sera apprêtée : Elle vaut à tous les défauts de l’homme, & aux douleurs précédentes de froidure & morfondure, elle profite aussi à toutes les douleurs de l’estomac, du ventre, & de la poitrine. Et si l’homme gras veut être volontairement amaigri, prenne par chacun jour à jeun estomac de cette eau : Mais sil est maigre & il se veut engrosser, la prenne tous les tours avec du sucere mêlé en elle, & après deux mois accomplis, il verra son opération.

D’une autre eau de vie laquelle usait aucun contre Palatin. Chap 50.


P
rends sauge récente, une once & demie, noix de muscade, une once & demie, macis éleu, une once, gingembre blanc, once & demie, graine de paradis, six dragmes, cannelle élue, une once & demie, zedrac, galanga, autant d’une que d’autre, demi once, camphore reiparte autant d’un que d’autre deux dragmes, romarin, une once & demie, lavandule, marjolaine, rhue, autant d’un que d’autre, une once, fleurs de camomille, demi once, matricaire deux dragmes, semence de fenouil, une once & demie, roses rouges, une poignée, bétoine, une once, aurone, quatre dragmes, castor récent une dragme, spinard, deux dragmes, poivre long une once, huile de laurier, deux dragmes, eau de vie, une once & demie, menthe & mentastre autant d’un que d’autre deux dragmes. Toutes choses pulvérisées & celles qui doivent être tranchées le soient, & celles qui sont à piller le soient aussi, & tout soit mis en la courge. qui ait le col étroit. Répands dessus puis après huit livres du meilleur vin que tu pourras avoir en un verre très bien fermé, & soit enseveli près de terre par trente jours, & puis l’ôte, & mis en un autre courge, étant dessus mis l’alambic rostré qui ait un bec, & soit distillé au bain-marie par trois fois, répandant toujours la matière distillée sur les lies. Mais quartement quand tu le voudras distiller, ajoutes y les feuilles de sauge récente tant que tu voudras, & après la distillation soit réservé à son usage. D’autant plus qu’elle est vieille, d’autant vaut elle mieux. Et en pourras user quand tu voudras : car elle a & obtient vertus innombrables.

D’une autre précieuse eau de vie composée. Chap 51.

P
rends demi-livre de sauge, origan, isope, sarriette, racine de pimpenelle, racine de valériane, absinthe, autant d’un que d’autre, deux dragmes, rhue, racine de bistorte, racine de persil autant d’un que d’autre, une dragme & demie, sucre rosat, quatre dragmes, racine de bénédite, racine de polipode, racine de tormentille, autant d’un que d’autre, demi dragme : romarin, persil, cerfeuil, lavandule, marjolaine, autant d’un que d’autre, demi once, roses rouges, roses blanches, autant d’un que d’autre, une once & demie, grains de genièvre quatre dragmes. Ces espèces doivent être mises en la première distillation : & après icelle la matière distillée derechef soit étendue sur les fèces, en y ajoutant les choses qui s’ensuivent. Prends gingembre blanc, écorce de citron, noix muscade, macis, galanga, alame aromatique, coriandre preparé, sucre candis, autant d’un que d’autre, demi once : clous de girofle, cannelle éleu, autant d’un que d’autre, six dragmes : cucubebes récent de la petite graine de paradis, poivre long, & poivre noir, zédrac, grains de laurier, grand tiriacle d’andromache autant d’un que d’autre deux dragmes, cumin, carindiptame blanc reupontique, pommes de grenades autant d’une que d’autre deux dragmes, avec une once & demie grains de paradis, safran oriental autant d’un que d’autre une dragme, de très bon miel une demie livre. Et quand toutes ces choses seront distillées, celles qui s’ensuivent soient brisée à part & derechef coulée sans aucune distillation : car elles perdaient toutes leurs forces, & sont ceux-ci musc alexandrin récent, bon ambre, autant d’un que d’autre, demi-scrupule, camphre demi dragme, blanc sucre une once, cette eau doit être ainsi distillée : prends douze livres d’eau de vie rectifiée, en laquelle soient les racines de l’herbe qui sont de grosse substance, & soient mis en un verre très bien fermé, & les digère en fiente de cheval par quatre jours, soient puis après distillées au bain-marie en ajoutant après la distillation les espèces rudement pulvérisées, & laisse les ainsi demeurer par huit jours, & soient derechef distillées, mais finalement quand toutes choses seront distillées, tu y mettras du musc, de l’ambre, camphre, sucre, qui n’ont besoin d’aucune distillation, car leur odeur leur serait ôtée par cette distillation. Et note qu’en toute distillation l’alambic de toutes parts doit être enveloppé d’un drap mouillé de farine & aulbins d’œufs car autrement la matière à distiller serait évaporée, elle doit être prise en cette manière, quiconque veut user ou matin ou au soir en manger ou boire prenne un peu de mie de pain, & répande dessus trois ou quatre gouttes de l’eau devant dite, & elle conforteras merveilleusement le cerveau, toutes maladies aussi de la tête, & de tout le corps en sont légèrement guéries & sauvées : elle ôte semblablement toutes superfluités de tout le corps, soient par froid ou par chaleur précédentes, elle conserve très bien tous les membres du corps. Les jeunes qui n’ont pas encore passé l’âge de trente ans n’en doivent user sinon à tard, forts qu’ils soient en aucune maladie constituée : mais ceux qui ont trente ans en peuvent user par chacun jour, & d’autant plus que l’homme est ancien, d’autant plus use d’elle : car elle conforte merveilleusement toute vertu naturelle, tellement que l’homme avec juste régime de la vie peut parvenir au terme à lui prédestiné : car elle a vertu & efficace de toutes les autres médecines, & en pourras user en autre vin, c’est la vraie eau de vie, qui a odeur & saveur plus excellente que toutes les autres, c’est chose très certaine par la probation de plusieurs docteurs de l’art de médecine, que l’homme ne peut être infect de l’air corrompu & pollu, par la seule odeur de cette eau, & pourtant ils conseillent qu’on en doit prendre au temps de la peste par chacun jour devant que sortir hors de la maison, car il n’est aucune médecine qui plus sustente la chaleur naturelle que cette eau de vie : car elle a la propriété avec icelle nature, & pourtant elle est convertie en sang ou chaleur naturelle : chacun jour qu’on en usera on sera assuré de ne point avoir celui jours la paralysie, peste, ou la maladie gallicane, elle a très grande vertu à conforter le cerveau, & chasse la blancheur des cheveux. Si aucun avait la tête immonde de la teigne, ou autre impureté, elle doit être ointe de ladite eau. Elle vaut aussi contre tous flux de cerveau, & contre la syncope ou faute de cœur. Elle guérit toutes les apostèmes, quand un drap de linge est mouillé en elle, & mis sur le mal. Elle cure le mal caduque quand on teint un coton en elle, & qu’on le met es narines du patient, & qu’on oint d’elle les pouls : car elle ôte la trembleur de tous les membres, garde la jeunesse, purifie la face, rappelle toutes rides du corps, & finalement déchasse les taches de la face : elle clarifie la vue, cure les yeux stillants, quand ils en sont oints. Et si elle est mise sur les yeux, toutes leurs maladies en sont sauvées, & guérie : & quand tu oindras les tempes d’icelle, elle chasse toutes les mauvaises humeurs. Et si tu mets en elle du jus de chélidoine, ou du jus de la rhue, elle sert à toute obscurité des yeux, quand on en met deux ou trois gouttes dedans l’œil. Elle tue les vers des oreilles, & guérit le bruit & toussement, quand il pcede de froidure, & ôte toute surdité, & mitige la douleur des dents. Si aussi aucun use d’elle avec jus de solatre, qui est la morelle, & poudre de la pierre émathite, elle cure tout crachat de sang : la paralysie aussi si on s’en oint les tempes de la tête, & qu’on la mette sur la langue. Elle guérit aussi la difficulté de parler par l’empêchement de la langue, qui forme mal ses mots, en donnant toute la semaine des pilules frétides. Plusieurs médecin & ien experts sont, qui jugent qu’elle donne grand secours aux muets, quand le tiriacle lui est mêlé, & qu’on en donne au patient par l’espace d’un an entier, en prenant toutefois autres médecines à cela préparées & accommodées. Quiconques aussi sera d’elle oint, il ne sentira aucune douleur des entrailles ou boyaux. Elle nourrit la chaleur naturelle, le sang mondifie, & ôte toutes les opilations de l’estomac, & grandement confère à la rate, au poumon, & aux reins, & toutes les voies du corps de l’homme qui sont étreintes, resserre & élongît quand on la boit, & qu’aucun la prenne à point, elle vaut aussi contre toutes douleurs de l’estomac, & mêmement contre celui flegme en lui invétéré, & ôte la rage qui est faite es côté & au ventre par froid. Elle cure toutes apostumes, guérit les hydropiques, & expelle les hémorroïdes, quand ces lieux en sont oints. Quiconque veut être guéri des podagres, premièremet il doit être bien purgé, & puis bue de cette eau, & mouille les lieux podagreux ou ciragreux d’icelle. Elle est souveraine, & très prestante médecine à tous les défauts du corps humain qui proviennent d’humeur ou frigidité, elle a tous les membres du corps divine opération, car c’est la médicine des médecines.

D’une autre espèce d’eau de vie bonne & composée. Chap 52.


P
rends térébenthine dépurée douze onces, & soit très bien lavée avec vin blanc. Prends après cela trois livres de miel dépuré avec vin blanc, & soient mêlées ensemble : puis y ajoute quatre livres d’eau de vie très bien rectifiée, & soient mises en la courge. Après prends les herbes dessous écrites très bien tranchées, & soient mises aux choses prédites par huit jours en fermant très bien le verre sans évaporer, & puis tu les distilleras avec grande diligence es cendres. Ces herbes sont la buglosse, bourrache, mélisse, sauge, lavande, autant d’un que d’autre une poignée, hysope, fleurs de camomille, chardon bénit, autant d’un que d’autre une demi-poignée, romarin, deux poignées, armoise demi-poignée : & quand elles seront distillées, y ajouteras ceux-ci très bien pulvérisés, & soient mises à digérer en fient de cheval par huit jours, ou au bain par trois. Et sont ceux-ci qui doivent être ajoutées, bois d’aloès, pilobalsme, des trois sansalée, calamus aromatique, sticados arabique, semence de citron, sieris mentani cumin, autant d’un que d’autre, une dragme, noix de muscade, cannelle &leu, clous de girofle, galenga, cucubebes récents, gingembre blanc, poivre long, safran oriental, grosse graine de paradis, petites graines de paradis autant d’un que d’autre trois dragmes, squinanti, demi-dragmeme, coriandre préparé, grains de genièvre, bacque ou grains de laurier, jus de florence, autant d’un que d’autre, demi once, bistorte six dragmes, catapuce, semence de fenouil, autant d’un que d’autre, deux onces, requelice glayde de chêne, semence d’anis, d’autant d’un que d’autre, une once, amendes mondée, raisins  de cabas récents, autant d’un que d’autre une livre, soit pris un verre ou distillatoire, auquel est la matière, & soit mis cendres, en le collant très bien de boue, ou ciment, & soit fait feu lent par quatre heures. Et quand tu verras aucune eau ne sortir au réceptacle : qui soit claire le feu doit être augmenté & un autre réceptacle être devant mis, en collant toujours toutes choses très bien, & tant soit distillé que l’eau sorte qui soit citrine, laquelle doit être séparément gardée. Mais tiercement, quand tu verras l’huile noire être distillée, mets derechef un autre réceptacle, & en lui soit l’huile reçue jusqu’à tant que tout soit distillé, & tu la garderas en un autre verre. L’eau première doit être ainsi préparée, en mettant en icelle musc alexandrin récent, bonne ambre autant d’un que d’autre, une dragme, des feuilles d’or un scrupule : Sont aucun autres semblablement qui y ajoutent beaucoup de dianise une once. Quiconque donc voudra conforter tous ses membres, prenne une once de vin malvatique, en ajoutant une pleine cuillérée de la première eau, & soient ensemble mêles jusqu’à ce qu’ils blanchissent comme lait, puis soit bue de cela à jeun, en soi abstinant deux heures entières de manger après l’assomption du boire, & le corps en sera merveilleusement conforté : mais si tu en veux user pour la douleur de la tête, prends une pleine cuillérée de l’eau devant dite, avec une once d’eau de bétoine : elle vaut au poumon, si elle est prise avec eau de mures, ou de sauge. Et soit cela au temps d’hiver :  mais en été prends eau d’endive une once, une cuillérée de l’eau devant dite. Elle vaut à l’estomac & à la froide toux, procédante aussi du cathare. Prends de l’eau d’hysope, ou de bourrache, ou de fenouil une once, & soient mêlés avec cette eau devant dite. Pour le cœur prends eau de buglosse, ou bourrache, demi once, & autant de cette eau de vie : & autant aussi d’eau de mélisse, & soient mêlés & bue à jeun. Pour l’estomac prends l’eau d’absinthe, ou de menthe une once avec une cuillerée de bonne eau, & soit prise comme dessus. Pour le poumon soit pris eau de pastenade, ou de polipode, avec celle devant dite, & en use comme dessus. Pour la rate prends eau de buglosse : ou de tamarise, avec l’eau dessus dite. A l’avertin de la tête & paralysie, prends eau de pinoine, de l’herbe ou de la racine, de l’herbe parforée en eau, avec cette eau comme dessus. A la pierre en la vessie, soit prise l’eau de pastinade, ou raifort, en la quantité demi once, & deux cuillerées de l’eau devant dite. A strangurie, qui est quand on ne peut pisser, prends eau de cresson ou de persil, ou de saxirage, une once ou cuillerée de l’eau dessus écrite. De plantin ou morelle, & soit bue soir & matin, avec une cuillerée de l’eau prédite. Pour évoquer les menstrues aux femmes, soit prise eau d’armoise, ou de la semence 30 & de l’eau que je dis vue cuillerée, & la boive la femme en celui temps, auquel elle doit avoir ses fleurs on menstrues, aux périls & danger des femmes, qui promènent des sages femmes, ou de froid, qui ne peuvent enfanter, soit prise eau de valériane ou bétoine, ou des roses sylvestres une once, & vue cuillerée de l’eau devant nommée, & soit bue au matin à jeun, à la matrice, tu prendra de l’eau de la matricaire une once, & de cette eau devant dite soit prise demi once, & soit comme dessus aux iceux, prends eau de fenouil, eau d’enfrasie, autant d’un que d’autre demi once, & de l’eau que je décrits une dragme, & soit bue comme dessus aux macules & taches de la face. Prends eau de fleurs de fébues, ou eau de pimpenelle une once, & de la première eau demi once, & soient mêlées, & au soir & matin en soit lavée la face avec celle-ci, en boive celui ou celle qui a la face maculée, toute la semaine avec eau d’endive deux ou trois fois, mais la seconde eau est citrine, & la tierce qui est ainsi que l’huile noire, & vaut grandement aux fistules & autres plaies, & est ténue au lieu de baume.

D’une autre de vie composée. Chap 53.


P
rends très bon miel une livre, eau de vie distillé quatre fois une livre & demie, bois d’aloès trois dragmes, gomme arabique deux dragmes, noix muscade, galaga, cubebes récentes, cannelle éleu, macis, clous de girofle, spinard autant d’un que d’autre trois dragmes, musc alexandrin récent & bonne ambre autant d’un que d’autre un scrupule, toutes ces choses soient grossement pulvérisées, en les mettant toutes en une courge de verre à digérer en fiente de cheval par huit jours, soient puis après distillées au bain-marie, avec feu lent, & ainsi très bonne eau de vie à plusieurs maladies très bonne & excellente.

D’une autre eau de vie composée. Chap 54.

P
rends clous de girofle, poivre long, graine de paradis autant d’un que d’autre, deux dragmes, noix muscades six dragmes, macis une once, cannelle éleu, gingembre blanc, galanga, autant d’un que d’autre, quatre dragmes, fleurs de lavande, basilic une once, sauge demi once, fleurs de romarin, menthe polypode, hysope autant que d’un que d’autre deux dragmes, balsamite une once, musc alexandrin récent un scrupule & demi, ces herbes doivent être séchées , soient puis après répandue dessus seize livres d’eau de vie bien rectifiée, & soient digérées en fientes de cheval par quatorze jours, & soient distillées par l’alambic, au bain-marie, & soient enfermées en une fiole très bien fermées.

D’une autre eau de vie composée, qui vaut à paralysie & à l’advertin & mal de tête. Chap 55.


P
renez sauge récente neuf onces, fleurs de lavande quatre onces, hysope, menthe, autant d’une que d’autre, deux manipules, clous de girofle, noix muscade, chanoine élue, gingembre blanc, graine de paradis, zédrac, galanga, autant d’un que d’autre demi once, calame aromatique une once grains de genièvre une once, grains de poivre demi once, très bon vin blanc, vingt livres, & soient digérées en fiente de cheval par huit jours, ou au bain-marie par quatre jours : soit puis après cela distillé par l’alambic, & réservé à l’usage en un verre très bien fermé : car elle a merveilleuse opération contre toute paralysie & igné de tête.

D’une autre eau de vie composée, grandement précieuse. Chap 56.


A
ucun de nos médecins germains ont fait très noble & très excellente l’eau de vie, & l’ont expérimentée en deux nobles opérations, pour consoler & préserver le corps humain totalement de maintes maladies, mêmement la tête, le cerveau, & les autres maux intérieurs de la tête procédant de froideur & humidité pour être résolue & expellé, & pour réjouir les instruments de l’âme & des cinq sens : elle conforte aussi merveilleusement bien les quatre membres plus principaux, avec les reins & toutes les entrailles, elle procure la très bonne digestion en l’estomac, & donne vertu merveilleuse à tous les membres extérieurs par sa seule odeur, quand elle est prise en cette sorte. Prends une partie de cette eau & deux parties des eaux de sauge, & de la lavande & romarin autant d’un que d’autre : soient ensemblement mêlées, & y soit mouillée une éponge avec laquelle soir & matin soient oints les membres, & se sèchent d’eux-mêmes, ou si tu en mets trois ou quatre gouttes en un gobelet plein de vin, & soit bue devant l’entrée du dîner ou du souper : elle vaut aussi à conforter la tête. Pends donc de cette eau de vie composée une dragme avec eau de bétoine demi once,& soit bue tous les matins & tous les soirs, ou trempe ton pain en icelle eau, & soit mangé tout le jour à jeun estomac, trois heures devant dîner, pour le cerveau & mémoire. Reçois de cette eau une dragme, des eaux de romarin, de marjolaine autant d’une que d’autre demi dragme, & en use en la manière devant dite. A l’estomac, prends de cette eau une dragme, d’isope,& des cheveux de venus, autant d’un que d’autre deux dragmes, & en use en la manière devant dite. Au cœur une dragme de cette eau, eau de bourches & de buglosse, autant d’un que d’autre deux dragmes, & en use comme dessus a été dit. A l’estomac, prends de cette eau une dragme, eau d’absinthe, menthe autant d’un que d’autre deux dragmes, & en use comme dessus. Au poumon prends de cette eau une dragme, en y ajoutant eau de chicorée, & eau de tanesie autant d’un que d’autre deux dragmes, & en use comme dessus. La rate prends de cette eau une dragme, eau de thamarise & scolopendrie, autant d’un que d’autre, & en use en cette forme & mode devant dite. Mais si tu en veux user à la conformation de tous les membres du corps, use de la première partie de cette eau, avec quatre parties de vin. Mais l’eau doit être faite en cette manière.
Reçois la poudre de diamargariton froid, poudre de diarhodon abbatij, selon Nicolas, poudre de diambre, selon Mesue, dianthos selon Nicolas, poudre de lectue Galien autant d’une que d’autre deux dragmes, casse fistule récente, & nouvellement extraite & tirée de la canne, sucre blanc, autant d’un que d’autre, une dragme & demie sirop & requelice 31 sirop de sticados, fleurs de romarin une dragme, musc alexandrin un scrupule sur ces espèces soient répandues deux livres d’eau de vie simple très bien rectifiée, par tierce distillation au bain-marie : après distille cela derechef au bain-marie par l’alambic avec feu très lent, tellement que tu nombres un, deux, trois, jusqu’à sept devant qu’une goutte soit distillée. Et doit être lié le musc en un drap de soie rouge, & soit suspendue à la phialle ou est l’eau devant dite de vie distillée, & n’en doit point être extraite tant que l’eau dure. Aucuns sont toutefois qui putréfient avec les espèces devant dites une liure de l’eau de buglosse, eau de mélisse demi-livre, eau de basilic quatre onces, eau de romarin deux dragmes, & puis au bain-marie le distillent.

D’une autre eau de vie composée plus précieuse que toutes les autres. Chap 57.

A
fin donc que nous imposons bonne fin à notre œuvre présente, nous déclarerons une très rare & très secrète eau de vie, qui est aucunement de céleste opération, & est faite en cette manière. Prends sauge récente avec ses fleurs, romarin, arsenic, gingembre blanc, clous de girofle, noix muscade, graine de paradis, galanga, calame aromantique, zédoac, autant d’un que d’autre, petite graine d’apparitoire demi once macis, cucubes récentes, feuilles de rhue, feuilles de marjolaine, fleurs de lavande, roses rouges, autant d’un que d’autre deux dragmes, de tiriacle de Galien ou d’andromache, très bon metridat, autant d’un que d’autre, une dragme & demie d’huile laurin, fleurs de bourraches, fleurs de buglosse, écorce de citron, fleur de romarin, ostrucij, angélique, rempontique, grains centaurée, mentastre, menthe, matricaire autant d’un que d’autre, une dragme & demie castor récent, verveine avec ses fleurs, béthoine, bois d’aloès, pilobalsame, carpobalsame, espic d’inde, glands de chênes, grains de penople, autant d’un que d’autre, une dragme ranedsene, camphre, semence de grappe du deabeine, racine de peonie, polij avec ses fleurs, semence de basilicon, semence de fenouil, de ronique, & safran oriental, autant d’un que d’autre, demi dragme, bonne ambre musc, alexandrin récent autant d’un d’autre demi-scrupule, eau de vie pour le moins sept fois distillée dix livres. Toutes les choses suivantes doivent être mises avec eau de vie pour digérer au bain-marie par quatre jours, & autant de nuits, sauge, romarin, rhue, marjolaine, lavande, rose, mitridae, triacle, huile laurin buglosse, bourrache, ostricium angélique, rempontique, grains de genièvre mentastre menthe, mitricaire, verbene, bethonique polium & castrol, & quand elles seront putréfiés soient distillées par l’alambic a petit feu & lent, tellement que puisse nombrer un, deux, trois, devant qu’une goutte distille, & quand toutes ces choses seront ainsi distillées, mets cannelle, clous de girofle, macis, noix muscade, graine de paradis, galanga, cabaine aromatique, poivre long, zédoac, cucubes, cardamoine, bois d’aloès, écorces de citron, carpobalsame, pilobalsame, espic nardi, glands de chêne, racine de peonie, & les grains d’icelle, coriandre preparé, semence de basilicon, semence de grappe de donablie de tonique doromicum R, toutes ces choses doivent être pulvérisées grossement, & mises en eau distillée, & soient ensenblement digérées par quinze jours, & puis derechef soient distillées au bain-marie, par l’alambic, & ajoute puis après camphre, rubarbe, safran, ambre & musc. Mais si tu veux avoir encore eau meilleure tu ajouteras poudre de diamangarton selon Nicolas, diapluris avec musc, selon Nicolas, diarhodon abbatis, diamascal selon mesure, poudre de diamboret autant d’un que d’autre, une dragme poudre de l’électuaire germon, poudre de lepide Galien, poudre de dialigini, aloès autant d’un que d’autre demi dragme, & ajouteras quinze ou vingt ducats de très bon or avec blanc sucre demi-livre, & soient trois jours au bain-marie, tellement que l’eau du bain soit tiède, & puis après distillé par un feutre en verres retors, & doit monter l’un des verres plus haut que l’autre, soient tranchées les petites formes du feutre & répandue, afin que par elles soit la matière distillée étant très bien collés les verres, si qu’aucune chose ne puisse être évaporée d’iceux.
Et est cette distillation très excellente entre toutes les autres Aucuns médecins sont, qui ont fait faire eau verte pour conforter l’estomac, de laquelle ils usaient avec l’eau dessus décrite, ou avec le claire suivant, comme avait fait quelque comte Palatin. Cette eau verte est faite en cette manière, prends de l’eau de vie quatre fois distillée par l’alambic au bain de marie quatre livres, mélisse sèche trois dragme, balsamite deux dragmes, soit répandue eau de vie dessus ses herbes devant écrites. Et doivent toutes choses ainsi reposer par huit jours, & puis en user. Et note que les herbes ne doivent être séchées au Soleil, mais à l’air, car l’eau deviendrait obscure comme si c’était le jus d’aucune herbe, mais si elles sont séchée à l’air elles ont belle & verte couleur, & est cette eau très douce & amène à celui qui la boit.

Le clarté est fait en cette manière. Prends de très bon vin blanc quatre livre,  sucre blanc dur quatre onces, cannelle une once, coriandre préparée trois dragmes, clous de girofle deux dragmes, grains de paradis & gingembre blanc de chacun une dragme, & de poivre long deux scrupules, soient brisées très subtilement & rédigées en poudre, qui doit être coulée après, comme il est fait envers les gaules au vin aromatisé qui est l’hypocras, soit réservée cette poudre en un vaisseau d’étain, & doit être prise avec l’eau précédente & aucunes autres. Les vertus de cette eau sont telles : elle vaut à la mémoire si elle est bue chacun jour demi dragme mêlée avec demi once de romarin en eau distillée eau de marjolaine eau de mélisse, autant d’un que d’autre, deux dragmes, à manie ou     aussi à douleur de cerveau, précédente de froid. Prends de cette eau demi once, eau de béthoine, eau de poliet autant d’un que d’autre, deux dragmes & soient ensemblement mêlées, & mouille un linge en enveloppant la tête, ou boive chacun jour le patient deux dragmes de cette eau, & eau de béthoine quatre dragmes, soient prises aussi pilules aurées & cochées, autant d’un que d’autre un scrupule, & soient faites autres pilules avec eau de béthoine prends en cinq en nombre, & les prends tous les jours quand tu vas dormir, ou aussi quand tu lève, dianthos en tablettes une dragme. A l’advertin du chef reçois de cette eau demi once, es eaux de lavandules, de sauge, autant d’un que d’autre trois dragmes & qu’on les prenne chacun jour à jeun, diapleris avec musc selon Nicolas, pour la tête charnue. Prends eau de lis blanc, barbe d’Aaron autant d’un que d’autre demi dragme, de cette eau demi once, ou six dragme, en y ajoutant huile de tartre une dragme. A mondifier & blanchir la face, prends eau de fleurs de fébues une partie, de cette eau deux parties, & soient mêlées, & t’en lave la face chacun jours, tu peux aussi prendre de cette eau chacun jours une partie & de très bon vin deux portions, & boire à jeun, & elle vaudra à chose semblable. A surdité tu mettras tous les matins & tous les jours de cette eau es oreilles, & te coucheras après jusqu’à la quatrième partie d’une heure, & te reposeras sur cette même oreille, à celle fin qu’elle faille derechef, ou reçois de cette eau & de très bon vin autant d’un que d’autre parties égales, & soit pris cela chacun jour à jeun. Aux vers des oreilles, prendre l’eau devant dite demi once, jus de rhue, de feuilles de persil autant d’un que d’autre deux dragmes, & si tu ne peux avoir ces jus d’herbes tu prendras de l’eau distillée d’icelles, en ajoutant un petit d’aloès hépatique subitement broyé & mis en poudre, & distilleras d’icelles eaux tous les matins, & tous les soirs un peu en icelle oreille malade, en te couchant & gisant sur l’autre côté, & après peu de temps reposeras sur le côté, ou sont les vers, & ils sortiront incontinent & mourront. A optaline, reçois de cette eau demi once de fenouil, eau de poli, eau de valériane, autant d’un que d’autre, une dragme, & soient mises aux yeux. A la tumeur & enflure des gencives, prends vin blanc neuf onces, piretrie, une once, & soient  ensemblement cuites, & de cela prends une partie, & de l’eau devant dite, & puis tiens ces choses mêlées en la bouche & en prends souvent de récente, & fais cela jusqu’à tant que tu soies guéri. A la puanteur de la bouclée ou du nez soit donné chacun jour demi once avec vin blanc, auquel a été bouilli menthe, & rose rouge une once, en ajoutant un peu de musc : aucuns prennent toutefois de cette eau devant écrite deux onces, des eaux de romarin & roses rouges, autant d’un que d’autre demi once, & soient mêlées ensemble, & soit suspendu du musc en un drap de soie, & bonne ambre, autant d’un que d’autre six grains : & faut laver souvent les gencives avec drap de soie pendant en l’eau : faits cela chacun jour une fois pour le moins, ou derechef tu peux boire aussi de l’eau devant dite par tous les mois deux dragmes. Pour le haut mal soit bue par chacun jour demi once de cette eau avec eau de preonie, une once. Aucuns font ainsi, ils reçoivent la racine & les grains de la preonie, glue de chênes, autant d’un que d’autre égales parties, & les bouillent en très bon vin blanc, & le donnent au patient avec l’eau prédite. A la paralysie doivent être oints les membres avec l’eau prédite, & de cette eau soit bue tous les jours au matin. Mais à vêpres tu prendras diacastorem avec vin blanc auquel on cuit la lavande, la sauge, grains de genièvre, autant d’un que d’autre, un manipule, en répandant dessus quatre livres de très bon vin. A la parole perdue, reçois de cette eau demi once, des eaux de la lavandule, peonie, & sauge, autant d’un que d’autre, deux dragmes, & soit bue, & reçue vue dragme de metridat, avec vin, auquel aura bouillu le castor. A la mélancholie. Reçois de l’eau décrite demi once, avec eau de buglosse une once, eau de basilicon, eau de mélisse, autant d’une que d’autre deux dragmes, eau de scolopendrie, bourraches, autant d’une que d’autre, une dragme & soit ensemble mêlé, & qu’on le boive trois heures devant dîner : prends aussi une tablette de la confection de la liesse de Galien ou du létifiant dalmansor. A la putréfaction du foie, prends de cette eau demi once avec eau de l’epatice, & en soit bue par chacun soir une once ou once & demie : & au matin deux ou trois heures devant dîner soit pris du diarhodon Abatin, selon Nicolas. Reçois de l’eau devant dite une partie eau de fleur de Sabuc, deux parties, eau de fenouil, trois parties, & soit mêlé tout ensemble, & à chacune fois tu en boiras demi once : mais au soir sur les vêpres quand tu te voudras aller coucher, soit pris du grand tiriacle de Galien une dragme en vin, avec lequel aura bouillu persil, fenouil, & les racines d’ache, & le capilli Veneris, autant d’un que d’autre une partie, dix de vin, bouillent jusqu’à la consomption de la tierce partie, & de trois jours en trois jours soit donné à l’hydropique deux ou trois heures devant dîner dialaccae, selon Meseni deux dragmes. Mais se garde le malade de potations qui sont vaines & supervacantes : car en cette maladie d’autant que moins boit l’homme, d’autant plus il urine, & au contraire. A la pierre, prends de cette eau dernièrement écrite une partie, eau de saxifrage, eau de alkikange, eau de millium solis, eau de raifort autant d’un que d’autre deux partie & une heure après cette potion soit donné au malade deux dragmes de lytontripon. Prends de cette eau deux dragmes, de vin blanc une once, eau de lis jaunes, eau de romarin, eau de matricaire autant d’un que d’autre deux dragmes, & soit bue au matin ou au soir par toute la semaine, usant deux ou trois fois du diamargariton selon Avicenne deux dragmes, elle a aussi innumérables vertus, lesquelles à cause de brièveté je laisse.

Conclusion du Livre.

Tu prendras donc en gré cette œuvre, Félix mon ami, que je t’ai dédié, lequel avec grand labeur & diligence je l’ai accumulée un homme diligent le pourra connaître. Je prie à un chacun le prendre d’aussi bon vouloir que l’ai composé & mis en lumière, j’eusse pu plusieurs choses y ajouter mais que deux compagnons & parfaits amis Arnauld de Villeneuve & Raymond Lulle avec leur disciple Jehan de la Roche tranchée & plusieurs autres récents auteurs ont écrit diligemment non sans cause, afin que ne fussions accusé de larcin, avons omis plusieurs choses dignes de mémoire, toutefois que beaucoup avons pris d’iceux. Par comme dit Quintilian, c’est une honte libre de libéralité de confesser par qui nous profitons, nous y eussions ajouté plusieurs autres choses si n’eut été de crainte de fâcher les lecteurs. Par souventes fois longue lecture & prolixe révoque les lecteurs & les fâchent, pour cette cause nous n’avons voulu passer outre. Et pour ce mon ami Félix tu auras nôtre œuvre en recommandation & la défendras envers les envieux pour la grande amitié que nous avons eu toujours ensemble de bref, si Dieu nous donne santé, je suis délibéré de t’envoyer chose plus grave & plus élime. Car pour la brièveté du temps nous avons été contrains partir & écrire. Et pour ces causes si on trouve chose qui ne plaise au lecteur. La brièveté du temps excusera. En te disant adieu te priant ton ami Philippe comme tu as de coutume..

FIN.

LA LÉGENDE D'HIRAM

LA LÉGENDE D'HIRAM

Articles les plus récents

LES SENTIERS D’HERMÈS

LES SENTIERS D’HERMÈS

Articles les plus récents

GEORGE RIPLEY - Rouleau alchimique (Bodleian Library - University of Oxford) - 15ème siècle






GEORGE RIPLEY - Rouleau alchimique (Beinecke Library - Yale University) - 15ème siècle





GEORGE RIPLEY - Rouleau alchimique (Huntington Library) - 15ème siècle






GEORGE RIPLEY - Rouleau alchimique (The Getty Research Institute)